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PERCEVOIR, verbe trans.
I.
A.− Saisir, prendre connaissance par les sens. Percevoir une couleur, une odeur, un son. Ne perçois-tu pas, sous la peau presque nue de mes tempes, sous ma peau bleuâtre et transparente de bête racée, le battement de mes artères? (Colette, Dialog. bêtes,1905, p. 120).Ils étaient tout près, penchés sur moi... sur mon corps je percevais leur haleine, l'une atteignait ma main, l'autre ma joue, l'autre ma gorge (Giraudoux, Suzanne,1921, p. 190).
PSYCHOL. Prendre connaissance de la présence et des caractéristiques des objets extérieurs par l'organisation des données sensorielles. Nous ne percevons, pratiquement, que le passé, le présent pur étant l'insaisissable progrès du passé rongeant l'avenir (Bergson, Matière et Mémoire,Paris, Alcan, 1917, p. 163):
1. Je perçois cette table sur laquelle j'écris. Cela signifie, entre autres choses, que mon acte de perception m'occupe, et m'occupe assez pour que je ne puisse pas, pendant que je perçois effectivement la table, m'apercevoir la percevant. Quand je veux le faire, je cesse pour ainsi dire de plonger dans la table par mon regard, je me retourne vers moi qui perçois, et je m'avise alors que ma perception a dû traverser certaines apparences subjectives, interpréter certains « sensations » miennes, enfin elle apparaît dans la perspective de mon histoire individuelle. Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945, p. 275.
Empl. pronom. passif. Rien ne ressemble moins encore à la manière dont les sensations se perçoivent, dont les idées et les désirs se forment réellement, que ces opérations partielles d'un sens, qu'on fait agir dans un isolement absolu du système, qu'on prive même de son influence vitale, sans laquelle il ne saurait y avoir de sensation (Cabanis, Rapp. phys. et mor.,t. 2, 1808, p. 304).Les cimes plates ondulent, se ploient et s'inclinent comme des ailes. Puis un murmure se perçoit (Pesquidoux, Chez nous,1921, p. 116).
B.− Saisir, prendre connaissance par l'intuition ou par l'entendement. Synon. discerner, saisir.Il percevait chez elle à des profondeurs secrètes, des mouvements hors de la volonté en Dieu de son directeur, mouvements courts et craintifs, qui n'osaient aboutir, mais qu'il sentait qu'elle refoulait (Goncourt, MmeGervaisais,1869, p. 228).L'homme perçoit Dieu en son cœur (Béguin, Âme romant.,1939, p. 93):
2. Pas assez de ferveur pour remettre en fusion mon Œdipe, dont, au début de mon séjour ici, j'avais ressorti les fragments; tout juste assez d'intelligence pour en percevoir les défauts. Gide, Journal,1930, p. 970.
II.− Encaisser (des sommes qui sont dues), recevoir (les produits, les revenus d'une chose). Percevoir un impôt, une taxe, un droit d'entrée. Les innovations des grands et les prix que ceux-ci fixent sont décisifs en ce qui concerne les profits perçus par les petits (Perroux, Écon. XXes.,1964, p. 631).
[P. anal.] Nous arrivâmes à Sarrebrück après neuf heures de marche sous une pluie battante, sans autre nourriture que la maigre portion perçue le matin au départ (Ambrière, Gdes vac.,1946, p. 45).
REM.
Percevant, -ante, part. prés. en empl. adj.,philos., psychol. Qui perçoit. Entre les donnés respectifs de ce que j'appellerai la conscience subjective et de ce qu'on peut appeler la conscience percevante ou objective nous devons bien penser une harmonie (G. Marcel, Journal,1914, p. 20).Qui perçoit ce rouge? Ce n'est personne que l'on puisse nommer et que l'on puisse ranger avec d'autres sujets percevants (Merleau-Ponty, Phénoménol. perception,1945p. 514).Empl. subst. masc. Le sujet qui perçoit. De l'unité encore extérieure du perçu, on est passé à l'unité intime du percevant, et l'on a restitué au phénomène subjectif son véritable caractère d'acte (Blondel, Action,1893, p. 102).
Prononc. et Orth. : [pε ʀsəvwa:ʀ], (il) perçoit [pε ʀswa]. Att. ds Ac. dep. 1694. Conjug. V. recevoir. Étymol. et Hist. 1. a) Mil. xiies. « remarquer » (Psautier de Cambridge, éd. Fr. Michel, 140, 1 : Sire je reclamai a tei : haste tei a mei, od oreilles parceif ma voiz del reclamant a tei), sens qui subsiste dans le dér. apercevoir*; b) ca 1170 « comprendre quelque chose, se rendre compte de quelque chose » (Marie de France, Lais, Yonec, éd. J. Rychner, 205 : elle parcevra nostre amur); 1188 persevoir (Aimon de Varennes, Florimont, 7192 ds T.-L.); 2. 1282 « procéder au recouvrement d'une somme d'argent, de taxes... » (Texte poitevin cité par C. Diekamp ds Z. fr. Spr. Lit. t. 84, p. 342). Du lat. percipere (de per « à travers » et capere « prendre, saisir, concevoir ») « saisir par les sens, recueillir, comprendre » et à l'époque impériale « recueillir (les fruits de quelque chose, les impôts...) »; percevoir par réfection, par changement de conjug. de l'a. fr. perçoivre, parçeivre (v. T.-L.). Fréq. abs. littér. : 2 595. Fréq. rel. littér. : xixes. : a) 1 672, b) 1 547; xxes. : a) 3 327, b) 6 776.
DÉR.
Percevable, adj.a) Vieilli. [Corresp. à supra I] Qui peut être perçu par les sens, par l'esprit. Synon. perceptible.Chez les sujets éminemment sensibles, les impressions intérieures, et même, dans certains cas, les opérations des viscères qui s'y rapportent, deviennent percevables au moyen de l'extrême attention que ces sujets y donnent (Cabanis, Rapp. phys. et mor., t. 1, 1808, p. 121).Voilà tout le secret du criticisme kantien : ce qui n'a point d'existence substantielle, comme l'espace et le temps, ou d'objectivité percevable, comme la substance et la cause, ne peut être qu'une conception de l'esprit (Proudhon, Créat. ordre,1843, p. 217).b) [Corresp. à supra II] Qui peut être perçu, recouvré. Synon. perceptible, recouvrable.Un impôt percevable (Littré). [pε ʀsəvabl̥]. 1resattest. a) 1413 « qui peut être perçu par les sens » (Christine de Pisan, Le Livre des fais et bonnes mœurs du sage roy Charles V, éd. Solente, t. 2, p. 160), b) 1671 « qui peut être recouvré (d'un revenu) » (Pomey), 1868 « id. (d'un impôt) » (Littré); de percevoir, suff. -able*.
BBG. − Diekamp (C.). Neue Daten zu date und anderen Wörtern aus altpoitevinischen Urkunden des 13. Jahrhunderts. Z. fr. Spr. Lit. 1974, t. 84, p. 342.