| * Dans l'article "PLACE,, subst. fém." PLACE, subst. fém. I. A. − [Portion d'espace déterminée] 1. Partie d'espace, portion libre qu'occupe ou que peut occuper quelqu'un ou quelque chose. Synon. endroit, lieu.Place libre, vacante, occupée, restreinte, vide; faire, gagner, tenir de la place; gain, perte de place; tenir, prendre beaucoup, peu de place; trouver place. Ces campagnes fertiles, cette terre favorisée du ciel, où les arts trouvaient à peine de la place pour leurs chefs-d'oeuvre toujours renaissants (Le Moniteur, t.2, 1789, p.395): 1. ... tu n'auras qu'à venir chez nous. Quand il y a de la place pour douze, il y en a pour vingt. Tes garçons coucheront avec les nôtres, et les filles ensemble.
Aymé, Jument, 1933, p.89. − Loc. adv. ♦ De place en place, par place(s). Par endroits et de manière discontinue, à de certains endroits dispersés. Synon. çà et là fam. (v. çà1), ici* et là, de loin en loin.Très ancienne, cette église de Toulven (...) s'élève toute grise dans le ciel bleu, avec sa haute flèche de granit à jours, que par place les lichens ont dorée (Loti,Mon frère Yves, 1883, p.196).Sa cravate était moins une cravate qu'une corde vaguement recouverte de place en place d'une étoffe noire passée (Montherl.,Célibataires, 1934, p.737). ♦ À des places (région. (Canada)). Par endroits, à certains endroits. Tu vas faire du ménage dans les maisons que je vas visiter. À des places, c'est pas rose, tu sais (Vézine, p.243 ds Rogers 1977). − Région. (Belgique). ,,Pièce d'une habitation`` (Piron Belgique 1978, p.54). (Canada). Plancher, sol d'une chambre. Elle devait préparer en peu de temps le repas du midi, balayer la place et mettre de l'ordre dans la maison (Guèvremont,Survenant, 1945, p.87). 2. En partic. Lieu où une personne se trouve; endroit assigné à quelqu'un. Demeurer, rester à la même place; bouger de place; céder, laisser la place à qqn; aller s'asseoir à sa place; gagner, reprendre sa place. Faites le réméré, bavard! me dit Gobseck en se levant et me montrant sa place au bureau (Balzac,Gobseck, 1830, p.414).On nous fit voir la place où, pendant quatorze ans, vint s'asseoir le sombre Philippe II, ce roi né pour être grand inquisiteur (Gautier,Tra los montes, 1843, p.129): 2. L'homme ivre d'une ombre qui passe
Porte toujours le châtiment
D'avoir voulu changer de place.
Baudel.,Fl. du Mal, 1857, p.106. ♦ Place d'honneur. V. honneur I D 2. − Loc. verb. ♦ Céder, quitter la place (vieilli). S'en aller vaincu, capituler. Tu seras bien avancé quand tu les auras forcés de quitter la place (Augier,Pierre de touche, 1854, p.95). ♦ Ne pas demeurer/rester, ne pas tenir en place. Être toujours agité, bouger sans arrêt. L'inquiétude devient tellement vive que l'on ne tient plus en place (Vallès,Réfract., 1865, p.41). ♦ Faire place nette. V. net I B 1. ♦ Bien tenir sa place à table*. ♦ (Être, rester) sur place. (Demeurer) au même endroit sans se déplacer, sans avancer. Rester cloué, figé sur place; piétiner, tourner sur place. Les danseurs (...) se démenaient sur place et faisaient craquer leurs os en mesure (About,Roi mont., 1857, p.117). ♦ (Faire qqc.) sur place. (Faire quelque chose) sur les lieux mêmes où un événement a eu lieu; à l'endroit même, sans se déplacer. Déjeuner sur place; effectuer un constat, une enquête sur place. On peut maintenant admirer Velasquez sur place (Gautier,Guide Louvre, 1872, p.253).Vus de loin, du Parlement, ces officiers coloniaux lui avaient toujours paru des serviteurs (...) auxquels il fallait sans cesse allouer des crédits pour les entreprises aléatoires (...). Sur place et au contact immédiat, il les jugeait autrement (Vogüé,Morts, 1899, p.258).Un massif de montagnes (...) aussi sculptées que si quelque statuaire, au