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PIED, subst. masc.
1reSection. [Organe d'un être animé]
I. − [Chez l'homme] Partie terminale du membre inférieur, articulée à la jambe par la cheville, terminée par cinq doigts et constituant, de par son aptitude à reposer à plat sur le sol, l'élément principal de la station debout et de la marche. Synon. fam. panard, patte; pop. et arg. arpion, bateau, fumeron, latte, nougat, pince, pinceau, ripaton.Pied droit, gauche; doigts, ongles, plante, voûte du pied; articulations, muscles, phalanges, squelette du pied; pointe des pieds; avant-pied*; cou-de-pied*. La nuit s'épaississait ainsi qu'une cloison (...) Et je buvais ton souffle, ô douceur, ô poison! Et tes pieds s'endormaient dans mes mains fraternelles (Baudel., Fl. du Mal,1857, p.59).Dans la marche, c'est par le talon que le pied doit d'abord se poser sur le sol et c'est par la pointe qu'il le quitte. (Dans la danse (...) c'est par la pointe du pied que le danseur prendra d'abord contact avec le sol) (Bourgat, Techn. danse,1959, p.82):
1. Et puis je jouais avec mes pieds C'est très intelligent les pieds Ils vous emmènent très loin Quand vous voulez aller très loin Et puis quand vous ne voulez pas sortir Ils restent là ils vous tiennent compagnie Et quand il y a de la musique ils dansent On ne peut pas danser sans eux Prévert, Paroles,1946, p.99.
P. métaph. Ô toi qui, ce soir-là, répandais ton ennui Comme une essence d'or sur les pieds de la nuit (Samain, Chariot,1900, p.17).La fée de la musique venait elle-même sur ses pieds de soie ancienne (Milosz, Amour. init., 1910, p.171).
A. − [Le pied considéré dans son apparence extérieure, les sensations qui l'affectent]
1. [Aspect, dimensions, forme]
a) [Avec caractérisation anat.] Grands pieds; pieds fins, fuselés, larges, maigres, potelés; pieds cambrés, comprimés, déformés. À côté, sur leurs hauts talons, sont les bottines Qui font aux petits pieds ces allures mutines (Cros, Coffret santal,1873, p.44).Les Chinoises qui ont les pieds enfermés dans des bandelettes dès l'enfance ont besoin du pédicure (Vailland, Drôle de jeu,1945, p.71):
2. L'exiguïté des mains fuselées, la distinction des pieds étroits, aux doigts terminés par des ongles brillants comme l'agate (...) la jambe un peu longue aux malléoles délicatement modelées rappelaient la grâce élancée des musiciennes et des danseuses représentées sur les fresques... Gautier, Rom. momie,1858, p.186.
Pied égyptien. ,,Pied caractérisé par un gros orteil plus long que le second orteil, celui-ci étant à son tour plus long que le troisième`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
Pied grec. ,,Pied caractérisé par un gros orteil plus court que le second orteil, mais plus long que le troisième`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
α) [Servant à désigner certains personnages hist. ou myth.]
Berthe au(x) grand(s) pied(s). Ils ont identifié Ma Mère l'Oie à la reine Bertrade (...) à la reine Berthe au grand pied, mère de Charlemagne (A. France, Livre ami,1885, p.298).
Mercure aux pieds ailés, qui a des ailes aux pieds. V. aile I.
β) Loc. fam.
Pied(s) fourchu(s)*. V. aussi infra II.
Pieds nickelés. V. nickelé II B.
Pied(-)plat*.
b) [Sans caractérisation anat.]
Pied(s) chaussé(s)*, chaussés de (+ compl.).Marie était tout occupée (...) à marcher bien droit, pour ne pas mettre dans les ornières ses pieds chaussés de souliers blancs (R. Bazin, Blé,1907, p.72).
Chausse-pieds*.
Loc. fig. et proverbiales
(Trouver) chaussure* à son pied.
Chaussure* à tout pied.
Mettre son pied dans le soulier d'autrui. S'approprier le bien d'autrui. C'est le parc aux cerfs de François Ierdans l'ermitage de Saint-Louis. Chacun a bâti; personne n'a voulu se servir du vieux bâtiment ni mettre son pied dans le soulier d'autrui (Michelet, Journal,1834, p.119).
Sortir un pied chaussé* et l'autre nu.
Pied(-)noir*, nu-pied*, pied(s)(-)nu(s). V. nu2.Va-nu-pieds*.
Médecin*(s), mandarin(s) aux pieds nus. La révolution médicale en Chine et au Nord Viêt-Nam, où l'expérience des fameux «médecins aux pieds nus» lancés sur les routes pour soigner selon d'autres méthodes, et avec un autre état d'esprit, pourrait renouveler notre médecine d'ici (Réalités,janv. 1976, p.75, col. 2).A. Minkowski, ce «mandarin aux pieds nus», (...) dirige son service de médecine néo-natale (Le Nouvel Observateur,20 sept. 1980, p.3, col.1).
Marchepied*, sous-pied*.
P. méton. Essuyer ses pieds sur un paillasson. La terre gercée résonne sous tous ces pieds cloutés (Dorgelès, Croix de bois,1919, p.93).
Pantalon* à pied(s).
Pied(-)bleu.(vieilli). ,,Conscrit portant encore les guêtres bleues du paysan`` (Larch. 1865, p.248). Le pied bleu comme on l'appelle, n'est donc pas trop dépaysé; il ne prête pas longtemps à rire par sa gaucherie, son embarras (E. de La Bédollière, Français peints par eux-mêmes,t.5, L'armée, 1842, p.40).
2. [Déformation, maladies] Cor(s) au(x) pied(s); avoir mal au(x) pied(s); se tordre le pied:
3. Tarkington, pour qui ses pieds douloureux, gonflés, faisaient maintenant de la moindre marche un supplice chinois, dut reconnaître qu'il lui fallait demander son évacuation. Maurois, Sil. Bramble,1918, p.102.
SYNT. Blessure au(x) pied(s); ampoule, cal, callosité, durillon, engelures au(x) pied(s); entorse, fracture, malformation(s) au pied; se fouler le pied.
a) PATHOL. Pied d'athlète. ,,Affection du pied due à certaines variétés de [champignons parasites], observée d'abord dans les pays tropicaux, puis en Europe (surtout chez les sportifs et les militaires) (...). Elle est caractérisée par un épaississement de la couche cornée de la peau sur les faces latérales des orteils`` (Garnier-Del. 1972).
Pied(-)bot. V. bot1.Pied équin*. Pied tabétique*.
Pied creux. ,,Pied dont la cambrure plantaire est exagérée, soit parce que le calcanéum est placé en talus (pied creux postérieur), soit parce que les métatarsiens ont une obliquité anormale (pied creux antérieur)`` (Méd. Biol. t.3 1972).
Pied de mine. ,,Lésions complexes du pied provoquées, en temps de guerre, par l'explosion de mines. Elles consistent en oedèmes (...), en blessures vasculaires et en fractures multiples`` (Garnier-Del. 1972).
Pied plat. ,,Déformation [du pied] caractérisée par un affaissement de la voûte plantaire, s'accompagnant d'une déformation dans le sens latéral`` (Lafon 1969). −(...) Au régiment, on en voit de toutes sortes. Moi j'ai vu des auxiliaires qui avaient les pieds plats... −Mais bon Dieu, quoi, je n'ai pas les pieds plats! (Aymé, Jument,1933, p.196).
b) Loc. fig. Avoir, ôter, (re)tirer une épine* du pied; être une épine* au pied (de qqn).
3. [Sensations physiques] Pieds brûlants, gelés, glacés, violacés; avoir chaud, froid aux pieds; avoir les pieds mouillés; avoir les pieds au feu, au sec; transpirer des pieds; se brûler les pieds; chauffe-pied(s)*, couvre-pied(s)*. Ils étaient encore heureux de se trouver ensemble, les pieds sur les chenets, tisonnant la bûche de décembre, fumant leur pipe (Murger, Scènes vie boh.,1851, p.176).L'homme regarda les pauvres pieds rouges de Cosette, et continua: −Quand aura-t-elle fini cette paire de bas? (Hugo, Misér.,t.1, 1862, p.486).
(Passer, traverser une étendue d'eau) à pied sec. Sans se mouiller les pieds. Les eaux se dressaient en murailles liquides et laissaient libre entre elles un large chemin où l'on pouvait passer à pied sec (Gautier, Rom. momie,1858, p.340).Un de ces petits couloirs de branches et de bûches qui permettent de traverser à pied sec les fondrières (Gide, Voy. Congo,1927, p.748).
Loc. fig., fam. Le pavé lui brûle les pieds. V. brûler I B 1.Les pieds lui brûlent. V. brûler II B.
Tenir (à qqn) les pieds chauds/au chaud. Être attentionné, ardent, empressé auprès de quelqu'un (notamment dans le domaine des relations amoureuses), pour en tirer éventuellement profit. Je voudrais avoir de l'argent pour acheter une maison à Venise ou à Florence ou à Menton, et y vivre avec un chat et une fille qui me tiendrait les pieds chauds (Mérimée, Lettres Grasset,1870, p.201).
Arg. de la Bourse. Pieds humides. ,,Coin des alentours de la Bourse où l'on négocie en plein vent des titres sans valeur dont les acheteurs espèrent tirer quelque chose un jour`` (Banque 1963); p. méton., les boursiers qui négocient dans ces conditions. Il tomba sur la petite bourse des valeurs déclassées, les «Pieds humides», comme on appelle avec un ironique mépris ces joueurs de la brocante, qui cotent en plein vent, dans la boue des jours pluvieux, les titres des compagnies mortes (Zola, Argent,1891, p.20).Quand on n'a pas ce flair spécial, il vaut mieux ne pas jouer à la Bourse et ne pas placer son argent dans ces valeurs qui, les trois quarts du temps, finissent «aux pieds humides» (L. Daudet, Universaux,1935, p.194).
Pop. [Pour exprimer le bien-être, le repos, la jouissance amoureuse] Avoir les doigts de pieds en éventail*. Avoir les doigts de pieds en bouquet de violettes. Voir Le Pt Perret ill. par l'ex., 1985 [1982], p.345.
4. [Hygiène, soins] Avoir les pieds propres, sales; puer (pop.), sentir des pieds; se masser, se frictionner les pieds; prendre un bain de pied. Nul n'aurait su baigner, masser, parfumer Son Altesse et lui brosser les pieds et les chevilles, aussi légèrement qu'il faisait (Bourges,Crépusc. dieux,1884,p.67):
4. Dans la belle saison, leur mère avait l'habitude de se laver les pieds le premier dimanche de chaque mois. Elle installait son baquet au milieu de la cuisine, choisissant le moment où la famille était réunie, afin de compenser l'ennui de cette nécessité hygiénique par l'agrément de la conversation. Aymé, Jument,1933, p.68.
LITURG. CATH. Le lavement* des pieds.
