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PERMETTRE, verbe trans.
A. − Empl. trans.
1. [Le suj. désigne une pers.] Vouloir bien que quelque chose se passe, donner son accord, son consentement. Synon. accepter, autoriser, concéder.On est surpris que maman et ma soeur permettent des obsèques civiles (Renard,Journal, 1900, p.567).J'aurais chéri Navarin comme un père, j'aurais comblé ce vieux Cacique de respects et d'égards, je me serais fait son disciple docile, s'il l'eût permis (A. France,Pt Pierre, 1918, p.43).Demain, mon père, si vous le permettez, je noterai le détail de votre plan (Billy,Introïbo, 1939, p.98).
Permettre que + subj.Deux ou trois fois, je permis qu'il me serrât longuement contre son coeur dans une clairière (Adam,Enf. Aust., 1902, p.89).Vous permettez que je fasse quelques pas avec vous? (Simenon,Vac. Maigret, 1948, p.43).
Permettre à qqn de + inf.Donner à quelqu'un l'autorisation, la liberté de faire quelque chose. Elle lui avait permis de fumer en sa présence: la fumée de ses cigarettes, à lui, avait une odeur si bonne, si réconfortante! Elle l'aspirait avec délices (Larbaud,F. Marquez, 1911, p.195).Les Allemands avaient enfermé hommes et femmes dans l'église, et puis après avoir mis le feu, ils avaient permis aux femmes de sortir (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.229).
P. ell. Si vraiment vous permettez que je vous embrasse, j'aimerais mieux remettre cela à plus tard et bien choisir mon moment. Seulement il ne faudrait pas que vous oubliiez alors que vous m'avez permis (Proust,Guermantes 2, 1921, p.363).
Absol. Emmanuel, allant au-devant de sa mère, met un genou en terre et lui prend la main. Madame la marquise permet? (Dumas père, P. Jones, 1838, 2, p.125).Comme Passavant lui tendait son étui à cigarettes: −Si vous permettez, je préfère... −Je ne permets pas du tout. Avec vos affreuses cigarettes de contrebande, vous allez m'empester la pièce. Je n'ai jamais compris le plaisir qu'on pouvait trouver à fumer ça (Gide,Faux-monn., 1925, p.1195).
Permettre qqc. à qqn.En la reconduisant, je la priai de me permettre un baiser. Sara s'était souvenue, à mes visites du jour de l'an, que j'avais évité sa bouche, et en cette occasion-ci, elle s'en ressouvint encore (Restif de La Bret.,M. Nicolas, 1796, p.7).Il est impossible que je permette à des femmes un voyage comme celui-ci: mauvais chemins, chemins peu sûrs et fangeux (Napoléon Ier, Lettres Joséph., 1807, p.128).Puisque M. de Seigneulles permettait le bal à son fils, il aurait bien dû lui payer une paire de gants jaunes (Theuriet,Mariage Gérard, 1875, p.14).
2. [Le suj. désigne une réalité concr. ou abstr.] Rendre possible, faire que quelque chose soit réalisable. Quand le temps le permettait, nous sortions, tous les quatre le plus souvent, la gouvernante, Charlotte, mon élève et moi, dans l'après-midi (Bourget,Disciple, 1889, p.149).Puisque la loi permet l'expropriation du fonds moyennant indemnité, pourquoi ne permettrait-elle pas de même l'expropriation des produits du fonds? (Jaurès,Ét. soc., 1901, p.229).
Permettre (à qqn) de + inf.Donner (à quelqu'un) l'occasion, le loisir, la possibilité, le moyen de faire quelque chose. Traité en enfant de la maison, il y eut même sa chambre, y mangea, y vécut, ce qui lui permettait d'envoyer à sa mère la moitié de ses appointements de trois mille francs (Zola,Germinal, 1885, p.1307).La situation devint intolérable, d'autant plus que la pension de retraite ne permettait pas à mon oncle «de m'entretenir dans l'oisiveté» (Frapié,Maternelle, 1904, p.3).La faible contribution du gouvernement ne nous permet pas d'entamer de trop grands ouvrages d'art (Farrère,Homme qui assass., 1907, p.194).V. discours ex. 12.
