| PIQUE1, subst. fém. A. − Arme d'hast comportant une hampe généralement plus courte que celle de la lance et terminée par un fer plat et aigu. Le fer, la pointe d'une pique; la pique sur l'épaule, à la main; des coups de pique; une forêt de piques; soldats armés de (longues) piques; passer (qqn) par les piques; pique d'abordage (mar.). Elles virent passer une belle tête ornée de longs cheveux blonds au bout d'une pique, c'était celle de la malheureuse princesse de Lamballe (Sand, Hist. vie,t.1, 1855, p.82).Il brandissait une pique démesurée, épanouie par le bout comme un lotus (Flaub., Salammbô,t.1, 1863, p.108): . ... à peine la fumée est-elle dissipée, qu'ils découvrent, de l'autre côté, qu'un nouveau mur s'est élevé, un mur de piques, de lances, d'épées, non moins meurtrier que le feu, et bien plus impénétrable.
Cottin, Mathilde,t.2, 1805, p.262. ♦ Demi-pique. Pique à manche court. Ils se partagent les demi-piques dont les licteurs étaient armés (Michelet, Hist. romaine,t.2, 1831, p.133). − P. méton. ♦ Soldat armé d'une pique. Armée de mille piques; faire défiler les piques. (Dict. xixes., Nouv. Lar. ill., Lar. 20e). ♦ Ancienne unité de mesure (équivalant à la longueur d'une pique ordinaire, soit environ 1,60 m). Il y a une pique d'eau dans ce fossé (Ac.1798-1935).Vieilli Être à cent, à mille piques au-dessus (au-dessous) de qqn, de qqc. Être très supérieur (inférieur) à quelqu'un, quelque chose. La supériorité logique des Anglais (...) les met à cent piques au-dessus de ces pauvres gobe-mouches d'Allemands qui croient tout (Stendhal, Corresp.,1800, p.11).Je mets à mille piques Monticelli au-dessus de Turner et Biard au-dessus d'Hogarth (Verlaine, Corresp.,1872, p.63). − Expr. vieillies ♦ Vouloir mettre une pique en Flandre. [P. allus. aux difficultés éprouvées par la couronne d'Espagne lorsqu'elle voulut faire passer ses piquiers dans les Flandres] Tenter une chose extrêmement difficile. (Ds Nouv. Lar. ill.-Lar. Lang. fr.). ♦ Négocier à la longueur de la pique. Négocier armé et à distance, avec des gens dont on se méfie. (Dict. xixes.). B. − P. anal. (d'aspect) 1. Arme du picador; p.méton., coups, travail à la pique par le picador, et qui sont subis par le taureau. Le taureau avait reçu ses piques et les jeunes gens lui faisaient des passes de cape (Montherl., Bestiaires,1926, p.425).Le matador (...) brinde et dédie le taureau (...) qui a pris les piques réglementaires et les banderilles (Arnoux, Renc. Wagner,1927, p.80). 2. TECHNOL. Tige métallique dont se servent les paveurs pour étaler le sable entre les pavés. (Dict. xxes.). 3. Tout objet terminé par une pointe métallique affectant la forme d'un fer de pique; en partic., barreau vertical d'une grille terminé en pointe. Je n'ai guère eu à me servir de la pique ou de la pioche de mon piolet, et pourtant si je ne l'avais pas eu j'aurais hésité à faire la course (Annuaire du Club alpin fr. Année 1882,1883, p.192 ds Quem. DDL t.27).Le violoncelle repose sur une pique, tige d'acier pointue qui passe dans le bouton et dont on modifie la longueur avec une vis de serrage (Bouasse, Cordes et membranes,1926, p.310).On a élevé une croix de fer contre le mur; et sur ses bras terminés par des piques mal forgées, on a gravé en tout petits caractères une inscription (Pourrat, Gaspard,1931, p.52). 4. Synon. de piquant (v. ce mot III A).J'ai trouvé (...) un petit hérisson (...). Ce matin, mon ami courait dans le jardin (...) et toutes les piques de son dos reluisaient (A. France, P. Nozière,1899, p.251). Prononc. et Orth.: [pik]. Homon. pic. Ac. 1694, 1718: picque; dep. 1740: pique. Étymol. et Hist.1. a) 1360-70 «arme formée d'une hampe garnie d'un fer plat et pointu» (Baudouin de Sebourc, VII, 761 ds T.-L.); b) 1617 «longueur d'une pique, unité de mesure» (A. d'Aubigné, Aventures du baron de Faeneste, I, 13 ds OEuvres, éd. H. Weber, p.695); c) 1672 (être, etc.) à cent piques de/au-dessous de/au-dessus de (Mmede Sévigné, Corresp., 29 janv., éd. R. Duchêne, t.1, p.426); d) 1926 «arme dont se sert le picador pour attaquer le taureau, dans une corrida» (Montherl., loc. cit.); 2. 1903 «outil de paveur» (Nouv. Lar. ill.). Empr. au m. néerl. pike, att. au sens 1 a dep. 1290 (FEW t.16, pp.623-624). |