5. P. anal. (d'aspect)
a) [Représentation du/des pied(s)] Pieds d'une statue. Il y a aussi des pieds colossaux: pieds de pierre provenant du Christ du village d'O... (Jacob, Cornet dés,1923, p.219).
Colosse*, géant aux pieds d'argile*.
CORDONN. Pied de fer, de fonte. Enclume en forme de pied sur laquelle est placée la chaussure à réparer. Pour écraser la pointe d'un clou malencontreux qui dépasse [à l'intérieur de la chaussure], ou supprimer une aspérité quelconque, un pied de fer peut être utile (Lar. mén.1926, p.330).
b) P. méton. Pied de bas, de chaussette. Partie du bas, de la chaussette, qui couvre le pied. (Être) en pieds de bas, de chaussettes. Sans chaussures. Les jeunes servantes s'empressent à délacer mes guêtres et mes bottines, me tirant les jambes en tous sens. Et puis, en pieds de bas, je monte dans ma chambre (Loti, Japoneries,1889, p.41).
B. − [Le pied considéré comme organe doué de mobilité]
1. [Instrument spécifique de l'appui, de l'assise, du contact avec le sol, de la station debout] Poser le(s) pied(s); être debout sur un pied; le(s) pied(s) se dérobe(nt). On piétinait dans une pâte gluante, dont il fallait, à chaque pas, ressortir. Le pied glissait; la main s'agrippait aux parois (Benjamin, Gaspard,1915, p.136).Dans cette figure, le danseur tourne sur lui-même, le pied en position servant de pivot (Bourgat, Techn. danse,1959, p.107):
5. Je me rappelle seulement que dès son arrivée dans le cirque, après s'être vainement et désespérément retenu sur les pieds, il tomba. Il eut beau se relever; c'était plus fort que lui; il tombait. Il ne cessait pas de tomber. Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p.171.
a) [Pied est précédé d'une prép.]
[Prép. en]
Vieilli. En pied(s).En se mettant debout. Se lever en pied. Il resta immobile une demi-minute, puis sauta en pieds et courut à la pendule (Mérimée, Mosaïque,1833, p.162).Il se dressa en pied, tout effaré (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p.315).
Au fig. [En parlant d'une fonction, d'une prérogative, d'un privilège] En titre. Être en pied dans une administration. Il vit que la réputation d'une dame était en proportion des morts qu'elle avait causées; ainsi Mmede Courteval dont l'amant en pied avait tué deux de ses rivaux (Mérimée, Chron. règne Charles IX,1829, p.46).Permettez-moi de vous présenter M. Pleyston, lieutenant en pied de la frégate Le Cambrian (Sue, Atar-Gull,1831, p.26).
Portrait en pied. Portrait représentant le modèle en entier et debout. Le prince avait, dans le grand cabinet où il recevait en audience, un portrait en pied de Louis XIV (Stendhal, Chartreuse,1839, p.105).
[Prép. sur] Sauter, tomber sur ses pieds; se mettre, se tenir sur un pied, sur ses pieds. Je me présente, modeste, devant Mademoiselle qui bondit sur ses pieds à ma vue (Colette, Cl. école,1900, p.188).
(Marcher, se dresser, se hausser...) sur la pointe des pieds
De manière à ne faire aucun bruit. Se retirer sur la pointe des pieds. La croyant assoupie, il s'éloigna sur la pointe du pied, poussant avec précaution la porte (Dumas père, Monte-Cristo,t.1, 1846, p.617).
Afin de se rendre plus grand. Elle ouvrit les yeux, se dressa sur la pointe des pieds pour arriver à ma hauteur (Fromentin, Dominique,1863, p.268).De temps à autre, je me soulève sur la pointe des pieds et je regarde anxieusement du côté de la ferme de la Belle-Étoile (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p.25).
Retomber sur ses pieds. Se recevoir adroitement. P. métaph. Vous, vous vous en tirerez toujours. Rappelez-vous ce que me disait l'ambassadeur de Venise l'année dernière: «Ce garçon-là retombera toujours sur ses pieds.» (Montherl., Malatesta,1946, i, 7, p.455).Il ment effrontément et, pris en flagrant délit, il retombe aussitôt sur ses pieds (Sarraute, Ère soupçon,1956, p.25).
[En parlant d'une réalité abstr.] Remarquez aussi la plénitude, l'équilibre, le bon aménagement de sa phrase quand par hasard elle s'allonge un peu, et comme elle retombe «carrément» sur ses pieds (Lemaitre, Contemp.,1885, p.304).
[Pour marquer l'hésitation, la maladresse] Ne pas savoir sur quel pied danser*. Il se balança d'un pied sur l'autre, jeta un dernier regard sur le petit malade, et sortit enfin (Hémon, M. Chapdelaine,1916, p.224).Ils allaient lentement, se dandinant d'un pied sur l'autre (Peisson, Parti Liverpool, 1932, p.165).
Sur pied
Debout, levé, actif. Hélène passa sur pied cette nuit tout entière (Sandeau, Mllede La Seiglière,1848, p.324).On ne causa que des grandes salaisons d'hiver, qui allaient tenir tout le personnel de la charcuterie sur pied (Zola, Ventre Paris,1873, p.682).
Guéri, rétabli. Bien soignée la maladie suivit son cours normal; c'est-à-dire que j'allais être bientôt remis sur pied (Gide,Si le grain, 1924, p.424).
Mettre sur pied/mise sur pied
[En parlant d'une armée, d'une troupe] (Action de) recruter, enrôler, mettre en état de combattre. La Russie et l'Autriche avaient conclu un traité d'alliance et mettaient cinquante mille hommes sur pied (Sand, Hist. vie,t.2, 1855, p.120).Il ouvrit la constitution fédérale (...) la mise sur pied d'un corps d'armée dépassant 10000 hommes (Gobineau, Corresp.[avec Tocqueville], 1859, p.114).
[En parlant d'un projet, d'une entreprise] (Action de) constituer, élaborer. Je vais trouver Forestier, qui me mettra mon article sur pied en dix minutes (Maupass., Bel-Ami,1885, p.42).Un apport d'argent frais pour mettre sur pied et voir fonctionner sa dernière idée (Cendrars, Bourlinguer,1948, p.112).
[Prép. sous] Écraser sous le(s) pied(s). L'homme (...) a besoin du fini et de l'infini, comme il a besoin de la terre qui est sous ses pieds et du ciel qui est sur sa tête (P. Leroux, Humanité,1840, p.169).Le sable craquait sous les pieds largement chaussés des deux hommes (R. Bazin, Blé,1907, p.323).
Avoir (qqc.) sous les pieds
Avoir à sa disposition, dominer. [Napoléon] avait le monde sous ses pieds et il n'en a tiré qu'une prison pour lui, un exil pour sa famille, la perte de toutes ses conquêtes et d'une portion du vieux sol français (Chateaubr., Mém.,t.2, 1848, p.641).Jésus triomphera finalement de toute principauté, pouvoir et vertu, et mettra tous ses ennemis sous ses pieds (Théol. cath.t.4, 11920, p.335).
Tenir pour quantité négligeable, mépriser, faire fi (de quelque chose). L'homme met rarement ainsi de sang-froid sa conscience sous ses pieds (Sand, Indiana,1832, p.275).[Louis Bonaparte] se tourne vers les juges inamovibles, et leur dit : − Magistrature, je brise la Constitution, je me parjure, je dissous l'Assemblée souveraine, (...) je pille les caisses publiques, je séquestre, je confisque, je vole, j'escroque, je spolie (...) regardez les lois, elles sont sous mes pieds (Hugo, Nap. le Pt,1852, p.205).
Couper l'herbe* sous le pied.
b) Loc. adv. D'arrache-pied*.
c) Loc. verb.
Mettre pied à terre. Descendre de cheval; p.ext., descendre d'un véhicule. Après avoir marché une heure à cheval, par des sentiers pierreux et difficiles, il a fallu mettre pied à terre (Maine de Biran, Journal,1816, p.201).J'avais été obligé de mettre pied à terre, et nos montures renâclaient devant les degrés glissants (Mille, Barnavaux,1908, p.171).
Subst. Un pied(-)à(-)terre*.
Sauter à pieds joints (dans, sur qqc.). V. joint II A 2.
P. métaph. Jusqu'ici, nous n'avions guère compté que la Russie et les peuples slaves; nous avions sauté à pieds joints cette race germanique (Quinet, All. et Ital.,1836, p.23).Il avait son langage, son point de vue, sa sensibilité... Il n'allait pas à pieds joints sauter dans la manière de Matisse, qui a une raison d'être quand on a parcouru le chemin de Matisse, quand elle est un aboutissant (Triolet, Prem. accroc,1945, p.196).
[Gén. dans une tournure nég.] (Re)mettre, poser les pieds (dans un endroit, chez une personne). Se rendre (à, dans un endroit, chez une personne). Omar n'a jamais mis le pied à Alexandrie, quoi qu'en aient dit bien des Académiciens (Nerval, Filles feu,Angélique, 1854, p.511).Il y avait longtemps que je n'avais pas mis les pieds chez de vrais bourgeois et cette épreuve me parut réconfortante (Beauvoir, Mandarins,1954, p.207).
α) [Pour marquer une attitude, un sentiment (colère, mépris...)]
Fouler* aux pieds.
Frapper, taper... du pied. Il allait droit et ferme, en long et en large, brusquement, frappant du pied et faisant sonner ses talons éperonnés (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p.161).[La foule] attendait patiemment avec sa sagesse de foule, en toussant et en tapant du pied, les grands hommes du cortège (Nizan, Conspir.,1938, p.41).
β) [Pour marquer la stabilité/le manque de stabilité]
Avoir pied. Pouvoir se tenir debout, la tête hors de l'eau. Celle-ci disparut un instant sous l'eau, quoiqu'elle eût pied à cet endroit (Sue, Fleur de Marie,1857, p.79).
P. métaph. Arcangeli, las d'un état, où d'infimes occupations le tenaient encore, comme suspendu par les cheveux, mais sans avoir pied nulle part, et toujours au bord d'une disgrâce, demanda à accompagner le comte en qualité de truchement (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p.179).
Perdre pied. S'enfoncer dans l'eau, se noyer. Elle (...) gravit les degrés sous-marins, velus et glissants, où elle faillit perdre pied quatre fois, puis elle sortit de l'eau (Boylesve, Leçon d'amour,1902, p.105).
P. métaph. L'amour complet de soi doit perdre pied et se noyer dans l'océan du moi (Blondel, Action,1893, p.199).
Au fig. Perdre contenance, ne plus maîtriser les événements, la situation. Hier au soir, a eu lieu à Genève un concert qui m'aurait intéressé ainsi que la grande réunion de la matinée. L'absent perd pied et n'apprend rien que trop tard (Amiel, Journal,1866, p.232).Un flot de colère empourpra la face du baron. Lui si calme, si goguenard devant la menace du scandale (...) perdait pied, le sang en tempête, dès qu'il s'agissait de cette fille (Zola, Paris,t.1, 1897, p.30).
