| OU, conj. Conjonction de coordination disjonctive, indiquant une alternative qui a valeur de distinction pouvant aller jusqu'à l'exclusion, et reliant des termes, groupes de mots ou propositions de même fonction grammaticale, logiquement associables, voisins ou opposés de sens. I. − [Avec valeur de disjonction non exclusive] A. − [Pour marquer une équivalence plus ou moins exacte, une synon., un choix terminologique entre deux dénominations d'une même réalité] Synon. c'est-à-dire, en d'autres termes, autrement dit.Chou* vert ou vert chou, bonnet* blanc ou blanc bonnet, jus* vert ou verjus. L'ordre des Servites ou Serfs de Marie (Montalembert, Ste Élisabeth,1836, p.lix).La libellule ou demoiselle, la brillante meurtrière qui tue mille insectes en un jour (Michelet, Insecte,1857, p.145): 1. Le lys et spécialement le lys aquatique, que l'on appelle également lotus ou nénuphar, a toujours tenu une grande place dans l'imagerie symbolique de toutes les religions.
Claudel, Poète regarde Croix,1938, p.11. − En partic. [Pour introduire une précision, une explication, parfois restrictive; renforcé dans ce cas] Ou plutôt, ou même, ou pour mieux dire, ou encore, ou plus exactement, ou simplement, ou si vous préférez... L'inattention du père Grandet, ou, pour mieux dire, la préoccupation dans laquelle le plongeait la lecture de sa lettre (Balzac, E. Grandet,1834, p.62).Après la dernière récréation de la journée, ou, comme nous disions, après le dernier «quart-d'heure» (Alain-Fournier, Meaulnes,1913, p.17). − [Dans un titre d'ouvrage ou de chapitre introduisant un sous-titre explicatif] Tartuffe ou l'Imposteur (de Molière). Le roman de Coelina, ou l'Enfant du mystère, cette oeuvre dont la fortune fut grande sous le Directoire et le Consulat (Reybaud, J. Paturot,1842, p.70): 2. ... un livre que j'entrevois et qui déjà prend forme: Geneviève ou La Nouvelle école des femmes −où j'aborderais de front toute la question du féminisme.
Gide, Journal,1930, p.972. B. − [Pour indiquer une évaluation (chiffrée ou datée) approximative, notamment par deux numéraux] En juillet ou en août, ce soir ou demain, dans cinq ou six jours; quatorze ou quinze ans. Entre Mure et Vizille, à cinq ou six lieues de Grenoble (Las Cases, Mémor. Ste-Hélène,t.2, 1823, p.88).On a beaucoup écrit de poèmes en prose depuis trente ou quarante ans (Jacob, Cornet dés,1923, p.15): 3. À cheval, donc, ils allaient à la gare la plus voisine, et, en vingt-cinq ou trente minutes, les deux compagnons étaient à Paris.
Larbaud, F. Marquez,1911, p.30. Rem. 1. L'évaluation porte sur un choix possible entre deux numéraux consécutifs ou sur leur égale éventualité. 2. De... à est plus souvent accolé à des numéraux non consécutifs (ex. de trente à quarante personnes). Voir Grev. 1975, § 916, no30. C. − 1. [Pour marquer une alternative, un choix possible (ou imposé) mais sans conséquence entre deux termes de nature identique, en particulier l'indifférence entre deux éventualités opposées] Cela lui est égal, lui importe peu de... ou de..., peu importe que..., ici ou là, ici ou ailleurs, l'un ou l'autre, tel ou tel, un jour ou l'autre, plus ou moins, tour à tour... ou..., tôt ou tard, ou inversement, ou réciproquement, ou vice versa, d'une manière ou d'une autre, de près ou de loin, totalement ou en partie, par force ou par ruse, avec ou sans..., qu'on le veuille ou non, à tort ou à raison, en bien ou en mal, etc. Il n'importait guère d'être ou non reconnus (Farrère, Homme qui assass.,1907, p.222).Ça te serait-il égal que Bernard fût à Argelouse ou à Paris? (Mauriac, Th. Desqueyroux,1927, p.209): 4. Ses cheveux aplatis, son costume du dimanche ruissellent, et tout trempé, il attend qu'on le change ou que le soleil le sèche, au choix: ça lui est égal.
Renard, Poil Carotte,1894, p. 69. − Que + verbe au subj. ... ou (que)...Toutes les autres femmes, qu'elles aient vingt ou cinquante ans, ont pour lui le même âge (Goncourt, Journal,1864, p.12): 5. Que le tour du soleil ou commence ou s'achève,
D'un oeil indifférent je le suis dans son cours;
En un ciel sombre ou pur qu'il se couche ou se lève,
Qu'importe le soleil? Je n'attends rien des jours.
Lamart., Médit.,1820, p.14. − ... ou..., ... ou... (disjonctions par couples, doubles ou multiples).Beau ou laid, jeunes ou vieux, à Paris ou à Londres, de jour ou de nuit, etc. Jeune ou vieux, riche ou pauvre, un Français, quelles que soient son origine, sa province, sa condition, est nécessairement un voltairien (Quinet, All. Ital.,1836, p.94): 6. ... nous sommes ce que nous font les circonstances; qu'un enfant soit gai ou triste, silencieux ou bruyant, qu'il montre ou ne montre pas des aptitudes au travail, nul augure à en tirer.
