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PÉNÉTRÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de pénétrer*.
II. − Adjectif
A. − [Corresp. à pénétrer I A, II A; le compl. de l'adj. désigne un inanimé plus ou moins concr.]
1. [Le subst. qualifié désigne un inanimé] Rempli, imprégné de, baigné de. Pénétré de froid, de soleil; allées pénétrées de silence. Après être descendues dans les fissures d'un terrain plus ou moins disloqué, [les eaux superficielles] remontent pénétrées d'une chaleur qu'elles ont empruntée au sol (Élie de Beaumontds B. Sté géol. Fr., t.4, 1847, p.24).
2. [Le subst. qualifié désigne un être animé] Imprégné de, imbibé de. Pénétré de sueur (Besch. 1845-46).
P. métaph. Elle eût voulu rester toujours blottie entre les bras de Jean, la joue appuyée contre son coeur, toute pénétrée de la chaleur des mille baisers qui tomberaient sur ses cheveux (Gyp, Passionn., 1891, p.167).
[P. méton.] Une fois encore elle [la Grèce] va découvrir en sa vieille âme toute pénétrée de fraîcheur par le pressentiment confus d'un idéal nouveau, une suprême fleur chaleureuse comme un automne (Faure, Hist. art, 1909, p.54).Celui-là [un cheval] était couleur chair (...) et (...) [sa robe] était si fine, si pénétrée de frissons et de lumière, qu'il avait l'air d'une princesse nue (Toulet, Comme une fantaisie, 1918, p.17).
B. − Au fig. [Corresp. à pénétrer I C 1, II C 1; le subst. désigne une pers., un groupe de pers. ou p.méton. un attribut de la pers., une création, une oeuvre hum.] Rempli, nourri de; profondément touché, convaincu, imbu de. Un chantre bien pénétré du style grégorien pourrait peut-être encore de nos jours découvrir les lois rythmiques d'exécution (Bénédictins, Paléogr. mus., t.9, 1889, p.25).M. Xavier Léon prétend que tout le système du philosophe est pénétré de l'idée de Dieu (Théol. cath., t.4, 11920, p.1265).Dans les sociétés pénétrées de rationalisme, de réflexion, de raisonnement, la moralité des images symboliques idéales se ternit et se momifie. Mais son importance grandit de nouveau dès que rebondit ou s'accentue la mentalité mystique (Traité sociol., t.2, 1968, p.153).
[P. méton.] Cet homme [Confucius] (...) qui (...) montre en public une gravité pénétrée de sa mission, est gai et ouvert à la maison (Doeblin, Pages imm. Confucius, 1947, p.29).L'auteur des Joueurs de cartes (...) [cet] ancêtre du symbolisme et de toute peinture pénétrée de la croyance à une correspondance entre les formes extérieures et les états subjectifs (Dorival, Peintres XXes., 1957, p.17).
Empl. abs. Je ne suis rien du tout, qu'un croyant docile et pénétré (Sand, Corresp., t.2, 1844, p.293).
(D'un air) pénétré. (D'un air) fortement convaincu. Sérieux et concentré. L'air important et pénétré de sa valeur d'homme arrivé (Gyp, Le 13e, 1894, p.167).Ai-je l'air assez pénétré? J'en doute (Colette, Vagab., 1910, p.69).
P. iron. ou par dérision. (D'un ton) pénétré, (avoir l'air) très pénétré. Très affecté en apparence, sérieux. Et la maîtresse de Carsonac, avec une voix pénétrée et qui semblait lui sortir des entrailles, modula, comme une musique, ces paroles: «J'ai fait cette nuit un songe étrange» (E. de Goncourt, Faustin, 1882, p.23).Puis vite une histoire, une anecdote, un mot bien fin, bien parisien, enveloppé dans un gros rire; avec cela des airs pénétrés, une joie intime et visible de dire: «Monsieur le duc!» (A. Daudet, Trente ans Paris, 1888, p.38).Peloux hoche la tête, avec l'expression pénétrée et pincée qui lui donne l'air, à vingt ans, d'une vieille fille (Colette, Music-hall, 1913, p.142).
SYNT. (Être) pénétré de l'amour de Dieu; pénétré d'un idéal, d'une conviction, d'une idée, d'une notion; (être) pénétré de douleur; (le coeur) pénétré de reconnaissance; (être) (très) pénétré de ses devoirs, de son importance, de sa supériorité; (être) pénétré de l'utilité de (sa tâche), de la nécessité de (faire qqc.); (être) pénétré des vérités de la religion; soyez bien pénétré de cette vérité.
Prononc.: [penetʀe]. Fréq. abs. littér.: 1843. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3239, b) 2056; xxes.: a) 2834, b) 2267.