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POINT2, adv. de nég.
Var. vieillie, littér. ou pop. de pas1.
I. − [Marque la nég. de tout ou partie du prédicat]
A. −
1. [En corrél. avec ne]
a) [Ne et point encadrent en règle gén. le verbe ou l'auxil. fléchis et les pron. conjoints] Il ne la voit point, il ne l'a point vue. Je le disais bien que ce n'était point gai cette histoire (Murger, Scènes vie boh.,1851, p.212).Je n'attendis même point qu'on ait rallumé dans la salle (Céline, Voyage,1932, p.253).Je vous félicite si vous n'êtes pas de Thèbes et si vous n'avez point de frère (Cocteau, Machine infern.,1934, ii, p.68).
[Modifie un adv. qui lui est postposé] Je ne viens point souvent, il ne le croit point vraiment. Tout au plus me fit-on remarquer: −Eh! eh! c'est un peu délabré... Mais cela d'un ton si léger que je soupçonnais mes amis de ne point trop s'en attrister (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p.182).
b) [Lorsque la nég. porte sur un inf., ne point est, en règle gén., placé devant l'inf. et les pron. conjoints] Il est sûr de ne point la voir, de ne point l'avoir vue.
[Les pron. peuvent s'intercaler entre ne et point] Les traits de son visage rond (...) avaient été grossis par une petite vérole assez clémente pour n'y point laisser de traces (Balzac, E. Grandet,1834, p.82).Pour moi j'ai résolu de ne me point masquer et d'être moi-même jusqu'à la fin (Vigny, Chatterton,1835, i, 5, p.262).Le voici [Barrès] qui distrait, en feuillette, s'éprend −déclare à Perrin ce livre «stupéfiant» −et se plaint de ne me point connaître (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1891, p.53).
[Point peut être intercalé entre l'auxil. et le part. passé] Je me reprochai de n'avoir point commencé par là mes recherches (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p.328).
[Dans le groupe falloir, vouloir + inf., un pron. dépendant de l'inf. est parfois placé en avant du semi-auxil.] Le maréchal de Loigny devait joindre l'armée dans la journée même: on ne les voulut point attendre (Barante, Hist. ducs Bourg.,t.4, 1821-24, p.72).Du beurre, il n'y faut point songer, si ce n'est dans les grandes villes du Nord (T'Serstevens, Itinér. esp.,1963, p.208).
2. Rare, pop. [Sans ne] Vô savez que j'sommes point riches. J'peux seulement point m'payer eune servante (Maupass., Contes et nouv.,t.1, Diable, 1886, p.236).On les verra p't'être seulement point, les Alboches (Benjamin, Gaspard,1915, p.29).−Tu gagnes point tes Pâques. −Mais je donne de l'argent au bon Dieu (Malègue, Augustin,t.1, 1933, p.225).«Comment le sais-tu, moutard? Tu y étais?» «J'y étais point mais mon vieux y était et il me l'a dit» (Sartre, Mort ds âme,1949, p.211).
B. − [Dans des cont. ell., sans ne]
1. Point de + subst.[Dans des phrases dites nom. (avec effacement du verbe et donc du corrél. ne)] Joséphine, point de lettre de toi depuis le 28! (Napoléon Ier, Lettres Joséph.,1796, p.33).Ah! L'Amérique!... Là point de préfets comme M. de Séranville! (Stendhal, L. Leuwen,t.3, 1835, p.369).Il est cependant bien pâle, bien maigre, bien changé: grosse toux profonde, point de voix du tout (E. de Guérin, Lettres,1839, p.275).Je disais à Prévot: −Point de mal? Il me répondait: −Point de mal! (Saint-Exup., Terre hommes,1939, p.217).
[Avec disjonction de point et son rejet en fin de syntagme] Ne voyons dans Waterloo que ce qui est dans Waterloo. De liberté intentionnelle, point. La contre-révolution était involontairement libérale (Hugo, Misér.,t.1, 1862, p.423).Mais de nourriture, point, de formules épistolaires, point, de l'eau insuffisamment, et de médicaments pas du tout (Ambrière, Gdes vac.,1946, p.305).
2. [Comme réponse nég. à une question, une assertion positive]
a) Il n'en est pas ainsi. −(...) Le gouvernement peut faire saisir les armes au lieu de payer, non? −Point! (Malraux, Cond. hum.,1933, p.202).
[Modulant par un adv. d'intensité] −Cinq lieues!... sacré père Pantois, va!... Toujours fort... toujours jeune... −Point tant qu'ça, monsieur Lanlaire... point tant qu'ça... (Mirbeau, Journal femme ch.,1900, p.78).
[Associé à mais adversatif] La délicatesse de cette curiosité pourrait intéresser un moment; mais point: c'est une petite chose mal faite (Chateaubr., Mém.,t.3, 1848, p.271):
1. C'est ça!... La première opposition que l'on fait au pouvoir n'est jamais qu'une coquetterie!... C'est une façon de lui dire: «J'existe!... Tu me plais!... Remarque-moi!...» −Mais point! Le pouvoir fait la sourde oreille... Sardou, Rabagas,1872, III, 7, p.134.
b) Il n'y en a pas. Sous ces débris qui sanglotent, sous ces regrets gémissants, quelque chose brille là. Oui. −Non. −Un Dieu peut-être. −Point. C'est une larme qui tombe de ma voûte (Quinet, Ahasvérus,1833, 4ejournée, p.327):
2. Tu me dis de te dire quels sont mes rêves. Aucuns. Mes projets d'avenir? Point. Ce que je veux être? Rien, suivant en cela la maxime du philosophe qui disait: «Cache ta vie et meurs». Flaub., Corresp.,1841, p.77.
