| PARCIMONIE, subst. fém. A. − Épargne minutieuse, parfois mesquine, qui s'exerce sur des petites choses, en partic., dans l'économie domestique. Synon. économie; anton. gaspillage, prodigalité.Le sol de la Batavie devait imprimer à ses habitans un esprit laborieux, attentif, patient, soigneux jusqu'à l'excès; il devait faire naître en eux des habitudes d'ordre et de parcimonie (Cabanis,Rapp. phys. et mor., t.2, 1808, p.212).Ils avaient parlé du contraste entre la parcimonie des Anglais dans l'ornement de leurs églises et le luxe de leur vie privée (Maurois,Disraëli,1927, p.134): 1. ... mais ce qui me frappait le plus, c'était sa mère, vieille paysanne qui n'avait rien changé à son costume, à son langage et à ses habitudes de parcimonie rustique; toute tremblotante et cassée qu'elle était, elle assistait dans la cour, par le plus grand froid, au sciage des bûches et au mesurage du charbon.
Sand,Hist. vie, t.2, 1855, p.389. − P. anal. Mesure, économie de moyens. Il ne s'agit pas d'intégrer au sol un des éléments dont la vigne pourrait avoir besoin mais de faire en sorte que cet élément soit assimilable par la plante et que d'autre part cette adjonction ne vienne pas détruire un équilibre que l'ancienne économie savait maintenir dans sa parcimonie (Levadoux,Vigne,1961, p.98). ♦ Rare, au plur. Qu'ils se réfugient donc là, ceux que désolent les séparations, les parcimonies ou les prodigalités de la terre! (Teilhard de Ch.,Milieu divin,1955, p.137). ♦ En partic. Fait de limiter, de réduire l'emploi de quelque chose, généralement les détails, les éléments superflus. De là est venu ce défaut (...) dans les tragédies françaises: cette parcimonie de scènes et de développements, ces faux retardements, et puis tout à coup cette hâte d'en finir (Vigny,Lettre Lord***, 1829, p.269): 2. ... il me semblait que je voyais à sa place et pour la première fois ces murs nus (...) l'esprit même de cette architecture anguleuse et décolorée dont m'apparaissaient pour la première fois la disgrâce rébarbative, l'intransigeance et la parcimonie.
Gide,Faux-monn.,1925, p.1009. B. − Avec parcimonie.Avec une économie rigoureuse, en mesurant strictement. Synon. au compte-gouttes.Ce jardin, alors exclusivement réservé aux promenades des princes qui le possédaient ne s'ouvrait que sur la présentation de cartes d'entrée, qu'on ne distribuait qu'avec une parcimonie extrême (Lamart.,Raphaël,1849, p.299): 3. ... les allocations en munitions et les appuis aériens, qui déjà n'étaient accordés aux nôtres qu'avec une grande parcimonie, sont portés presque en totalité vers le secteur enfoncé par l'ennemi.
De Gaulle,Mém. guerre,1959, p.139. − P. anal. En petite quantité, chichement. En ce moment, le jour que les croisées à petits vitraux garnis de plomb répandaient avec parcimonie, colorait cette assemblée de teintes capricieuses en y créant çà et là de vigoureux contrastes par le mélange de la lueur et des ténèbres (Balzac,Proscrits,1831, p.20). ♦ En partic. Avec mesure, réserve, en s'en tenant au minimum. Les vrais éloges qu'on se plaît à accorder à un poète original, je n'aurais pu les lui donner, pour être sincère, qu'avec parcimonie et mesure (Sainte-Beuve,Pensées,1868, p.134).Si j'arrivais jamais à considérer la vie comme quelque chose dont il faut user avec parcimonie (Bernanos,Lettres inéd.,1905, p.1729).Cette admiration, les Stoïciens ne l'ont accordée au tout qu'avec parcimonie (Ricoeur,Philos. volonté,1949, p.444). ♦ Rare. Sans parcimonie.Avec prodigalité. Deux baies l'éclairent [un bureau] sans parcimonie et regardent un jardin clos qu'a dénudé la mauvaise saison (Arnoux,Double chance,1958, p.144). Prononc. et Orth.: [paʀsimɔni]. Ac. 1718-1762: parsimonie; dep. 1798: -ci-. Étymol. et Hist.1. 1507 [éd.] «épargne minutieuse» la sobre parsimonie (Nic. de La Chesnaie, Condamn. de Bancq., sign. Oi rods Gdf. Compl.); 2. 1831 avec parcimonie «au compte-gouttes» (Balzac, loc. cit.); 1868 fig. «avec beaucoup de réserve» (Sainte-Beuve, loc. cit.). Empr. au lat. class. parcimonia, parsimonia «économie, épargne, sobriété (d'un orateur)» dér. de parsus, part. passé de parcere «épargner, ménager»; est rare av. le xviiies. cf. Ménage: parcimonie, s'il m'est permis d'user de ce mot (Bl.-W.4). Fréq. abs. littér.: 68. |