| POSTE1, subst. fém. A. − 1. HIST. DES TRANSP. Chacun des relais de chevaux placés le long d'une grande route, afin d'assurer le transport des voyageurs ainsi que l'acheminement du courrier et permettant aux voyageurs de faire étape. Poste (aux chevaux); maître, maîtresse de poste (v. maître1II A 1 b); chaise de poste (v. chaise B 8); chevaux de poste; courrier de poste (v. courrier II A 1). Afin de n'être pas poursuivi, il fit couper de poste en poste les jarrets des chevaux dont il s'étoit servi (Chateaubr., Ét. ou Disc. hist.,t.1, 1831, p.214).Tapin: Il est sur la route de Flandre. Dubois: Bravo! celle où les postes sont le mieux servies (Dumas père, Fille du régent,1846, iv, 2, p.235): 1. Une voiture de poste, qui avait conduit aux eaux les demoiselles Manescau, nous prend à huit heures et demie du soir, bien séchés, et nous met à onze heures et demie à Pau.
Michelet, Journal,1835, p.192. En compos. Malle-poste*. − P. méton. a) Distance entre deux relais; unité de distance équivalant à deux lieues. Courir trois postes sur le même cheval. Il y a six postes, poste et demie, double poste, tant de postes d'une telle ville à telle autre (Ac.). Rien de bien remarquable jusqu'à Auxerre. Une poste après cette dernière ville, commence le vilain pays dont m'a parlé Mmede B. (Chateaubr., Corresp.,t.1, 1803, p.91).[Quoique vieux] il voulut courir quelques postes à franc étrier (Picard, Avent. E. de Senneville,1813, p.130). b) Moyen de locomotion (voiture équipée de chevaux) assurant l'acheminement du courrier et le transport des voyageurs. Aller en poste. Il voulait prendre la poste dès le soir même pour Paris (Sand, Mauprat,1837, p.340).Il y a longtemps qu'on ne t'a vu, Parisien! (...) tu arrives à cette heure-ci? −Par la poste. −Et pas trop vite! (Nerval, Filles feu,Sylvie, 1854, p.610).J'aime cette fille. Sachez, l'abbé, que je l'emmène en poste avec nous (A. France, Rôtisserie,1893, p.255). ♦ Loc. adv., p.anal., vx. (Aller) (d')un train de poste. Très vite. Tous des braves gens, qui eux aussi pensent à réveillonner, ne sont pas fâchés que la messe aille ce train de poste (A. Daudet, Lettres moulin,1869, p.174).Elle prend le volume et lit en écolière, en pensionnaire, sans nuance et d'un train de poste (Labiche, Cigale chez fourmis,1876, viii, p.229). c) Courrier qui porte les lettres. La poste va partir. Lisez ma lettre à M. de Ch... Je ne puis lui écrire parce que la poste part (Mmede Chateaubr., Mém. et lettres,1847, p.222).L'aubergiste (...) perd la tête comme si, tous les jours à la même heure, la poste ne passait pas (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p.117). 2. Vx ou littér. Courir la poste. V. courir II A 2 a. B. − En partic. 1. a) HIST. DES POSTES. Poste (aux lettres). Service d'acheminement du courrier avant la IIIeRépublique. Le sultan Nour-Eddin créa, en 1167, un service de poste par pigeons-voyageurs, reliant Bagdad à toutes les villes principales de l'empire de Syrie (Ledieu, Cadiat, Nouv. matér. nav.,1899, p.444).La poste aux lettres, perfectionnée par Richelieu, devient rapidement une source de revenu appréciable pour le roi qui en confie l'exploitation à un fermier général en 1672 (Admin. P. et T.,1964, p.4). b) Au plur. Administration publique dont le service principal est l'acheminement et la distribution du courrier, des télégrammes et mandats, de la tenue de comptes d'épargne. Administration des Postes, Télégraphes, Téléphones (vieilli), des Postes, Télégraphes et Télécommunications (vieilli), des Postes et Télécommunications (vieilli), des Postes, Télécommunications et Télédiffusion (abrév. P.T.T.). − P. ell. ♦ Les Postes ou fam. la poste. Administration de ce service. Bureau de poste; aller à la poste; agent, employé, dame, demoiselle des Postes, de la poste; facteur, receveur, almanach, calendrier des Postes. Il a retenu la receveuse des postes à l'extrême bord de l'adultère (Mauriac, Baiser Lépreux,1922, p.164).L'Administration des P.T.T. délivre des chèques postaux de voyage de sommes fixes, payables à vue dans les bureaux de poste (Le Figaro,19-20 janv. 1952, p.4, col. 8). ♦ La Poste. Le service postal. Cachet, date de la poste; envoyer, expédier par la poste un colis, un mandat. Les frais de poste me sont payés (Prod'Homme, Symph. Beethoven,1921, p.285).Mettre (une lettre) à la poste. Faire partir (du courrier) par ce service, envoyer, expédier, soit à un bureau de poste, soit dans une boîte aux lettres de la Poste. Synon. poster1.Retard du manuscrit. J'ai mis le gros paquet à la poste chargé le 29. Il est parti le 30 au matin. Il a dû arriver, sauf retard de mer, le 1erfévrier (Hugo, Corresp.,1862, p.372).J'ai écrit une petite carte pour ma soeur... Tu seras gentil de la mettre à la poste (Simenon, Vac. Maigret,1948, p.12).Au fig. Passer comme une lettre à la poste. V. lettre III A 1 loc. ♦ Poste