| PAILLOT2, PAILLOL, subst. masc. HISTOIRE A. − Soute à biscuits d'une galère, où était logé l'employé aux écritures. (Dict. xixeet xxes.). B. − Forçat employé aux écritures dans les bureaux d'un bagne (d'apr. Will. 1831). Est considérée comme poste de faveur [pour un forçat] la place de paillot, ou écrivain (Sers,Intérieur bagnes,1845, p.43).[Il fut porté, au bagne, à Brest, 1833], sur le tableau des grâces (...). Mais, par la friponnerie d'un forçat qui était Paillot chef (...) du bagne, un autre nom fut substitué au sien (Ami de Clémens ds Zaccone, Hist. bagnes,t.1, 1876, p.314). Prononc.: [pajo], [pajɔl], [pɑ-]. Étymol. et Hist.I. Paillol 1382 mar. «fond, plancher de cale de navire» (Comptes du clos des galées de Rouen, éd. Ch. Bréard, p.45: en laquelle galée il faut le paillol de proue, une planche où l'en met le pain en soutte); 1512 pailliau (Inv. de la galère Sainte-Claire, ms. B 1232, fo11, Arch. Bouches-du-Rhône ds J. Fennis, La Stolonomie, p.421); 1690 payol (Coupe d'une galère par Passabon ds Jal1); 1877 id. (Littré Suppl.); 1944 paillol (Aymé, Vogue, p.104). II. Paillot 1. 1542 mar. paglot «soute des galères affectée au pain» (Bertrand de La Boderie, Disc. du voyage de Constantinople, éd. V. L. Bourrilly ds R. Ét. rab. t.9 1911, p.205: Et de biscuit le paglot quasi vuide); 1622 paillo (J. Hobier, Constr. d'une gallaire ds Jal1: La 4echambre s'appelle le paillo où se tient l'escrivain avec le pain et le biscuit); att. sous la forme paillo, pallio ds Trév. 1704-71; 1691 paillot (Seconde partie du traitté de la constr. des galères, ms. Paris, Serv. hist. de la mar., 134 [1486], fo76 ds J. Fennis, La Stolonomie, p.421); 2. 1842 id. «forçat employé aux écritures» (Ac. Compl.). I terme du Bassin méditerr.: cat. pallol (xiiies. ds Cor.-Pasc., s.v. pañol; 1331 ds Alc.-Moll), ital. pagliuolo (1. Naples: xiiies. lat. médiév. a paliole, Vidos, p.500; 1460 de palleolis, ibid.; 2. xvies. [?] a. génois pagliolo, génois mod. paggiêu, ibid.), port. payol, paiol (1456 ds Mach.; 1508 ds Jal1), esp. panol (1539 ds Cor.-Pasc.), le prov. n'est relevé qu'à l'époque mod. (Mistral). Étant donné l'orig. des 1ersex. (à l'Arsenal de Rouen où les Génois travaillaient en nombre; puis en Provence au début du xvies.) et l'ancienneté du mot dans le domaine ital., il est probable que le génois est à la base de cet ensemble. Il aurait été une première fois employé à Rouen, serait passé à Marseille, et de là définitivement en fr. L'a. cat. est prob. de même orig. génoise, le cat. étant ensuite passé en esp. et en port., v. J. Fennis, op. cit., pp.421-424. À l'orig. du génois est un dér. en -olu (-ol*) de palea (paille*), parce que primitivement, ces cales, abritant des réserves de vivres, étaient, dans un souci d'isolation, jonchées de paille. L'esp. a subi l'infl. de pano «drap», une étoffe étant également susceptible d'isoler les vivres du sol, ou de pan «pain». L'étymon lat. palliolum, dér. de pallium «couverture de lit» (Cor.-Pasc.) semble moins fondé, étant donné l'habitude, largement répandue au Moy. Âge, de constituer à diverses fins, des assises, des couches, des matelas de paille, v. ce dernier mot. −L'a. fr. connaît le dér. fém. en -ole*, de paille*: 1. fin xies. judéo-fr. pail(l)ole «paillette, parcelle d'or» (Raschi, Gl., éd. A. Darmesteter et D. Blondheim, t.1, no762); ca 1280 or en paillole (Adenet Le Roi, Cleomadès, éd. A. Henry, 1343); 2. ca 1200 «brin de paille» (J. Renart, Escoufle, éd. F. Sweetser, 5231); 1231 «grenier à paille» (doc. ds Gdf.). II altération de I à l'aide du suff. -ot*; l'hyp. d'un empr. à l'ital. pagliotto (1813, DEI) ne semble pas fondée, l'ital. étant plutôt un hapax empr. au français. |