lieu d'emporter le marbre, l'avait ciselé sur place (Proust,Sodome, 1922, p.1078). ♦ Faire du sur place. V. surplace infra rem. 2. ♦ Tomber, être mort, être tué sur la place (vx), sur place. Sur le lieu même, sans reculer. Se faire tuer sur place. Un soldat voulut lui couper la tête; mais ce soldat tomba à la renverse et expira sur la place (Chateaubr.,Congrès Vérone, t.1, 1838, p.14).Au fond (...) s'étend la vaste plaine blanche (...) que rayent les lignes lointaines des troupes tombées sur place (Gautier,Guide Louvre, 1872, p.11). ♦ Être à sa place. Être là où l'on doit être. Au fig. Se sentir à l'aise. Si chaque pierre n'est point à sa place, il n'est point de temple. Et si chaque pierre est à sa place et sert le temple, alors comptent seuls le silence qui est né d'elles, et la prière qui s'y forme (Saint-Exup.,Citad., 1944, p.563). ♦ Qui va à la chasse perd sa place (proverbe ou loc. fam.). V. chasse1I A 1 b. ♦ À vos places! (p.ell. de mettez-vous, retournez à vos places). «Maintenant, à vos places, et en route», commanda-t-il. (...) le cortège, titubant, clapotant dans les flaques, se redressa et disparut au tournant du couloir (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p.1284). ♦ Faire, laisser place à qqn, faire faire place à qqn (vx). Se ranger, s'effacer pour laisser passer quelqu'un. La fille de Pétamounoph et Nofré, à qui les serviteurs avaient fait faire place, se tenaient à cet angle, sur le sommet du talus, de façon à voir défiler tout le cortège sous leurs pieds (Gautier,Rom. momie, 1858, p.215). ♦ Place!... Place! (vieilli). ,,Écartez-vous! Laissez le passage``. Synon. fam. dégagez (la piste*).Nous voilà dehors... «Place!... Place!...» Il écarte la foule (Céline,Mort à crédit, 1936, p.540). ♦ Place à...! Laissez passer, cédez la place à (quelqu'un, pour qu'il agisse, prenne la parole). En bas, les canots accostent (...) ceux qui sont attendus montent les premiers. D'abord les maris de ces dames, place aux anciens, qui passent devant! (Loti,Mon frère Yves, 1883, p.21).Place à M. le maire! dit quelqu'un. Place à M. le maire au nom de la commune! (Bernanos,M. Ouine, 1943, p.1493).[Pour annoncer un changement, une activité nouvelle] (Place à la) musique*! J'ai pensé à un manifeste anonyme sur le thème: «Place aux jeunes». (...) la question me préoccupe. Il s'agit de savoir, en somme, si le «flambeau» sera transmis, comment, dans quelles conditions, par qui (Larbaud,Journal, 1934, p.293). 3. a) Emplacement aménagé, destiné à une fonction particulière. Tente à quatre places. On me montra un de ces lits en forme d'armoire, à deux places, qui avait été préparé pour Yves et pour moi. Je devais habiter l'étagère supérieure, qui était garnie de gros draps de toile rousse bien propres et bien raides (Loti,Mon frère Yves, 1883, p.95).De fines petites voitures à quatre places, les brancards en l'air (Alain-Fournier,Meaulnes, 1913, p.75). − [Dans un véhicule] Avion, voiture à une place (synon. monoplace); à deux places (synon. biplace). ♦ Fam. Place du mort. Siège avant à côté du conducteur. Les week-ends, les arbres à came enfoncés dans les platanes, la place du mort et le mort à sa place (G. Dormann,Je t'apporterai des orages, Paris, Le Livre de poche, 1980 [1971], pp.165-166). b) En partic. Emplacement, siège réservé dans un lieu public tel qu'une salle de spectacle, un stade, ou dans un moyen de transport en commun. Bonne, mauvaise place; place d'avion; réserver, retenir sa place; location des places; place gratuite; prix des places; concert gratuit dans la mesure des places disponibles; place assise, debout*, place réservée; places numérotées; céder sa place à qqn. Là [à Naples] le bateau actuel me reprendra pour Marseille. J'y suis