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PAVER, verbe trans.
I.
A. − Qqn pave qqc.1(de qqc.2)
1. Couvrir le sol (d'un édifice), une route, une rue d'un revêtement constitué d'éléments (pavés, dalles, pierres, mosaïque notamment) juxtaposés et mis à niveau. On a pavé la route âpre et mal aplanie (Hugo, Rayons et ombres, 1840, p.1095).Le pas de deux chevaux sonna sur les cailloux aigus qu'on avait arrachés au lit du fleuve pour en paver les chaussées (A. France, Clio, 1900, p.110):
. ... on perce une rue, on la pave; chacun d'y passer et de croire que tout est fini; non pas, on dépave pour faire un égout, puis on repave, puis on redépave pour faire les branchements d'égouts ou de conduites d'eau. Viollet-Le-Duc, Archit., 1872, p.337.
[P. méton. du compl. d'obj.] Un Français qui le premier avait pavé Édimbourg (Michelet, Peuple, 1846, p.186).
Part. passé et/ou adj. Rue bien, mal, non pavée; chaussée pavée, empierrée, bitumée; cour pavée, carrelée. Terrain battu, non pavé, par là propre à toutes sortes de jeux et d'exercices (Courier, Pamphlets pol., Pétition pour vill., 1822, p.136).Cette cellule, pavée de grès (Bernanos, Imposture, 1927, p.327).
Pavé en qqc.Un long corridor pavé en dalles blanches et noires (Balzac, Cous. Bette, 1846, p.185).
Loc. fig.
Avoir le gosier* pavé.
Paver la voie (ou un subst. équivalent) (à qqn, qqc.). Synon. frayer, préparer la voie*.Si des lois démocratiques ressuscitent la puissance et les passions populaires, c'est de nouveau paver le chemin à l'homme de malheurs (Chateaubr., Polém., 1818-27, p.34).Il faut paver la voie aux prétendants (Clemenceau, Vers réparation, 1899, p.351).
Expr. fig.
L'enfer* est pavé de bonnes intentions.
Les chemins en sont pavés; la ville en est pavée. [Pour signifier que l'on trouve qqc. facilement et en grande quantité] Vieilli. Souhaitez-vous de l'or, des perles, des diamants? Les chemins en sont pavés; il n'y a qu'à se baisser pour en prendre (A. France, Opinions J. Coignard, 1893, p.153).
2. P. ext., vieilli. Recouvrir d'une grande quantité de quelque chose. Je le plaignais de passer sa vie à paver d'or toutes les molaires malades de la Grande-Bretagne et de l'Italie (Bourget, Cosmopolis, 1893, p.437).Leur vanité posthume s'inscrit à toutes les hauteurs des chapelles et pave l'église d'emblèmes et de lambrequins (T'Serstevens, Itinér. esp., 1933, p.195).
Part. passé et/ou adj. Des ciboires, martelés, pavés de cabochons, sertis de gemmes (Huysmans, Là-bas, t.1, 1891, p.77).Visite de la cuisinière de Le Bison, septuagénaire pavée de bijoux (Bloy, Journal, 1901, p.56).
P. ext. Rempli d'une grande quantité, d'un grand nombre de quelque chose. Mes bureaux sont pavés d'espions (Stendhal, L. Leuwen, t.3, 1835, p.40).
B. − Qqc.2pave qqc.1
1. Constituer le revêtement, le pavage de (quelque chose). Les superbes dalles qui pavent nos rues (Latouche, L'Héritier, Lettres amans, 1821, p.42).Toutes ces lumières se reflétaient dans les losanges de nacre qui pavaient la salle (Flaub., Salammbô, t.1, 1863, p.124).
2. P. ext. Couvrir le sol en grande quantité. Synon. joncher.On peut donc rapporter les madrépores si nombreux qui pavent les mers de la zone torride (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.185).
C. − Qqc.1se pave (de qqc.2).Rare. Être couvert d'un pavage. L'avenue droite et large ne se pave que par instants (Queneau, Pierrot, 1942, p.75).
II. − MATHÉMATIQUES
A. − Opérer un pavage (v. ce mot II A). Nous pavons un plan en accolant des carrés jointifs (Gds cour. pensée math., 1948, p.150).
B. − Constituer un pavage (v. ce mot II A). Le triangle circulaire donné est un domaine fondamental du groupe, il se transforme en triangles analogues qui pavent le demi-plan ou le cercle considérés (Gds cour. pensée math., 1948, p.169).
REM.
Pavée, subst. fém.,région. (Normandie). Synon. de jonchée.Regardez cette allée pleine de fleurs, cette pavée admirable qui décore le sol (La Varende, Manants du Roi, 1938, p.236).
Prononc. et Orth.: [pave], (il) pave [pa:v]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1160 part. passé adj. «garni de pavés, carrelé» (Eneas, éd. J. J. Salverda de Grave, 1862); ca 1200 estre pavé de «être couvert de, jonché de» (Chevalier cygne, éd. C. Hippeau, p.85, 2270); 1623 fig. les rues en sont pavées (Caquets de l'accouchée, 5ejournée, éd. E. Fournier, p.176). Du lat. pop. *pavāre, cf. l'a. prov. pava «carreler» 1495 (J. Renouvier et Ad. Ricard, Des maîtres de pierre et des autres artistes gothiques de Montpellier ds Mém. de la Sté archéol. de Montpellier, t.2, p.285), lat. class. pavīre «battre (la terre), aplanir». Fréq. abs. littér.: 32. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p.156.