Chateaubr., Mém.,t.2, 1848, p.303. 2. [Pour indiquer une alternance ou une succession dans le temps, avec des verbes d'action conjugués ou bien à l'inf., au part. prés. ou passé] Synon. tantôt... tantôt, parfois... parfois, ici... là..., soit... soit.Passer son temps à lire ou à dormir. Il s'asseyait sur un banc et regardait les enfants jouer ou bien les cygnes glisser sur l'eau (Flaub., 1reÉduc. sent.,1845, p.17).À partir de ce jour, elle fut capricieuse, prenant ou ne prenant pas les remèdes, selon son humeur du moment (Zola, Page amour,1878, p.945): 7. Quand j'étais seul dans une ville, je passais mes jours dans les musées, ou bien je lisais dans ma chambre des livres sur Venise, sur Rome.
Maurois, Climats,1928, p.35. II. − [Avec valeur d'alternative exclusive] A. − [Pour marquer une alternative exclusive et opposer deux réalités, indiquant qu'une des possibilités exclut l'autre, en particulier dans un dilemme] Il faut vaincre ou mourir; c'est l'un ou l'autre, il faut choisir; la bourse ou la vie, oui ou non, tout ou rien, mort ou vif, pair ou impair, pile ou face, quitte ou double, la liberté ou la mort, c'est pour aujourd'hui ou pour demain?, c'est le moment ou jamais, vrai ou faux?, c'est à prendre ou à laisser, peu ou prou, vivre ou mourir, de gré ou de force, pour ou contre, la guerre ou la paix; de près ou de loin, c'est une question de vie ou de mort; Dieu ou l'argent, lui ou moi, etc. Moi qui ne rêvais que d'être prêtre. Être prêtre ou mourir! (Bernanos, Journal curé camp.,1936, p.1043).Aucun de nous ne peut se sauver seul; il faut que nous nous perdions ensemble ou que nous nous tirions d'affaire ensemble. Choisissez (Sartre, Huis-clos,1944, 5, p.148): 8. ... je me couchai avec le torticolis, avec mal dans le dos, mal dans les reins, mal dans les jambes. Le matin, au réveil, chaque mouvement m'arrachait un cri. Mais quoi! il fallait marcher ou renoncer à mon emploi.
Frapié, Maternelle,1904, p.33. Rem. En log. ou en philos. notamment, l'alternative est l'énoncé de deux propositions contradictoires entre lesquelles on est mis en demeure de choisir (il n'est que deux partis possibles et l'obligation est d'en choisir un; en log., des deux propositions, l'une seulement est vraie), soit qu'il n'y ait pas de solution intermédiaire, soit que le sujet doive trancher entre deux extrêmes. Même au second échelon, l'énoncé d'un fait ne peut être que vrai ou faux (Poincaré, Valeur sc., 1905, p.225). − LOG. (exclusion bipolaire). Symbole (V) de la somme* logique. Étant donné une proposition composée quelconque, sa valeur de vérité pour chacune des valeurs de vérité de ses composantes est entièrement déterminée. Considérons par exemple la proposition «Il ne pleut pas ou je prends mon parapluie». Abrégeons-la par «~p V q». Elle comporte deux composantes(...), donc quatre combinaisons possibles de vrai et de faux (Log. et connaissance sc.,1967, p.180 [Encyclop. de la Pléiade]). ♦ Empl. subst. masc. [Pour désigner chacun des deux types d'opérateurs logiques] Le ou exclusif (symb. w). Synon. alternative.Le ou inclusif ou non exclusif (symb. v). Synon. disjonction (inclusive) (ds Ging.-Lauret 1973). B. − 1. [Alternative de sub.] − [En remplacement de soit devant le dernier terme d'une alternative] Soit... ou... (pour soit... soit...). V. être1IreSection III B 2. − Ou que,conj. de subordination fonctionnant comme substitut d'une autre, pour introduire une seconde proposition subordonnée (de temps, but, cause, conséquence, concession, condition, supposition, etc.). ♦ Soit que... ou (que)...Rose, toujours rosissant, soit qu'il commence ou finisse de rougir (Martin du G., Devenir,1909, p.29): 9. Mais, soit qu'il n'eût pas remarqué cette manoeuvre ou qu'il n'eût osé s'y soumettre, la prière était finie que le nouveau tenait encore sa casquette sur ses deux genoux.
