| PARTICULIER, -IÈRE, adj. et subst. I. − Adjectif A. − Particulier (à qqn/qqc).Qui appartient en propre, d'une manière exclusive (à quelqu'un, à quelque chose ou à un ensemble de personnes ou de choses). Synon. personnel, propre.Marques particulières: tatoué au sein gauche d'une ancre et, au poignet droit, d'un bracelet avec un poisson (Loti, Mon frère Yves, 1883, p.2).L'arbre (...) se fait à lui-même son fond, sa terre, quelque chose comme son milieu biologique particulier, le plus adapté aux conditions de sa vie (Pesquidoux, Livre raison, 1928, p.11).Fini Richard II. Chaque personnage parle d'une façon qui lui est particulière; sa voix ne se confond jamais avec celle d'autrui; il n'y a pas cette uniformité de ton dans le dialogue qui fait qu'un personnage de Corneille parle à peu près comme un autre personnage de Corneille (Green, Journal, 1944, p.169). SYNT. Accent, caractère, dénomination, destinée, goût, nom, odeur, qualité, saveur, signe, style, trait, type particulier/particulière à qqn ou à qqc.; pierre particulière à une région; costume, dialecte particulier à une région. B. − Qui est à part. Synon. singulier.Il y a en lui, sous ces caractères de l'humanité, un être particulier, une créature, un moi (P. Leroux, Humanité, 1840, p.282).On constate naïvement (...) que les singuliers sont innombrables. Tant de personnes particulières; chacune capitale pour soi, nulle ou négligeable au regard de presque toutes les autres (Valéry, Variété II, 1929, p.29): 1. Il semble d'abord que ce soit [un bon fétiche] une sculpture saisissante, mais encore faut-il qu'elle le demeure lorsque le style auquel elle appartient nous est devenu familier. Elle est donc une oeuvre particulière, qui s'oppose aux sculptures de série.
Malraux, Voix sil., 1951, p.570. 1. Qui ne concerne qu'une personne ou qu'une chose (ou un petit groupe de personnes ou de choses). Synon. spécial, spécifique.L'intérêt particulier doit céder à l'intérêt général (Ac.). On a joint à la carte du grand océan équatorial, des cartes particulières de certaines portions de côtes (Voy. La Pérouse, t.1, 1797, p.144).La mission du général de Castelnau fut définie par l'Instruction particulière no32 du 19 septembre (Joffre, Mém., t.1, 1931, p.436).Des vérités universelles, et non des détails d'ordre particulier (Giraudoux, Intermezzo, 1933, iii, 5, p.197).V. centre ex. 14. SYNT. Accord, aspect, cas, compte, convention, étude, examen, faveur, juridiction, permission, point, raison, régime, règle, statut, vérité particulier/particulière; avantages, dispositions, modalités, volontés particuliers/particulières; sans précautions particulières; mériter une mention particulière. ♦ Jugement* particulier. 2. En partic. Synon. privé. a) Réservé à une personne ou à un petit groupe de personnes. Appartement, chambre, domicile, entrée, hôtel, loge, maison, salon, table, tribune particulier/particulière. Une longue allée nous conduit entre des coteaux et la gare. À droite, à gauche, des jardins particuliers (Michelet, Journal, 1835, p.180): 2. Toute la gloire Rezeau, si pénible aux Kervazec (dont la chapelle particulière ne bénéficie pas de la même faveur), reposait sur ce droit d'entendre la messe à domicile...
H. Bazin, Vipère, 1948, p.97. ♦ Cabinet* particulier. b) Qui ne se fait, qui n'a lieu qu'entre deux personnes ou un petit groupe de personnes. Audience particulière, entretien particulier. On a tiré toute la nuit force pétards, et les banquets particuliers d'imprimeurs, de libraires et de leurs ouvriers ont complété cette réjouissance (Delécluze, Journal, 1827, p.440).Il vous procurait (...) des invitations pour les soirées particulières (Murger, Scènes vie boh., 1851, p.182): 3. Les hommes de la famille vont arriver, ce soir (...). Je veux les voir tous réunis: je me sens plus fort contre tous que dans les conversations particulières.
