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PÉNITENCE, subst. fém.
A. −
1. THÉOL. CHRÉT., au sing. Regret intérieur et effectif de ses fautes, accompagné de la ferme volonté de les réparer et de ne plus y retomber. Synon. contrition, repentir.Pénitence sincère, véritable. Saint-Cyran prêchait la pénitence plutôt que les pénitences (Bremond, Hist. sent. relig., t.4, 1920, p.247):
1. N'a-t-il pas dit [Jésus] qu'il étoit venu, non pour appeler les justes, mais les pécheurs à la pénitence? Et ne sais-tu pas aussi que quand la pénitence est vraie et entière, elle peut en quelque sorte s'égaler à l'innocence? Repens-toi donc, ma fille... Cottin, Mathilde, t.1, 1805, p.335.
Faire pénitence (de qqc.) Se repentir (de quelque chose). Je ne me donne pas à celui qui est impur, mais à celui qui fait pénitence de ses fautes, je me donne tout entier, comme mon fils s'est donné tout entier (Psichari, Voy. centur., 1914, p.201).
Psaumes de la pénitence. Synon. usuel de psaumes pénitentiaux*.Qu'il [le duc de Bourgogne] y restât [sur l'échafaud] à genou jusqu'à ce que les prêtres assistans aient récité les sept psaumes de la pénitence (Barante, Hist. ducs Bourg., t.3, 1821-24, p.85).
2. RELIG. CATH.
a) Au sing. Sacrement de (la) pénitence ou absol. pénitence. Sacrement par lequel le prêtre remet les péchés et qui comprend la contrition, la confession, la satisfaction du pénitent, le jugement et l'absolution du prêtre. Tous les hommes (...) ont regardé le sacrement de pénitence comme une des plus fortes barrières contre le vice, et comme le chef-d'oeuvre de la sagesse (Chateaubr., Génie, t.1, 1803, p.43).
Tribunal de la pénitence (vieilli). Lieu où le prêtre reçoit la confession. Synon. confessionnal.P. méton., rare. La confession, le prêtre qui confesse. Synon. confesseur.Je sors du tribunal de la pénitence, je ne pensais à rien et vous me remettez l'eau à la bouche, en m'entretenant de ma gourmandise! (Huysmans, Oblat, t.2, 1903, p.268).
b) Pénitence (sacramentelle). Peine expiatoire imposée par le confesseur au fidèle qui reçoit ce sacrement comme sanction des péchés confessés. Imposer pour pénitence; accomplir, faire sa pénitence. J'avais si peu de choses à dire, que cela ne valait pas la peine de déranger un curé; le mien s'en contenta et me donna pour pénitence de réciter l'oraison dominicale en sortant du confessionnal (Sand, Hist. vie, t.3, 1855, p.52).«Vous direz un notre père pour votre pénitence». Et (...) la main droite levée, il murmurait la formule de l'absolution (Martin du G., In memor., 1921, p.566).
HIST. RELIG. CATH. Pénitence publique. Peine imposée par l'Église (jusqu'au xiies.) aux pécheurs scandaleux avant de les absoudre:
2. Si vous étudiez la nature des peines de l'Église, des pénitences publiques qui étaient son principal mode de châtiment, vous verrez qu'elles ont surtout pour objet d'exciter dans l'âme du coupable le repentir; dans celle des assistans, la terreur morale de l'exemple. Guizot, Hist. civilis.,leçon 6, 1828, p.16.
3. P. ext., RELIG. Pratiques pénibles, mortification, que les fidèles s'imposent volontairement ou qui leur sont imposées par l'Église en expiation de leurs péchés. Acte, exercice, rite, temps de pénitence; habit, instrument de pénitence; vivre dans la pénitence; s'infliger des pénitences. [Saint Paul, saint Benoist et saint Jérôme] recouraient à des pénitences furieuses. La douleur est une expiation, un remède et un moyen, un hommage à Jésus-Christ (Flaub., Bouvard, t.2, 1880, p.115).Je tiens à manger ma côtelette, en ce jour de pénitence [le Vendredi Saint], non par bravade, mais pour vous signifier que j'ai gardé ma volonté intacte et que je ne céderai sur aucun point (Mauriac, Noeud vip., 1932, p.57).V. aussi supra ex. de Bremond et cilice ex. 2.
