Police de caractères:

Surligner les objets textuels
Colorer les objets :
 
 
 
 
 
 

Entrez une forme

options d'affichagecatégorie :
PATATE, subst. fém.
A. −
1. BOT. Plante grimpante vivace (de la famille des Convolvulacées) des régions chaudes, cultivée pour ses gros tubercules comestibles à chair aqueuse, farineuse et douceâtre. Culture de la patate; pied de patate; champ, plantation de patates; patate douce, rose, sucrée. On trouve des farineux sucrés dans la bulbe de la patate et de l'igname (Bern. de St-P., Harm. nat., 1814, p.70).
2. P. méton. Tubercule de cette plante. Eau-de-vie, fécule de patate; beignets, confiture de patates; patates au beurre, sous la cendre. Je les voyais [les femmes des nègres de Saint-Domingue] remuer avec des fourches (...) la patate, les pois (...) qui bouillonnaient (...) dans de grandes chaudières (Hugo, Bug-Jargal, 1826, p.116).J'ai envoyé à l'Impératrice une patate douce de ce pays qui pesait 7.300 grammes. Je ne sais si elle était mangeable (Mérimée, Lettres Viollet-le-Duc, 1862, p.81).
P. anal. Topinambour, igname ou toute plante alimentaire farineuse. (Dict.xixeet xxes.).
B. − P. anal.
1. Fam. ou pop. ou région. (notamment Canada). Pomme de terre. Sac à/de patates; corvée de patates; éplucher des patates; patates frites (Canada). Dans les chantiers, à cette heure, ils sont nourris pareil comme dans les hôtels, avec de la viande et des patates tout l'hiver (Hémon, M. Chapdelaine, 1916, p.74).Lippe dessus, dent dessous, elle m'écoutait, elle touillait plus vivement ses sauces ou piquait du couteau pour énucléer les points noirs des patates (H. Bazin, Qui j'ose aimer, 1956, p.79):
1. ... Martin (...) épluchait des pommes de terre. −Oh! regarde-moi les épluchures que tu fais! C'est du sabotage! Tu en enlèves la moitié! Et nous n'avons que quinze patates! Romains, Copains, 1913, p.276.
Aux patates! (arg. milit.). À la corvée de l'épluchage des pommes de terre! Aux patates, là dedans, mes petits agneaux! brame à la porte, dans une forme encapuchonnée, une voix sonore (Barbusse, Feu, 1916, p.149).
2. Pop. ou arg.
a) [Terme d'injure] Personne stupide, empotée. Synon. imbécile.Quelle patate! Va donc, eh, patate! (Dict.xixeet xxes.).
JEUX, SPORTS. Jouer comme une patate. Mal jouer. (Ds Quillet 1965).
b) Loc. pop.
En avoir gros sur la patate. Avoir beaucoup de chagrin, de dépit, de rancune. Synon. en avoir gros sur le coeur (v. gros3B 2).Ils ne crâneront pas, vingt dieux, quand je leur sortirai ce que j'ai sur la patate! (Vercel, Cap.Conan, 1934, p.221):
2. −Faut avoir tué père et mère pour faire des trucs comme ça. −Exactement. Faut en avoir gros sur la patate. −À cause d'une femme. Queneau, Loin Rueil, 1944, p.193.
Région. (Canada). Être dans les patates. Être dans l'erreur, se tromper, divaguer. −Une chance que ma mère t'entend pas, toi (...) −Ta mère, elle a toujours été dans les patates (J. Barbeau, Ben-Ur, 1971, p.19 ds Richesses Québec 1982, p.1737).
Des patates! (formule de refus). Synon. des clous!Trente-deux jours à tirer au lieu de vingt-huit? Des patates! Salut! y a rien de fait! (Courteline, Gaîtés Esc., 1886, ii, 2, p.41).
c) Populaire
Tête, visage, figure. Des fois qu'elle [une pendule] jouerait la Valse des Pruneaux devant l'contrôleur du chemin de fer, tu ne vois pas sa patate? (Carco, Équipe, 1919, p.79).«Une tempête sous un crâne!» (...) aujourd'hui (...) j'avais pas de remous dans la patate, tout au contraire, un calme absolu (Simonin, Touchez pas au grisbi, 1953, p.230).
Région. (Belgique) et arg. Nez (épaté). (Ds Car. Arg. 1977, Riv.-Car. 1969, J. Sicart, Dictionnaire du wallon de Mons et de la plus grande partie du Hainaut, 1866 ds Dupré 1972).