Mauriac, Noeud vip., 1932, p.57. ♦ Leçon* particulière. c) Qui est relatif à un simple citoyen, ou un personnage public en tant que simple citoyen. Synon. personnel.Collection, correspondance, dépense, dette, fortune particulière. Déjà les chapelles montaient. M. d'Argentré, évêque, voulait y consacrer sa fortune particulière (Michelet, Journal, 1835, p.207).À ces affaires générales étaient mêlées, comme dans toutes les ambassades, des transactions particulières (Chateaubr., Mém., t.3, 1848, p.95): 4. J'ai eu (...) un reproche amical du ministre de l'Intérieur (...) qui ne parlait apparemment point en son nom particulier...
Aragon, Beaux quart., 1936, p.269. d) [En parlant d'une pers. ou d'un ensemble de pers.] Attaché au service d'une seule personne, à son service personnel. Conseiller, médecin particulier. Rapports que M. de Beausobre fera faire sur mon fils par sa police particulière (Stendhal, L. Leuwen, t.3, 1836, p.268).Le sultan eût-il volontiers distrait pour nous, de son sérail particulier, deux femmes qui nous eussent accompagnés au cours de ces longues étapes? (Gide, Ainsi soit-il, 1951, p.1222): 5. ... après avoir été l'une des vingt dactylos de l'usine d'aviation, puis la secrétaire de M. Martin, ingénieur, elle était devenue la secrétaire particulière du grand patron.
Triolet, Prem. accroc, 1945, p.9. 3. Spécialement a) ADMIN., vx. [Dans une hiérarchie] Dont la compétence administrative est peu étendue. Il doit y avoir (...) plusieurs conseils, suivant l'étendue de chaque colonie, c'est-à-dire, un conseil général et plusieurs conseils particuliers (Baudry des Loz., Voy. Louisiane, 1802, p.292).Receveur particulier de Vesoul (Goncourt, Journal, 1860, p.752). b) DR. Qui ne porte que sur une chose déterminée. Don, legs particulier; légataire à (titre) particulier. La société particulière est celle qui ne s'applique qu'à certaines choses déterminées, ou à leur usage, ou aux fruits à en percevoir (Code civil, 1804, art. 1841, p.333). c) LOG. ,,Est particulière la proposition qui concerne quelques individus (indéterminés) d'une classe, ou même un seul, s'il n'est pas déterminé`` (Lal. 1968). d) PHILOS. ,,Volonté particulière se dit d'une Volonté qui interviendrait pour modifier le déterminisme des lois de la nature. Selon Malebranche, il n'y a pas de place dans la nature pour les volontés particulières`` (Ac. 1935). 4. Vieilli. Intime. Ami particulier. Mon frère avoit évité de me laisser apercevoir le fond de son ame; mais, en nous occupant d'une douleur qui nous étoit commune, il ne put résister à me confier ses chagrins particuliers (Fiévée, Dot Suzette, 1798, p.23).Ce qu'aimait par goût (...) [Marie-Antoinette], c'était une vie douce (...) au sein d'une société aussi particulière et aussi familière qu'il était possible à la Cour (Sainte-Beuve, Caus. lundi, t.4, 1851, p.294): 6. J'ai eu lieu de m'applaudir, pendant cette dernière partie de ma route, de l'événement fâcheux qui en avait marqué l'autre, puisque cette circonstance m'a mis en relation plus particulière avec un très-aimable compagnon de voyage.
Jouy, Hermite, t.4, 1813, p.24. C. − Qui sort nettement de l'ordinaire. Synon. spécial; anton. habituel, normal.Je revis le texte si particulier de cette offre d'emploi: «Personne jeune... bonne éducation... Célibataire... Envoyer photographie» (Duhamel, Confess. min., 1920, p.127).V. automobiliste ex. 2: 7. Nous savions bien quel artiste très particulier est Huysmans, à la fois trivial et raffiné, introduisant volontiers un mot cru dans une pensée délicate, grand fouilleur de bouquins où l'on découvre des bizarreries, et n'hésitant jamais à choquer, pourvu qu'il étonne.