très bien aux premières places, table et cabine (Nerval,Corresp., 1843, p.146).Il voulait s'asseoir au bout le plus éloigné de la terrasse. Mais il n'y avait pas de place, et il nous fallut revenir sur nos pas (Gyp,Souv. pte fille, 1928, p.261). ♦ Place de parking. V. parking ex. de Gds ensembles habit. ♦ Prendre place. S'installer, s'asseoir. Madame de Grandlieu prit place sur une chauffeuse (Balzac,Gobseck, 1830, p.380). ♦ La place est toute chaude (fam.). [Pour proposer un siège à qqn qui arrive et lui céder la place] (Ds Lar. Lang. fr.).Au fig. Pourquoi s'est-on contenté de l'intérim du général Borius qui semble avoir reçu la consigne de garder la place chaude en cas de retraite du ministre ambitieux de redevenir gouverneur? (Clemenceau,Vers réparation, 1899, p.163). − P. méton. Prix, tarif; ticket, billet correspondant au prix d'une place louée. Payer place entière, demi-place. Synon. plein tarif, demi-tarif. − Loc. verb. fig., fam. Les places sont chères. ,,La concurrence est âpre, difficile (...) au sens concret, en parlant du stationnement des véhicules («on trouve difficilement à se garer»)`` (Rey-Chantr. Expr. 1979). 4. ADMIN., DR. Droit de place. ,,Situation juridique d'une personne autorisée à occuper un emplacement déterminé sur certaines dépendances du domaine, telles que les halles, marchés, abattoirs; redevance à laquelle est assujetti cet usage du domaine`` (Cap. 1936). 5. [Dans des loc. indiquant le remplacement d'une pers. ou d'une chose par une autre] Un autre postillon prit la place du blessé, et l'on se mit en route avec une vélocité sans pareille (Gautier,Tra los montes, 1843, p.57). − DR. Au lieu et place de (qqn), en lieu et place de (qqn). V. lieu1A 1 c. − À la place de, en place de (vx) (qqn/qqc.), loc. prép. Au lieu de, pour remplacer. Un duo entre le Vice et la Vertu, qu'il propose de faire chanter, tous les ans, à la rentrée des classes, en place du Veni Creator (Jouy,Hermite, t.4, 1813, p.229).Ces tristes enfants que j'ai recueillis, à la place de ceux que Dieu ne m'a pas donnés (Claudel,Soulier, 1944, 1repart., 1rejournée, 5, p.958). ♦ Absol., fam. À la place. Il y en avait même autrefois [de la vigne, dans une propriété]: on a mis des châtaigniers à la place (Senancour,Obermann, t.2, 1840, p.117). B. − [Situation de qqc. ou de qqn dans un ensemble] 1. Rôle assigné à quelqu'un ou à quelque chose dans un ensemble hiérarchisé ou structuré. La première, la dernière place; qqc. tient une grande place dans qqc.; laisser peu de place à qqc. Les rédacteurs du Code ne leur ont pas fait une place à part, mais en ont traité en même temps que des droits réels (Durkheim,Divis. trav., 1893, p.87).Ne reproche-t-il pas [Barrès] à Polyeucte (...) de «manquer de cette intelligence qui remet les choses à leur place?» (Massis,Jugements, 1923, p.202). − Être, se mettre à la place de qqn. S'imaginer, se supposer dans l'état, dans la situation où la personne en question se trouve (pour mieux juger, comprendre la situation). Synon. se mettre dans la peau* de qqn (fam.).Mettez-vous à ma/sa place; si j'étais à votre place, si vous étiez à ma/sa place. Synon. si j'étais (que) (de) vous, lui, etc.Je voudrais bien vous voir à ma place! Synon. je voudrais bien vous y voir (fam.).Le premier [l'acteur] a eu son moment d'inspiration violente et presque passionnée, dans lequel il a pu se mettre, toujours par l'imagination, à la place du personnage (Delacroix,Journal, 1847, p.173). ♦ Absol. À ta, sa place + prop. au cond. Si j'étais (de) vous, dans votre peau, dans votre cas. À votre place, je n'irais pas. À votre place, je serais gêné quand il me regarderait en face (Curel,Nouv. idole, 1899, ii, 5, p.227). − En partic., dans le domaine des sentiments.Avoir, garder, conserver, obtenir, tenir une grande, une large place dans le coeur, dans l'estime, dans l'amitié de qqn. Synon. avoir une grande part dans (v. part1), compter beaucoup aux yeux* de qqn.Il n'y a pas de place pour la haine dans le coeur de cette personne. Mon coeur où l'amour tient toute la place (J. Bousquet,Trad. du sil., 1935, p.36). 