[P. ell. du compl. indir.] Une ouverture ronde, pareille à celle d'un puits, permettait d'apercevoir le ciel tout constellé d'étoiles (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, 1846, p.465).Au lieu de se séparer de son argent, madame n'a qu'à dire qu'elle l'a perdu! Le résultat sera le même et ça permet de voir venir (Bourdet,Sexe faible, 1931, iii, p.412):
1. C'est l'habitude, quand un camarade est pris, de faire une enquête sur toutes les circonstances qui ont entouré son arrestation. Ça permet souvent d'éviter d'autres coups durs, ça permet quelquefois d'aider celui qui vient de «tomber»... Vailland,Drôle de jeu, 1945, p.31.
Permettre qqc. à qqn.Nous dépassons une caravane de porteurs chargés d'un lot de grenades qui cheminent aussi vite que le leur permet leur charge (Bordeaux,Fort de Vaux, 1916, p.57):
2. Quand nous paraissions tendre à un régime de république suisse, esprit radical et très petit bourgeois, anticlérical, protestant, on évitait manifestement de nous ramener de même au régime de neutralité extérieure qui permet à la Suisse le plus grand nombre de ses expériences sociales à l'intérieur. Maurras,Kiel et Tanger, 1914, p.86.
Au passif. Tout est permis. À Venise, les mondaines ne sortent plus qu'avec un loup sur le visage. Les religieuses aussi. L'agonie des coeurs et des âmes se précipite sous les dehors charmants de la fête perpétuelle. Tout est permis, si l'on n'est vu (Faure,Hist. art, 1921, p.131).
Empl. part. passé adj.:
3. Comme les médecins avaient décidé que Mmede Coantré n'irait pas au delà du 14, et que le 17 elle respirait encore, la garde eut un mot assez beau: «Pauvre Mmede Coantré! Qu'est-ce qu'elle fait donc?» (Entendez: où a-t-elle la tête? Elle ne voit donc pas qu'elle nous fait attendre?) Tout cela, la garde se le croyait permis, étant une vieille amie de la famille. Montherl.,Célibataires, 1934, p.766.
Locutions
Fam. Se croire tout permis. Se croire le droit de tout faire; p.ext., se comporter cavalièrement, de manière grossière, indiscrète ou discourtoise, manquer d'égards ou de retenue. Je les connais, j'en ai vu chez ma mère! Elles se croient tout permis pour l'église (Balzac,Cous. Bette, 1846, p.297).Tout le monde se croit tout permis contre moi (Bloy,Journal, 1893, p.87).
Fam. Ce n'est pas Dieu permis. Synon. ce n'est pas Dieu possible (v. dieu 2esection II B 2 a).
3. [Dans des formules de politesse]
a) [Pour attirer l'attention de quelqu'un, pour contredire, déranger ou interrompre quelqu'un, pour exprimer son opinion ou un avis différent de celui qui vient de l'être, pour demander (fictivement) l'autorisation d'accomplir quelque chose devant quelqu'un] «Vous permettez que j'allume une cigarette, amie?» Il était incorrigible et délicieux. Il avait une manière à lui de prononcer ce mot amie (Martin du G.,Thib., Cah. gr., 1922, p.659).Le café est-il bien chaud? −Mais certainement, monsieur. −Appelez-moi capitaine et permettez-moi, mademoiselle, de vous poser une question. Serais-je indiscret si j'osais allumer ma pipe? Non? Grand merci, mademoiselle (Duhamel,Suzanne, 1941, p.110).Elle vient vous voir souvent, en moyenne une fois ou deux par semaine? −C'est possible. Mais pourrais-je savoir...? −C'est moi qui questionne, si vous le permettez (Simenon,Vac. Maigret, 1948, p.157).V. supra A 1 ex. de Gide.
