| PHATIQUE, adj. LING. Fonction phatique. Fonction du langage dont l'objet est d'établir ou de prolonger la communication entre le locuteur et le destinataire sans servir à communiquer un message. Il y a des messages qui servent essentiellement à établir, prolonger ou interrompre la communication, à vérifier si le circuit fonctionne («Allo, vous m'entendez?»), à attirer l'attention de l'interlocuteur ou à s'assurer qu'elle ne se relâche pas («Dites, vous m'écoutez?») ou, en style shakespearien, «Prêtez-moi l'oreille!» −et à l'autre bout du fil, «Hm-hm!». Cette accentuation du contact −la fonction phatique, dans les termes de Malinowski (...) −peut donner lieu à un échange profus de formules ritualisées, voire à des dialogues entiers dont l'unique objet est de prolonger la conversation (R. Jakobson, Essais de ling. gén., trad. par Ruwet, Paris, éd. de Minuit, t.1, 1963, p.217).La fonction phatique du langage semble d'abord une innovation de Jakobson. Mais il renvoie lui-même à Malinovsky. En fait, on peut déjà la trouver chez Jespersen (G. Mounin, La Litt. et ses technocraties, Tournai, Casterman, 1978, p.26).Prononc.: [fatik]. Étymol. et Hist. 1963 fonction phatique (R. Jakobson, loc. cit.); 1972 communion phatique (Ling.). Empr. à l'angl. phatic, même sens, mot créé par l'ethnologue angl. B. Malinowski (1923 phatic communion ds NED Suppl.2) par adaptation du gr. φ
α
τ
ι
κ
ο
́
ς «assertif», dér. de φ
α
́
σ
ι
ς «parole; déclaration, affirmation; assertion» (de φ
η
μ
ι
́ «dire; déclarer, affirmer»). Cf. les couples α
̓
ν
τ
ι
́
φ
α
σ
ι
ς −α
̓
ν
τ
ι
φ
α
τ
ι
κ
ο
́
ς , α
̓
π
ο
́
φ
α
σ
ι
ς −α
̓
π
ο
φ
α
τ
ι
κ
ο
́
ς, etc. (v. Chantraine, p.1195b, s.v.
φ
η
μ
ι
́). |