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PERSUADER, verbe trans.
A. − Amener (quelqu'un) à être convaincu (de quelque chose) par une argumentation logique ou faisant appel aux sentiments. Synon. convaincre.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Qqn persuade qqn de qqc./que + ind. ou subj.Papa l'avait persuadée que cela minerait sa situation dans les affaires (Drieu La Roch., Rêv. bourg., 1937, p.260):
1. J'étais certain d'aimer bientôt. Peut-être eût-il suffi dès ce moment d'une brusque décision pour me persuader de mon amour, orgueilleusement en souffrir, en mourir. Giraudoux, Simon, 1926, p.87.
[P. ell. du compl. d'obj. dir.] Qqn persuade de qqc./que + ind. ou subj.M. de Voltaire (...) cherche à persuader qu'il y eut peu de martyrs dans l'église primitive (Chateaubr., Génie, t.2, 1803, p.369).
Qqn persuade qqn.Il n'est pas toujours nécessaire de combattre et d'abattre par la force des adversaires déclarés: on peut les persuader d'abord (Nizan, Chiens garde, 1932, p.179).
Absol. Qqn persuade.Quel charmant apôtre, que celui qui fortifie et persuade par sa seule présence (Amiel, Journal, 1866, p.174).
b) Vx ou littér. Qqn persuade à qqn qqc./que + ind. ou subj.Olivier lui persuada facilement qu'il devoit rester auprès de la duchesse (Genlis, Chev. Cygne, t.3, 1795, p.355).Il ne suffit pas qu'une chose soit dite, il faut qu'elle soit publiée, prouvée, persuadée à tous, universellement reconnue (Senancour, Obermann, t.2, 1840, p.171):
2. Je ne sais quelle amie intrigante était parvenue à persuader à cette âme naïve et si timide qu'il était de son devoir de partir pour Saint-Cloud, et d'aller se jeter aux genoux du roi Charles X. Stendhal, Rouge et Noir, 1830, p.505.
[P. ell. du compl. d'obj. indir.] Qqn persuade qqc./que + ind. ou subj.Cherchez quel est son secret, par quels moyens il parvient à de tels effets, comment il persuade ses opinions (Barante, Hist. ducs Bourg., t.1, 1821-24, p.31).
c) Empl. pronom.
réfléchi
dir. C'est s'abuser soi-même que de se persuader qu'on comprend pareille chose (Destutt de Tr., Idéol. 1, 1801, p.172).Esther s'était mise à détester son fils parce que, se persuadait-elle, il avait eu la lâcheté de lui jeter sa folle résolution dans la figure (Aragon, Beaux quart., 1936, p.242).
indir., vx ou littér. Je me persuade à moi-même toutes sortes d'erreurs (Gobineau, Pléiades, 1874, p.210).Il cherchait à se persuader le contraire (Huysmans, À rebours, 1884, p.104).
réciproque. Ainsi ces deux excellents hommes (...) disputaient ensemble sans jamais se persuader l'un l'autre et sans s'apercevoir jamais de l'évidente inutilité de leurs paroles (A. France, Vie fleur, 1922, p.312).
d) Au part. passé. Synon. convaincu.Êtes-vous persuadée maintenant, madame, qu'il n'y a personne ici? (Camus, Cas intéress., 1955, 1ertemps, 3etabl., p.635).
Empl. adj. du part. passé. J'ai laissé sur cela le comte très persuadé (Staël, Lettres div., 1793, p.500).Je me sentis en ce moment si persuadé de son innocence (...) que j'étais pénétré de repentir (Musset, Confess. enf. s., 1836, p.235).
2. [Le suj. désigne une chose]
a) Qqc. persuade qqn de qqc./que + ind. ou subj.Tout, dans ses propos, son attitude, ses gestes, me persuade à nouveau de son indifférence et de sa froideur à mon égard (Gide,Journal,1914, p.493).Cette idée me persuadait que je devais avoir du plaisir auprès de Rachel (Proust, Prisonn., 1922, p.166).
