| * Dans l'article "PEINTRE,, subst. masc." PEINTRE, subst. masc. A. − Ouvrier ou artisan qui peint des surfaces, des murs, des objets. Brosse, couteau de peintre; les pinceaux du peintre; apprenti peintre. J'ai eu des peintres qui, barbouillant tout le rez-de-chaussée de mon logis, m'ont empoisonné (Flaub., Corresp., 1863, p.319).Le peintre que je charge de faire un raccord arrache brutalement le «capitonnage invisible» que le tapissier avait posé dans les joints des fenêtres et des portes (Barrès, Voy. Sparte, 1906, p.57).En général, le grattage des anciens papiers est exécuté par les ouvriers peintres (Robinot, Vérif., métré et prat.trav. bât., t.6, 1930, p.81). − [Suivi d'un compl. prép. ou d'un subst. apposé indiquant la spécialité] Peintre sur bois; peintre en (de) lettres; peintre en machines; peintre en voitures; peintre de navire. ♦ Peintre en bâtiment(s), peintre(-)vitrier. Professionnel qui peint les matériaux de construction à des fins de protection et de décoration, qui colle les papiers peints et pose les vitres. L'Auvergnat avait fait peindre, gratis sans doute, au pinceau et avec une couleur noire, par quelque apprenti peintre en bâtiments, dans l'espace qui restait sous café de Normandie, ces mots: Rémonencq, ferrailleur, achète les marchandises d'occasion (Balzac, Cous. Pons, 1847, p.107).Le rude vieillard ne distinguait guère ce qui pouvait séparer son art [du peintre] de l'art du peintre-vitrier (Arène, Tor Entrays, 1876, p.162).Quand le peintre en bâtiment Adolf Hitler signa un pacte avec le destin, sans doute n'avait-il pas mesuré la puissance de cet engrenage. Tout est écrit d'avance, mais demeure indéchiffrable jusqu'à l'accomplissement (Mauriac, Journal 2, 1937, p.142). ♦ Peintre décorateur. ,,Professionnel spécialement chargé de la décoration au moyen de peinture des locaux et objets divers`` (Mét. 1955). V. décorateur ex. 2. − PATHOL. Colique des peintres. Intoxication par le plomb se manifestant par des douleurs abdominales violentes. Synon. colique* de plomb, colique* saturnine.La colique des peintres, ainsi appelée parce que les peintres y sont principalement sujets, et que d'autres ont nommée colique de Poitou, parce qu'elle a été observée épidémiquement dans cette province, est une maladie dans laquelle on éprouve une douleur aiguë dans l'estomac, les intestins, les hypocondres et les reins, avec de vives agitations, des nausées, des vomissemens (Geoffroy, Méd. prat., 1800, p.182). B. − Personne, artiste qui pratique l'art de la peinture. Le style pour l'écrivain, aussi bien que la couleur pour le peintre, est une question non de technique mais de vision. Il est la révélation, qui serait impossible par des moyens directs et conscients, de la différence qualitative qu'il y a dans la façon dont nous apparaît le monde, différence qui, s'il n'y avait pas l'art, resterait le secret éternel de chacun (Proust, Temps retr., 1922, p.895): 1. L'essentiel, tout le monde le sait, sauf le peintre académique, n'est pas le métier, la facture, le tour de main par lequel on donne à la toile un lustre et un fini trop souvent malhonnêtes, mais ce qu'il faut bien, faute d'un autre mot, appeler la technique, ou science picturale, par laquelle on soumet les objets réels à la transposition du rythme, des proportions (c'est-à-dire de la déformation), de la couleur ou des valeurs, de la ligne ou du modelé, de l'ornement ou du clair-obscur.
Lhote, Peint. d'abord, 1942, p.145. SYNT. Artiste peintre; peintre de métier; peintre amateur; grand peintre; beau peintre; bon peintre; peintre de talent, de génie; petit peintre; peintre médiocre; mauvais peintre; l'oeil, la vision, l'imagination du peintre; les couleurs, la palette, le langage d'un peintre. − [Suivi d'un compl. ou d'un adj. indiquant la techn. ou le support utilisé, le genre pratiqué ou les sujets étudiés par le peintre, son appartenance à une époque, à un pays, à une école, etc.] Subleyras, qui peignait supérieurement le grand tableau d'église (...) était, en outre, un peintre de genre charmant (Gautier, Guide Louvre, 1872, p.179).Les peintres de chevalet ont pendant cinq siècles eu recours aux artifices de la perspective. Or le théâtre permet au peintre d'exploiter réellement trois dimensions spatiales, d'exprimer ce qui est «derrière la toile» (Serrière, T.N.P., 1959, p.105): 2. Le peintre isole son sujet, première façon de l'unifier. Les paysages fuient, disparaissent de la mémoire ou se détruisent l'un l'autre. C'est pourquoi le paysagiste ou le peintre de natures mortes isole dans l'espace et dans le temps ce qui, normalement, tourne avec la lumière, se perd dans une perspective infinie ou disparaît sous le choc d'autres valeurs.
