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POIGNARDER, verbe trans.
A. − Frapper, blesser, tuer avec un poignard ou un couteau. Je cache un poignard sous mon corsage. En somme, que viens-je faire ici? Je viens poignarder le roi ennemi sous sa tente (Giraudoux,Siegfried, 1922, ii, 1, p.66).
P. métaph. La lumière poignardait mes yeux, j'entendais les rumeurs vivantes de la ville; j'étais éveillé (Beauvoir,Tous hommes mort., 1946, p.129):
. Sur ces eaux vives, ou celles, dormantes, des tourbières qui servaient au fort de douves naturelles, stagnait, surtout à la belle saison, l'épaisse brume du Pacifique, qui trempait les arbres et que le soleil poignardait... Morand,Folle amour., 1956, p.19.
Empl. pronom. réfl. Se tuer. Figurez-vous, seigneur, dit Ordalie, l'horreur de ma situation!... Mon malheureux père s'étoit poignardé dans mes bras! (Genlis,Chev. Cygne, t.2, 1795, p.144).Un poète se poignarda afin de succomber à la fleur de cette espérance (Maurras,Chemin Paradis, 1894, p.55).
B. − Au fig.
1. Éliminer, faire disparaître quelque chose par des manoeuvres malhonnêtes. Je remercie mon cher Meurice d'accepter la surcharge du Français, ayant déjà l'Odéon sur les bras, et d'étendre à Hernani sa tutelle de Ruy Blas. Dites-le lui, mon pronostic est ceci: on poignardera Hernani et on supprimera Ruy Blas (Hugo,Corresp., 1867, p.84).
2. Causer une extrême affliction, une extrême douleur. Depuis 1851, je ne crois pas avoir fait un seul mensonge, excepté (...) les petits faux-fuyants littéraires exigés (...) pour éviter un plus grand mal, qui est de poignarder un auteur (Renan,Souv. enf., 1883, p.363).Ta folie, ton dévouement stérile, à qui font-ils du bien? Pas à moi, pas à moi, en tout cas, que tu poignardes à chaque mot! (Camus,État de siège, 1948, 2epart., p.263).
Loc. Poignarder qqn dans le dos. Trahir quelqu'un. Désormais ses petits rapports devenaient inutiles. Sans avoir l'air d'y toucher et sous couleur de scrupules, il pourrait tous les soirs nous poignarder dans le dos, au besoin (H. Bazin,Vipère, 1948, p.63).
REM. 1.
Poignardant, -ante, part. prés. adj.,rare. [Corresp. à supra B] Qui poignarde. Banville, inimitable à nous exposer avec une ironie flûtée et poignardante le pourquoi des choses (Goncourt,Journal, 1856, p.279).
2.
Poignardement, subst. masc.,hapax. Action de poignarder; résultat de cette action. [Leur mandataire] sait qu'il faut des contrastes, (...) il ne se porte point ennemi de quelques confections violentes, d'un peu de férocité. Une bataille, un poignardement, (...) pourvu qu'il y ait des torses bien peints, (...) ne font que nous allécher davantage à ce diable de petit coquin d'Amour (Veuillot,Odeurs de Paris, 1866, p.442).
Prononc. et Orth.: [pwaɳaʀde], (il) -gnarde [-ɳaʀd]. V. poignée. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1556 (Antoine Allegre, Decade, 209a d'apr. H. Vaganay ds Fr. mod. t.6, p.173). Dér. de poignard*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 223. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 467, b) 316; xxes.: a) 211, b) 250.