Absol. Permettez! Vous permettez! Elle y gardait un pupitre où étaient enfermées les lettres de Rodolphe. Il fallut l'ouvrir. −Ah! une correspondance! dit maître Hareng avec un sourire discret. Mais permettez! Car je dois m'assurer si la boîte ne contient pas autre chose (Flaub.,MmeBovary, t.2, 1857, p.148).Permettez! Je sais qu'il y a deux jours vous n'aviez pour moi qu'une inclination modérée. Mais aujourd'hui je compte absolument sur un allié qui oblige cette inclination à se transformer en amour (Curel,Nouv. idole, 1899, ii, 3, p.206):
4. ... vous n'êtes que trop enclin au soupçon. On commence par des ruminations bénignes, on y prend goût, et on finit par devenir insensiblement un véritable paranoïaque. La chose est banale. −Permettez, permettez... protesta faiblement l'historien, moi aussi, j'ai des droits, des devoirs... Il ne m'est pas possible de me désintéresser entièrement. Bernanos,Joie, 1929, p.639.
b) [En précaution oratoire, pour exprimer une opinion qui pourrait sembler déplacée ou qui pourrait blesser qqn] Si son altesse veut me permettre un avis, ne l'attendons pas! Je cerne la brasserie, j'enlève tout, je rase la baraque (Sardou,Rabagas, 1872, i, 13, p.39).De même, (qu'on me permette cette comparaison), la médecine a la surprise de constater que le microbe attaqué de front par les vaccins et les sérums leur oppose des obstacles inattendus (J.-R. Bloch, Dest. du S., 1931, p.308).
4. Empl. impers.
Il/ce (n')est (pas) permis. Il/ce (n')est (pas) possible, on (ne) peut (pas). Cet Auteuil! (...) malgré les becs de gaz obscurs, le macadam absolument dérisoire et gluant comme il n'est pas permis de l'être, (...) il faut aimer ce coin si calme de la Ville (Verlaine,OEuvres compl., t.4, Mém. veuf, 1886, p.201).Est-il permis une seule fois au cours de cette guerre d'accueillir des préoccupations qui soient hors de l'actualité et de la souffrance commune? (Barrès,Cahiers, t.11, 1918, p.355).Il est (...) permis de dire que le site gouverne en partie l'habitat (Vidal de La Bl.,Princ. géogr. hum., 1921, p.173).
[En exclamative, pour exprimer le reproche, la désapprobation] Si c'est permis, tout taché de vert, des talons pleins de boue (Vallès,J. Vingtras, Enf., 1879, p.61).Neuf heures passées, est-il permis! Jamais on ne se lèvera demain (Zola,Germinal, 1885, p.1280).
Il n'est pas permis à tout le monde. Il n'est pas donné à tout le monde, tout le monde ne peut pas. (Dict. xixeet xxes.).
B. − Empl. pronom. réfl.
1. S'accorder quelque chose qui n'était pas possible ou qui était défendu, avoir la possibilité, les moyens de se procurer quelque chose. Je crois qu'une honnête femme peut se permettre, en tout bien tout honneur, de petites coquetteries sans conséquence, qui font partie de ses devoirs en société (Balzac,E. Grandet, 1834, p.69).Il décida (...) de se payer un bon dîner, un dîner à trois francs, dans un hôtel bourgeois. Il pouvait se permettre cela: voilà deux mois qu'il ne dépensait rien (Benjamin,Gaspard, 1915, p.105).Il n'était pas encore vieux mais tout de même il ne pouvait plus se permettre les excès d'autrefois; en fait il se les permettait, et même il les multipliait: peut-être pour se prouver qu'il était encore jeune (Beauvoir,Mandarins, 1954, p.194).
En partic. [Le compl. désigne des attitudes, des paroles, un comportement] Faire, dire, oser quelque chose qui peut choquer, qui peut aller contre les convenances. Se permettre d'étranges propos, des plaisanteries. Après avoir prouvé qu'il ne pouvait pas aimer; pour la première fois de sa vie il se permit avec madame d'Aumale des demi-mots presque tendres (Stendhal,Armance, 1827, p.161).Avec ses intimes, elle appelait ainsi [mon petit mufe] le comte Muffat; et ces messieurs ne la questionnaient plus sur lui autrement: «Tu as vu ton petit mufe hier soir?... Tiens! Je croyais le trouver ici, le petit mufe?» Une simple familiarité que pourtant elle ne se permettait pas encore en sa présence (Zola,Nana, 1880, p.1440).Pendant la minute qu'elle se mit à enfiler ses gants, un plissement indécis, ébauche de grimace ou de sourire, ne cessa de taquiner ses lèvres (...). À ce moment-là, si elle s'était permis certain sourire effronté, peut-être bien qu'il ne se fût pas retenu de la jeter dehors (Martin du G., Thib., Mort père, 1929, p.1314).
