| * Dans l'article "PACHA,, subst. masc." PACHA, subst. masc. A. − [Dans l'ancien empire ottoman] Gouverneur d'une province. Pacha de Damas, d'Acre. Un arabe à Marseille autrefois m'a conté Qu'un pacha turc dans sa patrie Vint porter certain jour un coffret cacheté Au plus sage dervis qui fût en Arabie (Florian,Fables,1792, p.141). B. − Titre honorifique que portaient en Turquie et dans l'ancien empire ottoman jusqu'en 1923 certains hauts personnages civils ou militaires. Kemal pacha. Quand les Grecs de Colocotroni prirent la ville d'assaut, en 1821, ils massacrèrent toute la population turque, hors les femmes du vieux Kourchid-pacha, gouverneur de la Morée (Barrès,Voy. Sparte,1906, p.174). − P.anal. Titre honorifique accordé à divers dignitaires de pays musulmans ainsi qu'à des officiers britanniques qui exerçaient un commandement dans un pays musulman. À Palmyre et dans le désert sévissait M. Glubb, dit «Glubb-pacha», commandant anglais de la Transjordanian Force, qui s'efforçait de rallier les tribus bédouines à l'Émir Abdullah (De Gaulle,Mém. guerre,1954, p.172). C. − P.compar. ou p.anal. 1. P.compar. − Comme un pacha. En prenant ses aises. Elle n'en a pas la figure, et elle n'y pense guère en tous cas, bien trop occupée à cracher sur les autres et à se carrer comme un pacha dans son lit... (Zola,Joie de vivre, 1884, p.957). − Mener une vie de pacha. Mener une vie fastueuse en se laissant servir par son entourage. Ici je mène une vie de pacha, pour rien, à l'oeil (Verlaine, Corresp., t.2, 1893, p.306). 2. P.anal. a) Arg. mar. milit. Commandant d'un navire de guerre. Le commandant en second n'aime guère ces réjouissances [du Mardi-Gras]: Quand on a sollicité auprès du «Pacha» l'autorisation (...) il a fait (...) la plus vive opposition (Cignerol,Notes Bordachien,1888, p.169). b) Fam. Personnage qui mène une vie de luxe et d'abondance et qui exerce sur son entourage une autorité despotique. Ai-je l'air d'un de ces pachas de coulisses qui s'arrogent le droit de cuissage? (Arnoux,Zulma,1960, p.323): . Il y a un mot dans votre pièce que vous aimez, auquel vous tenez. Ils vous diront: −Rayez-moi ce mot-là, et il faudra le rayer. Quelle puissance! (...) Les pachas de l'encre rouge ne rendent de compte à personne, pas même au ministre, car il ne lit pas!
Reybaud,J. Paturot,1842, p.83. Rem. Au fém., rare pachate: J'en découvre [des pavots] à perte de vue dans les jardins du voisinage, chez d'autres pachates qui les cultivent avec un non moindre amour (Bloy, Journal, 1900, p.22). REM. Pachalesque, adj.Qui présente tous les attraits d'une vie de pacha. Une existence pachalesque (Nerval,Voy. Orient,t.1, 1851, p.287).Les façons pachalesques (Coppée,Toute une jeun.,1890, p.306). Prononc. et Orth.: [paʃa]. Ac. 1762: bacha, avec la mention ,,le b en turc se prononce comme le p en français``, dep. 1798: p-. Étymol et Hist. 1. 1396-97 bassat «chef supérieur de l'armée, gouverneur de province (dans l'Empire ottoman)» (Compte de Pierre de Zande, Ch. des Comptes de Lille, Arch. du Nord ds Gdf. Compl.); 1399 baysat (ds Du Cange, s.v. bassa); 1457 bacha (Bertrandon de La Broquière, Voyage d'Outre-Mer, p.188 cité par R. Arveiller ds Fr.mod. t.17, p.139); 1536 pachia (Lettre de Ch. de Hémard ds E.Charrière, Négociations de la France dans le Levant, t.1, p.309 ds Mél. Dauzat, p.29); 1626 pacha (P.Bordier, Voyage à Constantinople ds Fr.mod., loc. cit.); 2. 1532 titre d'honneur, postposé au nom propre (ds E.Charrière, op. cit., t.1, p.237 ds Barb. Misc. 5, 1928-32, § 19: uns vieil bassa nommé Perim Bassa); 3. 1817 pacha «personnage puissant, autoritaire, qui aime se faire servir» (Stendhal, Rome, Naples et Flor., t.1, 184: cardinal Lante, légat de Bologne, c'est-à-dire pacha tout puissant); 4.1832 comme un pacha «en prenant ses aises» (Balzac, OEuvres div., t.2, p.497); 1846 vie de pacha (Dumas père, Monte-Cristo, t.1, p.400); 1855 «personnage qui aime ses aises» (Goncourt, Journal, p.217); 5.1865 arg. mar. milit. «commandant d'un navire de guerre» (s. réf. ds Esn.); 1888 (Cignerol, loc. cit.). Empr. au turc paşa «pacha (ancien titre des généraux et des gouverneurs)», et celui-ci prob. au persan pād(i)shāh, v. padischah (cf. Klein Etymol., s.v. pasha; Vasmer t.2, p.328). Les deux premières attest. se rapportent à la bataille de Nikopol en 1396 qui vit la victoire des Turcs sur les Hongrois et les Français. Fréq. abs. littér.: 456. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1215, b)650; xxes.: a) 777, b) 85. Bbg. Boulan 1934, p.188. _ Quem. DDL t.7 (s.v. pachalesque); t.9. |