Lâcher le pied (vieilli), lâcher pied. [En parlant d'une armée] Céder du terrain, reculer devant l'ennemi. La bataille durait depuis none, quand ceux de Bruges lâchèrent le pied et tournèrent le dos (Bertrand, Gaspard,1841, p.147).Les Vendéens étaient repoussés de Nantes (...) culbutés hors de Cholet (...) ils lâchaient pied à Châtillon (Hugo, Quatre-vingt-treize,1874, p.83).
P. ext. Cesser de lutter (contre quelqu'un, quelque chose). Synon. flancher.C'est une appendicite souvent grave car elle se complique facilement de péritonite, évolue rapidement et l'enfant lâche pied très vite (Quillet Méd.1965, p.157).
(Re)prendre pied. S'établir solidement (sur un terrain, dans un lieu). C'était aller à l'opposé de cette portion de la côte sur laquelle Cyrus Smith avait pu prendre pied (Verne, Île myst.,1874, p.20).Avec le consentement de Vichy, les Allemands ont commencé à prendre pied au Levant (De Gaulle, Mém. guerre,1954, p.418).
Au fig. Avec les années, cette bonne avait pris pied dans la maison. Elle finissait par gouverner l'intérieur, le père et la fille (Goncourt, G. Lacerteux,1864, p.22).Le Croisic, avec ses maisons de pierre et ses balcons sculptés, a l'air d'une miniature de Nantes; un moment, le protestantisme y prit pied (Vidal de La Bl., Tabl. géogr. de Fr.,1908, p.322).
Avoir un pied dans (tel endroit). Synon. de prendre pied.Si elle parvenait à s'emparer de Corfou, elle aurait un pied dans la Grèce et serait maîtresse même du golfe (Caulaincourt, 1812ds Rec. textes hist., p.168).
Au fig. Alexandre a un pied dans le lit de cet homme; il y exerce le droit du seigneur sur la prostitution (Musset, Lorenzaccio,1834, iii, 3, p.181).
Lang. de la public. Villa, résidence... (les) pieds dans l'eau. Villa, résidence... située tout au bord de la mer. En vacances à Malte, on loge très volontiers et très facilement chez l'habitant. Une façon d'éviter autant que possible les grands ensembles «pieds dans l'eau» (Le Nouvel Observateur,10 juill. 1978, p.74, col. 2).
(Ne pas) avoir les pieds sur terre. (Ne pas) avoir un esprit concret, positif, réaliste. Toi, naturellement tu le croyais amoureux d'une fleur. Jolie fleur, en vérité. Oh! c'est trop commode d'être botaniste, on vit dans les nuages, on n'a pas les pieds sur terre (L. de Vilmorin, Belles am.,1954, pp.134-135).
Avoir, garder... un pied dans chaque camp. Être en bons termes avec deux partis rivaux, se ménager le soutien de chacune des deux parties. Il m'était difficile d'imiter ceux de mes collègues qui avaient un pied dans chaque camp, et qui, en dînant du ministère, se ménageaient la ressource de souper de l'opposition (Reybaud, J. Paturot,1842, p.388).Pour réussir dans l'entreprise de faire revenir Odette chez elle, MmeVerdurin n'employa pas bien entendu les «ultras», mais les habitués moins fidèles qui avaient gardé un pied dans l'un et l'autre salon (Proust, Temps retr.,1922, p.732).
2. [Instrument spécifique du déplacement, de la marche]
a) [Pied est précédé d'une prép.]
[Prép. à] Aller, marcher, partir, voyager... à pied; gagner au pied; marche à pied (v. marche2I A 3); à pied, à cheval* et en voiture; loger* à pied et à cheval. Laissons la voiture pour gravir à pied une pente boisée (Bordeaux, Fort de Vaux,1916, p.46).Je remontais à pied les Champs-Élysées (Mauriac, Journal 2,1937, p.182):
6. Pourquoi dire où j'allais? Qu'importe! Je suivais à pied le bord d'une rivière, et j'apercevais au loin les trois clochers d'une église ancienne au-dessus d'une petite ville où j'arriverais tantôt. Maupass., Contes et nouv.,t.1, Jour de fête, 1886, p.1054.
SPORTS. Course à pied. La ville sacrée recevait tous les cinq ans des jeunes sportives disputant une épreuve de course à pied dans le cadre des Jeux Héréens, véritables jeux féminins (Jeux et sports,1967, p.1292).
DÉFENSE MILIT. Chasseur à pied. Militaire qui sert dans l'infanterie. Le 3ebataillon de chasseurs à pied (...) s'est battu sur tous les fronts (Bordeaux, Fort de Vaux,1916p.94).
Pêche à pied. ,,Recherche des poissons dans le sable, des coquillages et des crustacés dans les rochers, des crevettes en poussant le filet spécialisé`` (Pollet 1970; dict. xixeet xxes.). Synon. pêche de pied (infra).
Au pied levé. V. lever1I.
[Prép. de]
Vieilli ou littér.
Aller de pied. Marcher. Ils m'ont narré (...) qu'ils voulaient aller de pied jusqu'à Toulon (Martin du G., Thib.,Cah. gr., 1922, p.651).
Gens de pied(s). Fantassins. Les archers et les gens de pied se retranchèrent, comme à la coutume, derrière leurs pieux aiguisés (Barante, Hist. ducs Bourg.,t.4, 1821-24, p.413).Renaud trouva onze princes, treize cents chevaliers et seize mille gens de pieds (Maurois, Sil. Bramble,1918, p.252).
Pêche de pied. Synon. de pêche à pied. (Dict. xixeet xxes.).
Valet* de pied.
b) Loc. adv., adj., subst. À cloche-pied*. Haut(-)le(-) pied*.
c) Loc. verb.
Avoir (toujours) le/un pied en l'air, le/un pied levé, le/un pied qui remue. Être (toujours) prêt à partir, à se déplacer. L'idée de t'appeler [Flaubert] à Rouen pour vingt minutes au passage m'est bien venue. Mais tu n'as pas, comme moi, un pied qui remue, et toujours prêt à partir (Sand, Corresp.,t.5, 1867, p.229).Il serait dangereux de laisser trop longuement à tout ce monde-là le pied en l'air (Claudel, Soulier,1944, 2epart., 1, p.1043).
Vieilli. Donner un coup de pied (jusqu'à un endroit); aller quelque part d'un coup de pied. Se rendre dans un endroit relativement proche. Synon. faire un saut (jusqu'à un endroit).C'était rare qu'il laissât s'écouler la semaine sans donner un coup de pied jusqu'au journal en sortant de son ministère (Courteline, Linottes,Canaille, 1888, p.225).
Lever le pied. V. lever1I A 2.
Mettre un pied devant l'autre. Avancer, se déplacer. Ces grisettes emmenées à la campagne pour la première fois de leur vie, qui (...) ne peuvent mettre un pied devant l'autre sans découvrir une fleurette (Courteline, Linottes,1912, p.91).À mettre un pied devant l'autre on risque gros (tomber dans un trou, se donner une entorse, se casser le nez...) (L. Febvre, Entre Benda et Seignobos,[1933] ds Combats, 1953, p.96).
Ne plus pouvoir mettre un pied devant l'autre. Être fatigué au point de ne plus pouvoir avancer. Il monte en se traînant et nous confie (...) qu'il a cru un instant qu'il ne pourrait mettre un pied devant l'autre dans la rue (Goncourt, Journal,1860, p.701).
Mettre les pieds dans le plat. V. plat2.
Mettre les pieds dans la vigne* du Seigneur.
Mettre les pieds sous la table*.
Traîner les pieds. Avancer avec peine; p. ext., renâcler (à faire quelque chose). Synon. traîner* les bottes.Chacun se mit à étouffer sous le sac, à traîner des pieds pesants et meurtris (Benjamin, Gaspard,1915, p.53).Vers le soir, les hommes traînaient les pieds. Mais il était difficile de deviner s'ils avaient des pensées plus graves que celles d'un soir de grande marche (Romains, Hommes bonne vol.,1938, p.91).
3. [Instrument d'une action]
a) [Pied est précédé de la prép. à, déterminant un subst. désignant un instrument, un mécanisme, une machine] À pied. Qui se manoeuvre à l'aide du pied. Pour les personnes possédant une machine [à coudre] à pied, et qui, pour des raisons de santé, ne pourraient la faire marcher sans risquer de gros accidents, il a été créé aussi un petit moteur (Lar. mén.1926, p.781).La direction était manoeuvrée par une espèce de guidon, et il y avait frein à pied et frein à main (P. Rousseau, Hist. techn. et invent.,1967, p.344).
b) Loc. à valeur propre et fig.
Appel* de/du pied. Ceux qui attendent des appels de pied et des sonneries de clairon se trompent en se tournant vers moi (J.-R. Bloch, Dest. du S.,1931, p.29).Les grèves prennent souvent le caractère d'un avertissement, d'un appel du pied au gouvernement et à l'opinion publique (Traité sociol.,1967, p.497).
Faire du pied (à qqn) (v. faire1). Hortense me faisait du pied sous la table (Benoit, Atlant.,1919, p.217).Elle avait très bonne tenue tout en faisant du pied sous la table aux amis du vieux banquier qui lui plaisaient (Proust, Fugit.,1925, p.591).
c) En partic.
α) [Instrument d'une action violente, d'une lutte] Allonger, envoyer, flanquer... son pied au cul, au derrière, aux fesses; écarter, repousser... du pied; lutter avec les pieds et les mains; tenir le pied sur la gorge*. Si vous saviez? Vous chasseriez du pied celle que vous appelez votre épouse! (Borel, Champavert,1833, p.26):
7. ... file tout de suite, et estime-toi heureuse que je sois embarrassée, car je t'aurais déjà fichu mon pied quelque part. Comme si, brusquement, cette menace se réalisait, Catherine reçut dans le derrière, à toute volée, un coup de pied... Zola, Germinal,1885, p. 1332.
P. métaph. Les Turcs (...) se contentent, dans leur politique, d'écarter du pied l'ennemi qui leur fait ombrage (Lamart., Voy. Orient,t.2, 1835, p.111).Cela nous permettra de parler de quelques amours plus connus que bons à connaître, pour leur donner du pied au derrière (Sand, Corresp.,t.4, 1855, p.68).
Coup* de pied. P. métaph. Newton donne (...), si j'ose dire, un coup de pied à son système (Bern. de St-P., Harm. nat.,1814, p.342).
Coup de pied de Vénus. Maladie vénérienne. Vénus parfois vous donne De méchants coups de pied qu'un bon chrétien pardonne, Car, s'ils causent du tort aux attributs virils, Ils mettent rarement l'existence en péril (G. Brassens, Poèmes et chansons,Le Bulletin de santé, Paris, Éd. musicales, 57, 1973 [1966], p.302).Voir Carabelli, [Lang. fam.], s.d.