3. [Porte sur un terme coordonné ou juxtaposé à un autre terme (commutation ou combinaison souvent possible avec non)]
[Porte sur un subst.] [Les bandits] avaient la cartouchière à la ceinture, mais point le pistolet qui en fait le complément obligé (Mérimée, Colomba,1840, p.114).
[Porte sur un compl. prép.] À mesure que ces familles arriveraient, il faudrait leur donner des concessions raisonnées, c'est-à-dire, du terrain suffisamment, mais point avec profusion (Baudry des Loz., Voy. Louisiane,1802, p.257):
3. Je trouve qu'on aurait dû condamner aux galères toute la Commune et forcer ces sanglants imbéciles à déblayer les ruines de Paris, la chaîne au cou, en simples forçats. Mais cela aurait blessé l'humanité. On est tendre pour les chiens enragés et point pour ceux qu'ils ont mordus. Flaub., Corresp.,1871, p.297.
[Porte sur un adj.] Madame Grandet le regardait elle-même d'une façon assez singulière, point tendre il est vrai, mais assez étonnée (Stendhal, L. Leuwen,t.3, 1835, p.10).Il était tout en pleurs, pâle, point mal vêtu (Hugo, Légende,t.5, 1877, p.1118).Les filles étaient nombreuses, point toutes laides, et nous avions dix-neuf ans (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p.77).
[Porte sur un adv.] Elle se doute bien que je dois l'attendre (...) et marche doucement, comme une qui n'est pas pressée et qui cherche à se faire désirer un peu, point trop (H. Bazin, Vipère,1948, p.251).
Non point (v. non I A 1 b).
II. − [En prop. rhét., orientant vers une réponse positive]
[Avec ne] Apprenez donc que nul ne se dit du petit peuple, ne se plaît à être du petit peuple, ni à y rencontrer ses amis. Et ne serais-je point un peu votre ami? (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p.183).Aujourd'hui encore, qu'est-ce qui crée autour de moi cette solitude où je me sens mourir? N'est-ce point l'orgueil? N'est-ce point trop d'exigence à l'égard de ceux qui m'entourent? (Billy, Introïbo,1939, p.117).
[Sans ne] Et ce petit bijou, serait-ce point le vôtre? (Brizeux, Marie,1840, p.58).Un des cousins demanda bientôt: «C'est-il point l'heure?» (Maupass., Contes et nouv.,t.1, Père Amable, 1886, p.221).Ai-je point troublé ce coeur pour toujours, se disait-il en cherchant parfois le regard qui l'évitait ou le feu qui le consume est-il pur? (Bernanos, Soleil Satan,1926, p.141).
Prononc. et Orth. V. point1. Étymol. et Hist.1. 1remoit. xiies. no... pont (Sponsus, 64 ds T.-L.); ca 1160 ne... point de (Eneas, 300, ibid.); 2. déb. xiies. constitue la nég. de ce qui est exprimé par le verbe (St Brendan, éd. E. G. R. Waters, 983); 3. 1642 suivi d'un compl. introd. par que (Corneille, Polyeucte, IV, 3); 4. ca 1200 empl. seul, dans des réponses exclam. (Aiol, 6992 ds T.-L.); 5. 1547 avec ell. du verbe (N. Du Fail, Propos rustiques, éd. J. Assézat, 97); 6. 1585 avec ell. du verbe et suivi d'un subst. amené par de (Id., Contes d'Eutrapel, II, 228); 7. 1651 avec ell. du verbe et suivi d'un adj. ou d'un adv. (Scarron, Roman comique, I, 13 ds Littré). Empl. spécialisé de point1* au sens de «petite parcelle d'étendue ou de temps». Fréq. abs. littér.: 44590. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 77695, b) 52680; xxes.: a) 62778, b) 57352. Bbg. Bastin (J.). Glanures gramm. Namur, 1893, pp.140-145. _Camproux (Ch.). À propos de pas et de point ds une phrase de G. Sand. Fr. mod. 1948, t.16, pp.257-260. _Engver (K.). Place de l'adv. déterminant un inf. ds la prose du fr. contemp. Uppsala, 1972, p.21, 37. _Gaatone Nég. 1971, pp.61-63; p.102. _Klinkenberg (J.-M.). La Raréfaction de l'adv. de négation point ... Cah. de littér. et de ling. appl. 1970, no2, pp.219-222. _Martin (R.). Le Mot rien et ses concurrents en fr. Paris, 1966, pp.179-180; La négation de virtualité du m. fr. Romania. 1972, t.93, pp.34-49. _Price (G.). Point nie bien plus fortement que pas. In: [Mél. Baldinger (K.)]. Tübingen, 1979, t.1, pp.245-254; The negative particles pas, mie and point in Fr. Archivum linguisticum. 1962, t.14, pp.14-34. _Yvon (H.). Pas et point ds les prop. négatives. Fr. mod. 1948, t.16, pp.19-35.