| PORPHYRE, subst. masc. A. − MINÉRALOGIE 1. Usuel. Roche magmatique ancienne très dure, présentant de grands cristaux de feldspath clairs dispersés dans une pâte foncée à grains très fins, généralement rouge ou verte, parfois bleue ou noire (d'apr. Noël 1968; ds Fouc.-Raoult Géol. 1980). Mais ce coeur obstiné, plus dur que l'airain, le porphyre et le basalte, ne se rendit pas encore (Gautier, Rom. momie,1858, p.334).Tout tremble, et nous régnons, graves et couronnés. Au fond de nos palais de jaspe et de porphyre Nous avons des milliers d'esclaves à genoux (Samain, Chariot,1900, p.207).Cassé en fragments, le porphyre donne également un excellent caillou pour chaussée d'empierrement (Bourde, Trav. publ.,1928, p.72): . Le granit et le porphyre des sarcophages pharaoniques gardent, après quatre mille ans, leurs moulures intactes et un poli qui est une caresse pour l'oeil.
Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p.155. SYNT. Porphyre granitique, feldspathique, quartzifère; porphyre vert antique, rouge antique; dallage, arche, table, colonne de porphyre; carrière de porphyre; tailler le porphyre. − P. méton. Bloc de porphyre, objet taillé dans du porphyre. Il nous montre d'abord sa galerie, une galerie énorme (...), ornée de ces vases de marbre, de ces porphyres à grande tournure Louis XIV, qui sentent leur vieux Louvre (Goncourt, Journal,1863, p.1208).Elle était toute jeune, pâle et sans rides comme un beau galet, avec cette rondeur dure et pleine des porphyres usés par l'eau (Giono, Chant monde,1934, p.84). 2. ,,Micro-granite à quartz automorphe`` (George 1970). B. − P. méton. Petite table en pierre très dure, ordinairement du porphyre, sur laquelle les pharmaciens, chimistes brisent les substances à l'aide d'une molette de la même matière. (Dict. xixeet xxes.). Une pierre plutonienne très-dure qu'on a désignée sous le nom de porphyre (Deschamps d'Avallon, Compendium pharm. prat.,1868, p.113). C. − RELIURE. ,,Veau utilisé en reliure dont la surface a été parsemée de fines taches diversement coloriées`` (Brun 1968). Les nouveaux possesseurs des belles reliures en veau fauve ou porphyre [vendus à l'Hôtel des Ventes] (...) vont, en échange de quelques centaines ou quelques milliers de francs Pétain savourer les mêmes durables voluptés [que leur ancien propriétaire] (L'OEuvre,15 févr. 1941). REM. 1. Porphyréen, -éenne, adj.,hapax. Qui a l'aspect du porphyre. Mon navire au nom bouffon, le «Narrenschiff», est entré dans cette nuit de poix et ce chaos du Pont-Euxin... Encore enfant, j'ai parcouru ce chemin d'obscurité, ce déroulement du grand flot porphyréen tout chargé des livides fleurs d'edelweiss maritime (Larbaud, Barnabooth,1913, p.58). 2. Porphyreux, -euse, adj.,hapax. De porphyre. Synon. porphyrique (infra dér.).Pour peu que les vents nous fussent contraires, nous risquions d'aller faire connaissance avec (...) les rochers porphyreux des antiques Phéaciens (Nerval, Voy. Orient,t.2, 1851, pp.18-19). 3. Porphyris, subst. fém.,porphyrion, subst. masc.,vieilli, rare. Poule sultane. On avait servi (...) une magnifique porphyris bleue et rouge, et un cygne avec toutes ses plumes, qu'on avait cuit en quarante-huit heures pour ne pas lui roussir les ailes (Louys, Aphrodite,1896, p.138). Prononc. et Orth.: [pɔ
ʀfi:ʀ]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1180-90 minér. porfire (Alexandre de Paris, Alexandre, IV, 1263, in Elliott Monographs, no37, p.348); 1539 porphire (G. Corrozet, Les Blasons domestiques, fo30 vo); 1548 porphyre (N. du Fail, Baliverneries ds OEuvres, éd. J. Assézat, t.1, p.185); 2. 1672 p.ext. «table en matière très dure sur laquelle on broie des substances à l'aide d'une molette» (B. Bauderon, F. Verny, La Pharmacopée, p.146). Du lat. médiév. porphyrium (ca 1100, v. FEW t.9, p.192b, note 2), altér. de porphyrites «porphyre», empr. au gr. π
ο
ρ
φ
υ
ρ
ι
́
τ
η
ς (λ
ι
́
θ
ο
ς) «id.», dér. de π
ο
ρ
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υ
́
ρ
α «pourpre». Fréq. abs. littér.: 149. DÉR. Porphyrique, adj.a) De porphyre; qui contient du porphyre. Roche, tuf, lave porphyrique. Après avoir, un temps suffisant, admiré l'assaut jamais lassé du flot contre la falaise porphyrique (...) il faut enfin revenir sur ses pas (Arène, Veine argile,1896, p.168).La montagne porphyrique de Tarare se dresse ainsi au passage de la célèbre route de Roanne à Lyon (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p.250).Nous longeons le torrent boueux qui grandit sans cesse, saute les rocs, entraîne des cailloux porphyriques (Morand, Air indien,1932, p.176).b) Relatif, propre au porphyre, à sa formation, à sa structure. Les éruptions porphyriques ont différé en plusieurs points essentiels de celles des granites (Élie de Beaumontds B. Sté géol. Fr.,t.4, 1847, p.51).Sc. de la terre. Dont la structure présente des cristaux de grande taille dispersés au sein d'une pâte à cristaux microscopiques (d'apr. Plais.-Caill. 1958; ds Fouc.-Raoult Géol. 1980). Synon. porphyroïde.Texture porphyrique. − [pɔ
ʀfiʀik]. − 1resattest. 1488 porfirique (Mer des hystoires, I, fo194a, ds Gdf. Compl.) attest. isolée; 1804 porphyrique (Ann. chim., t.46, 30 germinal an XI, p.185); de porphyre, suff. -ique*. |