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PALISSANDRE, subst. masc.
A. − Bois dur, lourd, très veiné, de couleur variant du brun clair au brun violacé, du rose au rouge soutenu, fourni par diverses espèces arborescentes tropicales (genre Dalbergia [de K. Dalberg, botaniste suédois], tribu des Dalbergiées, famille des Papilionacées, ordre des Légumineuses), autrefois assimilé au bois du jacaranda, et utilisé en ébénisterie. Bureau, chaise, mobilier, piano de, en palissandre. La mode est aujourd'hui au palissandre avec incrustation. Le palissandre prend en effet la place de l'acajou dans nos ameublements de luxe (Nosban, Manuel menuisier, t.2, 1857, p.127).Le jacaranda qui fournit un bois de Palissandre (Plantefol, Bot. et biol. végét., t.2, 1931, p.434).V. imputrescible ex. de Campredon.
♦ Empl. apposé à valeur d'adj. Les murs et les piliers sont revêtus de pierre d'Hauteville polie qui donne une tonalité blonde sur laquelle se détache le mobilier de ton palissandre (Cain, Transform. B. N., 1959, p.15).
− En partic. Certains bois veinés offrent en somme deux couleurs. Ainsi le bois de rose est jaune pâle, veiné de rouge; le palissandre, appelé au XVIIebois de violette, blanc vineux, veiné de gris brun (Viaux, Meuble Fr., 1962, p.3).
♦ Palissandre de Rio. ,,Bois rouge-brun avec veines foncées; très ramagé sur dosse`` (Encyclop. Sc. Techn. t.2 1970, p.421).
♦ Palissandre des Indes. ,,Bois brun-pourpre, veiné de noir, rubané sur quartier; ramagé sur dosse`` (Encyclop. Sc. Techn. t.2 1970, p.421)
− P.méton. Mobilier en palissandre. Chaque objet a de la mémoire et je raconte à mes enfants ce dont il se souvient. De tous les horizons paternels et maternels, de Bordeaux, de Langon, l'acajou Louis-Philippe est venu se mêler au palissandre Second Empire (Mauriac, Journal 1, 1933, p.67).
− P.métaph.
♦ [P.réf. à la couleur du palissandre] Les agents de la sûreté (...) ont tous la même allure (...) et, dans des teints enflammés, des moustaches de palissandre (Huysmans, En mén., 1881, p.312).Les plus belles petites filles d'Harlem (...) paradaient sans se décoiffer, parmi les bébés d'ébène et de palissandre et des mères criardes, tôt alourdies (Colette, Jumelle, 1938, p.212).
♦ [P.réf. à la dureté du palissandre] Synon. de gueule de bois (d'apr. Carabelli, [Lang. fam.] s.d.):
1. ... ce Grunn, au petit jour, Affalé dans un carrefour, Disait −la gueule «en palissandre»: «−S'il est de pires saligauds Au monde que ces Parigots, Je veux qu'on me réduise en cendre!» Ponchon, Muse cabaret, 1920, p.69.
B. − P.méton., BOT. Arbre fournissant le bois de palissandre. Sont (...) des Angiospermes: (...) beaucoup des arbres de nos forêts (...) et de nombreux arbres exotiques (Palmiers, Ébénier, Arbre à acajou, Palissandre, Okoumé, Teck) (Bot., 1960, p.859 [Encyclop. de la Pléiade]):
2. Parmi les principales essences exploitables, on peut distinguer tout d'abord les essences riches qui sont: les ébènes appartenant à une vingtaine d'espèces de diospyros [principal genre de la famille des Ébénacées] et que l'on trouve dans les forêts [malgaches] de l'Ouest et de l'Est, les palissandres appartenant à différentes espèces. Forêt fr., 1955, p.42.
Prononc. et Orth.: [palisɑ ̃:dʀ ̥]. Ac. 1762: palixandre; 1798-1878: -ssandre ou -xandre; 1935: -ssandre; Littré: -ssandre et -xandre; Rob., Lar. Lang. fr.: -ssandre. Étymol. et Hist. 1681 (ap. J. Guiffrey, Inventaire général du mobilier de la Couronne sous Louis XIV, t.2, 149: une petitte table de bois de palisante); 1718 palissandre (doc. ds Havard t.4). Empr. au néerl. palissander, de même sens que le fr., lui-même prob. empr. à un parler indigène de la Guyane, le palissandre étant surtout importé de la Guyane hollandaise. Fréq. abs. littér.: 69.