Ne pas se donner de coup de pied. Se vanter complaisamment. (Dict. xxes.).
Croche-pied*.
Marcher sur le(s) pied(s) (de qqn). V. marcher1II A 3 a.
β) [Instrument d'une action sportive] Il est indispensable que le sauteur amène automatiquement −et sans hésitation −son pied d'appel sur la planche d'appel, et ceci avec la plus extrême précision (R. Vuillemin, Éduc. phys.,1941, p.144).Il reçoit directement le ballon sur un coup de pied de but, un coup de pied de coin, une rentrée de touche (J. Mercier, Football,1966, p.24).
SYNT. Pied d'appui, d'impulsion (course, saut); balle au pied, coup de pied retourné, de réparation, à suivre; tirer du (pied) gauche, droit (footb., rugby); cale-pieds* (cycl.); appel du pied, sauter à pieds joints, battements de pieds (natation); appui pieds-barre, pieds-mains (gymn.) (v. Petiot 1982).
Spécialement
ALPIN. Pied amont, aval. [Dans une pente, les pieds étant perpendiculaires au sens de la pente] Pied amont. Pied dirigé vers la montagne. Pied aval. Pied dirigé vers la vallée. Voir Bessière, L'Alpinisme, 1968, p.56 ds Quem. DDL t.27.
AUTOMOBILE
Pied au plancher (v. plancher1). Piloter pied au plancher (L'Équipe, 2 août 1965, ds Quem. DDL t.27).
En avoir, en garder sous le pied. Conserver une réserve d'accélération. «En garder sous le pied», pour employer le langage des coureurs automobiles (L'Équipe,17 sept. 1969,ds Petiot 1982).
Lever le pied. V. lever1I A 2.
CYCL. Baisser de pied. Pédaler mollement. Il recommencera ce manège jusqu'à ce que Scieur baisse de pied (L'Auto,10 juill. 1919in Lapaille ds Quem. DDL t. 9).
DANSE. Passe-pied*.
ÉQUIT. Avoir le pied à/dans l'étrier*.
4. [Pour exprimer l'état physique, moral d'une pers.: stabilité, force physique, vigilance, vivacité, etc.; ou inversement: gaucherie, inertie, maladie, mort; pied (partie du corps prise pour le tout) empl. dans des loc. méton.]
(Avoir) bon pied, bon oeil*.
(Se lever, partir...) du bon (v. bon1I A 1 b), du mauvais pied; du pied droit, gauche*. Être dans de bonnes, de mauvaises dispositions. Il faut, dit un des assistants, que vous soyez sorti de votre maison du pied gauche ce matin, ou que vous ayez rencontré une corneille, pour assombrir le coin du feu par des images d'autant plus tristes qu'elles sont vraies (Karr, Sous tilleuls,1832, p.279).
(Ne pas) avoir, rester les deux pieds dans le même sabot, le même soulier. (Ne pas) être gauche, (ne pas) manquer d'énergie, d'initiative. (Ds Lar. Lang. fr.).
Ne bouger, ne remuer ni pied(s) ni patte(s). Être réduit à l'immobilité la plus absolue. Ce bougre-là ne desserrait pas les dents de toute la sainte journée et restait au bord du ruisseau sans remuer ni pieds ni pattes (Cladel, Ompdrailles,1879, p.142).
Ne pas se moucher* du pied.
S'emmêler les pieds. S'empêtrer, trébucher; au fig., s'embrouiller. (Ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
a) En partic.
α) [À propos de la naissance]
Faire des pieds neufs. ,,Accoucher`` (Ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
Les petits pieds font mal aux grands. ,,La future mère supporte mal la grossesse`` (Ds Rey-Chantr. Expr. 1979).
β) [À propos de la mort]
Avoir le/un pied dans la fosse*, dans la tombe*.
(S'en aller, partir...) les pieds devant/en avant/les premiers. Être mort, être porté en terre. Je puis dire à Votre Excellence qu'il ne sortira que les pieds les premiers de la citadelle (Stendhal, Chartreuse,1839, p.420):
8. hugo: Si on me remplace, je quitterai le Parti. olga: Qu'est-ce que t'imagines? Crois-tu qu'on peut quitter le Parti? Nous sommes en guerre, Hugo, et les camarades ne rigolent pas. Le Parti, ça se quitte les pieds devant. Sartre, Mains sales,1948, 5e tabl., 1, p.180.
γ) [Pour caractériser une manière de marcher, de se tenir, de se comporter face à certaines situations] Avoir le pied joyeux, timide, sûr; Achille au pied léger*. Comment s'arrange-t-il [l'alpiniste aveugle] aux passages dangereux? −Oh! il a le pied montagnard (A. Daudet, Tartarin Alpes,1885, p.187).Elle allait d'un pied pressé, tandis qu'il allongeait ses grandes jambes comme s'il devait, à chaque pas, traverser un ruisseau (Maupass., Contes et nouv.,t.1, Diable, 1886, p.237).
(Attendre* qqn, qqc., tenir) de pied ferme. V. ferme1I B 1 a.
Avoir le pied marin. V. marin1C.
(S'en aller, partir...) du même pied (que qqn). Avoir une démarche égale à celle de quelqu'un. Synon. tenir pied (infra).Partant à chaque pas du même pied, je doublais par cette allure contrainte l'effort et le chemin (Dusaulx, Voy. Barège,t.1, 1796, p.250).
P. ext. Il est difficile que deux projets si différents aillent du même pied (Ac.1798-1935).
Faire des pieds et des mains. V. main 1resection I H 4 d.
(Combattre, lutter, résister...) pied à pied. (Combattre, lutter...) pas à pas, fermement; céder le moins de terrain possible.
[En parlant d'une armée, d'une troupe] Ces communes du temps de Charles VII, lesquelles, avec la petite noblesse de province, reconquirent pied à pied, de sillon en sillon, le sol de la France (Chateaubr., Mém.,t.1, 1848, p.484).Une défense locale qui disputait isolément, pied à pied, chaque pouce de terrain (Valéry, Variété IV,1938, p.78).
P. métaph. Les deux génies, germanique et latin, se disputent pied à pied la possession des territoires et des âmes (Barrès, Serv. All.,1905, p.5).Parmi les adversaires du jansénisme, écrit le R. P. Boulay, «les uns, d'une nature plus ardente, combattaient l'erreur, pied à pied, par la plume et par la parole (...)» (Bremond, Hist. sent. relig.,t.4, 1920, p.308).
Tenir pied à boule*.
Tenir pied (à qqn) (rare). Aller à la même allure (que quelqu'un). (Ds Rob., Lar. Lang. fr.). Synon. aller du même pied.
b) Loc. pop. et fam.
Casser* les pieds (à qqn). Ennuyer, importuner.
Subst. inv. Un(e) casse-pieds*.
Faire les pieds (à qqn). (Lui) donner une bonne leçon, (le) remettre à sa place. Lola avait l'air absent, il eut envie de la faire souffrir un peu, pour lui faire les pieds (Sartre, Âge de raison,1945, p.36).Ça lui fera les pieds, cria Jany (...) il ne sera pas le premier qui ira en tôle pour sabotage (Vialar, Hte-mort,1951, p.45).
C'est pour ses pieds. Ça le regarde; ça lui apprendra. Synon. c'est pour sa pomme.Voir Esn. 1956.
C. − [Pied dans des expr., des loc. à valeur symbolique]
1. [Pour exprimer la puissance, l'autorité de qqn; les expr. évoquent des attitudes, des situations partic.: admiration, respect, soumission, etc.] Baiser les pieds; tomber, se jeter aux pieds de (qqn); déposer (qqc.) aux pieds de (qqn); s'agenouiller, se réfugier aux pieds de (qqn). La voilà donc, cette orgueilleuse, à mes pieds! se dit Julien (Stendhal, Rouge et Noir,1830, p.418).Pourquoi suis-je ici? C'est pour mettre à vos pieds mon amour, mon sort, ma vie (Toepffer, Nouv. genev.,1839, p.156):
9. Vous ne savez pas de quelle façon il l'aime... Vous l'avez vu... Il a l'air d'un homme froid. Cela ne l'empêche pas de se traîner parfois aux pieds d'Odette en sanglotant comme un enfant... Simenon, Vac. Maigret,1948, p.160.
[Le suj. désigne un chien] Venir au pied. Venir, sur l'injonction du maître, du dresseur, se placer à ses pieds. (Ds Lar. Lang. fr.). Au pied!
2. [Pour exprimer un état d'infériorité, une situation dévalorisante, dégradante]
Avoir un boulet* au pied.
Pieds et poings liés. V. lier I A 1 a.
DR. Mettre (qqn) à pied; mise à pied. (Action de) destituer, de renvoyer, de retirer (à quelqu'un) son emploi, de façon temporaire. Synon. suspendre, suspension.Une mise à pied enseigna à notre inspecteur à faire plus exactement son service (Larch.1865, p.247).Une révolution aussi complète qu'inattendue est venue le même jour et du même coup (...) exiler le maître, mettre à pied les hommes (La Hêtraie, Chasse, vén., fauconn.,1945, p.172):
10. La belle Normande eut peur, recula, pendant qu'il s'écriait: −Je vous mets à pied pour huit jours! Je vous ferai retirer votre permission, entendez-vous! (...) Quand les Méhudin eurent rendu les dix francs, il les obligea à cesser la vente immédiatement. Zola, Ventre Paris,1873, p.723.
3. [Le pied considéré comme l'extrémité inférieure du corps, et souvent opposé à la tête, symbolisant la pensée, la réflexion]
a) [Avec une connotation dépréc., péj.]
(Être) bête comme ses pieds. V. bête2A 4 a.
(Faire qqc.) comme un pied. D'une manière gauche, maladroite. Mon cher, vous faites l'absinthe comme un pied, et quand on fait l'absinthe comme un pied, on prend un parti énergique. On attend le retour de l'averse, on met les verres sous une gouttière, et la question est tranchée (Courteline, Gaîtés esc.,1886, vii, 2, p.99).La belote, j'y joue comme un pied (Aymé, Quatre vérités,1954, p.168).
P. méton. Pied. Imbécile. Lis-le [un manuscrit] et si tu veux prendre la suite du pied qui m'a torché ce machin-là (...) il y a pour toi deux mille balles (Carco, Montmartre,1938, p.130).
b) [Sans connotation péj.] De pied en cap. V. cap1A.
Des pieds à la tête, de la tête aux pieds. Entièrement. Dévisager, examiner, inspecter, regarder, toiser... qqn de la tête aux pieds; être frissonnant, glacé, trempé des pieds à la tête; être vêtu de noir des pieds à la tête. M. de Château-Renaud, beau jeune homme de trente ans, gentilhomme des pieds à la tête (Dumas père, Monte-Cristo,t.1, 1846, p.574):
11. ... je me suis peut-être fait examiner dix fois depuis qu'il vient quotidiennement à l'hôtel. Chaque fois, il s'y est prêté avec la même patience, m'auscultant des pieds à la tête, avec tous ses instruments, et y perdant un bon quart d'heure. Romains, Knock,1923, III, 3, p.16.
