| ![]() ![]() ![]() ![]() PODAGRE2, adj. PATHOL. [En parlant d'une pers.] Qui a la goutte aux pieds et marche difficilement. Le curé, M. de Rostaing, qui était podagre et ne sortait qu'en chaise, venait de se faire porter devant le moulin par deux valets en livrée (Pourrat, Gaspard, 1931, p.9).♦ P. ext. [Quelle que soit la partie de son corps atteinte par la maladie] Qui a la goutte, qui est rhumatisant. Elle est seule et unique héritière d'un vieux podagre, quelque brasseur de Londres qui, dans un délai calculable, doit lui laisser une fortune au moins égale à celle dont est déjà douée la mignonne (Balzac, Contrat mariage, 1835, p.351).Espérons que MmeMorland se souviendra de la maxime quand son brillant mari sera podagre (Léautaud, Journal, 1908, p.234).Je me félicitais d'être vieux, laid, podagre (Bernanos, M. Ouine, 1943, p.1558). ♦ Au fig. Qui manque d'élan, de dynamisme. La tragédie tomba dans leur estime. Bouvard en fut las le premier, et, y mettant de la franchise, démontra combien elle est artificielle et podagre, la niaiserie de ses moyens, l'absurdité des confidents (Flaub., Bouvard, t.2, 1880, p.6). − Empl. subst. ♦ Personne qui a la goutte. J'aime les oeuvres qui sentent la sueur, celles où l'on voit les muscles à travers le linge et qui marchent pieds nus, ce qui est plus difficile que de porter des bottes, lesquelles bottes sont des moules à usage de podagre: on y cache ses ongles tors avec toutes sortes de difformités (Flaub., Corresp., 1853, p.323).Ayant étendu sur une chaise la jambe du podagre, la tante recousait le bord de la guêtre (Adam, Enf. Aust., 1902, p.64). ♦ Personne invalide. Chez Chateaubriand (...) le poète [Vigny] ne rencontra pas cette colère de vieillard, de podagre et de médiocre [de Royer-Collard] (...) mais un scepticisme mondain, encore plus glacial et décourageant (A. Daudet, Crit. dram., 1897, p.316).P. métaph. Je hais (...) et maudis Ces podagres du vers, portés sur des béquilles, Et ne construisant rien qu'à force de chevilles (Pommier, Crâneries, 1842, p.19). Prononc. et Orth.: [pɔdagʀ
̥]. Att. ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist.1. Adj. a) 1354 potagre «qui a la goutte aux pieds» (Henry de Lancastre, Seyntz medicines, 76, 10 ds FEW t.9, p.110a); ca 1380 podagre (Roques t.2, 9378); b) 1718 «qui a la goutte en quelque partie du corps» (Ac.); d'où 1880 fig. «se dit de ce qui manque d'élan, de mouvement» (Flaub., loc. cit.); 2. subst. a) 1575 «personne qui a la goutte aux pieds» (Paré, Anatomie, XXI, XXIV ds OEuvres, éd. J.-F. Malgaigne, t.3, p.246); b) 1690 «goutteux, rhumatisant en général» (Fur.); d'où 1842 fig. «infirme» ces podagres du vers (Pommier, loc. cit.). Empr. au lat. d'époque impériale podager (lui-même du gr. π
ο
δ
α
γ
ρ
ο
́
ς dér. de π
ο
δ
α
́
γ
ρ
α «goutte aux pieds», v. podagre1); v. aussi pouacre. Fréq. abs. littér.: 20. |