Coppée, Bonne souffr., 1898, p.166. SYNT. Action, aventure, beauté, besoin, cas, charme, circonstance, condition, difficulté, espèce, état, façon, fait, forme, histoire, genre, idée, manière, opinion, phénomène, physionomie, précaution, propriété, problème, rôle, sensation, sentiment, signification, situation, système, technique, valeur (tout/e) particulier/particulière. ♦ Amitié particulière. Amitié tendre entre personnes du même sexe. V. amitié ex. 97 et 100. − En partic. Qui a des qualités hors du commun. Synon. exceptionnel, remarquable.Chasse exigeant une souplesse particulière et une agilité peu commune (Pergaud, De Goupil, 1910, p.108).Ses préparatifs de sortie furent un peu plus longs qu'il n'avait pensé. Il y apportait une minutie particulière. Jamais il n'avait vérifié avec tant de soin le bon ordre de ses effets (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p.211). SYNT. Application, aptitude, attention, compétence, effort, estime, faculté, importance, intérêt, mérite, plaisir, qualité, soin (tout/e) particulier/particulière; ne pas avoir de sympathie particulière pour qqn ou qqc. D. − Le plus souvent vieilli. Détaillé, circonstancié. Il m'a fait un détail particulier de toute cette affaire (Ac.). Il m'en a dit les circonstances les plus particulières (Ac.). Dans la crainte de vous ennuyer par des détails plus particuliers, je me contenterai de vous dire que je passai ma seconde année vers les sources du Yadkin (Crèvecoeur, Voyage, t.2, 1801, p.242).Je n'ai jamais cru que la grandeur d'un ensemble, l'ampleur d'une synthèse pussent dispenser de la vue aiguë et infiniment particulière du détail (Romains, Hommes bonne vol., 1932, p.xvii). II. − Substantif A. − Individu. 1. [P. oppos. à une collectivité, à l'État] Personne privée. Contrat entre particuliers; loger chez un particulier. Les constructions de l'État ou des particuliers s'élèvent sans le moindre souci des exigences les plus simples du sentiment de la forme (Valéry, Variété III, 1936, p.269).J'y apprécie [dans mon hôtel] si vivement l'atmosphère d'un poste de commandement que j'irais volontiers jusqu'à prétendre que le téléphone y fonctionne aussi bien que chez les particuliers (Fargue, Piéton Paris, 1939, p.242).V. collectivité ex. 6. 2. [P. oppos. à une pers. publique, à une personnalité] Simple particulier ou, vieilli, particulier. Simple citoyen. Une impératrice ne peut pas aller où va une particulière (Napoléon Ier, Lettres Joséph., 1807, p.139).Le Nazaréen, âgé de trente ans environ, simple particulier, sans autorité visible, nullement conducteur de nation (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.3, 1862, p.247): 8. ... si lui-même comme simple particulier sent toute la gravité des événements de là-bas, il évite, comme homme politique, de s'en grossir l'importance.
Romains, Hommes bonne vol., 1932, p.153. 3. Fam., vieilli, souvent péj. Personne quelconque. Synon. individu.Un drôle de particulier. Une de ces particulières d'une vertu rigide avec les messieurs du dimanche, lorsqu'elles ont un homme de semaine qui les met sur le flanc, du lundi au samedi (Zola, Pot-Bouille, 1882, p.174).−Je demande l'égalité des tableaux, −fit Koukou, imperturbable. −Que ce particulier est insupportable, −maugréa le comte (Benoit, Atlant., 1919, p.199): 9. ... le petit homme aperçut, écrit dans le chapeau de son voisin: Bouvard; pendant que celui-ci distinguait aisément dans la casquette du particulier en redingote le mot: Pécuchet.