2. Se permettre de + inf.Prendre la liberté de, avoir l'audace de faire quelque chose, oser faire quelque chose. Dès le coup de téléphone, je me suis permis de m'informer avant mon départ. Je sais donc que vous êtes arrivé par le train de dix heures (Bernanos,Crime, 1935, p.765):
5. La communauté israélite dont elle fait partie s'était cotisée pour lui procurer quelques secours. Cela n'a pas suffi. Nous organisons une représentation à son bénéfice, je me suis chargée de placer des billets. On m'a dit à l'ambassade que nous pourrions compter sur vos sentiments de générosité, on m'a encouragée à vous importuner hardiment. Je ne me serais pas permis de vous écrire. Vogüé,Morts, 1899, p.328.
Absol. Blanche: (...) Il a deviné que je voulais lui parler seul. Il l'a mise en voiture, et il est resté. Alors, je lui ai dit... Alors, je l'ai prié... de renoncer... aux projets de vengeance qu'il pouvait avoir contre vous... Courpière: Vous vous êtes permis! (Hermant,M. de Courpière, 1907, iv, 8, p.31).
[Dans des formules de politesse] Puis-je me permettre de vous demander, mon père, quel a été le résultat de vos réflexions? (Dumas fils, Dame Cam., 1848, p.228).
Prononc. et Orth.: [pε ʀmεtʀ ̭], (il) permet [pε ʀmε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. v. mettre. Étymol. et Hist. 1. Fin xes. permetre «donner liberté, possibilité de dire, faire quelque chose» (Passion, éd. D'Arco Silvio Avalle, 56), attest. isolée; à nouv. 1357 (Livre noir, ms. 535, fo4 ds Caffiaux, Régence d'Aubert de Bavière, p.83); 1585 «tolérer ce qu'on pourrait empêcher» (N. Du Fail, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, 145); 1718 «tolérer ce qu'on ne peut pas empêcher» (Ac.); 2. 1538 il est permis (de) (Est.); 1553 si Dieu le permet «si aucun événement ne l'empêche» (Bible Gérard, 6, 3 ds FEW t.8, p.251); 1668 se croire tout permis (Boileau, Satires, éd. C. H. Boudhors, IX, 121, 70); 1690 «autoriser quelque chose à quelqu'un» (Fur.); 1694 il n'est pas permis à tout le monde de (Ac.); 3. 1547 (formules de politesse) permettez-moi que (Marguerite de Navarre, Nativité, éd. Schneegans, 927); 1582 Permettez moy de (Garnier, Bradamante ds Tragédies, éd. W. Foerster, IV, 57); 1669 permis à vous «formule qui exprime l'indifférence ou le mépris pour ce que pense ou fait l'interlocuteur» (Molière, Tartuffe, II, 4); 1694 à vous permis «id.» (Ac.); 1857 Permettez! «formule pour contredire quelqu'un, protester ou imposer sa volonté» (Flaub., loc. cit.); 4. 1580 «donner le moyen, la possibilité de faire quelque chose» (B. Palissy, Discours admirable, 341 ds IGLF); 5. 1559 verbe pronom. «se donner la licence de faire des choses dont on devrait s'abstenir» (Amyot, Alex., 83 ds Littré). Empr. au lat. permittere «laisser libre, permettre» avec francisation d'apr. mettre*. Fréq. abs. littér.: 13769. Fréq. rel. littér.: xix:a) 18831, b) 17940; xxes.: a) 16736, b) 22811. Bbg. Cledat (L.). Contribution à un nouv. dict. hist. et «de l'usage». R. Philol. fr. 1915-16, t.39, p.177).