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POTEAU, subst. masc.
I.
A. − CHARPENT. Pièce de charpente dressée verticalement, pouvant servir de support. Poteau d'huisserie, de remplissage; poteau de mine. Les portes qui ferment les écluses, tournent autour d'un poteau tourillon qui fait corps avec elles (Quinette de Rochemont, Trav. mar.,t. 1, 1900, p. 369).Les poteaux de remplage s'appuient dans leur longueur sur des pièces horizontales espacées de 3 m au plus (Bourde, Trav. publ.,1929, p. 228):
. Les cadres assis, on disposait poteaux de milieu et potelets. Ces derniers couraient obliquement, à partir du poteau médian, de vingt en vingt centimètres, et en sens inverse (...). Entre les potelets on ménageait encore des étrésillons, obliques aussi, de bas en haut. Pesquidoux, Livre raison,1928, p. 135.
Poteau cornier. ,,Poteau d'angle`` (Barb.-Cad. 1963 et 1971). Dans les anciens édifices, les poteaux corniers restaient à découvert, et étaient ornés de sculptures peintes (Ac.1835-1935).
Poteau de décharge. ,,Poteau placé dans une charpente ou une ossature pour soulager un élément horizontal ou peu incliné`` (Barb.-Cad. 1963 et 1971).
B. − Grosse et longue pièce généralement de bois, de pierre ou de métal, dressée verticalement, servant à divers usages.
1. Poteau électrique, télégraphique; p. ell., poteau. Poteau destiné à supporter les fils électriques, télégraphiques et leurs isolateurs. Les poteaux étaient en bon état, les isoloirs intacts, le fil régulièrement tendu (...) arrivé au poteau N 74, Harbert, qui tenait les devants, s'arrêta en criant: «Le fil est rompu!» (Verne, Île myst.,1874, p. 477).Une ligne de poteaux électriques faits de troncs d'arbres tordus (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p. 321).La technique des lignes était déjà au point, avec ses fils de cuivre ou de bronze siliceux, ses poteaux et ses isolateurs de porcelaine (P. Rousseau, Hist. techn. et invent.,1967, p. 281).
2. ÉQUIP. Poteau indicateur. Poteau comportant un panneau sur lequel sont inscrits des renseignements sur des localités, les directions des routes, les distances à parcourir. En cas de refus régulièrement constaté, soit d'entretenir en bon état, soit de rétablir les poteaux indicateurs ci-dessus désignés, l'adjudicataire sera tenu au payement de ladite somme de 2 francs par jour de contravention (Code pêche fluv.,1875, p. 149).Il recommença devant le poteau indicateur. Sur l'un des écriteaux, on lisait: «Valençon, 1 kilomètre 200», sur l'autre: «Èchichens, 5 kilomètres» (Ramuz, A. Pache,1911, p. 100).Bornes kilométriques et poteaux indicateurs (Bourde, Trav. publ.,1929, p. 136).V. kilométrique ex.
P. ell. Il les voyait suer le long des montées (...) lire les poteaux au bord des routes (Zola, Contes Ninon,1864, p. 205).
P. métaph. «Retour à Bach», c'est un poteau indicateur à la porte de la musique moderne, comme «impressionnisme» à la porte du domaine Debussy (Coeuroy, Mus. contemp.,1928, p. 130).
3. SPORTS
a) COURSES, HIPP.
Poteau de départ, d'arrivée; p. ell., poteau. Pieu marquant les limites de la distance à parcourir. Tout flambait brusquement, la pelouse peu à peu emplie d'une cohue d'équipages, de cavaliers et de piétons, la piste encore vide, avec la guérite du juge, le poteau d'arrivée, les mâts des tableaux indicateurs (Zola, Nana,1880, p. 1376).Le juge à l'arrivée doit avoir (...) un coup d'oeil très exercé (...) dans les courses actuelles où les coureurs passent quelquefois le poteau en peloton serré (Baudry de Saunier, Cycl.,1892, p. 399).
[En parlant d'un cheval] Rester au poteau (Ac.1935).Refuser de prendre le départ au moment où l'on donne le signal.