L'arme au pied. Position d'attente, de repos du soldat. Tout le régiment est massé, l'arme au pied (Vercel, Cap. Conan,1934, p.15).Des sentinelles, l'arme au pied, formèrent une sorte de haie au fond de la salle (Ambrière, Gdes vac.,1946, p.292).
c) P. anal. Partie avant du lit (opposée à la tête). Madame de Villanave (...) vêtue d'une robe de chambre, se tenait debout au pied du lit, un revolver à la main (Mauriac, Noeud vip.,1932, p.89).
II. − [Chez l'animal] Partie terminale de la jambe des équidés, de la patte de certains insectes, mammifères, oiseaux. Pied de biche, de chèvre, de lièvre; sabot du pied. Ces petits râles à pieds verts qui sont toujours si gras (Brillat-Sav., Physiol. goût,1825, p.376).À peine sentais-je, à la surface de ma fourrure profonde, les petits pieds agaçants de ces mouches que tu poursuis (Colette, Dialog. bêtes,1905, p.9):
12. Marsyas, nous dit M. Crottu, avait la face bestiale, le nez camus, la chevelure inculte, des cornes au front, les oreilles longues et velues, une queue de cheval et des pieds de bouc. A. France, Vie fleur,1922, p.316.
SYNT. Pied de cerf, de chevreuil; pied de boeuf, de mouton, de veau; pied d'autour, d'épervier, de faucon, de gerfaut (fauconn.); animal à deux, à quatre pieds, à pieds fourchés, fourchus (v. fourchu), palmés; ergot, griffe du pied; maladie du pied de mouton (v. piétin).
Bétail, viande sur pied. Bêtes de boucherie encore vivantes. Des quintaux de viande sur pied (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p.188).
Loc. fig. (Donner, recevoir) le coup de pied de l'âne*. Faire le pied de grue. V. grue1B 2.Tirer, emporter pied ou aile de qqc. V. aile1III B 4.
(Écriture en) pieds de mouche. Synon. vieilli de pattes de mouche (v. mouche I C 7).Une petite lettre écrite (...) d'une jolie écriture en pieds de mouche (Mérimée, Double mépr.,1833, p.19).Après avoir fait, chaque nuit, six heures de pieds de mouche, je suis bien aveuglée et bien roidie du bras droit pour écrire quelques lignes dans la journée (Sand, Corresp.,t.2, 1842, p.206).
A. − En partic.
1. [En parlant de certains animaux]
a) [Chez le cheval] Fourchette, sole du pied; pied cagneux, cerclé, comble (v. comble2), encastelé*, panard; fourbure* du pied; changement de pied (équit.). Je n'entendis plus que la pluie et les pieds de mon cheval, qui pataugeaient dans les ornières (Vigny, Serv. et grand. milit.,1835, p.30).Les coups sourds des pieds du cheval, sur la litière (Châteaubriant, Lourdines,1911, p.251).
Le pied à l'étrier*.
Le pied du montoir/hors du montoir. Le pied avant gauche/droit. (Dict. xixes.; Quillet 1965).
Faire feu des quatre pieds. V. feu1I A 2 a.
Faire pied neuf. Avoir une nouvelle corne qui pousse sur le sabot dessolé. (Ds Littré, Quillet 1965).
Galoper sur le bon, le mauvais pied; sur le pied droit, gauche. Au galop, lever en premier le pied droit, le pied gauche. (Dict. xixeet xxes.).
Manquer des quatre pieds. Faire un faux pas. Dans sa lutte avec son cavalier (...) il lui arriva ce qui arrive toujours aux rosses en pareil cas, il tomba, comme l'on dit, en manquant des quatre pieds (Mérimée, Chron. règne Charles IX,1829, p.38).
Loc. fig., fam. Ne pas se trouver sous le pied d'un cheval. Ne pas se trouver facilement. Synon. usuel ne pas se trouver sous le sabot* d'un cheval.Un honnête homme ne se trouve pas sous le pied d'un cheval (Augier, Ceint. dorée,1855, p.362).
b) [Chez les mollusques] Prolongement musculaire servant au déplacement. Pied d'un escargot. On a comparé ces sortes de bras au pied des mollusques (Boule, Conf. géol.,1907, p.76).
Pouce-pied*.
c) ORNITHOLOGIE
Pied-rouge. ,,Nom populaire du chevalier gambette ou arlequin`` (Duchartre 1973). Le miroir sans tain de la Prée, frissonnant sous l'envol (...) des pieds-rouges (Vialar, Odeurs et sons,1953, p.12).
Pied-vert. Chevalier cul-blanc (...) appelé aussi (...) Pied-vert, Pivette (...) Quelques-uns se cantonnent sur le bord de la mer (Coupin, Animaux de nos pays,1909, p.98).
d) VÉNERIE
α) Patte d'un gibier. Faire les honneurs du pied. V. honneur II A.Lever le pied du cerf. V. lever1I B 2.
β) P. méton. Empreinte laissée au sol par un gibier que l'on chasse (cerf, chevreuil, sanglier...). Repérer, suivre les pieds d'un cerf. Si le piqueur (...) s'est assuré que la bête n'en est pas sortie [de l'enceinte] (ce qu'il est possible de savoir par le «pied», car aucun animal ne possède la même empreinte) il peut alors dire qu'il l'a «détournée» (Vialar, Rendez-vous,1952, p.244).
Faire le pied. Évaluer l'espèce, l'âge, la taille... d'une bête en examinant ses empreintes. [La Frondée à son maître] −Monsieur, j'ai détourné un cerf. Puis, ayant fait le pied, il dit ce qu'était la bête de chasse (Vialar, Rendez-vous,1952p.34).Je m'aperçois que ce n'est pas la peine de tuer les animaux, mais je fais toujours le «pied», c'est-à-dire que je m'en vais au petit matin reconnaître les traces (H. Vincenot dsTélé 7 jours, 9-15 févr. 1985, no1289, p.79).
Prendre le pied. ,,En parlant du veneur, suivre la voie d'un grand animal`` (Burn. 1970).
2. ART CULIN.
a) Cette partie de l'animal (de boucherie) utilisée et préparée comme aliment. Pieds de cochon, de porc grillés, panés; pieds de veau vinaigrette; pieds de mouton sauce poulette; pieds farcis. Mettez dans l'ustensile dit pot-au-feu, six oignons blancs (...) une douzaine de carottes rouges (...) et deux pieds de veau (Gdes heures cuis. fr.,L. Tendret, 1896, p.201).Marchands de pieds de porc (...) de fromages, de salades (Fargue, Piéton Paris,1939, p.20).
Pieds-paquets. ,,Pieds de mouton mélangés avec des morceaux de panse de mouton farcis et ficelés en petits paquets, le tout assaisonné d'une sauce fort relevée`` (Chaud. 1970). Un concentré de poissons dont madame Roux avait le secret, ou une bouillabaisse (...) ou des loups ou des rougets de roche, ou des pieds-paquets (Cendrars, Homme foudr.,1945, p.97).
b) Vieilli. Petits-pieds. Petit gibier à plumes qui se mange rôti. Voir Delvau 1867, p.513.
B. − P. anal. (d'aspect). Objet, partie d'objet rappelant par sa forme un pied d'animal. Des fauteuils à pieds de lion, dont le coussin débordait sur le dossier (Gautier, Rom. momie,1858, p.318).Été comme hiver, il est pantalonné de drap militaire et muni de cette prolongation de l'étoffe sur la chaussure qu'on appelait autrefois «pieds d'éléphant» (L. Daudet, Salons et journaux,1917, p.79).
Rem. Les subst. comp. de pied + subst. désignant un animal, se trouvent infra 3eSection.
III. − P. anal. (de fonction)
A. − Partie d'une chose qui repose sur le sol, qui est en contact avec le sol. Le pied d'une butte, d'une colline, d'une échelle, d'un mât; s'agenouiller, se prosterner au pied d'un autel, d'une croix, d'un trône; se trouver au pied de l'échafaud. C'est au pied de ce Capitole, où vinrent expirer tant d'empires, que j'ai lu Tite-Live (Krüdener, Valérie,1803, p.141):
13. Une fois dans cette belle cour, les Slavsky prenaient le majestueux escalier de pierre au pied duquel Henriette avait absolument tenu à accrocher une boîte à lettres, comme tous les autres locataires de la maison. Triolet, Prem. accroc,1945, p.121.
Appartement, maison de plain-pied*.
P. anal. Une trombe chaude, une de ces tornades dont le pied en pas de vis ramasse et porte à cent lieues un panache de sable, de graines, d'insectes (Colette, Sido,1929, p.58).
Loc. fig. Être à pied d'oeuvre*. Mettre (qqn) au pied du mur*.
1. En partic. [En parlant d'un végétal]
a) Partie qui touche le sol, qui sort du sol. Le pied d'un arbre. Une rangée de tilleuls assez malingres au pied desquels pousse une herbe rare (Bernanos, Crime,1935, p.867).Le pied [du champignon de couche] montre non loin du chapeau une sorte de collerette, un anneau membraneux (Bot.,1960, p.261 [Encyclop. de la Pléiade]):
14. Représentez-vous les rois de France rendant au pied d'un chêne la justice à leurs sujets, vous serez ému de ce spectacle, et vous révérerez cet exercice auguste et naïf d'une autorité paternelle... Constant, Princ. pol.,1815, p.28.
Pied(-)bleu (région.). Variété de champignon (Tricholoma). (Ds Roll. Flore t.11 1967, p.153). On sait cultiver, outre le champignon de couche (...) le pied-bleu (Plantefol, Bot. et biol. végét.,t.2, 1931, p.164).
(Bois, céréales...) sur pied. (Bois, céréales...) tels qu'ils se présentent avant la coupe, la récolte, la moisson. Le facteur apporta une lettre chargée (...) «C'est de l'oncle (...) Il est ravi (...) Une récolte superbe, vendue sur pied...» (A. Daudet, Sapho,1884, p.206).Nous, on laisse attendre sur pied la moitié de la moisson pour faire du grain tout de suite (Aymé, Jument,1933, p.178).
Sécher sur pied. S'étioler, se flétrir sans être récolté. Il n'arrose point son marais; Ses épinars et sa laitue Sechent sur pied (Florian, Fables,1792, p.51).On rencontre par terre de petits rails qui rampent perdus dans le foin séché sur pied (Barbusse, Feu,1916, p.178).
P. métaph. [En parlant d'une pers.] Languir, se consumer d'ennui, de tristesse. Je suis une fille sans dot, et il faudra que je gagne mon pain. Gouvernante ou sous-maîtresse, voilà mon lot; cela vaut encore mieux que de sécher sur pied dans ce trou de Juvigny (Theuriet, Mariage Gérard,1875, p.51).Tout le monde était encore stupéfait de l'éclipse totale de Nana. On la réclamait, les anciens amis séchaient sur pied (Zola, Nana,1880, p.1316).
