| PICARD, -ARDE, adj. et subst. A. − 1. (Personne) qui est originaire de Picardie et/ou qui y habite. Les deux familles dont je procède, l'une picarde et l'autre ardennaise, étaient originairement des familles de paysans (Michelet, Peuple, 1846, p.20).L'accent gras, lent et doux et têtu des Picards (par Picards j'entends les habitants du territoire compris depuis Amiens jusqu'à Dunkerque exclusivement) (Verlaine, OEuvres compl., t.5, Quinze jours en Holl., 1893, p.201).Céline s'amusait d'elles, Omer aussi, un peu surpris, quelquefois, de voir tant de gaieté à la grosse Picarde (Adam, Enf. Aust., 1902, p.7). 2. [En parlant d'un animal domestique] Dont la race est originaire de cette région. Cheval, mouton picard. L'épagneul de Pont-Audemer et l'épagneul picard, chiens rustiques et vigoureux (...) ne craignant ni les ronciers et les buissons (Vidron, Chasse, 1945, p.114). B. − Qui est propre à la Picardie, à ses habitants. Pays, littoral picard; campagne, plaine picarde; accent picard. L'art picard et champenois du Moyen Âge, parce qu'il parle surtout des moissons et des vendanges, révèle un peuple de cultivateurs (Faure, Espr. formes, 1927, p.90). ♦ Dialecte, patois picard, p.ell., picard, subst. masc. sing. Dialecte de langue d'oïl parlé autrefois en Picardie et dans une partie du Hainaut belge; patois moderne qui lui a succédé. C'est un poète contemporain de Montaigne, qui se serait librement servi, non seulement du français d'alors mais encore du picard et du languedocien, et malgré cela toujours noble (Stendhal, Hist. peint. Ital., t.2, 1817, p.126).En Picardie et dans une partie de la Normandie, (...) c, g sont restés intacts (cf. picard cat pour chat, rescapé pour réchappé, qui a passé récemment en français (....)) (Sauss.1916, p.274). Prononc.: [pika:ʀ], fém. [-aʀd]. Étymol. et Hist.A. Adj. ca 1285 langage pickart, langage pikart (Coutumes Lilles, éd. R. Monier, p.35). B. Subst. début du xives. [ms.] Picart «habitant de Picardie» (Raimbert de Paris, Ogier le Danois [var. du ms. B.N. 24403), éd. J. Barrois, t.1, p.543, note 7). Dér. régr. de Picardie [région du Nord de la France]. Déjà att. comme nom propre en 1285 (Jacques Bretel, Tournois chauvency, éd. M. Delbouille, 2094: A ce mot parole Pikart). Cf. aussi le lat. médiév. Picardus d'abord att. comme nom propre (1099-1101, Willelmus Picardus d'apr. R. Dubois, Le Domaine picard, 1957, p.1), puis comme nom commun au sens de «habitant de Picardie» (av. 1142, Latham et 1229, Mathieu Paris ds Du Cange, s.v. Picardia: Qui enim seminarium tumultuosi certaminis moverunt, erant de partibus conterminis Flandriae, quos vulgariter Picardos nominamus). Fréq. abs. littér.: 101. Bbg. Dubois (R.). Le Domaine pic. Arras, 1957, 169 p._Emrik (R.). Le Parler pic. Amiens, 1978, 82 p. _Flutre (L. F.). Du moyen pic. au pic. mod. Amiens, 1977, 256 p . _Gossen (C.T.). Gramm. de l'anc. pic. Paris, 1976, 226 p.; Zur lexikalen Gliederung des pikardischen Dialektraumes. Mél. Wartburg (W. von) 1968 t.2, pp.133-145. −Walter (E.). Picard/picaro? Le Vertige de l'orig. in'hui/cran. 1981. Amiens, no17, pp.14-16. |