[P. ell. du compl. d'obj. dir.] Qqc. persuade qqn.Ce discours persuada pleinement mon père (Genlis, Chev. Cygne, t.2, 1795, p.65).
b) Vx ou littér. Qqc. persuade à qqn qqc./que + ind. ou subj.[La Malibran] était comme les jeunes gens qui ont du talent, mais dont l'âge plus bouillant et l'inexpérience leur persuadent toujours qu'ils n'en feront jamais assez (Delacroix, Journal, 1824, p.171).Affranchi des vaines terreurs et détourné des cruautés que la religion persuade aux hommes ignorants (A. France,Île ping.,1908, p.165).
[P. ell. du compl. d'obj. indir.] Qqc. persuade qqc.L'expérience même semble persuader le contraire (J. Vuillemin, Essai signif. mort, 1949, p.53).
B. − Amener (quelqu'un) à faire quelque chose.
1. [Le suj. désigne une pers.]
a) Qqn persuade qqn de faire qqc.J'ai fini par le persuader d'en prendre une [garde-malade] que j'ai été chercher (Ramuz, A. Pache, 1911, p.305).Se soûler pour trouver le courage de te parler, pour te persuader de t'échapper de ce foutu train d'excursion (Camus, Requiem, 1956, 1repart., 3etabl., p.856).
b) Vx ou littér. Qqn persuade à qqn de faire qqc.Le moindre cuistre eût pu l'émouvoir, l'irriter, le troubler et, au besoin, lui persuader d'agir ou de s'abstenir dans la sphère de ses goûts les plus purs et de ses habitudes les plus modestes (Sand, Hist. vie, t.4, 1855, p.362).Il (...) lui persuada d'écrire (Goncourt, Ch. Demailly, 1860, p.12).
c) Empl. pronom. Les artistes se persuadent aisément de ne rien devoir à ceux qui les ont précédés (Mauriac, Vie Racine, 1928, p.227).
Vx ou littér. [Construit avec un inf. dir.] Se persuadant ne céder qu'à la cupidité seule (Péladan, Vice supr., 1884, p.150).Ils se persuadent aspirer pleinement à l'abolition de leur être, dans tous les cas (Blondel, Action, 1893, p.32).
2. [Le suj. désigne une chose] Qqc. persuade qqn/à qqn de faire qqc.Voici une raison, un intérêt, une occasion qui me détermine, en d'autre termes, qui me persuade d'agir (Lacord, Conf. N.-D., 1848, p.190).
REM.
Persuadeur, -euse, adj.,rare. Qui est susceptible de persuader. Parfums persuadeurs qui montent du lit creux! (Cros, Coffret santal, 1873, p.94).Cette existence avait fini par devenir d'un charme sombre et persuadeur (Villiers de L'I.-A., Contes cruels, 1883, p.29).
Prononc. et Orth.: [pε ʀsɥade], (il) persuade [pε ʀsɥad]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. a) 1370-72 absol. «conseiller, amener les gens à croire ou à vouloir quelque chose» (Oresme, Ethiques, éd. A. D. Menut, livre X, 20, fol. 220a, note 15, p.538); b) 1370-72 trans. (Id., ibid., livre III, 11, fol. 49c, p.197: nul ne s'efforce de persuader, admonester et enduire nous par painne, menace ou promesse); c) 1658-62 pronom. (Pascal, Pensées, éd. L. Lafuma, 737, p.596); 2. a) ca 1460 «faire admettre quelque chose par la persuasion» persuader qqc. à qqn (G. Chastellain, Chron., éd. Kervyn de Lettenhove, IV, 489); b) 1460 persuader à qqn que (Id., ibid., 439); c) 1546 persuader à qqn de faire qqc. (La Bible..., impr. à Genève par Jehan Girard, 2 Mac., 4, fol. 71 ro); 3. 1546 pronom. «s'imaginer» (Est.); 1559 avec un inf. dir. (Amyot, Calon, 29 ds Littré). Empr. au lat. class. persuadere «décider à faire quelque chose; convaincre», comp. de per- préf. à valeur intensive et de suadere «conseiller». Fréq. abs. littér.: 3778. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 6029, b) 4103; xxes.: a) 4883, b) 5784. Bbg. Gohin 1903, p.282. _Loveday (L. C.). Persuader in Mod. Fr. Mod. Lang. 1961, t.42, pp.99-100.