| PARAPHRASE, subst. fém. A. − Souvent avec une connotation péj. Développement explicatif d'un texte, souvent verbeux et diffus, qui ne fait qu'en délayer le contenu sans que rien ne soit ajouté au sens ou à la valeur. Paraphrase éloquente, lyrique. Sa traduction n'est qu'une lourde paraphrase (Ac. 1835-1935). Daumier fit un ouvrage remarquable l'Histoire ancienne, qui était pour ainsi dire la meilleure paraphrase du mot célèbre: Qui nous délivrera des Grecs et des Romains? Daumier s'est abattu brutalement sur l'antiquité et la mythologie et a craché dessus (Baudel., Art romant., 1867, p.421).Une espèce de paraphrase, en langue araméenne, des récits de la Genèse relatifs aux patriarches (Philos., Relig., 1957, p.142-2).V. aussi paraphraste ex.: 1. On suppose, il est vrai, que le nom du fabricant sera comme un signe abrégé de bonne ou mauvaise fabrication, de qualité supérieure ou faible. Pourquoi donc ne pas se ranger franchement à l'avis de ceux qui demandent, avec la marque d'origine, une marque significative? (...) Les deux espèces de marques ont le même but; la seconde n'est qu'un exposé ou paraphrase de la première, un abrégé de prospectus du négociant...
Proudhon, Syst. contrad. écon., t.1, 1846, p.304. − P. métaph. Oh! dans cette sonorité de midi, dans ce demi-sommeil fébrile de la sieste, −comme vibre et pleure un chant vague, inconscient, résultat des choses, −paraphrase du silence et de la chaleur, −de la solitude et de l'exil! (Loti, Spahi, 1881, p.131). − Fam. Interprétation, commentaire malveillant, défavorable. Il a fait une paraphrase maligne sur un propos fort innocent (Littré). − Spécialement ♦ LING. Opération de reformulation aboutissant à un énoncé contenant le même signifié (ou encore ayant une même structure profonde), mais dont le signifiant est différent, notamment plus long (autrement dit, dont la structure de surface est différente). (Être) en relation de paraphrase; mécanismes de la paraphrase; opération de paraphrase. La phrase passive est la paraphrase de la phrase active correspondante (Ling.1972): 2. ... la paraphrase est à concevoir comme un des deux modes de la production et de la reconnaissance de la signification, et, plus précisément, comme le mode paradigmatique, par opposition au mode syntagmatique qui consisterait dans sa saisie en tant qu'intentionnalité.
Greimas-Courtés1979, p.268. Grammaire de paraphrase [Corresp. à paraphrastique B] Le domaine d'une grammaire de paraphrase recouvre essentiellement les relations entre les suites de phrases. Alors qu'en grammaire générative les règles et les transformations engendrent des séquences grammaticales, dans une grammaire de paraphrase on cherche à établir un système de production des relations de paraphrase (Lang.1973).♦ LITT. Imitation d'ordinaire versifiée, d'un passage de l'Écriture sainte, que le poète amplifie généralement. Paraphrase du Cantique des Cantiques, sur les Psaumes. Malherbe a laissé une belle paraphrase du psaume CXLV (Nouv. Lar. ill.-Lar. encyclop.): 3. Ce gros livre, qui contient les textes latins, leur traduction en prose, la paraphrase en vers des psaumes (...), ce gros paroissien fidèle et candide, il me semble qu'aucun écrivain chrétien n'a rien écrit de plus touchant.
Brasillach, Corneille, 1938, p.421. P. anal. Ces scènes [inconvenantes dans les églises], elles étaient, en somme, une glose du VIecommandement de Dieu, une paraphrase sculptée du catéchisme (Huysmans, Cathédr., 1898, p.308).♦ MUS. Fantaisie sur des thèmes célèbres provenant en général de l'opéra et aboutissant à une composition nouvelle destinée à mettre en valeur la virtuosité de l'interprète. Paraphrase musicale, pianistique; paraphrase de l'alto, de la basse instrumentale. Cédant au gôut du temps, il [Liszt] composa [pour piano] (...) de nombreuses Fantaisies, Arrangements ou Paraphrases sur les opéras à la mode, hérissés de difficultés (Lavignac, Mus. et musiciens, 1895, p.491): 4. ... à cet endroit [au point d'orgue sur la dominante du premier mouvement d'un Concerto], l'exécutant, s'il est doublé d'un improvisateur, est autorisé à introduire une cadence de son cru, qui peut varier depuis quelques traits de virtuosité jusqu'à une paraphrase développée de l'oeuvre exécutée.
