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PLANER2, verbe intrans.
A. −
1. [Le suj. désigne un animal]
a) ÉQUIT. (course d'obstacles). Passer horizontalement sur l'obstacle (d'apr. Tondra Cheval 1979).
b) [En parlant d'un oiseau] Se soutenir en l'air sans remuer ou sans paraître remuer les ailes, sans mouvement apparent. Un milan très-haut plane en larges cercles dans l'azur (Claudel, Connaiss. Est,1907, p.103).La sérénité de Quesnel l'effrayait, comme un lac au-dessus duquel planent des oiseaux noirs, si clair, si limpide (Aragon, Beaux quart.,1936, p.459).
2. [Le suj. désigne un aéronef, un aérostat, p.méton., son pilote] Voler comme un planeur, évoluer sous la sollicitation de son poids et des forces aérodynamiques. Ce volcan émet parfois de la fumée ou des vapeurs qui restent quelque temps suspendues au-dessus de lui et nous le masquent, comme il arriverait pour un aéronaute planant à quelques kilomètres au-dessus du Vésuve aux époques de ses éruptions (Flammarion, Astron. pop.,1880, p.188).Le Wassmer Wa21 «Javelot II» (...) lâché, par exemple, à mille mètres en air calme (...) pourra couvrir, en planant simplement, vingt-huit fois cette hauteur, soit vingt-huit kilomètres (Jeux et sports,1967, p.1618).
P. anal, MAR. ,,Technique de navigation donnant à un voilier la possibilité de déjauger, d'effleurer simplement la surface et ainsi d'obtenir une vitesse presque double de sa vitesse normale`` (Barber. 1969).
3. P. anal., littér.
a) Dominer (le paysage) par sa position. Le village étroitement serré, bâti en calcaire blanc, sur le vignoble; la petite ville impériale et murée à l'entrée des vallées; puis çà et là, planant sur les hauteurs, les châteaux ruinés, les mystérieuses fortifications de temps plus anciens (Vidal de La bl., Tabl. géogr. Fr.,1908, p.228).
b) [Le suj. désigne l'homme] Dominer du regard. De cette hauteur on plane au loin sur la campagne (Ac.).
[P. méton.] Du bord de cette terrasse, le regard plane en liberté sur la ville, sur le lac, sur les gorges du Rhône, sur les plateaux étagés (Lamart., Raphaël,1849, p.218).
B. − P. anal. ou au fig.
1. Littér. [Le suj. désigne des odeurs, des senteurs, des sons] Être suspendu, flotter dans l'air. Jeanne d'Arc prononce des plaintes harmonieuses pendant que le son des flûtes et des hautbois plane doucement dans les airs (Staël, Allemagne,t.2, 1810, p.362).Une senteur de vase humide planait autour de nous, mais qu'importe! En voyage on ne s'arrête pas à de si minces considérations (Du Camp, Mém. suic.,1853, p.9).
2. [Le suj. désigne l'homme]
a) Planer sur (qqc.).Dominer par la pensée. Synon. survoler (qqc.).Mon imagination octogénaire plane encore avec plaisir sur ces grands espaces que je traversai dans ma jeunesse (Crèvecoeur, Voyage,t.2, 1801, p.151).
b) P. ext. Être dans le monde de l'imagination, de l'abstraction, perdre le contact avec la réalité. Les chaises ont trois pieds, les cheminées fument, le dîner est en retard et la Grisi grogne toujours (...). Quant à Gautier, il plane dans ses phrases (Goncourt, Journal,1864, p.38).Le philosophe plane et rêve sur ces flots de douleurs, de tourments, d'angoisses, de sanglots (Hugo, Légende,t.6, 1883, p.4).Au début de l'occupation, il [Montherlant] se livre à une orgie de mépris à l'égard de ses compatriotes vaincus: lui n'est ni Français, ni vaincu, il plane (Beauvoir, Deux. sexe,t.1, 1949, p.323).
c) Être dans un état de bien-être et d'indifférence, notamment sous l'effet de la drogue; p.ext., éprouver un vif plaisir. Elle avait échappé à l'enfer de l'héroïne pour tomber dans celui d'un tranquillisant. Anna B... (...) a «replongé» parce qu'un médecin complaisant (...) lui a permis de s'approvisionner. Comme elle, une quarantaine de drogués venaient chez lui se faire prescrire, au prix fort, ce calmant qui fait «planer» (Le Point,17 oct. 1977, p.135, col. 1).Voyager. C'était sans doute aussi le rêve de Jean-Baptiste, 19 ans, étudiant. D'abord en «planant», en fumant de l'herbe. Et puis, victime de l'engrenage fatal de la drogue. Voyage au delà de toutes les nuits. Morphine, héroïne, acide (Elle,23 juill. 1979, p.2, col. 1).
3. Dominer, de façon souvent pesante (quelqu'un, quelque chose). Une monotonie assoupissante plane sur la plupart de ses écrits, qui n'ont que deux sujets, la bible et ses ennemis (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb.,t.1, 1821, p.273).[Stéphane] donna un coup de marteau (...). Rien ne répondit, mais un silence planait (Estaunié, Simple,1891, p.94).L'idée qui plane sur tous les progrès de la géographie est celle de l'unité terrestre (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p.5).