RELIG. JUIVE. Les dix jours de pénitence. La période qui commence avec le Nouvel-An juif et prend fin avec le Jour des Expiations ou Jour du Pardon. Synon. les dix jours de repentance*.Les dix jours de pénitence, l'effort de purification intérieure auquel ils incitent, trouvent leur aboutissement et leur sommet dans la journée de Kippour (E. Gugenheim, Le Judaïsme dans la vie quotidienne,Paris, Albin Michel, 1961, p.102).
[Dans l'appellation de divers ordres ou congrégations] Elle (...) portait l'habit des Soeurs de la Pénitence. Elle ceignait sous sa robe de laine blanche une chaîne de fer, et se flagellait (A. France, Puits ste Claire, 1895, p.250).
Loc. verb. fam. Faire pénitence. Manger peu ou mal. Si vous voulez demeurer à dîner avec nous, vous ferez pénitence (Ac.).
B. − P. ext.
1. Peine imposée en réparation d'une faute. Synon. châtiment, punition, sanction.Faire subir, imposer une pénitence à qqn. La bonne Villeneuve et ma Lucile m'aidaient à réparer ma toilette, afin de m'épargner des pénitences et des gronderies (Chateaubr., Mém., t.1, 1848, p.46).Le vieux, s'il conservait de la rancune, infligerait peut-être des leçons très longues et des pénitences sévères (Adam, Enf. Aust., 1902, p.73).
a) Loc. adv. et fam. En pénitence (de qqc.), pour (ma, ta, etc.) pénitence. En punition, pour peine. C'est la première fois que, pour ma pénitence, J'entends par une femme accuser la constance (Dumas père, Alchimiste, 1839, iii, 4, p.254).Pour votre pénitence de votre retard de l'autre mois, je vous condamne à une avance de jours quant à ce qui concerne les 50 balles de ce mois-ci (Verlaine, Corresp., t.2, 1886, p.48).
b) Loc. verb.
Mettre qqn en pénitence (fam.). Infliger une peine à quelqu'un. Synon. punir, sanctionner.Être en pénitence. Être châtié, puni. La bataille [d'Austerlitz] se donna, comme vous savez; et le Général [Koulouzof] est aujourd'hui en pénitence pour n'avoir pas osé dire la vérité (J. de Maistre, Corresp., 1807, p.291).Flore mettait son maître en pénitence. Ainsi, plus de ces petits mots d'affection dont elle ornait la conversation (Balzac, Rabouill., 1842, p.423).Ne nous mets pas en pénitence. Tes lettres sont notre joie. Continue-nous-les (Hugo, Corresp., 1862, p.381).
En partic. [À propos d'un enfant] Mettre, envoyer en pénitence; être en pénitence. Mettre, être dans un endroit isolé avec défense d'en bouger et de parler, par punition. Synon. être, mettre au coin*, au piquet*.Son père (...) lui donna le fouet et l'envoya en pénitence. Un peu après, je fus député pour l'aller chercher. Je crois encore la voir debout contre le mur, toujours pleurant (Michelet, Mémor., 1822, p.182).
Faire pénitence de qqc. [L'obj. désigne qqc. qui est considéré comme blâmable] Être puni de. Synon. expier.Il s'est abandonné à la débauche dans sa jeunesse, il en fait maintenant pénitence (Ac.).
[P. anal.] Alfieri, dis-je, a voulu donner à ses tragédies le caractère le plus austère. (...) Il semblait qu'il voulût ainsi faire faire pénitence aux Italiens de leur vivacité et de leur imagination naturelle (Staël, Corinne, t.1, 1807, p.349).
c) JEUX (de société). Légère peine, sanction imposée à ceux qui ont manqué aux conditions prescrites ou qui ont contrevenu à la règle du jeu. Synon. gage.Il vaut mieux choisir les pénitences avant le début de la partie; tous les participants donneront libre cours à leur imagination, et le paiement des gages sera en quelque sorte une continuation du jeu (Alleau1964).V. aussi gage I A 3 a ex. de Jouy et pénitent ex. 5.
2. P. ext. Chose désagréable et mortifiante. Elle avait des yeux de romance, le regard preneur, mais un nez solide, un tarin, sa vraie pénitence (Céline, Mort à crédit, 1936, p.21).