2. a) Situation, position ou disposition de quelque chose ou de quelqu'un par rapport à un ensemble. Une place pour chaque chose et chaque chose à sa place. b) Spécialement − BIOL. Place vide*. − LING. Place des mots dans la phrase. La structure à trois places est celle des phrases transitives à double complément (Ling.1972). − SPORTS. Classement obtenu dans une épreuve sportive homologuée. F. a été battu par P. pour la seconde place (Le Sport, 11 mai 1859ds Petiot 1982). − SYLVIC. Arbre de place. Arbre poussant sur une surface de terrain destinée aux essais de sylviculture (d'apr. Forest. 1946). (Arbre, pin) de place. ,,Désigné à l'avance pour rester en place lors des martelages successifs`` (Plais. 1969). ,,Conservé dans les peuplements de pin maritime, au cours des coupes d'éclaircie, pour subir le gemmage à vie`` (Agric. 1977). [Les troncs] qui restent sont des arbres de place, c'est-à-dire établis là, assis jusqu'à leur mort, possesseurs à vie du sol conquis (Pesquidoux,Livre raison, 1928, p.20). 3. [Agencement, dans la loc. en place] − Mettre en place (qqn, qqc.) ♦ Mettre, remettre qqc. en place. (Re)placer à l'endroit qui convient, au lieu de rangement ou de fonctionnement. [Maigret] remettait l'argent et les carnets en place, reportait la boîte dans l'armoire (Simenon,Vac. Maigret, 1948, p.130).Mise en place. Au moment de leur mise en place les jeunes plants devront bénéficier d'un certain abri qui les protégera des gelées et d'une insolation excessive (Cochet,Bois, 1963, p.107). ♦ Mettre en place. Mettre en ordre pour le fonctionnement, le travail, une activité: 3. ... dans la bataille moderne, le général en chef, après avoir mis ses forces en place et donné ses ordres initiaux, n'a plus qu'à attendre les résultats d'une partie dont le déroulement lui échappe.
Joffre,Mém., t.1, 1931, p.399. Mise en place. Cette circonstance me parut d'abord avantageuse, car elle dissimulait à l'aviation ennemie l'approche et la mise en place des troupes d'attaque (Joffre,Mém., t.1, 1931, p.68).♦ En place! (p.ell. de mettez-vous en place!). Tout est fin prêt. En place, les bons tireurs! On n'a plus qu'à attendre, l'oeil dur sous les sourcils froncés et la sagaie au poing (Maran,Batouala, 1925, p.176). ♦ En place pour le quadrille (v. quadrille1)! C. − 1. Position de quelqu'un/quelque chose dans un rang, dans une hiérarchie. Avoir, tenir, occuper la place d'honneur, la première place, une place de choix, une place à part; place éminente, honorable, enviable. La réaction a sa place dans le plan providentiel; elle travaille sans le savoir au bien de l'ensemble (Renan,Avenir sc., 1890, p.384). − Loc. verb. ♦ Rester à sa place (au fig.). Ne pas outrepasser son rang. (Dict.xixeet xxes.). ♦ Mettre qqn à sa véritable place (au fig.). Placer quelqu'un à son rang ou dans son rôle véritable. [La peinture] permet de remettre à sa place l'homme éminent peu estimé du sot public passager, qui ne s'attache qu'au clinquant et à l'écorce du vrai (Delacroix,Journal, 1847, p.173). ♦ Tenir sa place (au fig.). Remplir les obligations de sa charge, de son état; jouer un rôle important: 4. ... Hitler (...) était bien commode pour mâter les communistes, on a eu tort de faire confiance à un peintre en bâtiments, ces gens-là (...) ne savent pas tenir leur place (...) il aurait mieux valu s'adresser à un maréchal, un maréchal ça sait obéir...
Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.231. ♦ Remettre qqn à sa place (fam.). Faire comprendre à quelqu'un qu'il a enfreint les règles de la politesse, des convenances, le rappeler à ses devoirs. Nous causâmes donc quelques instants; ça l'enhardit, lui, et il voulut prendre des privautés, mais je le remis à sa place, et roide, encore (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Bois, 1886, p.556). ♦ Avoir sa place au soleil*. 2. Rang obtenu par un étudiant, un élève, dans un classement à une composition, à une épreuve, à un concours ou par un concurrent dans une compétition sportive. Avoir une bonne place, obtenir les premières, les meilleures places; la place de premier; lutter pour garder sa place, gagner une place, emporter la première place: 5. «Asseyez-vous, messieurs», disait le préfet des études (...). Et alors le professeur lisait les résultats de la dernière composition (...). À la sortie, il entendait: «On a donné les places, chez vous? Qui a été premier? (...)».
Larbaud,F. Marquez, 1911, p.51. − P. méton. Cette nomination. Liste des places; lire les places. Quand le père supérieur proclamait les notes et les places, Édouard, s'il se jugeait mal loti, trépignait (Adam,Enf. Aust., 1902, p.183). 3. Emploi rétribué (souvent modeste, notamment en parlant du personnel de maison). Synon. poste2, situation, travail.Belle, bonne place; chercher, trouver une place; perdre sa place. Des économies faites dans une place où j'étais resté quelques semaines (Vallès,Réfract., 1865, p.50): 6. −Icitte, ce n'est pas une place pour vous, Maria. Le pays est trop dur, et le travail est dur aussi: on se fait mourir rien que pour gagner son pain. Là-bas, dans les manufactures, (...) vous auriez vite fait de gagner quasiment autant que moi...
Hémon,M. Chapdelaine, 1916, p.181. 4. Vieilli. Situation sociale importante. Grandes places, place de ministre; occuper une place importante. V. lucratif ex. de Flaubert. ♦ Gens en place. Titulaires d'une charge importante. Synon. gens, personnages haut placés (v. haut1II E). II. − [Espace circonscrit destiné à certains usages particuliers] A. − 1. Place publique et, p.ell., place. Dans une ville, une agglomération ou un village, lieu public consistant en un espace plus ou moins large, découvert et le plus souvent entouré de bâtiments publics, où aboutissent plusieurs rues ou avenues, et où ont lieu souvent des activités commerciales, festives ou publiques. Place principale, grand'place, place de l'église, du marché, de la mairie; place déserte, vide, noire de monde, silencieuse, éclairée; arbres, fontaine(s), monument(s) d'une place; angle(s), coin(s), centre de la place; contourner, traverser la place, faire le tour de la place, s'installer sur la place; foire, marché sur la place. La cour est pleine comme une place un jour de marché (R. Bazin,Blé, 1907, p.350): 7. ... une place de jolie sous-préfecture, place régulière, entourée d'arcades et plantées d'orangers (...). Les cafés ôtaient leurs volets. Dans un coin, une halle avec des légumes...
A. Daudet,Tartarin de T., 1872, p.107. ♦ Place de grève (v. grève1). − Au fig. Nos réflexions, à nous hommes du XXesiècle, sont explosives, nos laboratoires sont sur la place publique, nos arts se font à coup de machines (Schaeffer,Rech. mus. concr., 1952, p.71). 2. Place (de voitures) (vieilli). Emplacement réservé aux voitures publiques. Synon. station.Il avait, disait-on, mis une vieille femme rue de Ménars, sur la place de fiacres qui s'y trouve (Balzac,Ferragus, 1833, p.59). ♦ Voiture de place. Voiture publique qui stationnait à un emplacement déterminé et que l'on pouvait louer. Puis elle monta dans une voiture de place, et sortit de cette ville pour n'y jamais rentrer (Balzac,Langeais, 1834, p.339). 3. DÉFENSE a) Place d'armes ou, p.ell., place. V. arme II A 4 b. b) Place forte, place de guerre ou, p.ell., place. Ville fortifiée par une enceinte, des ouvrages de guerre; p.ext., ville de garnison, fortifiée ou non. Place de sûreté; assiéger, attaquer, cerner, investir, libérer une place; s'emparer d'une place; le gouverneur de la place de Paris. Les assistants (...) se pressant pour voir défiler (...) le sous-préfet, le maire de Compiègne, le général commandant la place (Martin du G.,Thib., Mort père, 1929, p.1356).On travaillait à l'armement de guerre des places de Metz et de Thionville (Joffre,Mém., t.1, 1931, p.212). − Au fig. Rendre la place. Céder, capituler. T'es pas un homme. V'là qu'tu fuis, maintenant, que tu rends la place! Va donc, Bazaine (Maupass.,Contes et nouv., t.1, Trou, 1886, p.580). B. − FIN., COMM. 1. Ville, localité où s'effectuent (ou peuvent s'effectuer) des opérations boursières, commerciales ou bancaires. La place de Londres, de Paris; place commerciale, internationale; place de crédit. Négocier un billet sur la place. Être connu, avoir du crédit sur la place de Paris (Ac.).L'État sera à cet égard à la discrétion de la caisse d'escompte, dont les administrateurs sauront bien gouverner le prix de l'argent sur la place (Le Moniteur, t.2, 1789, p.350).L'on peut acquérir les billets sur la place, moyennant tant pour cent (Balzac,E. Grandet, 1834, p.136): 8. ... les «réseaux» de paiements en direction ou en provenance d'autres centres (...) ou d'où émanent et auxquels vont des flux monétaires. Les plus significatifs de ces «centres» sont des ensembles complexes d'organismes monétaires et financiers: les places [it. ds le texte].
