| POMPER, verbe trans. A. − 1. Puiser, extraire un liquide à l'aide d'une pompe. Il est beaucoup plus économique de pomper directement la saumure du sous-sol au moyen de trous de sonde forés jusqu'au gisement, dans lesquels on injecte de l'eau douce (Stocker,Sel, 1949, p.40): 1. Pour tout ce qui exige un acte d'initiative, elle s'en remet à cette forte fille, osseuse et sanguine, qui sait pomper l'eau, scier du bois, ramoner, frotter un parquet...
Martin du G.,Vieille Fr., 1933, p.1047. ♦ Absol. Actionner une pompe. Il pompait alors avec acharnement, en manches de chemise, son gros ventre débordant de la culotte (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p.325).C'est dur, une journée entière à pomper. À cinq francs l'arpent que ça me coûte de sulfate, j'aurai perdu dix francs et mon temps si l'eau tombe (Hamp,Champagne, 1909, p.118). − Arg. Faire une fellation, un pompier (v. pompier1II A). Se faire pomper. Bénéficier d'une fellation. Elle avait surpris le directeur bien en train de se faire pomper par un apprenti (Céline,Mort à crédit, 1936, p.35). 2. P. anal. a) [Le suj. désigne un animal, un végétal] Aspirer. On sait l'usage que l'on fait de la sangsue en médecine pour pomper le sang de certains malades (Coupin,Animaux de nos pays, 1909, p.29).La trompe sert principalement aux insectes pour pomper leur boisson. Les insectes sanguisorbes ont une trompe d'une structure particulière (Bern. de St-P.,Harm. nat., 1814, p.187): 2. ... les eaux fourniront des rosées qui féconderont le sol, les peupliers s'en nourriront et arrêteront les brouillards, dont les principes seront pompés par toutes les plantes...
Balzac,Curé vill., 1839, p.146. b) [Le suj. désigne une pers.] Même sens. Le noir, écartant sa robe, et accolant ses lèvres sur la plaie, pompait le sang épanché (Borel,Champavert, 1833, p.95).Il était bon le fruit superbe; elle en pompa le jus, elle en dévora la chair, elle en croqua les pépins (Flaub.,Tentation, 1849, p.255). − Pop. Boire (copieusement). Voir J.-F. Rolland, Dict. mauv. lang., 1813, p.108 et France 1907. ♦ Absol. Pour me donner du coeur au ventre, j'ai pompé (Méténier,Lutte pour amour, 1891, p.122). c) Absorber, faire disparaître un liquide par évaporation ou par capillarité. Il (...) pompa le pétrole hors des lampes des couloirs en se servant d'une mèche comme d'un siphon (Van der Meersch,Invas. 14, 1935, p.288): 3. La neige fondait de plus en plus vite, le soleil pompait aussitôt les flaques, nettoyait à toute allure le plateau qui, peu à peu, devenait sec...
Camus,Exil et Roy., 1957, p.1620. d) Empl. trans. indir. Effectuer un mouvement de va-et-vient. − Agir sur un dispositif. Pomper sur la pédale de frein, sur le frein d'une voiture (Lar. Lang. fr.). − PÊCHE. ,,Ramener un poisson pris à la ligne en alternant les tractions sur la canne pour le rapprocher, et les tours de manivelle de moulinet pour récupérer le fil`` (Lar. encyclop.). Absol. On considère souvent que pomper est une mauvaise manière de fatiguer le poisson (Schreiner1975). B. − Au fig. 1. Extraire la substance de quelqu'un, de quelque chose; vider quelqu'un, quelque chose de sa substance. Pour avoir tout sous la main (...) et pouvoir pomper l'argent, le sang, la vie, jusque sur le roc vif de la nation. C'est de là que nous est venue la fameuse organisation territoriale du 28 Pluviôse an VIII (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan, t.2, 1870, p.532). − Vx, pop. Pomper qqn. Soutirer des renseignements à quelqu'un, le questionner avec ruse (d'apr. Esn. 1966). − Arg. scolaire. Copier. Pomper sur qqn; il a tout pompé. P. anal. Baryton me prenait tout entier. Il m'accaparait même, ne me lâchait plus, il me pompait tout mon anglais (Céline,Voyage, 1932, p.534). 2. Pop. Fatiguer, épuiser. Le moindre effort lui coûtait une fatigue immense, le pompait (Arnoux,Seigneur, 1955, p.14).Au part. passé. Être pompé. Synon. être crevé (pop.), être vidé. 3. Pop. Pomper l'air (v. air1II B 2 i). Ennuyer, importuner. Je lui raconte comment le fameux docteur avait acheté un domaine dans les bois, près de Marseille, où il vivait à poil en toute saison. Un peu piqué, même beaucoup. Que j'en suis parti, parce que cette façon de comprendre la vie me pompait l'air (Giono,Gds chemins, 1951, p.189). REM. Pompeur, subst. masc.a) Celui qui pompe. Le mal vient du cerveau toujours en travail, l'animal monstrueux, informe et mou dans sa gaine comme un ver, pompeur infatigable (Bernanos,M. Ouine, 1943, p.1461).b) Industr. pétrolière. ,,Ouvrier chargé de vidanger les puisards, de pomper l'huile brute`` (Rob.). Prononc. et Orth.: [pɔ
̃pe], (il) pompe [pɔ
̃:p]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1558 absol. «faire agir une pompe» (Ph. de Clèves, Instr. de toutes manieres de guerroyer, p.135 ds Gdf. Compl.); 1580 trans. «déplacer (un liquide) à l'aide d'une pompe» (B. Palissy, Discours admirable ds OEuvres, éd. A. France, p.358); 2. 1718 absol. «faire des efforts pour faire parler quelqu'un» (Ac.); av. 1755 trans. (Saint-Simon, 221, 236 ds Littré); 3. a) 1765 d'un corps, d'une matière «absorber (un liquide)» (Encyclop.); b) av. 1788 d'un être vivant «aspirer (un liquide, l'air)» (Buffon, Hist. nat., t.2, p.84 ds IGLF: les insectes [...] ne pompent l'air que par quelques trachées); 4. av. 1787 «attirer à soi, soutirer (quelque chose de quelqu'un)» (Galiani, Lett., t.2, p.502 ds Littré); 5. 1787 trans. «boire» ([J. Mague de Saint-Aubin], Les Chiffons, II, 92 [Cailleau] ds Quem. DDL t.19); 1792 «boire copieusement» (Hébert, Le Père Duchêne, no174 ds Brunot t.10, p.215); 6. 1913 pompé «épuisé» (d'apr. Esn.); 1955 trans. «épuiser» (Arnoux, loc. cit.); 7. 1927 «copier» (d'apr. Esn.); 8. 1951 pomper l'air «ennuyer» (Giono, loc. cit.). Dér. de pompe2*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 208. Bbg. Quem. DDL t.19. |