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PLEURANT, -ANTE, part. prés., adj. et subst. masc.
I. − Part. prés. de pleurer*.
II. − Adjectif
A. − [En parlant d'une pers.] Qui pleure, qui verse des larmes. Je vous vois désolée, pleurante, ayant besoin de consolations, et moi qui voudrais vous en offrir, je ne puis rien (E. de Guérin, Lettres, 1836, p.113).Comme à travers la nuit geignent les vents d'automne, Sans cesse monte au ciel la plainte monotone De ces vaincus amers, pleurants, ou courroucés (Sully-Prudh., Justice, 1878, p.102):
1. Alors, toute pleurante, elle me demanda si je voulais lui faire plaisir et si j'accepterais de porter à mon cou, pour elle, rien que pour elle, des médailles qu'elle m'avait apportées. Guéhenno, Journal homme 40 ans, 1934, p.149.
P. méton. Qui exprime la peine, le chagrin. Enfin, paraissant se calmer, il répéta d'une voix pleurante: −Jalousie! Jalousie! Que tu me fais de mal! Que tu dévores, jalousie! (Borel, Champavert, 1833, p.42).Ces lamentations du vieil aubergiste encore pleurantes à ses oreilles (A. Daudet, Tartarin Alpes, 1885, p.241).À travers le plafond, on entendait un bruit de pas pressés et la voix irritée d'Emma qui dominait les cris pleurants d'un enfant (Chardonne, Épithal., 1921, p.147).
B. − P. anal., littér.
1. [En parlant d'arbres, d'arbustes] Dont les branches s'inclinent vers le sol. Quelques magnifiques myrtacées (...) élevaient à une quinzaine de pieds leurs branches longues et pleurantes, agrémentées de fleurs rouges (Verne, Enf. cap. Grant, t.2, 1868, p.109).Il l'avait forcée à se rasseoir un peu plus loin, sur un angle de pierre défoncée d'où tombaient sur eux de grandes branches pleurantes (E. de Goncourt, Élisa, 1877, p.208).
[En parlant des cheveux, de la barbe d'une pers.] Qui retombe en longues mèches. Le vieux à barbe pleurante, en deux mèches, d'une simplicité admirable de dessin (Michelet, Journal, 1857, p.366).M. Vernet (...) s'en allait la tête basse, les yeux morts et les moustaches pleurantes (Renard, Journal, 1896, p.312).Madeleine Glomore poussa en arrière ses cheveux pleurants et elle approcha sa bouche encore mâchurée de larmes, et elle lécha un peu le bec de la casserole (Giono, Batailles ds mont., 1937, p.239).
2. Qui laisse s'écouler des gouttes d'eau. Le 20 octobre 1857, il pleuvait à verse. Je leur fis mon avant-dernière visite [aux statues de prisonniers]. Je les trouvai admirables, comme passés au bronze dans leurs mousses verdoyantes et pleurantes (Michelet, Journal, 1857, p.374).Cette roche pleurante, dominée par d'épais ombrages (...) avait dans cette solitude un aspect sauvage et charmant (Feuillet, Sibylle, 1863, p.24).
Loc. À verre pleurant. Plein jusqu'à déborder. −Bien parlé, honnête voisin! s'écria Marius; pour votre peine, versez-moi une rasade... Hardiment, à verre pleurant, et maintenant à votre santé! (Theuriet, Mariage Gérard, 1875, p.142).
C. − P. méton. Affligé, empreint de détresse, de chagrin. −Te voilà, lui dit-il, pauvre humanité, maigre et pleurante, stupide de honte et de misère, telle que t'ont faite tes maîtres, le soldat et le riche (A. France, Lys rouge, 1894, p.107).
III. − Subst. masc.
A. − BEAUX-ARTS. Statue funéraire ornant un tombeau, qui représente un personnage en pleurs. Sur un large soubassement (...) une galerie d'albâtre précieusement fouillée abrite tout un monde de «pleurants», qui s'agitent sous le fourré des fines arcatures [tombeaux de Philippe le Hardi et de Jean sans Peur] (Hourticq, Hist. art, Fr., 1914, p.112):
2. Rodin a appris à modeler chez Carrier-Belleuse. Plus de talent que Clodion, ce qui n'est pas négligeable. Mais il veut faire grand. Les Bourgeois de Calais auraient été très bien les pleurants du tombeau des ducs de Bourgogne. Ils sont ridicules. Barrès, Cahiers, t.11, 1916, p.201.
B. − Arg. Oignon. Du cabot avec des pleurants (du chien de mer et des oignons [en guise de matelote d'anguille]) (Vidocq, Mém., t.3, 1828-29, p.88).
REM.
Plorant, subst. masc.,synon. supra III A.[Les figurines] devaient se composer exclusivement de «plorants», mais la verve des ouvriers d'images avait rompu le cadre restreint de la commande et, au lieu de gens en larmes, ils avaient saisi l'humanité monastique de leur temps, triste ou gaie, flegmatique ou fervente (Huysmans, Oblat, t.1, 1903, p.297).
Prononc. et Orth.: [ploeʀ ɑ ̃], fém. [-ɑ ̃:t]. Att. ds Ac. dep. 1798. Fréq. abs. littér.: 1248. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2157, b) 2365; xxes.: a) 2290, b) 821.