Prendre pied. S'enraciner. De grands espaces où l'arbre ne prend pied que sous la tutelle de l'homme (Vidal de La Bl., Princ. géogr. hum.,1921, p.184).
b) P. méton. La plante tout entière. Pied de fraisier, de laitue, de pomme de terre, de vigne. Je suis sûr d'avoir passé auprès d'un admirable pied de boryana variabilis: il pesait une demi-livre avec les racines (About, Roi mont.,1857, p.204).Les pieds de chicorée s'étoilant et verdissant (Pergaud, De Goupil,1910, p.104).
Pied cornier*.
Pied(-)mère. V. mère1I D 1.
2. Spécialement
a) COUT. Pied d'un col. Côté par lequel un col est cousu. (Dict. xixeet xxes.). Pied de dentelle. Dentelle basse cousue au bord d'une étoffe. (Dict. xixes., Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop.).
b) GÉOM. Pied d'une bissectrice, d'une hauteur, d'une perpendiculaire... Point où la bissectrice, la hauteur, la perpendiculaire... forment un angle droit avec la ligne ou le plan qu'elles rencontrent. Dans un triangle quelconque, les milieux des trois côtés, les pieds des trois hauteurs et les milieux des trois segments qui joignent l'orthocentre (ou point de concours des hauteurs) aux trois sommets sont situés sur une même circonférence (Gds cour. pensée math.,1948, p.440).
c) HÉRALD. ,,Pointe ou partie inférieure de l'écu`` (Mots rares 1965; ds Guérin 1892).
d) SC. DE LA TERRE, MÉTÉOR.
Pied de glace. ,,Accumulation de glace fixée au pied d'une falaise marine ou lacustre, et provenant aussi bien du gel de l'eau que de la diagénèse de la neige`` (Géomorphol. 1979). Le gel agit en tant que processus continental sur les falaises des mers des pays froids et même des pays tempérés. Mais il agit surtout par la glace d'hiver, ou pied de glace (Derruau, Précis de géomorphol.,Paris, Masson, 1965, p.359).
Région. (Normandie, Picardie, Touraine, Canada). Pied de vent. Cirrus, dont le mouvement indique la direction du vent. (Ds Chass. 1970). Voir Rougé, Folkl. Touraine, 1943.
e) TECHNOL. Assise, base données à une construction, à un objet, afin de les rendre plus stables, plus solides. Donner du pied à une échelle, à un mur. Une surcharge placée près du bord de l'excavation [d'une ardoisière] nécessitera [un talus] avec plus de pied (Haton de La Goupillière, Exploitation mines,1905, p.422).
f) TYPOGR. Blanc de pied. ,,Blanc qui se trouve sous la dernière ligne au bas de la page`` (Carabelli, [Lang. impr.], s.d.).
Pied de lettre. ,,Extrémité du caractère à l'opposé de l'oeil`` (Comte-Pern. 1963).
Ligne* de pied.
B. − Partie d'un objet jouant un rôle de soutien, de support. Pieds de chaise; pieds sculptés; pied d'un appareil photographique. Une urne de Melchior montée sur un pied qui servait de tronc (Zola, Ventre Paris,1873, p.705).Un divan (...) recouvert d'une jolie soierie à fleurs Louis XVI, et que l'ébéniste a doté de pieds tournés de même style (Romains, Hommes bonne vol.,1932, p.36).
Verre à pied:
15. À dîner, voyant ma mère boire dans un verre assez commun, je lui dis: −Maman, quand je serai grand, je te donnerai un beau verre à pied, long comme un cornet à fleurs, pareil à celui que j'ai vu dans une ancienne gravure... A. France, Pt Pierre,1918, p.238.
SYNT. Pieds d'une armoire, d'un coffre, d'un guéridon, d'un lit, d'une table; pied d'un chandelier, d'une coupe, d'un vase; pieds ouvragés, travaillés, en balustre, en fuseau; pied démontable, télescopique.
Pied de fontaine. ,,Piédestal supportant une coupe de fontaine`` (Chabat t. 2 1876).
Nez* en pied de marmite*.
MÉCANIQUE
Pièce d'une machine à coudre qui maintient l'étoffe appuyée sur la tablette, tout en permettant le passage de l'aiguille. La machine possède les accessoires permettant de réussir la reprise (plaque à repriser, pied repriseur) (Mathiot, Éduc. mén.,1957, p.104).
Pied de bielle. ,,Extrémité de la bielle articulée sur le piston`` (Dew. 1973). L'appellation «pied de bielle» étant réservée au coussinet venant s'articuler, soit dans la crosse de tige de piston, soit dans le piston lui-même suivant le cas (Ambroise, Monteur mécan.,1949, p.29).
MÉTROL. Pied à coulisse*. Voir Cl. Duval, Verre, 1966, p.111.
2eSection. [Unité de mesure] Unité de mesure (de longueur, surface, volume) usitée autrefois en France avant l'adoption du système métrique, qui était divisée en douze pouces et valait 0,324 m. (pied de roi), soit approximativement la longueur d'un pied d'homme. Arbre de cent pieds de haut; il est tombé deux pieds de neige. On coupait la cuisse à un cuirassier, beau jeune homme de cinq pieds dix pouces (Stendhal, Chartreuse,1839, p.45):
16. Les copains se regardèrent. Ils avaient lâché le fusil pour le surin, par goût, par fureur instinctive, par raisonnement, car tirer dans cette cour de cent pieds carrés où on était les uns sur les autres, c'était se massacrer entre soi. Mille, Barnavaux,1908, p.147.
Mesure anglaise, américaine (foot) ou canadienne encore en usage (notamment dans l'aviation, la navigation en mer ou sous mer) et valant 0,3048 m. On convint qu'il dormirait auprès de ma tente. J'exigeai entre nous une distance de six pieds anglais (About, Roi mont.,1857, p.114).
I. − P. ext. Longueur, surface approximative. Posséder quelques pieds de terre; tirer une langue d'un pied de long. Espérons, du moins, qu'on ne refusera pas à la dépouille du petit-fils de Henri IV quelques pieds cubes de terre française (Coppée, Franc-parler II,1896, p.77).
Pied de nez*.
Avoir un pied de fard, de rouge sur la figure. Être exagérément maquillé. Une femme aux cheveux jaunes, avec un pied de rouge sur la figure, une voiture qui sentait l'horizontale d'une lieue (...) est venue tantôt (Proust, J. filles en fleurs,1918, p.702).
Avoir (de qqc.) cent pieds par-dessus la tête (vieilli). (En) être excédé, (en) avoir par-dessus la tête. Mon dégoût pour la France ne fait qu'augmenter, et j'en ai cent pieds par-dessus la tête (Chateaubr., Corresp.,t.2, 1817, p.2).
(Souhaiter, vouloir...) être à dix, à cent pieds sous terre. Être rempli de confusion, de honte. Voulez-vous être reconnu, ou n'être pas reconnu? −Je voudrais être à cent pieds sous terre, ou avoir votre impassibilité (Stendhal, L. Leuwen,t.3, 1835, p.54).La conversation du génie et du débutant ne fut qu'une suite de silences et de petits mouvements. Le jeune souhaitait d'être à dix pieds sous terre (Fargue, Piéton Paris,1939, p.94).
Proverbe. [P. allus. à la fable de La Fontaine: La Lice et sa compagne] Si vous lui donnez un pied, il en prendra quatre. Si vous êtes trop généreux, trop indulgent avec une personne, celle-ci abusera rapidement de votre bonté. Voir J.-F. Rolland, Dict. mauv. lang., 1813, p.104.
II. − Au fig.
A. − Vieilli. Au pied, sur le/un pied + adj. ou de + subst.
1. Sur la base (de), dans la position (de). Considérer, mettre, traiter (des personnes, des choses) sur le même pied. Les Galibis s'engagèrent à creuser sept pirogues que le charpentier accepta sur le pied de deux cents livres chacune (Chateaubr., Génie,t.2, 1803, p.448).Ils étaient les seuls légitimés des cinq bâtards de Son Altesse, et traités sur le pied et avec les honneurs de princes légitimes (Bourges, Crépusc. dieux,1884, p.6):
17. Nous ne pouvons pas accepter, après la guerre, l'accession de l'Allemagne et de l'Italie aux matières premières sur le même pied que la France qu'elles ont atrocement dépouillée. De Gaulle, Mém. guerre,1954, p.478.
Au pied de la lettre*.
P. iron. Au petit pied. En raccourci, dans de modestes proportions.
[Appliqué à une chose] Plus d'une fois je me laissai aller à prendre au sérieux les académies au petit pied, les instituts de pacotille (Reybaud, J. Paturot,1842, p.277).Littérature au petit pied, renonçant de gaieté de coeur à la grande manière de traiter la nature humaine (Renan, Avenir sc.,1890, p.443).
[Appliqué à une pers.] Un Napoléon au petit pied. Corentin fut, non pas le conseil de ce ministre, mais son âme damnée, le Tristan secret de ce Louis XI au petit pied (Balzac, Tén. affaire,1841, p.97).Le gouvernement cumulait à la fois le pouvoir exécutif et le pouvoir législatif et faisait figure de dictateur au petit pied (Vedel, Dr. constit.,1949, p.92).
(Être) sur un bon, un mauvais pied. (Être) dans une situation favorable, défavorable. [Madame de Beaumesnil] s'empara énergiquement de la direction d'une fortune embarrassée qu'elle remit sur un bon pied et qu'elle sut y maintenir (Feuillet, Sibylle,1863, p.8).
(Être, vivre...) sur un pied d'égalité (avec qqn). (Être considéré, traité) de la même manière (que quelqu'un). Le comte du Châtelet (...) prit Lucien dans sa voiture et le traita sur un pied d'égalité (Balzac, Illus. perdues,1839, p.520).On vivait sur un pied d'égalité absolue quant à la nourriture (Cendrars, Bourlinguer,1948, p.178).
(Être) sur le pied de guerre*, de paix
[Appliqué à une armée] (Être) prêt à combattre, à passer à l'action; (être) en état de repos, de paix. Ces quarante mille hommes, qui nous coûteraient à peu près 20 millions par an sur le pied de paix, nous en coûteront 30 sur le pied de guerre (Chateaubr., Congrès Vérone,t.2, 1838, p.296).
P. métaph. J'ai aperçu MmeSwann sur son pied de guerre, elle devait partir pour quelque offensive fructueuse (Proust, J. filles en fleurs,1918, p.515).
2. En partic. [Pour qualifier les ressources, le train de vie d'une pers.] Vivre sur un grand pied. Ma grand'mère se privait elle-même pour le mettre sur le pied de luxe insensé qu'on exigeait de lui (Sand, Hist. vie,t.2, 1855, p.175).
