| PAPILLE, subst. fém. A. − ANAT. HUM. et ANIM. 1. Petite éminence conique, plus ou moins saillante, à la surface du derme, de certaines muqueuses ou de certains organes, qui correspond à une terminaison vasculaire ou nerveuse, et qui a généralement une fonction sensorielle (notamment gustative ou tactile). Ce café tombe dans votre estomac, qui, vous le savez par Brillat-Savarin, est un sac velouté à l'intérieur et tapissé de suçoirs et de papilles (Balzac,OEuvres div., t.3, 1839, p.187). ♦ Papille (gustative). Le corps de garde est prévenu, et la soupe assaisonnée pour les papilles royales (A. Daudet, Nabab,1877, p.138): 1. Mieux que les fleurs des champs, les papilles gustatives de la langue et dégustatives du palais chantent la gloire de Dieu...
Cendrars,Bourlinguer,1948, p.196. SYNT. Papilles rénales, intestinales, de l'estomac, de la mamelle; papilles dermiques simples, composées; papilles vasculaires, nerveuses; papilles linguales, filiformes (tactiles), caliciformes, fongiformes (gustatives), foliées. 2. Papille optique. Saillie du nerf optique sur la rétine, observable à l'ophtalmoscope, formant un disque blanchâtre sur le fond de l'oeil. Synon. disque optique*.L'artère centrale de la rétine, qui (...) s'épanouit au niveau de la papille optique en ses deux branches rétiniennes (G. Gérard, Anat. hum.,1912, p.436). B. − BOT. Émergence constituée par une cellule épithéliale de l'épiderme sur les organes de certains végétaux (d'apr. Gatin 1924): 2. ... c'est sur le stigmate de la plante que le grain de pollen, retenu par les papilles stigmatiques (...), germe.
Plantefol,Bot. et biol. végét., t.1, 1931, p.486. REM. 1. Papillifère, adj.Qui porte des papilles. Synon. papilleux (v. infra dér.).Carcinome papillifère (Méd. Biol. t.1 1970). L'épithélium utérin est aussi formé de cellules papillifères (E. Perrier, Zool., t.2, 1897, p.1394). 2. Papilliforme, adj.Qui a l'aspect d'une papille. Quatre paires de papilles préanales, plus une saillie papilliforme en avant de l'anus (Brumpt,Parasitol.,1910, p.461). Prononc. et Orth.: [papij]. Littré [-iλ]; DG, Passy 1914: [-il]; Barbeau-Rodhe 1930, Warn. 1968 [-il] ou [-ij]; Pt Rob., Lar. Lang. fr. [-ij] ou [-il]. Martinet-Walter 1973 [-ij]. Hésitation pour papilleux mais uniquement [-il(l)] pour papillaire, papillectomie, papillifère, papilliforme qui sont d'usage sav. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist.1. xve.s. [ms.] «bout de la mamelle» (Corbichon, De la propriété des choses, ms. B.N. fr. 216 [V, 34] ds DG); b) α) 1690 [éd.] «petite éminence à la surface d'une muqueuse» (Dionis, Anat. de l'homme, p.444: C'est par le moyen de ces sortes de papilles que la langue apperçoit les differentes qualitez des saveurs);
β) 1858 papille du nerf optique (Littré-Robin); 1874 papille optique (Lar. 19e); 2. 1817 bot. (S. Gérardin, Dict. raisonné de bot., Paris, Dondey-Dupré). Empr. au lat. papilla «mamelon; pustule, bouton». Fréq. abs. littér.: 163. DÉR. 1. Papillacé, -ée, adj.,bot., rare. [En parlant de certains champignons] Pourvu de papilles. (Ds Forest. 1946). P. anal. As-tu attendu jusqu'à cette heure pour entendre les murmures et les complots qui (...) viennent raser d'une aile farouche les rebords papillacés de ton destructible tympan? (Lautréam.,Chants Maldoror,1869, p.300).− [papil(l)ase]. − 1resattest. a) 1869 «muni de papilles» id.; b) 1874 bot. (Lar. 19e); de papille, suff. -acé*. 2. Papillé, -ée, adj.,rare. Qui est garni de papilles. Langue papillée; stigmate papillé; agaric papillé (Besch. 1845). P. méton. [En parlant d'une pers.] Dont la langue est pourvue de papilles très sensibles. M. Lorrain, dégustateur fortement papillé (Brillat-Sav.,Physiol. goût,1825, p.340).− [papil(l)e]. − 1reattest. 1817 (S. Gérardin, Dict. raisonné de bot.); de papille, suff. -é*. 3. Papilleux, -euse, adj.a) Qui porte des papilles. Synon. papillifère (v. rem. 1 supra).
α) Anat. Surface papilleuse. Cette membrane [interne de l'intestin grêle] est lisse dans le coecum, mais sa surface est papilleuse dans la portion du colon (Cuvier,Anat. comp., t.3, 1805, p.491).
β) Bot. (Ds Gatin 1924 et Forest. 1946).Cette couche externe s'épaissit vers le haut, et forme une sorte de caroncule papilleuse (Ad. Brongniart, Graines foss.,1876, p.23).Le stigmate est une région papilleuse, qui termine le pistil et est divisée en deux lobes (Plantefol,Bot. et biol. végét.,1931, p.446).b) Qui a l'aspect, la forme d'une papille. Synon. papillé.La surface de ce polypier est hérissée de grains papilleux (M. Edwards dsLar. 19e).− [papijø] et [-il(l)ø], fém. [-ø:z]. Barbeau-Rodhe 1930, Pt Rob. [-l(l)ø], [-jø]; noter que Pt Rob. donne l'inverse pour papille. Voir Fouché Prononc. 1959: ,,Papilleux se prononce plutôt avec [ll] qu'avec [j]``. Mais Martinet-Walter 1973 [j]; Lar. Lang. fr.: [-jø] ou [-l(l)ø]. V. prononc. papille. − 1reattest. 1770 [éd.] (Gouan, Hist. des poissons, p.7: le corps extérieur des poissons est papilleux, mammeloné, c'est-à-dire couvert de petites éminences molles, arrondies, semblables aux papilles de la langue); de papille, suff. -eux*. 4. Papillite, subst. fém.,pathol. a) Inflammation des papilles linguales, se manifestant par des lésions ulcéreuses douloureuses de la muqueuse linguale. Papillite linguale (d'apr. Méd. 1966). b) Papillite optique. Inflammation avec oedème de la papille optique. Synon. névrite* optique oedémateuse.Quant au fond de l'oeil (...) tout à fait exceptionnellement, on a noté de la papillite (May dsNouv. Traité Méd. fasc. 41925, p.40).− [papil(l)it]. − 1resattest. a) 1884 «oedème de la papille optique» (Bouchut, Clinique de l'hôpital des enfants malades, p.316 ds Quem. DDL t.8), b) 1907 «ulcérations très petites et très douloureuses ayant leur siège dans les plis de la muqueuse linguale, autour des papilles longiformes» (Nouv. Lar. ill. Suppl.); de papille, suff. -ite*. |