3. Austérité, privation. À l'Opéra, tout −disparate du costume, tristesse du décor −proclame la grande pénitence du théâtre lyrique (Levinson, Visages danse, 1933, p.148).Ce sera, certes, une politique d'austérité, de déflation, de pénitence −particulièrement en matière d'équipements collectifs (Le Nouvel Observateur, 1 sept. 1969, p.6, col. 2).
Prononc. et Orth.: [penitɑ ̃:s]. Ac. 1694 et 1718: pe-; 1740: pe- mais ,,Sacrement de Pénitence``; dep. 1762: . Étymol. et Hist.1. a) Ca 1050 «mortification» (St Alexis, éd. Chr. Storey, 546: Ki ad pechet bien s'en pot recorder, Par penitence s'en pot tres bien salver); ca 1165 estre en penitance (Guillaume d'Angleterre, éd. M. Wilmotte, 1210); 1174-87 estre en penitance [le Vendredi saint] (Chrétien de Troyes, Perceval, éd. F. Lecoy, 6090); déb. xiiies. faire penitance [id.] (Chevalier au barisel, éd. F. Lecoy, 88); b) déb. xiiies. cont. non relig. faire greveuse penitance [en parlant d'un amant éconduit par sa dame] (Chastelain de Couci [?], Chansons, éd. A. Lerond, XIII, 8, p.115); 2. ca 1100 «peine imposée au pécheur pour l'expiation de ses fautes» (Roland, éd. J. Bédier, 1138: Clamez vos culpes, si preiez Deu mercit; Asoldrai vos pur voz anmes guarir. ... Par penitence les cumandet a ferir); ca 1165 (Guillaume d'Angleterre, 1215); fin xiies. doner penitance a pechëor (Béroul, Tristan, éd. E. Muret, 1391); 1174-87 doner penitance du pechié (Chrétien de Troyes, Perceval, 6217); 3. ca 1120-50 «sacrement de réconciliation avec Dieu reposant sur le repentir de ses fautes» prendre penitence (Grant mal fist Adam, I, 64 ds T.-L.); ca 1130 prendre pénitance (Li Vers del Juise, 95, ibid.); 4. 1155 «repentir des fautes commises à l'égard de Dieu» (Wace, Brut, 8494, ibid.); 1174-76 (Guernes de Pont-Ste-Maxence, St Thomas, 650, ibid.: Cil se repent forment, de ses mesfaiz se dolt; Itele penitence devant Deu süef olt); fin xiies. venir a penitance (Béroul, op. cit., 2347); 5. 1559 «punition» cont.non relig. (Amyot, trad. Plutarque, Hommes illustres, Caesar, XLIV, éd. G. Walter, t.2, p.450). Empr. au lat. paenitentia, dér. du verbe impers. paenitet (prob. dér. de paene «à peine», Ern.-Meillet) proprement «ne pas avoir assez de; ne pas être satisfait de», de là «avoir du regret, se repentir de» (sens qui entraîne la graphie poenitet, poenitentia par rapprochement avec poena, v. peine). Paenitentia signifie «regret, repentir», spéc. dans la lang. chrét. «regret du péché; démarches, modalités de la pénitence [jeûne, mortification; pénitence publique; signes visibles du repentir]»: paenitentiam implorare, petere, dare; in paenitentiam mittere; «remise des péchés, réconciliation» ves.; plus spéc. «le sacrement de réconciliation [Liber pontificalis, cf. Théol. cath. s.v., 12-1, col. 764-809; xiies. Alain de Lille; de là: forum paenitentiae, terme de théol. «le tribunal de la pénitence»]; peine imposée par le confesseur [Alain de Lille]» v. Blaise Lat. chrét. et Blaise Latin. Med. Aev. L'a. fr. a aussi connu des formes plus francisées: penance (1120-50 fere penance Grant mal fist Adam, II, 1 ds T.-L.), peneance (ca 1135, Couronnement de Louis, éd. Y.G. Lepage, réd. AB, 1392). Fréq. abs. littér.: 876. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 1684, b) 1182; xxes.: a) 1413, b) 804. Bbg. Jean-Nesmy (Cl.). La Pénitence et la peine. Foi Lang. 1978, no1, pp.29-33. _Quem DDL t.10.