B. − Lang. pop. et arg.
1. Arg. [Chez les voleurs] Part d'un butin. Travailler pour son pied. [Le chauffeur, ayant amené un client au cabaret] passe dans la cuisine pour «toucher son pied» (Simonin, J. Bazin, Voilà taxi!1935, p.75).Avance-lui les sommes dont il aurait besoin. On les retiendra sur son pied [lors du partage] (Le Breton, Rififi,1953, p.64):
18. manuel: (...) C'est à la Varenne qu'elle a sa villa? le barman: Oui. Garage. Salle de bains. T.S.F. Chauffage central. Téléphone, tout le confort... manuel: Ne t'en fais pas. T'auras ton pied... J. Dyssord, L'Amour tel qu'on le parle,1929ds J. Cellard, Anthologie de la litt. arg., Paris, Mazarine, 1985, p.359.
Rem. ,,Un commentaire sur ces derniers mots. Avoir son pied signifie ici avoir sa part d'une affaire`` (J. Cellard, loc. cit.).
Il y a du pied. Il y a un butin possible à partager. Jamais on n'aura eu un cantonnement pareil (...). Tu y trouves de tout chez les marchands. −Si y a la brigade, y a du pied (Barbusse, Feu,1916, p.70).
2. P. ext., loc., pop.
En avoir (son) pied (de qqc.). En avoir assez. J'en avais pied d'être le seul bon mec, pied de me casser le chou à tout comprendre, à admettre toutes les faiblesses (Simonin, Touchez pas au grisbi,1953, p.136).
C'est (pas) le pied! C'est (ça n'est pas) très agréable, remarquable, stimulant. Synon. c'est (pas) le rêve.Faire un voyage avec des copains: c'est «le pied». On n'est pas dans le cadre de la famille, c'est la fête, quoi (Réalités,oct. 1976, p.80, col. 1).Pour les femmes indépendantes de la boum-génération, côté amour-toujours, c'est pas le pied (Elle,14 juill. 1980, p.7).
Prendre son pied
Éprouver une jouissance sexuelle, avoir un orgasme. Le râleux facteur l'a surprise un soir, derrière la chapelle, à l'extrémité du hameau, qui prenait joliment son pied avec Tatave, Jules et Julien! (Céline, Mort à crédit,1936, p.600).Il venait de prendre son pied (...) Il s'en ressentait plus pour les largesses (...) Les mâles, avant l'opération, la lune, qu'ils vous donneraient. Mais après... (Le Breton, Rififi,1953p.149).
P. ext. Éprouver un grand plaisir (à faire quelque chose). Le soir où j'ai participé au système [le jeu], là-haut dans la montagne, il avait l'air de se prendre son pied (Giono, Gds chemins,1951, p.225).Celui-là [B. de Jouvenel], révérence gardée, il «prenait son pied» avec ses personnages. Il écrivait joli (Le Point,29 janv. 1979, p.89, col. 1).
C. − SC. ET TECHN.
1. INDUSTR. TEXT. Bain de teinture donné à une étoffe. Pour les noirs d'Elbeuf ou de Sedan, la laine ayant reçu un pied de bleu plus ou moins intense, est teinte dans un bain bouillant (Wurtz, Dict. chim.,t.3, 1878, p.292).
2. MARINE
Jeter, mouiller un pied d'ancre. ,,Mouiller sur une quantité de chaîne à peine supérieure à la profondeur de l'eau, pour un très court séjour en rade`` (Gruss 1978). Le commandant, fatigué d'interroger de sa longue vue cette côte monotone, donna l'ordre de laisser tomber un pied d'ancre, et m'envoya reconnaître le fleuve avec le grand canot (Dumont d'Urville, Voy. Pôle Sud,t.7, 1844, p.12).
Navire ayant du pied dans l'eau. ,,[Navire dont les] oeuvres vives s'(...)enfoncent suffisamment [dans l'eau] pour opposer une résistance à la dérive due au vent`` (Gruss 1978).
Pied de pilote. ,,Qualification donnée aux mesures en pieds données par un pilote pour signifier qu'elles sont exagérées; en effet, par prudence, le pilote prend souvent une certaine marge de sécurité`` (Le Clère 1960).
3. OENOL., BRASS. Pied de cuve, de fermentation. ,,Petite quantité de moût, sur laquelle on provoque la fermentation et qui, incorporée dans la masse du moût, en favorise la fermentation`` (Agric. 1977). Il est très utile de rajeunir la levure choisie au moment de l'employer [pour la fermentation du moût de miel] en la faisant multiplier à part dans quelques litres de moût stérilisé par l'ébullition. On déverse ensuite ce pied de cuve dans le moût de miel (Boullanger, Malt., brass.,1934, p.661).
III. − LING., VERSIF.
A. − ,,Unité rythmique constituée par un groupement de syllabes de valeur déterminée (quantité, accentuation), et que les métriciens de l'Antiquité considéraient comme définie essentiellement par un battement de pied (...) sur l'une des syllabes`` (Mar. Lex. 1951). Pied pair, impair, irrationnel, pur. Pourquoi la rime, les pieds, les ritournelles, la mesure, le rythme, nous plaisent-ils dans la musique et dans la poésie? (J. de Maistre, Soirées St-Pétersb.,t.2, 1821, p.25).
B. − P. anal. et abusivement. Chacune des syllabes constituant un vers. L'alexandrin est un vers de douze pieds. L'un des princes de la poésie à douze pieds (Veuillot, Odeurs de Paris,1866, p.123).Un prénom de trois pieds évidemment, pour la bonne cadence, et finissant par une syllabe masculine (Arnoux, Gentilsh. ceinture,1928, p.99).
3eSection. [1erélém. de loc. comp. pied + de + subst. désignant un animal et précisant l'anal.]
I. − SC. ET TECHN.
A. − BOT. Nom populaire de certains végétaux. Pied(-)d'alouette. V. alouette.Pied(-)de(-)chat. V. chat1.
Pied(-)de(-)chèvre. Synon. de boucage. (Dict. xixes., Lar. 20e).
Pied(-)de(-)coq. Variété de renoncule. Je deviens botaniste. J'étudie le bouton d'or, ou pied-de-coq, la dent-de-lion, le coucou (...), etc. C'est délicieux d'insignifiance (Renard, Corresp.,1900, p.215).
Pied(-)de(-)corneille. Variété de plantain. (Ds Guérin 1892, Lar. 19e-20e).
Pied(-)de(-)griffon. Variété d'ellébore. Voir Planchon, Collin, Drogues orig. végét., t.2, 1895-96, p.922.
Pied(-)de(-)lièvre. Trèfle des champs. (Dict. xixes.; ds Nouv. Lar. ill., Lar. 20e).
Pied(-)de(-)lion. Alchemille vulgaire de la famille des Rosacées. Voir Code pharm., 1821, p.135.
Pied(-)de(-)loup. Lycopode d'Europe. (Dict. xixeet xxes.).
Pied(-)de(-)mouton. Variété de champignon (l'hydre sinué). Voir Martellière, Gloss. Vendômois, 1893, p.240.
Pied(-)d'oiseau. Plante fourragère (ornithopus perpusillus). (Dict. xixeet xxes.).
Pied(-)de(-)veau. Arum. Voir Codex, 1884, p.38.
B. − GÉOLOGIE
Pied(-)d'alouette*.
Pied(-)de(-)vache. ,,Ainsi nommés parce qu'on les attribue parfois à l'action du poids du bétail sur les pentes, ce sont des sortes de banquettes larges de quelques décimètres et séparés par des talus raides`` (Derruau, op. cit., p.169).
C. − TECHNOLOGIE
1. Pied(-)de(-)chat. Instrument servant à sonder l'âme des canons. (Dict. xixeet xxes.).
2. Pied(-)de(-)chèvre
Pièce de bois servant de soutien aux montants de la chèvre. (Dict. xixeet xxes.).
En ferblanterie, forme servant à plier des feuilles métalliques. [Les] outils de chaudronniers et de tôliers [comprennent] (...) le pied de chèvre (Champly, Nouv. encyclop. prat.,t.15, 1927, p.27).
Levier de métal dont l'extrémité est fendue. Synon. pied(-)de(-)biche.Voir Carabelli, [Lang. impr.], s.d.
D. − TYPOGR. Pied(-)de(-)mouche. Signe typographique servant à indiquer un paragraphe, une remarque, un renvoi (notamment dans les ouvrages liturgiques). Le pied-de-mouche (...) sert de point de repère ou appelle l'attention (E. Leclerc, Nouv. manuel typogr.,1932, p.152).
E. − ZOOLOGIE
Pied(-)de(-)cheval. Grosse huître commune qui existe en Méditerranée, dans l'océan Atlantique, la Manche et la Mer du Nord. Une langue comme cette huître qu'on appelle pied-de-cheval (Renard, Journal,1894, p.197).
Pied(-)de(-)pélican. ,,Coquillage commun sur le littoral méditerranéen`` (Animaux 1981).
II. − Domaine de l'industr., des loisirs
A. − ART CULIN. Pied(-)de(-)gazelle. V. gazelle.
B. − INDUSTR. TEXT. Pied(-)de(-)poule*. Pied(-)de(-) coq. (Étoffe à) dessin de même type que le pied-de-poule, mais d'une taille supérieure. Jupe plissée (...) lainage pied de coq fantaisie rouge (Le Figaro,28 mars 1952, p.11, col. 7-8).
C. − JEUX ET SPORTS
Pied(-)de(-)boeuf. Jeu dans lequel les participants doivent mettre leurs mains les unes au-dessus des autres, puis les retirer en commençant par celles du dessous, tout en comptant jusqu'à neuf; et celui qui énonce ce nombre saisit la main d'un autre joueur en disant «je tiens mon pied-de-boeuf». Quand ma soeur ou la fille aînée du vitrier venaient me provoquer aux jeux classiques de pied de boeuf ou de main chaude, je n'en trouvais aucun à mon gré (Sand, Hist. vie,t.2, 1855, p.168).
Pied(-)d'éléphant. Sac de couchage d'alpiniste, qui ne couvre que la partie inférieure du corps et peut se fixer sur une veste en duvet. (Ds Gautrat 1970). Maintenant au complet nous dînons rapidement puis sortons grandes cagoules et pieds d'éléphant (La Montagne, no344, avr.-juin 1949, p.26 ds Quem. DDL t.27).
III. − Arg., vieilli. Pied(-)de(-)cochon. Pistolet. Des pistolets sont apportés (...) [S. en met une paire] de côté. «(...) je vais aller changer ces pieds de cochon» (Vidocq, Mém.,t.2, 1828-29, p.319).
REM.
Pedibus, adv.,fam. [P. allus. à l'expr. lat. macaronique et fantaisiste pedibus cum jambis «avec les pieds et les jambes»] À pied. Si par hasard en omnibus De loin tu voyais pedibus Ton ancien tu l'appellerais, Et ta place lui offrirais (E. de La Bédollière, Français peints par eux-mêmes,t.5, École Polytechnique, 1842, p.115).Voir D'Esparbès, Folie épée, 1927, p.89.
