| PIPÉE2, subst. fém. A. − CHASSE 1. Chasse aux oiseaux (illégale en France) qui s'effectue le matin, après les avoir attirés avec des gluaux et des pipeaux en contrefaisant leurs différents cris, notamment le cri de la chouette. Synon. frouement.Chasser, chasseur à la pipée; aller à la pipée; prendre les oiseaux à la pipée. On n'englue pas le diable comme un merle à la pipée (Bertrand, Gaspard,1841, p.153).J'appelais, à la pipée, tantôt en craillant comme un geai, tantôt en sifflant comme un merle. Je n'avais pas besoin d'appeau: rien que ma bouche, et c'était ça! Fallait voir les oiseaux rappliquer (Genevoix, Raboliot,1925, p.138). ♦ Faire une pipée. Préparer tout l'appareil nécessaire à ce genre de chasse. (Dict. xixeet xxes.). 2. P. méton. Lieu où s'effectue cette chasse; ensemble des pièges tendus pour cette chasse. Nous étions ensemble à causer le soir, tout en taillant ses baguettes pour la pipée (Erckm.-Chatr.,Hist. paysan,t.1, 1870, p.368). B. − Au fig., vieilli 1. Piège, tromperie. Il la jugeait méprisable entre toutes, et cependant comment éviter la pipée de ses yeux, comment échapper à l'affût de sa bouche (Huysmans, Marthe,1876, p.118). 2. Loc. verb. Attraper, prendre à la pipée. Attraper adroitement. On le rencontre par les rues, le nez dans le manteau, prenant ses vers à la pipée (Sainte-Beuve, Tabl. poés. fr.,1828, p.137). Prononc. et Orth.: [pipe]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin xiiies. pipée des oyseaux «groupe d'oiseaux» (Gautier de Bibbesworth, Traité, éd. A. Owen, 230), attest. isolée; 1376 «chasse dans laquelle on prend les oiseaux au piège, après avoir imité leur cri» prendre a la pipee, aller a la pipee (Modus et Ratio, éd. G. Tilander, 134, 4 et 13); 1478-80 fig. chasser a la pipee «agir par ruse» (Guillaume Coquillart, Enqueste, éd. M. J. Freeman, 345); 1549 «tromperie» (Calvin, Contre l'astrologie judiciaire −VII, 530 −ds Hug.). Part. passé fém. subst. de piper1B. Cf. le lat. pipatus, -us «cri de jeunes oiseaux». |