Flaub., Bouvard, t.1, 1880, p.2. 4. [Avec un poss.] Pop., vieilli, rare au masc. Amant(e), époux/épouse. Elle a un amant (...). Faut-il qu'elle ait du vice! Ah! si je trouvais son particulier, comme je te le jetterais dehors! (Zola, Pot-Bouille, 1882, p.255).Toutes les tables sont prises (...) quand entre dans la salle Céard avec sa particulière (Goncourt, Journal, 1888, p.802).Ma particulière me dérangera pas... Je suis sûr qu'elle sait même pas où que je gîte (Morand, Pt théâtre, Matr. d'Éphèse, 1942, i, 7, p.14). B. − [Le mot désigne une chose] 1. Au masc. sing. à valeur de neutre. Anton. général, universel. a) Ce qui ne concerne qu'une personne ou qu'une chose (ou un petit groupe de personnes ou de choses). Aller, s'élever, procéder du particulier au général, à l'universel. Il ne faut jamais conclure du particulier au général (Ac.). Ainsi s'émouvait-il, non sur Thérèse, mais confusément sur tous les êtres, car ces belles et tristes impressions entraînent l'individu hors du particulier, sur les vagues de la vie universelle (Barrès, Appel soldat, 1900, p.480).L'emploi d'un langage intelligible (...) ne s'élaborera que par l'établissement entre les êtres d'une sorte de neutralité de la vie sensible, trop solidaire du particulier (Huyghe, Dialog. avec visible, 1955, p.28).V. général1ex. 5: 10. ... s'il est vrai qu'il n'y a point de science du particulier, il n'y a pas d'action ni de production qui ne soit, au contraire, essentiellement particulière, et il n'y a point de sensation qui subsiste dans l'universel. Le réel refuse l'ordre et l'unité que la pensée veut lui infliger.
Valéry, Variété IV, 1938, p.247. b) Le plus souvent vieilli. Détail (v. ce mot II A). On m'a parlé en gros de l'affaire, on ne m'en a pas dit le particulier (Ac.1835, 1878).Une de ses amies (...) ayant pris (...) Jacques pour amant, avait eu l'indiscrétion inusitée de venir le conter à la jeune fille: peu à peu elle avait fini par lui décrire tout le particulier de cette liaison (Toulet, Nane, 1905, p.55).Un lever de rideau probablement insignifiant dont le titre me sembla opaque parce qu'il contenait tout le particulier d'une action que j'ignorais (Proust, J. filles en fleurs, 1918, p.442). 2. Vx ou littér., loc. adv. a) Dans le particulier, dans mon, ton... particulier. Dans l'intimité, dans la vie quotidienne. Il est aimable dans le particulier (Ac.). On ne voit le roi [Louis XV] que très-peu (...). Il vit dans son particulier et tout à ce que nous savons (Sainte-Beuve, Nouv. lundis, t.8, 1864, p.325).Il me fâche qu'on parle correctement dans le particulier. Il faut laisser cela aux conférenciers (A. France, Vie fleur, 1922, p.551): 11. ... Napoléon III avait sauvé l'ordre. C'est d'ailleurs l'opinion que j'ai entendu exprimer dans le particulier par la plupart des Républicains qui déclamaient publiquement contre l'Empereur.
