| PLAFOND, subst. masc. I. − [Plafond désigne une limite en hauteur] A. − ARCHITECTURE 1. Ce qui limite la partie supérieure interne d'un lieu couvert. Aux angles de l'autel [des basiliques] s'élevaient quatre colonnes (...); un simple plafond, un toit ou une coupole surmontaient l'édicule (Lenoir, Archit. monast., 1852, p.198).Les coupoles du plafond laissaient descendre par leur soupirail une clarté pâle (Flaub., Salammbô, t.1, 1863, p.74): 1. Cette tour est la tour idéale qui enchante tout rêveur d'une antique demeure: elle est «parfaitement ronde»; elle est entourée d'une «brêve lumière» tombant «d'une fenêtre étroite». Et le plafond est voûté. Quel grand principe de rêve d'intimité qu'un plafond voûté! Il réfléchit sans fin l'intimité à son centre.
Bachelard,Poét. espace, 1957, p.40. ♦ P. métaph. Toutes ces découvertes [des soixante-quinze dernières années] ont-elles élevé le plafond moral de l'homme? (Maeterl., Autre monde, 1942, p.14). − Expr. fig., fam. Sauter au plafond. Exprimer vivement un sentiment de surprise ou d'indignation. J'essayai en vain plusieurs fois de dire à Delatouche ce qui pouvait les rapprocher. La première fois il sauta au plafond (Sand, Hist. vie, t.4, 1855, p.129). 2. Surface horizontale de plâtre ou de menuiserie qui constitue la partie supérieure d'une pièce. Le plafond étoit marqueté de vieilles armoiries peintes, et les murs couverts de tapisseries (Chateaubr., Génie, t.2, 1803, p.491).Une imparfaite impression de murs bleuâtres et d'un plafond peint écaillé par places (Larbaud, Barnabooth, 1913, p.177).La haute salle, au plafond découpé en caissons (Van der Meersch, Invas. 14, 1935, p.486). ♦ Plafond suspendu ou faux plafond. Plafond situé sous le plafond original afin de diminuer la hauteur de la pièce. (Dict.xixeet xxes.). ♦ Plafond à la française. Plafond où les poutres sont apparentes. [La salle de séjour] possédait un plafond à la française très abîmé que l'artisan (...) a dû remplacer (Art et décoration, nov.-déc. 1983, p.95). ♦ Plafond à caissons (v. caisson). 3. P. méton., BEAUX-ARTS. Peinture exécutée sur un plafond, le plus souvent en trompe-l'oeil. M. Riesener, qui a souvent fait des tableaux d'une large couleur, et dont on peut voir avec plaisir quelques bons plafonds à la Chambre des Pairs (Baudel., Salon, 1846, p.131).Ce tableau [Jupiter foudroyant les Crimes], qui est un plafond, fut primitivement placé dans la chambre du conseil des Dix, au palais ducal (Gautier, Guide Louvre, 1872, p.46).Nul n'a regardé à White Hall les plafonds rutilants de Rubens (Faure, Hist. art, 1921, p.142). SYNT. Beau, grand, haut, lourd plafond; plafond bas, crevé, doré, effondré, enfumé, plat; plafond de bois, à poutres, à solives; angle, coin, corniche, poutres, solives du plafond; bas, haut de plafond; hauteur sous plafond; l'oeil, le regard au plafond; du plancher au plafond. B. − P. anal. 1. Paroi supérieure interne d'une cavité rocheuse naturelle ou artificielle. Une nuit, −c'est toujours la nuit dans le tombeau, −Il [Napoléon] s'éveilla (...) Des rires éclataient sous son plafond de pierre (Hugo, Châtim., 1853, p.285).La solidité du toit (...) règle la tenue du plafond au-dessus d'espaces vides (...) ainsi que la manière dont il effectuera sa tombée (Haton de La Goupillière, Exploitation mines, 1905, p.29).Ils taillent alors dans cette façade de roche une étroite porte à plein cintre (...). Ils forent enfin dans le plafond rocheux un conduit pour la fumée de l'âtre (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p.95). 