Perroux,Écon. XXes., 1964, p.134. ♦ Faire la place, loc. verb., vieilli. Avoir pour métier de placer, d'écouler de la marchandise par démarchage. S'il savait faire quelque chose, un étalage, une addition, la place, la vente (...) pincer le tissu, tenir les livres, le carnet, la caisse! (Vallès,Réfract., 1865, p.17). ♦ Place bancable (comm.). V. bancable B. ♦ Place boursière (fin.). ,,Localité où se tient un marché financier; p.ext. synon. de Bourse`` (Gestion fin. 1982). ♦ Place cambiste (fin.). Localité ,,où l'on traite des opérations de change`` (Banque 1963). ♦ Place financière. ,,Au plan national, on appelle place une zone géographique dans laquelle les établissements financiers interviennent par compensation pour régler leurs échanges sous le contrôle de la Banque de France. Au plan international, les grandes places financières sont les Bourses des valeurs mobilières`` (ceneco Entr. 1980). 2. P. méton. ,,Corps des négociants, des banquiers d'une ville; commerce général de cette ville`` (Barr. 1974). C. − Région. (Canada). Endroit, localité. De quelle place viens-tu? Mes amis me disaient que c'était [Toronto] la place pour apprendre l'anglais (Le Soleil, 13 avr. 1985, B6, col. 1). REM. 1. Placis, subst. masc.,synon. région. (à Rennes notamment) de placette.Petite place publique. La jolie foule si variée (...) attendit, dans une journée radieuse, encombrant tout le placis face à la mer (La Varende,Heur. humbles, Phoebé, 1942, p.156).Le boulanger passe (...) appuie sa bicyclette à la croix forgée du placis et toque à la porte (Genevoix,Assassin, 1948, p.201). 2. Surplace, sur(-)place,(sur place, sur-place) subst. masc.Faire du surplace. a) Sports. Rester en équilibre en pédalant sur sa bicyclette (d'apr. Petiot 1982). b) Fam. [En parlant d'un conducteur de véhicule ou, p.méton., du véhicule lui-même, ou d'un piéton] Ne pas pouvoir avancer, en raison de la circulation intense, de l'encombrement. Au fig. Nous avions placé de grands espoirs dans ce 10 mai, et aujourd'hui, huit mois après, nous avons le sentiment de ne pas avoir fait un pas vers cette «autre» télévision que nous voulions. Nous faisons du «surplace» et, dans certains domaines, nous avons reculé (Le Monde Dimanche, 31 janv. 1982, p.1). Prononc. et Orth.: [plas]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) Ca 1100 «endroit, lieu, espace où se déroule l'action» (Roland, éd. J. Bédier, 1108); b) ca 1100 en la place «à cet endroit, sur le sol» (ibid., 764); c) 1409 sur la place «sur les lieux» (Trésor des Chartes de Rethel ds Runk., p.152); 1774 sur place (Diderot, Réfutation Hévétius, p.356); 2. a) ca 1100 «partie déterminée d'un espace, d'un lieu, où quelque chose peut être fait ou mis, où quelqu'un peut se mettre» (Roland, éd. J. Bédier, 1507); 1160-74 «emplacement (d'une ancienne ville)» (Wace, Rou, III, 93, éd. A. J. Holden, t.1, p.164); ca 1260 faire place à (Récits d'un ménestrel de Reims, éd. N. de Wailly, par. 100, p.53); ca 1350 metre en place (Gilles Li Muisis, Poésies, II, 233 ds T.