| PERFECTIONNISTE, subst. et adj. A.− 1. Péj. ou PSYCHOPATHOL. (Personne) qui est animé(e), obsédé(e) par un souci exagéré de la perfection en toute chose, notamment qui apporte un soin extrême, excessif dans la finition de son travail. La scrupulosité, la constante culpabilité, la mésestime de soi, le doute à propos des moindres gestes et pensées, l'insatisfaction foncière du perfectionniste le harcèlent sans relâche et risquent de le rendre incapable de poser tout acte positif (Bastin1970).Beaucoup de parents (...) sont animés du « démon de la perfection » ou perfectionnisme (...). Débordées par les soins du ménage, passant du forcing alimentaire au forcing scolaire, les mères perfectionnistes s'épuisent dans leurs efforts désespérés pour tout contrôler (Psychol. Enfant1976). 2. (Personne) qui cherche à s'améliorer dans une branche quelconque. Perfectionniste de nature, il s'est longuement rodé en province et à l'étranger avant d'oser se présenter sur une scène parisienne aux côtés de Barbara (Cl. Sarrauteds Le Monde,20 déc. 1966, p. 17, col. 2).Saint-Martin sait qu'il peut recevoir encore d'utiles leçons de cet homme de cheval complet. Puisque son patron est perfectionniste, lui aussi le sera (Réalités,avr. 1967, p. 95, col. 2). B.− Rare. (Personne) qui croit au progrès illimité, à la perfectibilité (v. ce mot D) de l'homme, à la perfection (v. ce mot D). La personne dont je parle semblait avoir été créée pour symboliser les doctrines de Turgot, de Price, de Priestley et de Condorcet, − pour fournir un exemple individuel de ce que l'on a appelé la chimère des perfectionnistes (Baudel., Nouv. Hist. extr.,1857, p. 493). C.− Subst. masc. plur. Au xixes., secte religieuse des États-Unis, caractérisée par ,,la communauté des biens et celle des femmes`` (Littré); au sing., membre de cette secte; adj., qui se rapporte à cette secte. Les perfectionnistes peuvent être considérés comme des communistes chrétiens. (...) Le perfectionniste a le droit de faire tout ce que bon lui semble; l'Esprit-Saint, qui habite en lui, écarte de son âme la souillure du péché. (...) Le premier phalanstère perfectionniste fut établi à Putney (Lar. 19e).Les sectes fanatiques de la Russie, les mormons et les perfectionnistes des États-Unis (Taine, Dern. Essais crit. et hist.,1893, p. 94). REM. 1. Perfectionnisme, subst. masc.péj. ou psychopathol. Tendance, comportement du perfectionniste. On a vu, au cours des travaux préparatoires du VIePlan, fleurir les astuces fiscales. En soi ces projets sont souvent bien fondés. Ils n'ont qu'un inconvénient : venir renforcer la complexité d'un domaine déjà trop complexe. Le perfectionnisme en la matière ne peut que nous nuire (Entreprise,23 avr. 1971, p. 25, col. 3).V. supra ex. de Psychol. Enfant 1976. 2. Perfectionnite, subst. fém.,fam. ,,Manie de la perfection`` (GDEL). Prononc. : [pε
ʀfεksjɔnist]. Étymol. et Hist. 1. 1846 (Besch. : Perfectionniste s. m. Celui qui rêve une perfection absolue, un progrès illimité. Il se prend toujours en mauvaise part); 2. 1869 nom d'une secte américaine (Littré); 3. 1966 « personne qui recherche la perfection dans ce qu'elle fait, fignole (à l'excès) son travail » (Cl. Sarraute, loc. cit.). Dér. de perfection*, prob. d'abord empr. à l'angl. perfectionist, att. dep. 1694 au sens 1 (NED) et dep. 1834 en anglo-amér. dans l'empl. corresp. à 2 (DAE); suff. -iste*. |