Barrès, Cahiers, t.1, 1896, p.7. b) En mon, ton... particulier. En ce qui me, te... concerne. En mon particulier, je suis d'avis qu'il a bien fait (Ac. 1835, 1878). J'ai une trop saine opinion du peu que nous valons tous, pour faire de soi le moindre cas. D'ailleurs en mon particulier, je ne m'adore ni ne me révère (Sand, Corresp., t.1, 1832, p.238).On (...) applaudissait des vérités abstraites bien exprimées; (...) nul ne se les appliquait en son particulier (Vogüé, Morts, 1899, p.368). ♦ Être en son particulier, ,,Être retiré dans sa chambre, dans son cabinet`` (Ac. 1835, 1878). ♦ Vivre en son particulier, se mettre en son particulier, ,,Faire ordinaire chez soi. Il vivait en pension, il s'est mis dans son particulier. Il vivait avec un de ses amis; il vit aujourd'hui en son particulier`` (Ac. 1835, 1878). III. − En particulier,loc. adv. [La loc. adv. porte sur un syntagme ou sur une prop.] Synon. particulièrement. A. − À part, en présence d'un très petit groupe de personnes. Synon. dans l'intimité, seul à seul; anton. en public.Parler à qqn en particulier; voir qqn en particulier; dire qqc. à qqn en particulier. Je soupais en particulier avec Sara dans notre chambre (Restif de La Bret., M. Nicolas, 1796, p.214).Il y a là deux messieurs, dont voici les cartes, qui demandent à s'entretenir avec monsieur en particulier (Feydeau, Dame Maxim's, 1914, i, 21, p.23).V. excellent ex. 4. Rem. Vieilli, sauf avec les verbes signifiant «dire, parler». B. − D'un point de vue restreint qui ne concerne qu'une personne ou qu'une chose (ou qu'un petit groupe de personnes ou de choses). Anton. en général.Obliger les individus (...) à déclarer leur assentiment en faveur d'un culte en particulier (Constant, Princ. pol., 1815, p.128).Devrait-on dire (...) que les lois de la nature sont contingentes, bien que chaque loi, prise en particulier, puisse être qualifiée de contingente? (H. Poincaré, Valeur sc., 1905, p.251): 12. Les amis qui m'entourent ici ont été parfaits (...). Je voudrais, à chacun d'entre eux (...) dédier en particulier mon Thésée, en marque de ma reconnaissance.
Gide, Journal, 1944, p.270. C. − Entre autres, notamment. Synon. spécialement, surtout; anton. en général.Les logiciens, et Kant en particulier, ont insisté sur la distinction entre la matière et la forme de nos connaissances (Cournot, Fond. connaiss., 1851, p.2).Cette femme avait été toujours si «distante» (...) vis-à-vis de tout le monde en général et de moi en particulier. Je n'avais jamais existé pour elle (G. Leroux, Parfum, 1908, p.90): 13. Mauvais maître (...) qui ne pense pas qu'être chef c'est commander à une famille agrandie, à l'exemple des anciens eux-mêmes, les Grecs en particulier qui, doux à leurs esclaves, appelaient ce régime patriarcal: gouvernement de père.
Pesquidoux, Livre raison, 1928, p.266. Rem. Dans le dict. TLF, en particulier lie un sens 2 à un sens 1 si le sens 2 ne diffère du sens 1 que par un (ou plusieurs) sème(s) spécifique(s) supplémentaire(s); lorsque la restriction conduit à une accept. techn., spéc. est préféré à en partic. (d'apr. Pour un nouveau cahier des normes, III, 3, Institut de la langue française, 1979). Prononc. et Orth.: [paʀtikylje], fém. [-jε:ʀ]. Ac. 1694, 1718: particulier, -ere; dep. 1740: -lier, -ère. Étymol. et Hist.I. A. Qui se limite à un élément, une partie, un détail ca 1265 sciences particuleres (Brunet Latin, Trésor, éd. F. J. Carmody, II, 2, p.176); 1269-78 (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 17481: Et useront de leur poissances [li cors celestre] Par necessaires influances Seur les particulieres choses Qui sunt es elemenz ancloses); id. li san particulier «les cinq sens» p.oppos. à li san conmun [plur.] «le sens commun» [sensorium commune] qui fait la synthèse des données des divers organes sensoriels, v. aussi note de l'éditeur, t.3, p.173 (Id., ibid., 13280); 1314 (Chirurgie de Mondeville, éd. A. Bos, 1824: la cure particulier et propre; 1950: les purgacïons universerseilz et particuliers); 1580 (Montaigne, Essais, II, 1, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.334: autant d'actions, autant faut il de jugemens particuliers); spéc. a) ca 1360 en particulier loc. adv. «par clause expresse» (Miracles de N.