Camus, Homme rév., 1951, p.317. ♦ Peintre de genre. V. supra ex. de Gautier et gare A 2 c. SYNT. Peintre à l'aquarelle, d'aquarelle; peintre aquarelliste; peintre à fresque, à l'huile; peintre sur émail, sur porcelaine; peintre d'histoire, de portraits; peintre portraitiste, religieux; peintre d'animaux, de fleurs, de paysages, de marine; les peintres anciens, modernes, contemporains; les peintres anglais, espagnols, flamands, français; les peintres officiels, mondains; les peintres indépendants; les peintres réalistes, romantiques, impressionnistes, abstraits, cubistes, surréalistes. ♦ Peintre graveur. Peintre qui ,,grave lui-même son propre tracé`` (Bég. Estampe 1977). La Société des peintres-graveurs indépendants, fondée en 1923, a pu se recommander alors d'éléments originaux, non encore adoptés par la société des peintres-graveurs français, où ils ne sont entrés que plus tard (Dacier1944, p.137). ♦ Peintre verrier, peintre sur verre, peintre du verre. Artiste qui peint des vitraux. Peintre verrier de son métier, il [Bernard Palissy] se fixe à Saintes où il se convertit au protestantisme (G. Fontaine, Céram. fr., 1965, p.23). ♦ Peintre du dimanche. Peintre qui pratique la peinture en amateur. Quand une frénésie d'amour pour l'art s'empara des esprits, les «peintres du dimanche», à savoir ceux dont le travail les retenait au bureau ou à l'usine les jours de semaine, exposèrent chez certains marchands; des articles dithyrambiques exaltaient leurs mérites primesautiers (Art et litt., 1936, p.72-8).[Il] peignait des toiles invendables, un de ces peintres du dimanche qui sont des milliers pour un seul douanier Rousseau (Vialar, Débucher, 1953, p.90).En partic. Les peintres du dimanche ou peintres naïfs. Groupe de peintres travaillant isolément et en dehors de toute école, et dont le plus célèbre est le douanier Rousseau (supra Vialar, loc. cit.). ♦ HISTOIRE. [Au Moy. Âge] Peintre imagier. Artiste, peintre et souvent sculpteur de surcroît, chargé de mettre en couleur les statues et les bas-reliefs des monuments religieux. Une des plus délicates opérations auxquelles se livraient ces peintres imagiers consistait dans la dorure des statues et des bas-reliefs (Havard1890, p.184).Premier peintre du roi. Titre porté par un artiste qui, sous la monarchie, assurait la direction de l'ensemble des travaux de peinture et de sculpture commandés par le roi: 3. Les artistes ont le malheur de vivre à la Cour (...). Si Lebrun est premier peintre du roi, tous les artistes copieront Lebrun. Si contre toute apparence, il se trouvait quelque pauvre homme de génie assez insolent pour ne pas suivre sa manière, le premier peintre se gardera bien de favoriser un talent qui, par sa nouveauté, peut dégoûter du sien le roi son maître.
Stendhal, Hist. peint. Ital., t.1, 1817, p.56. ♦ Peintre de la Marine [Comme titre donné dans la Marine militaire] Artiste peintre, graveur, sculpteur, illustrateur, décorateur qui applique son talent à la représentation des choses de la mer (d'apr. Le Clère 1960). Il y a des «peintres agréés» et des «peintres titulaires» nommés par arrêté ministériel sur propositions d'un jury. Le titre ne confère aucun droit à rétribution et ne comporte aucun engagement de commandes mais les peintres de la Marine peuvent être embarqués. Ils ont seuls le droit de faire suivre leur signature d'une ancre. Le nombre des peintres agréés ne peut dépasser vingt (Le Clère1960). − [Désigne une femme; surtout en appos. ou en empl. attribut] Une femme peintre; une artiste peintre. Cette demoiselle est peintre. Elle ne manque pas de talent dans son art (Delécluze, Journal, 1827, p.427).MmeMorizot est une nerveuse coloriste, un des seuls peintres qui aient su comprendre les adorables délices des toilettes mondaines (Huysmans, Art mod., 1883, p.276).V. aussi infra rem. peintresse. − BOT. Désespoir du peintre. Saxifrage ombreuse. (Dict.xixeet xxes.). C. − P. anal. Personne qui, par le langage ou la musique, tend à représenter les choses d'une manière vive, suggestive et colorée. Peintre de la nature (humaine), du coeur humain; peintre des moeurs, de la société, de la vie. Berlioz a mis de la littérature dans son affaire. C'est l'illustrateur musical de Shakespeare, de Virgile et de Goethe. Mais quel peintre! Le Delacroix de la musique, qui a fait flamber les sons, dans des oppositions fulgurantes de couleurs (Zola, L'OEuvre, 1886, p.217).Il ne faut donc pas s'étonner si ce peintre de l'homme d'action, ce peintre du dominateur, subissait, en pleine gloire, depuis bien des années déjà (...) la tentation justement de la tendresse (Brasillach, Corneille, 1938, p.433): 4. Racine a bien de l'esprit. Virgile, premier-né de la même famille, lui reste supérieur comme peintre; presque chaque vers de Virgile est un tableau. Il est vrai que Virgile avait surtout à faire des récits et des tableaux, dans son genre descriptif ou épique de poésie; et il était, de plus, bien autrement servi par une langue forte de nerf et de couleur.