-L.); 1377 prendre place «s'installer» (Gace de La Buigne, Roman des Deduis, 4003, ibid.); 1539 être, mettre, entrer en la place de (Est.); 1539 aller de place en place comme les oiseaux (ibid.); 1553 trouver place (O. de Magny, Amours, éd. Courbet, 72 ds IGLF); 1579 ne pas pouvoir demeurer en une place (Larivey, Jaloux, II, 3, éd. Viollet-le-Duc, VI, 28, ibid.); 1705 ne pas tenir en place (Regnard, Ménechmes, Prologue ds Littré); 1606 que ferois-tu, si tu etois en ma place (Nicot); 1671 mettre chaque chose en sa place (Pomey); 1769 de place en place «de manière clairsemée, par-ci par-là» (Saint-Lambert, Les Saisons, p.49); b) 1306 «lieu, logement prévu pour une personne (pour le logement de troupes)» (Joinville, St Louis, 388 ds T.-L.); 1530 «siège pour une personne» (Palsgr.); 3. 1175-80 «partie indéterminée d'espace» poi de place (Renart, éd. E. Martin, XV, 210, t.2, p.146); 1539 fai[re] faire place «écarter la foule» (Est.); 1585 exclamation place place (N. Du Fail, Contes et discours d'Eutrapel, OEuvres facétieuses, éd. J. Assézat, t.2, p.9); 1652 place! (Scarron, Don Japhet d'Arménie, III, 4, OEuvres, J. Fr. Bastien, t.6, p.429); 4. a) ca 1200 «lieu public découvert et environné de bâtiments» (Aiol, 8947 ds T.-L.); ca 1268 (Brunet Latin, 615, ibid.: la maistre place de la vile); 1370-72 places publiques (Oresme, Ethiques, X, 8, éd. A. D. Menut, p.511); 1737 cocher de place (Caylus, Histoire Guillaume, p.VII); 1790 carrosses, voitures de place (Le Moniteur, t.3, p.47 et p.152); b) 1466 places marchandes (Ordonnances des rois de France, t.16, p.566); c) [1606 place du change (Crespin d'apr. FEW t.9, p.38a)]; 1694 «ensemble des négociants d'une ville» (Ac.); d) 1676 «lieu de rassemblement, de passage ou d'exercices d'hommes en armes» (Félibien, p.110); 5. 1417 places fortes (Archives de Bretagne, V, 214 ds Fonds Barbier); av. 1463 tant bat on place qu'elle est prise (Villon, Ballade des proverbes, 20, éd. Lais et poèmes variés par J. Rychner et A. Henry, p.52); 6. a) ca 1485 fig. «situation, position par rapport à d'autres, degré» (Viel Testament, XLI, 40232, éd. J. de Rothschild, t.5, p.152: J'ay mis mon cueur en haulte place); 1539 (Est.: remettre en se place in gradum reponere); 1690 «position dans un classement d'écoliers» (Fur.); b) 1563 «titre, position sociale, fonction» (B. Palissy, Récepte véritable, Paris, 1930, p.126 ds IGLF: quelque place noble ou office de plus grand honneur et authorité); 1696 homme en place (La Bruyère, Caractères, OEuvres, éd. Grands écrivains de la France, t.2, 1922, p.262). Issu, par l'intermédiaire d'une forme *plattea, avec t géminé, prob. sous l'infl. de *plattus (v. plat), du lat. platea «rue large, place publique», empr. anc. au gr. π
λ
α
τ
ε
ι
́
α, fém. subst. de π
λ
α
τ
υ
́
ς «large» (FEW t.9, p.41b). Fréq. abs. littér.: 27903. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 34903, b) 39105; xxes.: a) 40937, b) 43313. Bbg. Archit. 1972, p.134, 164. _ Gougenheim (G.). «Place» dans la Chanson de Roland. B. jeunes Rom. 1964, t.9, pp.1-4. _ Tournier (M.). Un Vocab. ouvrier en 1848. Paris, 1976, passim. |