Trou dans une chaussette et, p.méton., la chaussette elle-même. Il avait le nez fin et ne pouvait renifler sans humeur l'odeur de nos chaussettes sales, changées toutes les six semaines. −Encore vos patates pourries! maugréait-il (H. Bazin, Vipère, 1948, p.74).
Paysan. Une patate m'avait donné cinq ronds pour y garder ses légumes (Bruant1901, p.139).
,,Ennui, incident venu de la malchance; p.ext. danger`` (Cellard-Rey 1980). Faut que Salsa y nous porte l'honneur à tous [aux luttes du Casino, comme notre champion]! −Et si des fois je me ramasse ma patate, y parle Salsa (Musette, Cagayous lutte, 1909, p.14).
d) Arg. des sports. Balle de tennis qui rebondit mal; envoi exécuté avec mollesse. Deux tennismen jouent à la baballe, échangeant à la renvoyette de molles patates, propulsées par un paillasson aux cordes fatiguées (Comment parlent sportifsds Vie Lang.1953, p.176).
3. MATH. Diagramme (de Venn), servant à la représentation d'un ensemble, d'un contour volontairement irrégulier pour ne pas inciter à croire que les propriétés de l'ensemble considéré sont liées à la forme géométrique de ce contour (d'apr. Bouvier-George Math. 1979).
Prononc. et Orth.: [patat]. Att. ds Ac. dep. 1762. Var. région. pétate, pataque, pétaque (Néol. Canad. t.1 1976 et, en ce qui concerne pétaque, Rogers 1977). Étymol. et Hist.1. a) 1582 «plante des régions chaudes cultivée pour ses gros tubercules comestibles à chair douceâtre» pattates est cité comme un mot indigène qui a été cependant francisé dans sa finale et qui porte la marque du plur. (Reprinse de la Floride d'apr. Gaffarel, Floride, p.489 ds Arv., p.399); b) 1601-03 patate «id.» (S. Champlain, Brief discours, p.31 ds OEuvres, Québec, 1870, t.1); 2. a) canad. 1765 «pomme de terre» (Arch. du Pt Séminaire de Québec, C-11, 11 déc., p.80 ds Trav. de ling. québécoise, t.2, 1978, p.208; peut-être déjà en 1750, v. ibid., loc. cit.); b) fr. 1769 «id.» (Valmont Suppl. d'apr. FEW t.20, p.57b); 3. arg. ou pop.a) α) 1866 «nez» (Sicart, loc. cit.); β) 1919 «tête, visage» (Carco, loc. cit.); b) «niais» 1893 (d'apr. Chautard, p.235); 1915 (R. Benjamin, Gaspard, p.222 ds Esn. Poilu, p.390); c) en avoir gros sur la patate 1912 (d'apr. Chautard, p.650; aussi en 1907 en avoir gros sur la pomme de terre, ibid.); 1917 (Mercure de France, 16 avr., p.692); 4. 1970 math. (Rob. Suppl.). Empr., par l'intermédiaire de l'esp. patata, plante convolvulacée (1528 ds Fried, p.82), à une var. de l'arawak de Haïti batata «id.» (v. König, p.163 et Arv.), également empr. par le fr. battate (ca 1525, A. Pigafetta, Rel. du Prem. voy. autour du Monde par Magellan, p.43 ds König, p.162), par l'intermédiaire de l'esp. batata (1519 ds Cor.-Pasc.), et déjà att. (sous la forme batata) en 1516, en lat., par l'aut. ital. Martyr d'Anghiera (v. Fried, p.82). Le mot, sous sa forme mod., semble avoir été vulgarisé par l'intermédiaire du baragouin comm. parlé par les indigènes et les marins dans la mer des Caraïbes (v. Arv.). Le sens 2 s'explique par l'introd., favorisée par la conquête angl., de la culture de la pomme de terre au Canada (v. M. Juneau, Probl. de la lexicol. québécoise, p.206). Le mot a ensuite été diffusé en fr. à partir de la côte ouest de la France et s'est répandu progressivement dans les dial. de l'Ouest, l'Île-de-France, du Centre, de la Champagne et de la Brie (v. FEW t.20, p.57b-58a) et en fr. pop. (voir M. Juneau, loc. cit. et Trav. de ling. québécoise, t.2, 1978, p.58-59). V. König, pp.162-163; Fried, s.v. batata; Arv., pp.398-402 et FEW t.20, pp.57b-58b et t.13, 2, pp.387a-389a. Fréq. abs. littér.: 99. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p.281. _Litaize (A.). Les Dénominations de la pomme de terre d'après l'A.L.L.R. In: [Mél. Lanly (A.)]. Ét. de lang. et de litt. fr. Nancy, 1980, pp.571-576. _Poirier (Cl.). L'Anglicisme au Québec et l'héritage fr. Trav. de ling. québécoise. 2. 1978, p.43.