Loc. Coiffer (un coureur) sur le poteau. (Le) dépasser de justesse sur la ligne d'arrivée. Si tu continues, tu le coiffes sur le poteau (Arnoux, Solde,1958, p. 66).
b) JEUX DE BALLE, DE BALLON. ,,Montants de bois ou de métal qui supportent le filet médian, la barre transversale des buts`` (Petiot 1982). Une des extrémités du terrain de football (...). Au milieu, le seuil du sort, la chose qui n'est faite que pour être vierge: les poteaux de but et leur filet goudronné (Montherl., Olymp.,1924, p. 359).Sur son coup de pied, le ballon fendit l'air à quarante mètres de là, à la cime des poteaux de but (Abellio, Pacifiques,1946, p. 204).
4.
a) Poteau de torture. Poteau servant à attacher un supplicié. Joie d'Apaches qui poussent des vaincus au poteau de torture (Vogüé, Morts,1899, p. 214).
b) Poteau du condamné; poteau d'exécution (Ac. 1935); p. ell., poteau. Poteau auquel on attache celui que l'on va fusiller. Mettre (qqn) au poteau. Le photographe prit des photos de tout le déroulement de la cérémonie, la lecture du verdict de mort, la dégradation du militaire (...), l'attachage du condamné au poteau (Cendrars, Bourlinguer,1948, p. 162).
Au fig. Mettre, exposer qqn au poteau. Signaler quelqu'un au mépris, à l'indignation publics. Synon. mettre qqn au pilori*.Vraiment, il aurait une furieuse envie d'être mis au poteau par M. Barthélemy, celui qui achèterait cette faveur moyennant une dépense de quatorze cents hémistiches (Mussetds R. des Deux Mondes,1833, p. 113).
[Avec un compl. prép.] La femme exposée au poteau des railleries de Léonide était (...) celle contre laquelle Léonide lui avait juré de se venger (Gozlan, Notaire,1836, p. 156).
[Cri de menace] Au poteau! À mort! Les traîtres au poteau. À fusiller sans jugement disait Jourdan. Au poteau (Aymé, Uranus,1948, p. 192).
5. P. anal. Poteau d'incendie. Synon. de bouche d'incendie. (Ds Eau 1981).
C. − P. anal.
1. Pop. ou fam. Grosses et vilaines jambes. Avoir les jambes comme des poteaux. D'autres fois le type s'exagère, on voit (...) des poteaux plantés dans des robes bouffantes (Taine, Notes Anglet.,1872, p. 59).Les poteaux écartés (...) la harengère [urinait debout] (Bruant1901, p. 274).
2. GYMN. Faire le poteau. Faire le poirier. Oui, le poteau: tout le monde fait ça. Vous vous tenez sur les mains, les pieds en l'air. Ça fait que vous êtes aveuglé par vos jupes (Toulet, J. fille verte,1918, p. 134).
II. − Arg., pop.
A. − Ami fidèle. Les autres copains et poteaux, dit Marthereau, faut pas croire qu'i' soyent mieux ni plus bien que nous (Barbusse, Feu,1916, p. 148).Berlassier et Sarcelotte: de vrais camarades ceux-là, des solides; des sûrs, des poteaux (Genevoix, Raboliot,1925, p. 54).Vous pouvez parler de James Dee (...) à ses anciens poteaux de l'équipe de rugby (Aymé, Mouche,1957, p. 30).
B. − Homme du milieu. Les messieurs et leurs dames voisinaient avec les poteaux et les gonzesses, leur passaient des bouteilles, chantaient avec eux des refrains obscènes (L. Daudet, Fant. et viv.,1914, p. 133).
REM.
Poteau(-)frontière,(Poteau frontière, Poteau-frontière) subst. masc.Poteau marquant l'emplacement d'une frontière. Tous ces braves gens qui n'admirent la nature que passés les poteaux frontières et trouvent aux omelettes italiennes je ne sais quelle romance dans la friture et quel sublime dans le rissolé qui distingue le pays du bel cante (Toulet, Notes art,1920, p. 101).Suit une collection de troitze −croix de carrefours incisées de dessins abstraits sans fleurs ni animaux, poteaux-frontière de la vie et de la mort (Morand, Bucarest,1935, p. 189).Et qui seront les premiers à bondir sur leurs flingots, dès qu'on leur aura fait croire qu'un Allemand a passé le poteau frontière? (Martin du G., Thib.,Été 14, 1936, p. 510).Arg. ,,Sergent rengagé`` (Esn. 1966).