En partic. Peser d'une manière menaçante, constituer une présence menaçante. Émotion, incertitude, inquiétude, malaise, menace, mort, mystère, suspicion qui plane. C'est une cérémonie religieuse qu'une tragédie grecque. (...) toujours le destin planant sur la vie de l'homme (Staël, Allemagne,t.2, 1810p.238).On mangeait lentement, sans dire mot, une gêne insaisissable planant dans l'air (Moselly, Terre lorr.,1907, p.127).Aux généreux bouillonnements a succédé une vague somnolence; il plane une impalpable tristesse, un relent aigre d'enthousiasme refroidi (Martin du G., J. Barois,1913, p.333).
Laisser planer (un doute, un mystère, un soupçon). Laisser subsister dans les esprits. L'enfant ne répond pas, obstinément, laissant planer sur son père le soupçon que c'est lui qui l'a jeté par la fenêtre (Goncourt, Journal,1889, p.1059).Il manoeuvre avec son dossier secret pour laisser planer un doute −même après la revision faite −sur l'innocence de Dreyfus (Clemenceau, Vers réparation,1899, p.334).
REM.
Planant, -ante, part. prés. en empl. adj.Qui plane. a) [En parlant d'un oiseau; corresp. à supra A 1 b] Les ailes planantes. Les ailes largement ouvertes, comme en vol plané. C'est le chant d'amour de la bécasse. Et l'oiseau ou les oiseaux passent!!! On peut les voir isolés −la dame au long bec passe les ailes planantes, le bec pointant vers le sol dans un vol presque rectiligne − (Vidron, Chasse,1945, p.64).b) [En parlant du mode de déplacement d'un animal; corresp. à supra A 1 a] Le vieux cerf (...) passa la ligne dans une allongée planante, un vol de flèche qui parut un moment se soutenir et s'appuyer sur l'air (Genevoix, Dern. harde,1938, p.21).Vol planant. Synon. vol plané.Le vide immense, où des buses, dans leur vol planant, décrivaient lentement de grands cercles (Moselly, Terre lorr.,1907p.256).c) [En parlant d'un objet; corresp. à supra 3 a] [Sam] (...) abaissait ses regards vers la ville, fumeuse aussi, encrassée de bruine et de suie (...). Ce coeur sombre d'où montait une palpitation puissante, cette grisaille bariolée de soleil et d'ombres planantes (Genevoix, Match à Vancouver,1942, p.194).d) [En parlant d'idées; corresp. à supra C 2 b] Le poète, cela paraît par les effets, ne se nourrit point d'idées planantes. Il pense les yeux ouverts (Alain, Propos,1927, p.711).e) Mus. Qui fait plaisir et fait perdre le contact avec la réalité. Tangerine Dream joue à fond la carte du rock cosmique. Une musique planante (L'Express,26 janv. 1976, p.19, col. 1).Le système pseudo-oriental (et d'ailleurs mal assimilé) du rabâchage plus ou moins varié et des sonorités planantes (Le Nouvel Observateur,19 avr. 1976, p.74, col. 3).
Prononc. et Orth.: [plane], (il) plane [plan]. Homon. et homogr. plane1, plane (de plan1), plane2. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. 1. Fin xiiies. «baisser le haut du corps sur l'encolure du cheval» (Adam de La Halle, C'est du roi de Sézile ds OEuvres, éd. E. de Coussemaker, p.289) −1554 (Amyot ds Gdf.); 2. 1377 «se soutenir en l'air, ailes étendues, sans mouvement apparent (d'un oiseau)» (Gace de la Buigne, Deduis, 2308 ds T.-L.); p.ext. «flotter en l'air» a) 1783 (L.-S. Mercier, Tabl. Paris, t.6, p.138: De gros nuages noirs [...] planoient sur la cité); b) 1848 d'un aérostat (Chateaubr., Mém., t.2, p.434). B. Au fig. 1. 1769 «dominer de très haut par la pensée, l'art, etc.» (A.-M. Lemierre, La Peinture, p.253); 2. 1770 «voir de haut, dominer du regard» (J.-J. Rousseau, Les Confessions, L. XII ds OEuvres, éd. B. Gagnebin, R. Osmont, M. Raymond, t.1, p.642); 3. 1778 «être dans le monde de l'imagination, de la pensée, loin du réel» (Id., Les Rêveries du promeneur solitaire, 7epromen., p.106). C. id. [fin xviiies. «être suspendu d'une manière menaçante» (B. de St-Pierre ds Besch.)]; 1813 (Jouy, Hermite, t.3, p.334: [d'un tableau représentant Mars]: En effet, qui pourrait reconnaître le fils de Jupiter [...] à ces formes équivoques qui font planer sur le dieu des combats le plus ridicule des soupçons!). Dér. de plain*; dés. -er. Fréq. abs. littér.: 1094. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1738, b) 2047; xxes.: a) 1773, b) 1007. Bbg. Becker 1970, p.208, 336.