2. Paroi supérieure interne d'un endroit clos. Faire pencher tout d'un côté le plafond du cirque (Huysmans, Art mod., 1883, p.137).Pourquoi une agence de publicité n'exploiterait-elle pas les tombes, comme on exploite les parois des urinoirs ou les plafonds des omnibus? (Bloy, Journal, 1894, p.150). − P. ext. Ce qui couvre un espace. Il aperçut, à travers son plafond de branchages, le ciel qui devenait clair (Maupass., Contes et nouv., t.2, Avent. W. Schnaffs, 1883, p.205). 3. MÉTÉOR. Couche de nuages la plus proche du sol. [Le ciel] descendait de plus en plus (...) et déjà les crêtes étaient cachées (...). On se heurtait partout les yeux à ce plafond, qui allait, posé à plat, de l'une à l'autre des parois (Ramuz, Gde peur mont., 1926, p.223).On n'a pas oublié les graves accidents survenus en 1930 dans la vallée de la Meuse, près de Liége, attribuables à l'anhydride sulfureux émis par des cheminées d'usines et dont des circonstances météorologiques spéciales (régime anticyclonique, vent faible, inversion de température maintenant un plafond bas) avaient gêné la diffusion (Maurain, Météor., 1950, p.237). C. − Pop., fam. Crâne. Être bas de plafond. Être peu intelligent. (Dict.xixeet xxes.). Avoir une araignée* dans le plafond. Se faire sauter le plafond, se défoncer le plafond. Se suicider. Synon. se faire sauter le caisson*.L'expédition de l'hiver dernier a été on ne peut plus monotone (...) un temps à se défoncer le plafond (...) vingt fois par jour (A. Camus, Bohèmes, 1863, p.48). II. − Au fig. [Plafond désigne une limite, une valeur maximale] A. − 1. AÉRON. Altitude maximale que peut atteindre un aéronef. [Le] Plafond [d'un avion] (...) est le point où la vitesse ascensionnelle est nulle (Guillemin, Constr., calcul et essai avions, 1929, p.428). 2. Valeur, possibilité(s) maximale(s). Une contraction musculaire de plus en plus forte au fur et à mesure qu'on accroît le voltage, jusqu'à un plafond correspondant à une force déterminée pour chaque muscle (Piéron, Sensation, 1945, p.368).Pujolhac est allé plus loin que moi, mais il a touché, je pense, son plafond (Abellio, Pacifiques, 1946, p.265): 2. ... on veut gagner le plus possible, mais à condition de ne pas dépasser un maximum. Il y a un plafond de production, dont on se rapproche le plus possible, mais qu'on ne dépasse jamais.
Traité sociol., 1967, p.468. B. − Montant, chiffre, fixé par une loi, un accord qui ne peut être dépassé. Anton. plancher.Nous laisserons de côté les subventions car elles ne présentent pour un grand propriétaire qu'un intérêt très accessoire en raison de leur plafond peu élevé (Industr. fr. bois, 1955, p.26).L'accord intérimaire de Vladivostok, signé en 1974 (...) fixe aux deux Grands un «plafond» de 2400 vecteurs stratégiques (L'Express, 11 juill. 1977, p.62, col. 2). 1. SÉCUR. SOC. ,,Limite de l'assiette de cotisation de la Sécurité Sociale ou d'un régime complémentaire de prévoyance. Somme maxima des ressources personnelles dont peut disposer une personne titulaire d'une allocation d'aide sociale ou d'une allocation de vieillesse`` (Barr. 1974). Il s'agit (...) de protéger, contre l'élévation du plafond de la Sécurité Sociale, les ressources des caisses complémentaires de retraite des cadres (Reynaud, Syndic. en Fr., 1963, p.101): 3. La couverture des charges de l'assurance vieillesse est (...) assurée par des cotisations assises, dans la limite d'un plafond fixé par décret, sur l'ensemble des rémunérations ou gains perçus par les travailleurs salariés ou assimilés.