Prononc. et Orth.: [pɔto], [po-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1176-81 «pièce de charpente dressée verticalement et servant à maintenir ou à supporter» postel (Chrétien de Troyes, Chevalier au lion, éd. M. Roques, 218); fin xiiies. [date du ms.] postiaus plur. (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 1220, var. ms. B); 1406 posteaul sing. (doc. liégeois ds Gdf. Compl.); 1412-14 ung potteau de boys (doc. Arch. Orléans, ibid.); 1500 posteau cornier (Registres des délibérations du bureau de la ville de Paris, I, 38 ds Quem. DDL t. 21, s.v. cornier); 2. spéc. a) xves. servant à attacher une victime, un condamné «pilori» atachier à ung postel de bois (Enfances Vivien, éd. C. Wahlund et H. von Feilitzen, version en prose, p. 70, 503); 1671 attacher un criminel au poteau (Pomey); 1801 prisonniers destinés au poteau (Crèvecoeur, Voy., p. 12); 1899 poteau d'exécution (Clemenceau, Iniquité, p. 9); 1918 au poteau! (Barrès, Cahiers, t. 2, p. 191); b) α) 1679 portant un écriteau, un avis (La Fontaine, Fables, X, XIII); β) servant de repère, de signalisation 1718 poteaux pour marquer les chemins (Ac.); 1832 poteau-guide (Raymond); 1842 poteau indicateur (Ac. compl.); 1890 poteau kilométrique (Zola, Bête hum., p. 49); c) 1845 sports poteau de départ; poteau d'arrivée (Besch.); 1939 coiffer sur le poteau (Les sports, 11 juil. in Lapaille, p. 28 ds Quem. DDL t. 9); d) 1849 supportant des fils conducteurs (L. Figuier, La Télégraphie électrique in R. des deux mondes, août, p. 614, ibid., t. 10); 1870 les poteaux minces du télégraphe (Verlaine, OEuvres compl., t. 1, Bonne chans., p. 106); 1871 poteau télégraphique (Rimbaud, Poés., p. 120); 3. 1841 p. anal. «grosse jambe informe» (Mozin-Biber). B. Fig. en parlant d'une pers. 1. 1259 «soutien, appui» (Rutebeuf, Du Pharisien, 68 ds OEuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, t. 1, p. 253: maint postiau de sainte Yglise); 1400 «appui, ami» (Arch. nat. JJ 155, pièce 273 ds Du Cange, s.v. postellum: ses posteaulx, c'est a dire les meilleurs de ses amis), ex. isolés; av. 1873 compter sur un potot (arg. des forçats d'apr. Esn.); 2. 1883 arg. des voleurs «chef de bande» (Fustier, Suppl. dict. Delvau, p. 543); 1914 «homme du milieu» les poteaux et les gonzesses (L. Daudet, loc. cit.). Dér. (à l'aide du suff. -el, -eau*) du subst. a. fr. post «poteau» (déb. xiies. Benedeit, St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 1380), du lat. postis «jambage de porte», au plur. «porte», à l'époque class.; «pieu, pilotis» au Moy. Âge (av. 532 ds Nierm.). Le sens de «pilori» est relevé en a. prov. au xiiies. (ds Rayn.; 1268 Coutumes d'Albi ds Levy Prov.), et en lat. médiév. en 1336 (à Béziers ds Du Cange, s.v. postellum). Fréq. abs. littér.: 469. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 313, b) 865; xxes.: a) 940, b) 697. Bbg. Archit. 1972, p. 60. _Chautard Vie étrange Argot 1931, p. 296. _Hotier 1973 [1972], p. 71. _Sain. Arg. 1972 [1907], p. 68.