aérienne. Service de l'Administration des Postes créé en 1918, chargé de la transmission du courrier par avion (d'apr. GDEL). Absol., p.méton., rare. En 1926 (...) comme jeune pilote de ligne à la société Latécoère qui assura, avant l'aéropostale, puis Air France, la liaison Toulouse-Dakar. (...) je subissais le noviciat que les jeunes y subissaient avant d'avoir l'honneur de piloter la poste (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p.141). ♦ Poste aux armées, Service de la poste aux armées. ,,Service chargé, en liaison avec les administrations postales civiles françaises et étrangères, et, le cas échéant, les organismes postaux militaires étrangers et internationaux, du dépôt, de l'acheminement et de la distribution du courrier à destination ou en provenance des armées, des opérations postales télégraphiques, financières et d'épargne autorisées en faveur des armées, des opérations de trésorerie dans les territoires ou garnisons dépourvus de payeurs aux armées, de la desserte postale des militaires à l'étranger, dans le cadre des accords internationaux`` (GDEL). ♦ Poste navale (hist.). ,,Service qui était chargé de l'exécution du service postal de la marine et de toutes autres opérations postales courantes`` (GDEL). 2. P. méton. a) La poste aux lettres (vx), bureau de poste et p.ell. la poste. Bureau de l'administration des Postes d'une commune ou d'un quartier, ouvert au public pour les différents services qu'il offre. Aller à la poste; jours et heures d'ouverture de la poste. La poste aux lettres n'est qu'à dix minutes (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p.148).La lettre écrite, je m'habillai en hâte et courus d'un trait à la poste (Verlaine, OEuvres compl.,t.5, Confess., 1895, p.124).V. infra ex. 2. ♦ La grande poste (fam.). Le bureau central d'une agglomération ou d'une commune. C'est pourquoi le matin, avant même d'aller au siège central de chez Scabelli, vous êtes passé à la grande poste envoyer un télégramme (Butor, Modif.,1957, p.100). b) Poste restante. Service d'un bureau de poste permettant à un particulier de retirer son courrier à un guichet en dehors de son domicile; p.méton., guichet où a lieu ce service; suscription sur le courrier. Écrire à qqn dans telle ville poste restante; se faire adresser, retirer du courrier dans telle ville poste restante; passer, se présenter à la poste restante (pour qqn); employé de la poste restante. Je retournai le papier après l'avoir lu, et je vis sur l'adresse: «À M. Henri Smith, à N., poste restante (Musset, Confess. enf. s.,1836, p.372).Voulez-vous prendre mon passeport et aller demander à la poste restante s'il y a des lettres pour moi? Mon père et ma soeur ont dû m'écrire à Paris (Dumas fils, Dame Cam.,1848, p.52): 2. Il lui arrivait de porter des lettres à divers bureaux de poste éloignés, ou de s'en faire adresser, sous initiales, poste restante, pour déjouer un contrôle possible.
Romains, Hommes bonne vol.,1932, p.83. c) En compos. Mandat-poste. V. mandat. C. − ARCHIT., surtout au plur. Ornements, moulures en volutes rappelant des vagues déferlantes. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [pɔst]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. [1298 poste de chevaus expr. trad. de l'ital., cf. FEW t.9, p.168a, note 44 (Marco Polo, éd. L. F. Benedetto, chap.99, p.95, 9)] 1480 «ensemble des coursiers à cheval chargés du transport des lettres» (Louis XI, lettre 29 oct., éd. J. Vaesen et E. Charavay, t.8, p.291; cf. E. Vaillé, Hist. gén. des postes fr., t.2, 1949, pp.24-25); id. «chacun des relais de chevaux et de coursiers à cheval établis sur le parcours de ceux qui transportaient les lettres» (doc. 29 oct. ds E. Vaillé, op. cit., pp.25-26); 1495-96 chevaulx de poste (A. N. KK., fo52 vods Gdf. Compl.); 1497-98 au fig. en poste «très vite» [c'est-à-dire à l'allure des chevaucheurs de la poste] (Commynes, Mém., éd. J. Calmette, t.3, p.36); 1522 id. courir la poste «aller très vite» (Briçonnet, lettre à Marguerite d'Angoulême, 6 mars, éd. Chr. Martineau et M. Veissière, t.1, p.191); av. 1559 prendre la poste(M. du Bellay, Mém., éd. 1572, l. VIII, fo272 vods Gdf. Compl.); 2. 1655 «local, bureau où se font les opérations postales» (Molière, L'Estourdy, III, 2, éd. R. Bray, p.97); 1793 poste restante (Mmede Staël, Corresp. gén., t.2, p.524 ds Quem. DDL t.12); 1869 «administration publique pour le transport des lettres» (Littré]; 3. 1676 archit. au plur. (Félibien, p.38). Empr. à l'ital. posta «place destinée à chaque cheval dans l'écurie» (dep. le xves.), puis «relais de chevaux pour voitures et courriers» (xvies. d'apr. DEI; le mot devait cependant être beaucoup plus anc. en ital., cf. Marco Polo supra et citat. lat. du Milanais F. M. Visconti ds FEW t.9, p.168, note 44), part. fém. subst. de porre «placer, poser», du lat. ponere «id.». Bbg. Quem. DDL t.10. |