| PLUS-QUE-PARFAIT, subst. masc. GRAMM. Temps composé du verbe servant à exprimer l'aspect accompli et l'antériorité d'une action passée par rapport à une autre action passée. A. − 1. Plus-que-parfait de l'indicatif. [Corresp. à l'imp. de l'ind.] Temps constitué par l'auxiliaire à l'imparfait de l'indicatif suivi du participe passé, servant à exprimer le plus souvent l'antériorité d'une action passée (celle-ci étant exprimée à l'imparfait, au passé simple ou au passé composé). En tout cas, il faut un plus-que-parfait. Le présent, qui revient là pour un vers, ralentit, puisque le commencement de la phrase est à l'imparfait (Flaub., Corresp., 1852, p.83).L'imparfait du subjonctif reste facultatif et d'appréciation particulière après l'imparfait de l'indicatif et le conditionnel −(...) il n'est commandé que par le plus-que-parfait de l'indicatif ou par le conditionnel passé (Gide, Journal, 1927, p.856). a) [Valeur temp. d'antériorité]
α) [Par rapport à une autre action passée précise] J'avais fini mon travail quand tu es entré (Dupré1972).
β) [Par rapport à une autre action passée indéterminée ou habituelle, notamment avec l'imp. dans la princ. ou avec à peine... que] Quand il avait bien mangé, il était de bonne humeur (G. Mauger, Gramm. prat. du fr. d'auj., 1968, p.246, § 510).
γ) Fam. [Pour évoquer un fait situé loin de l'actualité] Les Prussiens étaient venus jusqu'ici en 1870 (G. Mauger, Gramm. prat. du fr. d'auj., 1968, p.246, § 510). b) [Valeur modale]
α) [Dans le style indir. ou dans le style indir. libre] Il parla de sa vie nomade... il avait échappé à la conscription (E. Henriot, Aricie Brun, 1924, I, 1 ds Le Bidois t.1 1935, § 747).
β) [Pour remplacer le cond. passé dans une indép.] Un petit effort de plus et il était arrivé le premier (Dupré1972).
γ) [Pour exprimer, avec si] − [l'hypothèse] Si tu avais été là. − [le regret] Si j'avais su cela! − [le reproche] Si vous m'aviez écouté! c) [Valeur styl.]
α) [Pour atténuer un propos, par politesse, à la place du prés. de l'ind.] Mais Emma, se tournant vers madame Homais: −On m'avait fait venir (Flaub., MmeBovary, t.2, 1857, p.96).
β) [Avec nuance hypocor.] ,,À l'imparfait hypocoristique correspond aussi un plus-que-parfait hypocoristique, naturellement réservé à la langue familière: Comment qu'il l'avait mis, son papa! dit une domestique à la vue d'un petit enfant que son père avait posé de travers au berceau [Damourette et Pichon, V., § 1796]`` (Imbs Temps verbaux 1960, p.129). 2. Plus-que-parfait surcomposé. Temps composé constitué par l'auxiliaire au plus-que-parfait de l'indicatif suivi du participe passé, employé surtout dans la langue parlée, servant à exprimer l'achèvement complet de l'action, principalement dans une subordonnée temporelle ou conditionnelle. Quand il avait eu rassemblé les plus effrontés de chaque métier, il leur dit: régnons ensemble (Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p.145).À peine les avais-je eu quittés qu'ils s'étaient reformés (Proust, Guermantes 1, 1920, p.29).Quand il avait eu fini son travail (Dupré1972). B. − Plus-que-parfait du subjonctif. Temps employé surtout dans la langue littéraire, constitué par l'auxiliaire à l'imparfait du subjonctif suivi du participe passé, exprimant, en proposition subordonnée, l'antériorité par rapport à un fait passé ou une corrélation avec le conditionnel. 1. [Dans une sub., s'emploie à la place du plus-que-parfait de l'ind. pour insister sur le rapport de la sub., à la princ., surtout après une princ. négative au passé] − [Exprime une action passée, correspondant à l'ind. plus-que-parfait ou au passé antérieur] Je ne savais pas qu'il eût fait ce voyage (Dupré1972). − [Exprimant une action future, correspondant à l'ind. fut. ant.] 2. Littér. [Dans une invers. hypothétique] Eussé-je dû. 3. [Après une conj. exigeant le subj. (dans les sub. finales, concess.) lorsque le verbe de la prop. princ. est à un temps du passé] Quoiqu'il eût terminé son travail, il ne voulut pas partir (Dupré1972). Rem. Ce subj. équivaut à un cond. passé dans la lang. littér.: J'eusse désiré qu'il continuât toujours (Lacretelle, Silbermann, 1922, p.63). En partic. [Dans un système hypothétique et pour traduire une éventualité] Si madame fût arrivée une minute plus tôt, elle aurait entendu le coup (Mérimée, Arsène Guillot, 1847, p.569 ds Grev. 1975, § 740b). Prononc. et Orth.: [plyskəpaʀfε]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. 1521 temps passé plus que parfait (Papiers de Granvelle, I, 187 ds Gdf. Compl.); 1550 plus qe perfes (Meigret, Gramm. franç., fo69, ro, ibid.). Comp. de plus*, que*, parfait* sur le modèle du lat. plus quam perfectum (Priscien). Bbg. Imbs Temps verbaux 1960, pp.124-128, 218-224; Imbs Prop. 1956, p.150, 153, 336, 345, 347, 350. _Klum (A.). Verbe et adv. Stockholm, 1961, pp.195-197. _Martin (R.). Temps 1971, pp.111-117, 367-376. _Olsson (L.). Ét. sur l'emploi des temps ds les prop. introd. par quand et lorsque... Uppsala, 1971, pp.55-56. _Stavinhohova (Z.). Les Temps passés de l'ind. dans le fr. contemp. Brno, 1978, pp.75-103. _Vet (Co). Temps, aspects et adv. de temps en fr. contemp. Genève, 1980, p.16, 19, 21, 25, 30, 75, 78, 83. |