Réforme Sécur. soc., 1968, p.36. 2. ÉCON. Plafond de réescompte. Montant maximal qu'une banque peut porter au réescompte de la Banque de France. Fixation de plafonds de réescompte auprès de la Banque de France, pour chacun des établissements bancaires. Actuellement, les plafonds peuvent être dépassés (...) mais le taux est alors majoré (Univers écon. et soc., 1960, p.30-15).Plafond d'émission. Montant de la limite fixée par la loi à l'émission de valeurs non-convertibles. Crever le plafond. Dépasser cette limite. V. aussi crever I A 2 au fig. C. − [En appos.] 1. [à un subst. auquel il est parfois rattaché par un tiret; pour indiquer la limite supérieure qui ne peut ou ne doit être dépassée] Prix plafond. Prix maximum autorisé. L'allongement des prêts para-publics et la réduction de leur taux sous réserve de conditions de ressource-plafonds sont une autre forme de soutien sélectif (Belorgey, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p.348).L'avis de la commission départementale est nécessaire en ce qui concerne l'épreuve à moyenne chronométrée, la vitesse plafond est de soixante-dix kilomètres à l'heure (Jeux et sports, 1967, p.1641). 2. Bridge-plafond et p.ell. plafond. Variété du jeu de bridge où seuls les points fixés par l'annonce sont marqués. (Dict. xxes.). III. − [Plafond désigne une surface plane et horizontale] A. − Ce qui constitue le fond d'une dénivellation naturelle ou artificielle. Plafond d'un réservoir. La largeur au plafond du fossé [de chaque côté de la voie] doit dans tous les cas être de 0 m 30 à 0 m 35 pour permettre le passage d'une pelle (Bricka, Cours ch. de fer, t.1, 1894, p.63).Le plafond [d'un brise-lames] est le plus souvent revêtu d'une couche peu épaisse de maçonnerie (Quinette de Rochemont, Trav. mar., t.1, 1900, p.232). − ARCHIT. Plafond de corniche. Dessous de la corniche. (Dict.xixeet xxes.). B. − ART CULIN. Grand plateau de métal sur lequel on dépose les pièces à cuire au four. Selle de Mouton à l'anglaise (...). Une heure avant de servir, vous mettrez votre selle prendre couleur sur un plafond dans un grand four (Viard, Cuisin. roy., 1831, p.156). Prononc. et Orth.: [plafɔ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. 1. a) α) 1546 archit. platfons (J. Martin, Discours du Songe de Poliphile, trad. de Fr. Colonna, 87 rods Cah. Lexicol. t.19, 1971, p.101); 1558 plafond «id.» (Doc. ds L. Laborde, Comptes des bâtiments du roi, t.1, p.356);
β) 1866 avoir un hanneton dans le plafond «être fou de quelque chose ou de quelqu'un» (Delvau, p.200); 1867 avoir une araignée au plafond «déraisonner» (Almanach du Hanneton ds Larch. 1872, p.198); b) 1639 peint. (Poussin, Collection de Lettres, Lettre de Noyers à Poussin, 14 janv. ds Littré); 2. a)
α) 1883 plafond de nuages «amas de brouillards» (Brachet, Dict. du patois savoyard ds Esn. 1956);
β) 1916 météor. (Fantasio, 15 août ds Esn. Poilu); b) 1916 aéron. (Matin, 24 oct., ibid.); 3. fig. a) 1926 «maximum qu'on ne peut dépasser» (Le Miroir des sports, 21 juill., p.95c ds Quem. DDL t.17); b) α) 1932 écon. «maximum de billets que la banque peut émettre eu égard à la couverture en numéraire» (Lar. 20e);
β) 1941 crever le plafond des prix (L'OEuvre, 10 mars); c) 1963 Sécur. soc. (Reynaud, loc. cit.). B. 1. 1690 (Fur.: platfonds, se dit aussi de la saillie de la corniche qu'on appelle autrement sofit); 2. 1817 «le fond d'un bassin, d'un réservoir, sa plate-forme, son aire» (Coppeau, De la compagnie des Alpines, p.219 ds Littré). Comp. de plat1* et de fond*. Fréq. abs. littér.: 2095. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1215, b) 4993; xxes.: a) 3816, b) 2901. Bbg. Archit. 1972, p.105. −Quem. DDL t.28. |