Sainte-Beuve, Port-Royal, t.5, 1859, p.482. REM. 1. Peintresse, subst.,fém., rare et souv. iron. Femme peintre. Un pastel plutôt lâché de facture et signé d'un nom de femme, une peintresse inconnue à laquelle pourtant je ferais bien une commande (Lorrain, Phocas, 1901, p.22).Berthe Morisot (...) la peintresse exquise, l'aquarelliste exceptionnelle dont l'oeuvre est le sourire de l'impressionnisme (Mauclair, De Watteau à Whistler, 1905, p.42). 2. Peintriot, subst. masc.,hapax. Mauvais peintre. Blondulot, un petit vaurien de Paris, pris en sevrage par un amateur braque très-connu qui, de temps en temps croyait découvrir un Raphaël dans quelque peintriot comme Blondulot (Goncourt, Man. Salomon, 1867, p.22). Prononc. et Orth.: [pε
̃:tʀ
̭]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.I. Subst. masc. A. 1. a) Ca 1165 [et ca 1285 var. ms. I] peintre cas suj. «artiste qui s'adonne à la peinture» (Benoît de Sainte-Maure, Troie, éd. L. Constans, 22411); 1260 [ms. fin xiiies.] paintre (Étienne Boileau, Métiers, éd. R. de Lespinasse et F. Bonnardot, LXII, I et II, p.129: Paintres et Taillieres Ymagiers...; ymagiers Paintres); fin xiiies. [ms. xives.] id. fig. en parlant de celui qui masque, travestit la réalité (Dit des paintres ds A. Jubinal, Nouv. rec. de fabliaux, t.2, p.98 et 101); b) 1180-90 [ms. G. xiiies.] paintor cas régime (Alexandre de Paris, Alexandre, III, 4459-60, éd. Elliott Monographs, 37, p.243); 1188 [ms. xiiies.] poentor (Aimon de Varennes, Florimont, éd. A. Hilka, 6005); 2. 1688 «celui dont le métier est de recouvrir des surfaces de peinture» (La Bruyère, Caractères, Des biens de fortune, 40 ds OEuvres, éd. J. Benda, p.188); 1803 peintre en bâtimens (Servière, Désaugiers, Manon la ravaudeuse, p.7 ds Quem. DDL t.20). B. 1588 fig. «celui qui décrit de manière imagée» (Montaigne, Essais, III, IX, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.976: ce peintre si excellent de leurs humeurs [des femmes]). II. Subst. fém. 1. 1671 «femme d'un peintre» (La Fontaine, Contes, Les Rémois ds OEuvres, éd. J. Schiffren, t.1, p.493); 2. 1761 fig. peintre de la nature [en parlant de MlleClairon] (Voltaire, Epîtres, LXXXI, A Daphné ds OEuvres, éd. Paris, Beaudoin, 1827, t.17, p.207); 3. 1785 «femme qui s'adonne à la peinture» cette habile peintre (Le peintre anglais au Salon, p.24 ds Brunot, ibid.); 1787 empl. adj. femme-peintre (Lettre d'un amateur de Paris..., p.20 ds Brunot t.6, p.754, note 8). Du lat. vulg. *pinctor, -oris, réfection du class. pictor «peintre» d'apr. le verbe pingere, v. peindre. L'a. fr. peintor représente l'acc. *pinctorem. Fréq. abs. littér.: 4615. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4998, b) 6612; xxes.: a) 9089, b) 6351. Bbg. Quem. DDL t.15 (s.v. peintre-peintre), 17 (s.v. peintresse, peintre-chansonnier), 20. |