| POINTER1, verbe trans. I. A. − Donner des coups de pointe avec une arme blanche (p.oppos. à tailler). Mais Julien ne se fatiguait pas de tuer, tour à tour bandant son arbalète, dégaînant l'épée, pointant du coutelas (Flaub.,St Julien l'Hospitalier, 1877, p.95). ♦ Empl. abs., p.métaph. C'était la preuve que mes coups portaient. Je prenais soin d'en varier la forme, taillant ou pointant à ma fantaisie (L. Daudet,Brév. journ., 1936, p.210). − Menacer de la pointe d'une arme blanche. Un escogriffe me pointa son épée contre le coeur (Adam,Enf. Aust., 1902, p.336). B. − Planter, enfoncer dans. Quand le fouet, chien ailé, pointant son mince croc, mordille le troupeau (Romains,Vie unan., 1908, p.156).Au fig. [Il] pointa son regard dans le mien (Abellio,Pacifiques, 1946, p.45). − Arg. Pénétrer avec le sexe. [Dans la partouse], il pointerait au moins trois dames (Pt Simonin ill., 1957, p.227). C. − COUT. Faire des points d'aiguille (à une étoffe) pour en maintenir les plis. (Dict.xixeet xxes.). D. − IMPR. Introduire une feuille dans les pointures. Pointer (t.d'impr.). C'est faire se rencontrer les deux pages l'une sur l'autre, en remettant sur le tympan les feuilles déjà imprimées d'un côté, pour les imprimer de l'autre (Encyclop. méthod. mécan.t.81791, p.879). II. A. − Rare. Marquer d'un point; faire des points, de très petites taches. Synon. ponctuer.Le soleil était déjà chaud, les branches de lilas pointées de vert, et la terre inculte du petit jardin avait des soulèvements de vie (A. Daudet,Jack, t.1, 1876, p.137): . Seules les lumières des maisons dans la campagne, des automobiles et des gares, percent maintenant les reflets dans les vitres, pointant d'accents fugitifs l'image renversée de ce compartiment.
Butor,Modif., 1957, p.149. − P. anal. Le village, plongé dans le silence pointé des coups de fer du charron, somnolait, désert et paisible (Triolet,Prem. accroc, 1945, p.373). B. − MAR. Repérer la position de quelque chose sur une carte marine. Est-il, en effet, une satisfaction plus vraie, un plaisir plus réel que celui du navigateur qui pointe ses découvertes sur la carte du bord? (Verne,Enf. cap. Grant, t.1, 1868, p.73).Davis connaissait trop bien les parages pour avoir besoin de pointer les icebergs sur la carte; ils se trouvaient dans le nord de la route (Peisson,Parti Liverpool, 1932, p.128). − MAR., AVIAT. Pointer la carte. Reconnaître sa position sur une carte et la marquer d'un point. S'ils savaient lire, ils pourraient pointer la carte et feraient une plus grande navigation (Michelet,Journal, 1845, p.618). C. − Rapporter (sur un tissu, une surface) les éléments d'un modèle. Moi je pointe encore mes pavés [= motifs] (...) c'est-à-dire que je fais un petit point de crayon pour pouvoir suivre, créer le dessin (M. Leyssène, M. Valière,Les Jours d'Angles, la mémoire collective des ajoureuses, Paris, C. Bonneton, 1984, p.48). − TECHNOL. ,,Rapporter sur un panneau ou sur une pierre les dimensions relevées sur une épure`` (Chabat t.2 1876). D. − MUSIQUE 1. Faire suivre d'un point une note pour signifier que sa durée est augmentée de moitié. Pointer une noire. (Dict. xixeet xxes.). 2. Détacher nettement la note (Dict. xixeet xxes.). E. − 1. Repérer d'un point, d'une marque des éléments répertoriés sur une liste, dans un registre, quand on les a contrôlés. Synon. cocher.Groupés à de certains points apparents, les salons académiques qui longtemps d'avance préparent les élections, pointent les voix (A. Daudet,Rois en exil, 1879, p.284).Fanny lit à haute voix. Richard suit sur son registre et pointe à mesure (Pagnol,Fanny, 1932, iii, 1, p.169). 2. Contrôler les entrées et sorties des travailleurs d'une entreprise, calculer leur temps de travail. Machine à pointer. À la porte, l'inspecteur qui pointait l'arrivée des employés, venait de refermer son registre et inscrivait à part les retardataires (Zola,Bonh. dames, 1883, p.432). ♦ Pointer qqn.Et c'est pas pour dire, mais c'était autre chose que de les pointer, comme aujourd'hui, quand ils arrivent tard (Balzac,Employés, 1837, p.92). 3. Se faire pointer, aller pointer et simplement pointer. Se soumettre à un contrôle. Pointer au chômage; pointer tous les jours à 8 heures. Prononc. et Orth.: [pwε
̃te], (il) pointe [pwε
̃:t]. Homogr. pointer5. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. 1170 «piquer sur une étoffe» (Horn, éd. M. K. Pope, 866); 2. 1380 «piquer un tissu matelassé» (Inv. de Charles V ds Havard); 1611 «faire des points dans une pièce d'étoffe pour en conserver les plis» (Cotgr.); 3. 1812 impr. (Mozin-Biber); 4. 1903 «amorcer un trou avec le pointeau» (Nouv. Lar. ill.). B. 1. 1499 «marquer d'un point les noms dans un but de contrôle» (La Vie privée en Anjou, 255 ds Delb. Notes mss), à nouv. ds Trév. 1752; 1935 «enregistrer avec un appareil les heures d'arrivée et de sortie du personnel» (Romains, Hommes bonne vol., Montée des périls, p.19); 2. 1643 mar. pointer la carte (Fournier Hydrographie, p.718); 3. 1691 part. passé mus. note pointée (Ozanam); 4. 1694 «rapporter sur un panneau avec le compas et la fausse équerre les dimensions relevées sur une épure» (Corneille); 5. 1959 zéro pointé (ds FEW t.9, p.589). II. 1464 «frapper de la pointe d'une arme blanche» (J. Lagadeuc, Cathol. ds Gdf. Compl.); 1680 pointer un boeuf «l'égorger» (Rich.). Dér. de point1*, dés. -er; II dér. de pointe*, dés. -er. |