| PANAMA, subst. masc. I. A. − [P.réf. à la ville de Panama d'où ce chapeau était importé] Chapeau d'été pour homme, en paille très fine, souple et léger, tressé avec de minces lanières découpées dans les feuilles d'un latanier d'Amérique centrale; p.ext., chapeau de paille quelconque. A côté de ces feutres, ce chapeau de paille, ce vieux panama, tout gondolé, au cordonnet noir, que le grand empereur portait à Sainte-Hélène (Goncourt,Journal,1895, p.793).Tous les petits propriétaires depuis Juvisy... en faux panamas... (Céline,Mort à crédit,1936, p.132): . ... divers types de feutres à larges bords se partageaient la faveur des messieurs d'allures plus libres. Mais beaucoup de gens achevaient de salir leur chapeau de paille, canotier ou panama.
Romains,Hommes bonne vol.,1932, p.31. − P.méton. Matière servant à confectionner les panamas. Il portait un pantalon de coutil gris et un chapeau de paille de faux panama (Coppée,Idylle pendant siège,1874, p.64).M. Brun porte des lorgnons, un col de dix centimètres, un chapeau de panama, redingote d'alpaga noir (Pagnol,Marius,1931, i, 3, p.32). ♦ En appos. avec valeur d'adj. Couché en chemise de nuit avec un chapeau de paille panama sur la tête (Warcollier,Télépathie,1921, p.261). B. − BOT. [P.réf. à un arbre qui croît dans les régions centrales d'Amérique] Bois, écorce de panama. Écorce contenant de la saponine, et utilisée comme détersif et émulsionnant. Quel vin! Quelque chose de noir avec un goût de bois de panama et une pointe acide (Ramuz,A. Pache,1911, p.111). C. − HIST. POL. ET FIN. [P.allus. à l'affaire du canal de Panama] Scandale de Panama. Après le Panama de la Chambre, voici le scandale de la Revue des Deux Mondes, de la maison Buloz (Goncourt,Journal,1893, p.431). − P.ext., arg. Scandale. Quand elle vit le singe faire un panama du tonnerre de dieu [sur cet incendie par lui-même prémédité] (...) [elle] révéla tout le mystère (M. Stéphane,Ceux du trimard,1928, p.210). II. − Arg. typogr. Erreur grave dans un travail, nécessitant un carton ou même un nouveau tirage. (Ds Boutmy 1883). Prononc. et Orth.: [panama]. Att. ds Ac. 1935. Plur. des panamas. Étymol. et Hist.I. 1842 «chapeau souple» (Roseval, in Les Français peints par eux-mêmes, Province III, p.287 ds Quem. DDL t.12). II. 1874 arg. typogr. (s. réf. ds Esn.; non att. ds Boutmy, Typogr. paris.); 1878 (Id., Dict. lang. verte typogr., p.99). III. 1893 Panama «scandale de Panama» (Goncourt, loc. cit.); 1903 «chose, affaire embrouillée» (Nouv. Lar. ill.). I de Panama, nom de la ville d'Amérique Centrale d'où étaient exportés ces chapeaux fabriqués en Équateur et au Pérou. Cf. angl. panama hat (1833 ds NED). En hisp.-amér., ces chapeaux sont appelés jipijapa, du nom de la ville d'Équateur où ils sont fabriqués. II dér. fantaisiste de l'arg. panne «tableau manqué» (panne3*) et de panner «rater», employant panama «chapeau», puis «gandin», mais sans rapport avec le canal de Panama, entrepris seulement en 1881 (d'apr. Esn.). III de Panama, à la suite du scandale du canal de Panama, en 1892 (v. panamiste). Fréq. abs. littér.: 49. |