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PIGER2, verbe trans.
A. −
1. Arg. et pop. Synon. piquer (v. mot I B 1 a α).
a) Vx. Prendre, voler. Vous ne voulez donc pas nous dire où vous pigez tant de monnaie? (...) demanda Tonsard, nous irions aussi, nous autres! (Balzac, Paysans, 1844, p.62).
Au fig., vieilli. Prendre (un passage en vue de le citer). Je te pige dans ton quatrième volume quelques beaux textes que j'intercalerai dans mon bouquin (Flaub., Corresp., 1879, p.277).Les extraits que je publie ci-dessous sont pigés dans une brochure que publia Liebknecht en 1869 pour expliquer au populo que compter sur le suffrage universel, c'était se fiche le doigt dans l'oeil (E. Pouget, Le Père Peinard, 1889, p.170 ds Cellard-Rey 1980).
b) Vieilli. Attraper.
Prendre sur le fait (un voleur). Toute la maison était en l'air. Oh! une histoire impayable! Poisson avait pigé sa femme avec Lantier. On ne savait pas au juste les choses, parce que chacun racontait ça à sa manière (Zola, Assommoir, 1877, p.794).
Au fig.
[Le compl. désigne une punition, un châtiment] Piger une consigne (Esn.1966).Ils étaient deux, tu sais, à faire le coup. L'autre a pigé deux ans de prison (Barbusse, Feu, 1916, p.144).
Vieilli. Attraper (un rhume, une maladie). Tenez-vous tellement à le voir maintenant, le juge? (...) à vous parler franchement, il a pigé une grippe, une fameuse grippe (Bernanos, Crime, 1935, p.837).
2. Région. (Canada). Tirer une carte au hasard. Piger dans le sac. C'est à mon tour de piger sur le tas (Bél.1974).C'est à mon tour de ,,prendre une carte sur le tas`` (Bél.1974).
B. − Au fig. Saisir par le regard ou par l'intelligence.
1. Pop. Voir, regarder attentivement, admirer. Chuchin: Ah! çà, qu'est-ce qu'il veut faire avec sa gaule? la pêche n'est pourtant pas ouverte... Alexandre: T'as donc pas vu qu'il a une bouteille attachée au bout? Il fait sa provision d'eau de Seine... pige-le, s'il est rigolo (A. Daudet, Pte paroisse, 1895, p.225).Il voyait à peine les paysages. Il n'y donnait un coup d'oeil que lorsque Broudier ou Lesueur avait dit: −Pige-moi cet horizon, si c'est bath! (Romains, Copains, 1913, p.151).
2. Pop., fam. Comprendre. Il n'a pas eu besoin de causer, c'est le tremblement de sa main sur mon bras qui m'a réveillé. J'ai tout de suite pigé! Quand j'en ai vu ramper de ces sagouins, j'ai compris que ça devenait vilain (Vercel, Cap. Conan, 1934, p.242).Si elle m'a planté là, c'est pour une femme, tu saisis, J.H., tu piges, n'est-ce pas étonnant? Ah, mon petit, ce sont là des choses qui n'arrivent qu'aux poètes (Queneau, Loin Rueil, 1944, p.85):
. J'avais compris dès le début qu'avec lui, ce qu'il ne fallait justement pas faire, c'était d'accuser le coup. Et ce qu'il avait, je crois, tout de suite apprécié en moi, c'était, sur ce point «d'avoir pigé». Romains, Hommes bonne vol., 1939, p.237.
Arg. Ne piger (que) couic/pouic, que dalle. Ne rien comprendre du tout. Synon. (fam.) ne comprendre que dalle, (pop. et arg.) entraver couic (v. entraver2), que dalle.En fait, il n'y pigeait que pouic, selon une expression qu'il avait accoutumé d'employer malgré la désuétude dans laquelle elle était déjà tombée à cette époque (Queneau, Enf. du limon, 1938, p.192).V. couic B 1 b ex. de Cendrars.
Prononc. et Orth.: [piʒe], (il) pige [pi:ʒ]. Homon. et homogr. piger1. Étymol. et Hist. 1. 1835 pop. trans. «connaître» ([Raspail], Réf. pénit., p.2: Piger, Connaître un truc); d'où 1890 absol. «comprendre» piges-tu? (arg. des lycéens d'apr. Esn. 1966); cf. 1892 trans. il avait très bien pigé cela (Goncourt, Journal, p.225); 2. 1841 id. trans. «regarder» pige-moi ça [ce chic] (d'apr. Esn. 1966); cf. 1858 id. (Larch., p.656 qui cite La Bédollière); 3. a) 1842 id. «voler, dérober» (arg. des canotiers, Seine d'apr. Esn. 1966); b) 1844 «prendre» (Balzac, loc. cit.); c) 1844 «prendre sur le fait» (coll. d'apr. Esn. 1966); 1846 être pigé (Intérieur prisons, p.64); 4. 1879 intrans. «rivaliser, se mesurer avec quelqu'un» (A. Daudet, Rois en exil, p.181, 182). Dér. d'un adj. du lat. pop. *pedicus «qui prend les pieds, qui prend au piège» (dér. du lat. class. pes, pedis, v. pied) répandu dans les parlers gallo-rom. Fréq. abs. littér.: 52.