-D., éd. G. Paris et U. Robert, XIX, 129); b) av. 1473 subst. «ce qui n'est pas général, détail» (Jean Jouvenel des Ursins, Hist. de Charles VI, éd. Denys Godefroy, 1653, p.248); 1633 (Corneille, Examen de ,,La Veuve`` ds OEuvres, éd. Ch. Marty-Laveaux, t.1, p.395: Elle [la Veuve] a ce même défaut dans le particulier de la durée de chaque acte); 1652, juin «détail» (Pascal, Lettre à la reine de Suède ds OEuvres, éd. J. Chevalier, p.502: Je n'importunerai pas... votre Majesté du particulier de ce qui compose cette machine [arithmétique]). B. Qui ne concerne qu'un individu, fin xiiie-déb. xives. (Gloss. Bibl. Bruxelles 9543 ds T.-L.); [relig. jugement particulier (Commynes, VI, conclus. ds Littré, v. éd. J. Calmette, VI, XII, t.2, p.341, note: il s'agit d'une interpolation ultérieure] 1570, 10 sept. interests particuliers (Montaigne, Lettre à M. de Foix ds OEuvres, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p.1367); 1580 profit particulier (Id., Essais, I, XXXIX, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p.237); 1671 «qui est exclusivement réservé à un groupe, une personne» (Pomey: Les Juifs ont dans les villes où ils habitent un lieu particulier); 1683 «id. à une activité» (Bossuet, Oraison funèbre de Marie-Thérèse d'Autriche ds OEuvres, éd. B. Velat et Y. Champailler, p.121); spéc. a) 1538 en particulier loc. adv. «séparément des autres, dans le privé» (Est., s.v. privatim); 1671 parler en particulier (Pomey); b) 1580 subst. (Montaigne, Essais, I, XXXIX, p.237: nous ne sommes pas nez pour nostre particulier, ains pour le publicq); 1655 dans le particulier «dans l'intimité» (Molière, L'Étourdi, III, 2); 1656-57 en vostre particulier «chez vous» (Pascal, Provinciales, lettre 6eds OEuvres, éd. J. Chevalier, p.717). C. Qui se distingue des autres individus ou autres éléments de même nature 1. ca 1265 (Brunet Latin, op. cit., II, XXXI, p.201); 1671 (Pomey: Je n'ai rien de particulier en ma manière de vivre); 2. 1549 p.ext. «singulier, bizarre» (Est.); 3. 1666 «hors du commun, exceptionnel» d'une personne (Molière, Médecin malgré lui, I, 5); 1671 (Pomey: Il a une particulière passion pour cela). D. Qui est la propriété, l'apanage d'un individu 1314 (Chirurgie de Mondeville, éd. A. Bos, 1952: la maniere particuliere et la ruille d'ouvrer des cyrurgiens); 1537 (Boutillier, Somme rur., fol. 19d ds Gdf. Compl.: en leur nom particulier ou au nom d'autruy); ca 1590 (Montaigne, Essais, I, XIII, p.48: chasque cité a sa civilité particulière); subst. a) 1563 pour mon particulier «en ce qui me concerne, quant à moi» (Estienne, Conformité, ch. 2, p.94 ds Hug.); b) 1636 an son particulier «en propriété personnelle» (Monet). E. À l'écart des autres, tourné vers soi-même 1. fin xives. «égoïste» (Eustache Deschamps, OEuvres, I, 230, 11 ds T.-L.); 2. ca 1590 «replié sur soi-même, se tenant à part» (Montaigne, Essais, I, XXVI, p.176). II. Subst. A. masc. fin xves. [ms.] «personne privée, citoyen» (Journal de Jean de Roye, éd. B. de Mandrot, t.1, p.38); 1559 (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Solon, § 34 ds OEuvres, éd. G. Walter, t.1, p.194); 1690 «un certain homme, quidam» (Fur.). B. 1607 particulière dame «maîtresse» (H. d'Urfé, L'Astrée, 1repart., XII, éd. H. Vaganay, t.1, p.460); 1649 particulière «prostituée» (Le Tableau du tyran Mazarin d'apr. Larchey, Dict. hist. arg., 1878). Empr. au lat. particularis (rare av. la basse époque) propr. «se rapportant à une part; partiel, particulier»; -er s'est très tôt confondu avec -ier*, Nyrop t.3, § 212. Fréq. abs. littér.: 12661. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 24842, b) 12995; xxes.: a) 12107, b) 18404. Bbg. Dauzat Ling. fr. 1946, p.13. _ Quem. DDL t.18. |