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POLICER, verbe trans.
A. − Réglementer, discipliner. Il faut que le régime du travail, du crédit et du commerce change; que le salaire et la valeur, ce qu'il y a de plus libre au monde, arrivent à se policer (Proudhon, Guerre et paix,1861, p.192).À partir du moment où l'on tente de policer la force pulsionnelle, un désir, surtout refoulé, surtout inconscient, déclenche la terreur et l'autopunition (Choisy, Psychanal.,1950, p.11).Régler les tarifs douaniers est jeu d'enfant à côté de la tâche de policer toutes ces pratiques (Univers écon. et soc.,1960, p.38-10).
B. − Littér. Adoucir et affiner les moeurs (d'une personne ou d'un peuple) par des institutions adaptées, par la culture et la civilisation. Il ne s'agissait de rien moins que de policer un peuple sauvage (Michelet, Mémor.,1820-22, p.183).René, on trouve les guerriers de ton pays chez tous les peuples: les plus civilisés des hommes, ils en deviennent, quand ils le veulent, les plus barbares. Ils ne cherchent point à nous policer, nous autres sauvages; ils trouvent plus aisé de se faire sauvages comme nous (Chateaubr., Natchez,1826, p.244).
P. anal.:
. Ces mornes plaines et ces siècles qui d'abord semblaient ordinaires et maussades à Sturel, maintenant il leur sentait du caractère: il leur savait gré de n'être ornés d'aucun romanesque fade, mais nus et bruts comme l'histoire avant que les historiens la policent. Barrès, Appel soldat,1900, p.301.
Au part. passé en empl. adj. Synon. civilisé, éduqué, raffiné.La description de l'Amérique sauvage appelleroit naturellement le tableau de l'Amérique policée (Chateaubr., Natchez,1826p.13).
Empl. pronom. On doit honorer en Mmede Stein un magnifique ressort du développement de Goethe. Cette amitié fut pour le poète une incomparable excitation morale; elle lui inspira des besoins plus relevés, une plus haute idée de lui-même et l'amena à sentir la beauté d'une existence vraiment noble. Au contact de Mmede Stein il lui fut donné de se policer, de se modérer, d'atteindre au calme et à la solidité (Barrès, Voy. Sparte,1906, p.148).
Prononc. et Orth.: [pɔlise], (il) police [pɔlis]. Homon. et homogr.: police2, polissent (de polir). Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1461 «administrer» (Ord. de Ch. de Bourg., Arch. mun. Nevers, HH 4 ds Gdf., s.v. policier); 1611 «gouverner avec sagesse» (Cotgr.); 2. 1601 part. adj. «parvenu à un certain degré de civilisation, d'éducation» (P. Charron, De la Sagesse, L. 3, chap.21, p.706: Les [parties du monde] barbares et farouches sont polies et policées [grâce aux guerres et aux fléaux], les arts et sciences sont respandues et communiquées à tous). Dér. de police1*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 132.