| PLÈBE, subst. fém. A. − HIST. ROMAINE. Élément de la population romaine ne jouissant aux origines que de droits très restreints, mais qui parvint, vers la fin de la royauté, à conquérir le droit de mariage avec les patriciens, l'éligibilité, et la possibilité d'accéder à toutes les magistratures, y compris au pontificat. Tribuns de la plèbe. La race indigène de la Méditerranée, qui devint la plèbe romaine (A. France, Pierre bl.,1905, p.23).La plèbe romaine faisait tous les vingt ans sa petite émeute contre les patriciens (Maurois, Dialog. commandement,1924, p.175).V. plébiscite ex. 1, pontificat A ex. de Fustel de Coulanges, pontife A 1 ex. de Fustel de Coulanges: 1. La plèbe montra d'ailleurs une grande patience; elle attendit soixante-quinze ans que son désir fût réalisé. Il est visible qu'elle mettait moins d'ardeur à obtenir ces hautes magistratures qu'elle n'en avait mis à conquérir le tribunat et un code.
Fustel de Coul., Cité antique,1864, p.395. B. − Vieilli, p.ext. Foule anonyme, masse populaire. Quelques pachas attardés se hâtaient à travers le peuple (...) quelques instants après la plèbe refoulée s'écarta devant le cortège qui s'avançait (Du Camp, Nil,1854, p.57).Il y avait [à Sainte-Pélagie] tout un vaste dortoir rempli de malheureux Suisses arrêtés en Vendée et constituant la plèbe du parti légitimiste (Nerval, Bohême gal.,1855, p.115).Autrefois, je n'étais qu'un soldat confondu dans la plèbe des mercenaires (Flaub., Salammbô,t.2, 1863, p.42). − En partic., péj. Bas peuple. Synon. populace, racaille.Toujours et partout la plèbe, le gros monceau, les goûts grossiers, les jugements superficiels, les cordonniers jugeant de tout en dehors de la chaussure: cela me donne des nausées (Amiel, Journal,1866, p.546).Que veut cette religion sombre et triste? Quelles gens que ces chrétiens, gens qui fuient la lumière, insociables, plèbe, rebut du peuple (Renan, Avenir sc.,1890, p.368): 2. Elles traversaient à petits pas, comme des reines, l'établissement de la Grenouillère; et elles semblaient fières de leur célébrité, heureuses des regards fixés sur elles, supérieures à cette foule, à cette tourbe, à cette plèbe.
Maupass., Contes et nouv.,t.1, Femme de Paul, 1881, p.1221. REM. Plébécule, subst. fém.,rare et littér., péj. Vile multitude. La plébécule cabalante qui a sifflé Amy Robsart croyait siffler Cromwell par contre-coup. C'est une malheureuse petite intrigue classique qui ne vaut pas, du reste, la peine qu'on en parle (Hugo, Corresp.,1828, p.446).Et pourtant les convives [de Vidocq] dans ces occasions d'apparat, ne sont pas de cette plébécule avec laquelle il pourrait ne pas se gêner; ce sont d'ordinaire des banquiers ([L'Héritier],Suppl. Mém. Vidocq, t.1,1830,p.XXXIV). Prononc. et Orth.: [plεb]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist. Ca 1355 hist romaine (Bers., T. Liv., ms. Ste-Gen., fo2c ds Gdf. Compl.); rare, répertorié dep. 1834 (Boiste); spéc. 1792 «peuple, commun des hommes» (L'Ami du peuple, no667, p.5); 1801 péj. (Mercier Néol., p.185: Le mot de populace est devenu trop populacier; il faut lui substituer le mot Plèbe). Empr. au lat. plebs, -bis «plébéiens (p.oppos. aux patriciens)» et «bas peuple». Fréq. abs. littér.: 248. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 44, b) 1357; xxes.: a) 247, b) 140. Bbg. Darm. 1877, p.182. _Dub. Pol. 1962, pp.375-376 (et s.v. plébécule). _Hasselrot 1957, p.200 (s.v. plébécule). _Vardar Soc. pol. 1973 [1970] p.286. |