| POIRIER, subst. masc. A. − 1. BOT. Arbre fruitier de taille moyenne, appartenant à la famille des Rosacées et donnant des poires. Poirier d'Autriche, de Bougeau, commun; greffer, tailler des poiriers. Dans des fourrés inextricables d'orties et d'arbustes à baies blanches il y a, je le crois plus que je ne l'ai vu, trois dalles, trois tombes des Mahis. Un poirier penché dessus y égrène ses poires (Barrès,Cahiers, t.6, 1907, p.95).Le vent frais et vif était celui que les poètes appellent zéphyre; je gonflais ma narine et d'abord ne lui trouvai pas d'odeur (...) jusqu'à ce que j'y eusse discerné le parfum candide, un peu amer, des fleurs de pommiers et de poiriers (Mauriac,Journal 2, 1937, p.205): . Je détournai les yeux vers les poiriers et les cerisiers du jardin d'en face pour qu'il crût que c'était leur beauté qui me touchait. Et elle me touchait un peu de la même façon, elle mettait aussi près de moi de ces choses qu'on ne voit pas qu'avec ses yeux, mais qu'on sent dans son coeur.
Proust,Guermantes 1, 1920, p.160. 2. P. méton. Bois de cet arbre utilisé en ébénisterie pour sa couleur et son poli très fin. Meubles en poirier. C'était un petit salon couleur bois, avec trois corps de bibliothèque en poirier noirci (Zola,Conquête Plassans, 1874, p.950).La chambre des jeunes mariés... Une armoire de poirier noir, énorme, opprime cette chambre basse aux murs blancs, écrase entre elle et le lit une chaise de paille (Colette,Mais. Cl., 1922, p.110). B. − Expr. anal. ♦ Faire le poirier ou l'arbre fourchu*. Se tenir en équilibre sur les mains, le corps vertical, la tête appuyée sur le sol et les pieds écartés l'un de l'autre. Un soir d'été (...) elle a pris le sentier au bord de la rivière. Trois gamins, qui sortaient de l'eau, faisaient le poirier fourchu sur l'herbe (Martin du G.,Vieille Fr., 1933, p.1049). ♦ SPORTS (yoga). Figure du poirier. (Ds Pt Rob.). ♦ Je l'ai connu poirier (vx). ,,Je l'ai connu dans une situation modeste, moins brillante`` (Rey-Chantr. Expr. 1979). Prononc. et Orth.: [pwaʀje]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1150 perier bot. (Flore et Blancheflor, éd. J.-L. Leclanche, 2026); 1409 poirrier «id.» (Trésor des Chartes du Comté de Rethel, II, 589, 15 ds Morlet, p.30); xves. [ms.] poirier «id.» (Gloss. Lille, 38b ds T.-L.); b) α) 1260 perier «bois de poirier utilisé pour la confection des barils (de vin)» (Etienne Boileau, Métiers, 103 ds t.-L.);
β) ébén. 1516 [éd.] boys de perier (Des Crescens, Le Livre des prouffitz champestres et ruraulx, Paris, J. Petit et M. Le Noir, fo59 ro); 1874 bibliothèque en poirier (Zola, loc. cit.). 2. ca 1200 faire lo perier (Poème moral, éd. A. Bayot, 2030). Dér. de poire*; suff. -ier*. Fréq. abs. littér.: 184. |