Lavignac, Mus. et musiciens, 1895, p.409. Transformation d'une mélodie à partir d'un thème, p.ex. un thème liturgique. Paraphrases mélodiques. Paraphrases pour orgue [de Bach] (sur des thèmes de la liturgie protestante) (Koechlin, Harm., t.2, 1930, p.147).P. métaph. Le plain-chant est la paraphrase aérienne et mouvante de l'immobile structure des cathédrales (Huysmans, En route, t.1, 1895, p.14).♦ PHILOL. SACRÉE. Paraphrase chaldaïque, chaldéenne. ,,Ancienne version de la Bible en chaldéen, qu'on appelle aussi Targum`` (Lar. 19e). B. − P. ext., péj. Discours, récit verbeux ou diffus. Longue et ennuyeuse paraphrase. Dites-nous la chose sans tant de paraphrases (Ac.1835, 1878).Tout le monde en France est las de ces éternelles paraphrases sur le Deux Décembre (Halévy, Carnets, t.2, 1870, p.93). Prononc. et Orth.: [paʀafʀ
ɑ:z], [-fʀa:z]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.1. 1525 «développement explicatif d'un texte» (Lefèvre d'Étaples, Epistre exhortatoire des epistres, N.T., Paris ds Littré: user de paraphrase); 2. 1676 «développement, commentaire verbeux et diffus» (Mmede Sévigné, Corresp., 29 avril, éd. R. Duchêne, t.2, p.278); 3. 1689 «traduction où le texte est amplifié» (R. Simon, Hist. crit. du texte du N.T., I, 326 ds Fonds Barbier, s.v. parasche: une parassa ou section de la paraphrase caldaïque); 4. 1718 «interprétation défavorable» (Ac.: une paraphrase maligne); 5. 1873 mus. «fantaisie écrite sur un air d'opéra» (Lar. 19e, s.v. Liszt: la paraphrase des Patineurs, ballet du Prophète); 6. 1970 ling. (J. Dubois et Fr. Dubois-Charlier ds Langages, déc., no20, p.4 ds Quem. DDL t.28). Empr. au lat. paraphrasis et celui-ci au gr. π
α
ρ
α
́
φ
ρ
α
σ
ι
ς, dér. de π
α
ρ
α
φ
ρ
α
́
ζ «dire la même chose en d'autres termes; altérer le sens», comp. de π
α
ρ
α -(cf. élém. para-1) et φ
ρ
α
ζ «faire comprendre, expliquer, énoncer» (cf. élém. -phrase*). Au sens 6, déjà en angl. en 1964: H. Hiz, The Role of Paraphrase in grammar ds Ducrot-Tod., p.366. Fréq. abs. littér.: 64. Bbg. Bastuji (J.). La Phrase... Lang. fr. 1975, no26, pp.16-21. _Besse (H.). Paraphrases et ambiguïtés de sens. Cah. Lexicol. 1973, t.22, pp.3-42. _Del Vigna (C.). Paraphrase discursive. T. A. Inform. 1977, t.18, no1, pp.45-47. _Fuchs (C.). La Paraphrase. Paris, 1982, 184 p.; Paraphrase et théor. du lang., 546 p.(Thèse. Paris VII. 1980). _Langages Paris. 1973, t.8, no29 (La Paraphrase). _Martin (R.). Inférence, antonymie et paraphrase... Paris, 1976, pp.77-118; Paraphrase et double anton. In: Modèles log. et niveaux d'analyse ling. Metz, 1976, pp.113-129. _Milner (J.-C.). Éc. de Cambridge et de Pennsylvanie... In: [M. (J.-C.)]. Arguments ling. Paris, 1973, pp.179-217. |