| PAPILLOTEMENT, subst. masc. I. − Action de papilloter, de cligner des paupières. Le papillotement des paupières de Schwob quand il ment (Renard,Journal, 1892, p.141). II. A. − Éparpillement de points lumineux ou vivement colorés qui papillotent ou s'agitent sans cesse; effet qui en résulte. J'ai aussi depuis quelque temps de légers troubles de la vue, des sortes de papillotements légers (Léautaud,Journal littér., 3, 1914, p.179). B. − Littéraire 1. Juxtaposition, éparpillement d'une multitude de couleurs qui papillotent. Synon. papillotage, chatoiement, miroitement, scintillement.Il suivait de l'oeil le papillotement des rayons sur l'eau (Lamart.,Tailleur pierre, 1851, p.516): 1. ... dans ses dernières toiles [de Manet] sonne une espèce de fanfare, d'éblouissement, de papillotement de la lumière dans les feuillages et sur l'eau...
L. Daudet,Rech. beau, 1932, p.112. 2. Au fig. a) Surcharge d'expressions brillantes ou d'effets déroutants dans le style d'un écrivain: 2. Même le très grave débat qui s'y joue [dans une pièce de Giraudoux] semble un jeu d'esprit, un tournoi. L'émotion de certaines scènes se dégage mal du papillotement et du chatoiement dont un style trop précieux les revêt.
Gide,Journal, 1931, p.1093. b) Mouvement incessant de la pensée d'un objet à un autre. L'esprit sautait d'objet en objet, dans une fièvre épuisante. Ce papillotement d'images lui donnait le vertige. Il l'attribua d'abord à un excès de fatigue et à l'énervement des jours de printemps (Rolland,J.-Chr., Adolesc., 1905, p.260). C. − Spécialement 1. CIN., TÉLÉV. ,,Oscillation lumineuse. Clignotement désagréable de la lumière, dû à la variation de tension du réseau`` (Neyron 1970). Le papillotement est supprimé à partir de 50 demi-images, donc de 25 images par seconde (Matras,Radiodiff. et télév., 1958, p 86): 3. Ce n'était pas encore le film, car (...) des papillotements pareils à ces mouches lumineuses qui, parfois troublent les vues fatiguées, l'annoncent toujours...
Vialar,Hallali, 1953, p.51. 2. Papillotement auditif. ,,Sensation auditive engendrée par un son interrompu à un rythme intermédiaire entre un rythme assez lent pour que la sensation apparaisse comme discontinue et un rythme assez rapide pour qu'elle apparaisse comme continue`` (Pir. 1964). − P. anal., littér., rare. Ce bruit autour de mes oreilles, ce papillotement, ce n'est rien! Ce n'est que soixante millions d'êtres, et leurs millions d'aïeux, et leurs millions de descendants, qui s'envolent de moi (Giraudoux,Siegfried, 1928, iii, 4, p.134). Prononc.: [papijɔtmɑ
̃]. Étymol. et Hist.1. 1609 «éclaboussure» (G. Vittori, Tesoro de las tres lenguas, Genève, s.v. salpicadura: papillottement); 2. 1611 «fait d'être pailleté d'or ou d'argent» (Cotgr.); 3. a) 1851 «scintillement qui fatigue la vue» (Lamart., loc. cit.); b) 1949 télév. (Nouv. Lar. univ.). Dér. de papilloter*; suff. -(e)ment1*. Fréq. abs. littér.: 12. Bbg. Pauli 1921, p.80. |