Prononc. et Orth.: [pje]. Pas de liaison de d sauf dans qq. loc. Littré, Rob.: mettre pied à terre [pjetatε:ʀ] avec assourdissement de [d] final en [t]; Barbeau-Rodhe 1930: mettre pied à terre [pje(t)atε:ʀ]; Buben 1935, § 230, Fouché Prononc. 1959, p.377: pied-à-terre (subst.) [pjetatε:ʀ] mais mettre pied à terre [pjeatε:ʀ]. Littré: tenir pied à boule [pjetabul]; Littré, Rob.: de pied en cap [pjetɑ ̃kap]. Att. ds Ac. dep. 1694. Composés avec pied, v. le détail des mots. Prop. Catach-Golf. Orth. Lexicogr. Mots comp. 1981, p.270, 271 et 283: soudure et régularisation du plur. dans les composés à 2 termes (un piébot, des piébots), tolérance pour le trait d'union et plur. au 1erterme dans les composés à 3 éléments (un pied de biche, des pieds de biche). Étymol. et Hist. I. A. 1. a) 2emoitié xes. «partie extrême de la jambe de l'homme» (St Léger, éd. J. Linskill, 165); 1550 pied plat (Paré, OEuvres, éd. J. F. Malgaigne, 1, 308); b) ca 1240 a sec piet (J. de Thuin, Jules César, 35, 17 ds T.-L.); ca 1480 a pié sec la mer passèrent (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 42999); c) 1579 pieds nus (R. Garnier, La Troade, éd. W. Foerster, II, 101); 1937 subst. masc. plur. «sandales» (Tarif-Album-Manufrance, p.222 ds Quem. DDL t.16); d) 1611 ne pas se moucher du pied (Cotgr.); e) 1606 trouver chaussure à son pied «trouver ce qui convient» (Nicot, p.21); f) 1660 avoir le pied dans la fosse (Oudin); 1845 avoir le pied dans la tombe (Besch.); g) 1808 mettre les pieds dans le plat «ne plus garder de mesure» (Hautel); 1903 id. «commettre une grosse bévue» (Nouv. Lar. ill.); 2. a) ca 1100 descendre a pied «descendre de cheval» (Roland, éd. J. Bédier, 120); ca 1200 il a mis pié a terre «id.» (Chevalier cygne, 184 ds T.-L.); b) 1216 metre pié (quelque part) (G. Le Clerc, Fergus, 140, 13, ibid.); 1538 mettre le pied (quelque part) (Est.); c) 1548 toujours le pié en l'air «changer sans cesse de place, être vif» (Noël Du Fail, Baliverneries, éd. J. Assézat, 174); d) 1450-65 partir les pieds devant (La Farce de Maistre Pathelin, éd. Holbroock, 595); 1623 sortir les pieds devant (Sorel, Francion, éd. A. Colombey, 310); e) 1452 tenir pied ferme «rester fidèle à ses alliés» (Jean De Bueil, Le Jouvencel, éd. L. Lecestre, 2, 113); 1587 de pied ferme (F. De Lanoue, 324 ds Littré); f) ca 1460 à pied levé «à l'improviste» (G. Chastellain, Chroniques, éd. K. de Lettenhove, II, 184, 9); 1549 au pied levé (Est.); 1572 prendre qqn au pied levé (19 nov., Lettr. miss. de Henri IV, I, 46 ds Gdf. Compl.); g) ca 1480 ne scay de quel pié dancer (Mist. Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 22624); 1611 ne pas savoir sur quel pied danser (Cotgr.); h) 1611 planté sur le pied gauche «placé dans une mauvaise situation» (ibid.); 1962 se lever du pied gauche (Rob.); i) 1640 tomber sur ses pieds (Oudin); 1685 fig. retomber sur ses pieds (Fur.); j) 1869 ne pas se donner de coup de pied «se vanter complaisamment» (Littré); 3. a) ca 1100 a pied «en marchant» (Roland, éd. J. Bédier, 2138); ca 1160 genz de pié «la piétaille» (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 6682); 1174-76 metre a pié «réduire dans une situation fâcheuse» (Guernes de Pont Ste-Maxence, St Thomas, éd. E. Walberg, 6132); 1685 mettre qqn à pied «lui faire vendre son équipage» (Fur.); 1869 être à pied «être sans travail» (Littré); 1898 mettre à pied (un salarié) (Guérin); b) ca 1100 en piez «debout» (Roland, éd. J. Bédier, 195); 1771 en pied (portrait, statue) (Trév.); c) 1551 mettre le pied sur la gorge (Du Villars, Mémoires, II ds Gdf. Compl.); d) 1554 sus les pieds (être) «debout, rétabli» (Tahureau, Dial., p.91 ds La Curne); 1685 être sur pied «guéri, rétabli» (Mmede Sévigné, Lettres, éd. M. Monmerqué, t.7, 411); 1660 mettre sur pied «guérir un malade» (Oudin); e) 1668 remettre sur pied «rétablir dans ses affaires» (Molière, L'Avare, II, 6); 1687 établir qqn sur un bon pied «lui procurer de grands avantages» (Mmede Maintenon, Lettre à Mr de Villette ds Littré); 4. a) 1306 prendre pié «aborder sur la terre ferme» (Joinville, St Louis, éd. N. de Wailly, 142 f); 1580 prendre pied «s'établir d'une coutume» (Montaigne, Essais, éd. P. Villey, I, 173); b) 1616 lâcher le pied «reculer, s'enfuir» (D'Aubigné, Hist., I, 22 ds Littré); 1656-57 lâcher pied «céder, montrer de la faiblesse» (Pascal, Provinciales, éd. Brunschvicg, IV, 261); c) 1671 avoir pied (Pomey); 5. a) 1527 avoir bon pied, bon oeil «se porter bien» (Chevalet, Myst. S. Christ., D II ds Gdf. Compl.); b) 1616 avoir le pied marin (D'Aubigné, Hist., II, 293 ds Littré); 1671 avoir le pied léger (Pomey); 6. ca 1195 pié a pié «pas à pas» (Ambroise, Guerre sainte, 10892 ds T.-L.); 1580 pied à pied «peu à peu, graduellement» (1erjuin, Lettr. miss. Henri IV, I, 304 ds Gdf. Compl.); 7. 1873 à pied de bas (marcher) «sans chaussures» (Gazette Tribunaux, 14 mars, p.250, 1recol. ds Littré Suppl. 1877). B. 1. Ca 1200 piet (d'un cheval) (Elie de St Gille, 1894 ds T.-L.); 1678 «sabot qui protège l'extrémité de la région digitée chez le cheval» (Guillet); 2. 1793 faire feu des quatre pieds (Hébert, Le père Duchesne, no325, 2 in G. Walter, Hébert et le père Duchesne, Lexique de la langue d'Hébert ds Quem. DDL t.15); 3. 1608 faire le pied de grue (M. Régnier, Satyre III, éd. G. Raibaud, p.32); 4. 1585 petits pieds «petits oiseaux qui se mangeaient rôtis» (Noël Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, 2). II. 1 a) Ca 1140 piet de la tor (Pélerinage Charlemagne, éd. G. Favati, 611); 1155 al pie del munt (Wace, Brut, éd. I. Arnold, 13749); b) 1694 réduire qqn au pied du mur «ôter toute échappatoire à» (Ac.); 1718 mettre qqn au pied du mur (ibid.); 1898 à pied d'oeuvre (DG); 2) a) ca 1230 «partie la plus basse d'un arbre» (G. Leclerc, Trois mots, 237 ds T.-L.); 1563 cent mille pieds d'arbres «plants» (B. Palissy, Récepte, 116); b) 1460-66 fig. elle séchoit sur le pie (Martial d'Auvergne, Arrêts d'amour, éd. J. Rychner, XXIX, 137); 1690 sécher sur pied (Fur.); 3. ca 1200 pied (d'un meuble) (Poème moral, 389c ds T.-L.); id. un hennap d'argent a piet (ds Doc. concern. l'hist. de l'art dans les Flandres..., éd. C. Dehaisnes, I, 44); 4. 1685 «largeur d'une base» (Fur.); 1690 «penchant qu'on donne à des ouvrages pour les soutenir» (ibid.). III. 1. a) Ca 1100 «unité de mesure» (Roland, éd. J. Bédier, 2400); b) 1648 (avoir) un pied de «une couche épaisse de» (Scarron, Virgile travesty, L. IV, p.307); c) id. faire un pied de nez «être mortifié» (Id., ibid., L. III, p.236); 1898 faire un pied de nez à qqn (DG); d) 1808 vouloir être à cent pieds sous terre (Hautel); 2. a) 1585 au petit pied «en raccourci, en petit» (Noël Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, 67); b) 1609 il réforme à son pied (M. Regnier, Satyre XI, éd. G. Raibaud, p.141); c) 1611 au pied de la lettre (Cotgr.); 1671 prendre la chose un peu trop au pied de la lettre (Pomey); d) 1753 sur un pied d'égalité (négocier) (Voltaire, Ann. empr. Leopold ds Littré); e) 1754-57 être sur un grand pied «mener grande vie» (St Foix, Ess. Paris, OEuvres, t. IV, 287 ds Pougens ds Littré); 1869 vivre sur un grand pied «id.» (Littré); 3. 1538 petit pied «instrument de mesure du charpentier» (Est.); 1771 «instrument en forme de petite règle» (Trév.); 1903 pied à coulisse (Nouv. Lar. ill.); 4. 1899 pied «plaisir» (ds Esn.); 1926 prendre son pied «éprouver un très vif plaisir à» (Fr. Carco, L'Amour vénal, p.179 ds Cellard-Rey 1980). IV 1. Ca 1380 «syllabe dans le vers français» (Jean Lefevre, Trad. La Vieille, 10 ds T.-L.); 2. 1549 «dans le vers grec ou latin, groupe de syllabes constituant la mesure élémentaire du vers» (Du Bellay, Deffense langue francoyse, éd. H. Chamard, 262). Du lat. pedem, acc. de pes, pedis «pied des hommes et des animaux», «pied (mesure)», «pied (métrique), mètre, vers», «tige de fruit, de plante». Fréq. abs. littér.: 31035. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 49898, b) 57959; xxes.: a) 41673, b) 33290. Bbg. Chautard Vie étrange Argot 1931, pp.71-73. _Clédat (L.). De Qq. loc. qui contiennent le mot pied. R. de Philol. fr. 1928, t.40, pp.5-9. _Dinguirard (J. C.). Gasc. et argot fr. Mél. Séguy (J.). 1978, t.1, pp.206-207. _Doillon (A.). Le Mot pied. Amis Lex. fr. 1975, no516, pp.43-54. _Quem. DDL t.4 (s.v. pied à l'étrier), 9, 10 (s.v. avoir le pied marin), 14 (s.v. bain de pied), 16 (s.v. pied-nu), 18, 21 (s.v. verre à pied), 27, 30 (s.v. pied d'éléphant). _Sain. Arg. 1972 [1907], p.97.