Flaub., MmeBovary,t.1, 1857, p.2. ♦ Quand... ou (que)...Je fuyais dans les blés, ainsi qu'une fauvette Quand on l'appelle, ou qu'elle a peur (Desb.-Valm., Idylles,1833, p.10).Je suis jaloux, quoi que je fasse ou que je veuille (Géraldy, Toi et Moi,1913, p.49). ♦ Que... ou (que) + subj.(sert à exprimer l'équivalence entre deux ou plusieurs suppositions différentes et/ou opposées, mais ayant la même conséquence exprimée par la proposition principale). Qu'il pleuve ou (qu'il) fasse beau. Que vous me croyiez ou que vous ne me croyiez pas, je n'en suis pas moins décidée (Meilhac, Halévy, Froufrou,1869, iii, 1, p.91). ♦ (Que)... ou non (fam. ou pas).Selon que, suivant que, soit que... ou (que) (ou non). Que le chancelier Bacon fût ou non prévenu d'une éclipse de lune, il tombait en faiblesse au moment où elle s'opérait (Balzac, L. Lambert,1832, p.95). ♦ [Interr. double] Viendra-t-il ou ne viendra-t-il pas? Viendra-t-il ou non? Quel destin mon imagination lui réserve-t-elle? Le tuerai-je ou le laisserai-je vivre? (Tharaud, Dingley,1906, p.28).Qui soignera Paul, est-ce vous ou moi? (Cocteau, Enfants,1929, p.30). ♦ [Interr. indir.] Il ne sait pas, il ignore s'il viendra ou non, elle n'est pas sûre qu'il vienne ou non. − [indir. double] Maman m'a priée de vous demander si c'est l'omnibus ou le breack que vous voulez qu'on attèle? (Pailleron, Âge ingrat,1879, i, 2, p.4). 2. Littér. [Dans une alternative ou interr. double, ou si introd. le second terme de l'interr.] V. aussi si = ou bien, ou alors est-ce que...? (qui introd. une sorte d'interr. indir., coordonnée à une interr. dir.).Est-ce que vous viendrez, ou si c'est lui? (Ac.).Tu dis que tu as demandé des chevaux; est-ce que c'est vrai? ou si tu te moques de moi? (Musset, Il ne faut jurer,1840, ii, 1, p.129).Dites-moi, je vous en prie, et bien vite −est-ce cela que vous désirez −dites? ou si c'est autre chose? (Gide, Corresp.[avec Valéry], 1891, p.43): 10. père ubu: Elle est bonne, celle-là! On me fait payer douze sous par jour pour cette rosse et elle ne me peut porter. Vous vous fichez, corne d'Ubu, ou bien si vous me volez?
Jarry, Ubu,1895, III, 8, p.66. 3. [Ou en corrélation parfois avec un compar. ou un superl., le compl. partitif étant introd. par de, dans une interr. avec qui, lequel, qu'est-ce que...?] Lequel, de toi ou de lui, a menti? Du souci matériel certain ou de la froideur morale possible, lequel choisir? (Amiel, Journal,1866, p.451).C'était un pari... à qui, de Monsieur de Valréas ou de moi, arriverait ici le premier (Meilhac, Halévy, Froufrou,1869, i, 3, p.9): 11. Bien malin celui qui saurait, d'elle ou de vous, qui est le menteur, car peut-être étiez-vous d'accord pour me tuer et me voler, hein?...
Bernanos, Nuit,1928, p.29. 4. [Après une forme verbale (impér., subj., fut. simple ou périphrastique) ou une expression traduisant une injonction, un ordre, une défense, une menace, ou sert à introduire la conséquence, le résultat de l'action, l'action nouvelle choisie par le lecteur si l'ordre n'est pas exécuté] Synon. sinon, sans cela, sans ça (fam.), sans quoi, autrement.Haut les mains ou je tire! Taisez-vous ou vous serez puni. Entrez dans cette chambre, ou vous êtes perdu (Musset, À quoi rêvent j. filles,1832, ii, 2, p.372).Il faudra changer ça, ma fille, il faudra changer ça. Ou ça finira mal (Péguy, Myst. charité,1910, p.19): 12. le marquis, emmenant Edgard. Nous allons parler de tout ça, je te dis... et tu vas tâcher de te tenir, ou bien je te flanque des calottes moi, à la fin!...
Meilhac, Halévy, Cigale,1877, II, 2, p.62. Rem. 1. Renforcé par sinon, autrement, bien, alors: ou alors, ou autrement, ou bien, ou sinon... Dites-vous les uns aux autres le mal que vous avez fait et celui que vous avez médité, ou sinon le poison du péché vous étouffera et vous mènera en enfer (Camus, État de siège, 1948, 1repart., p.209). 2. Ou sinon, ou autrement sont rejetés par certains puristes qui considèrent que sinon, autrement expriment la supposition interne (v. Littré, Mauger, Gramm. pratique du fr. d'auj., 1968, p.349 et G. Dupré 1972). 5. Ou (bien)... ou (bien)...[Pour insister sur l'exclusion de l'un des deux termes de l'alternative] Ou vous obéirez, ou vous serez puni; ou je me trompe fort/ou je ne m'y connais pas, ou...; ou c'est vrai, ou c'est faux; de deux choses l'une, ou... ou... (v. chose1ex. 28). À travers ces écueils, qu'ils regardaient blanchir, Il fallait ou passer, ou tourner la montagne (Lamart., Chute,1838, p.915).Il me faut, ou la parfaite solitude, ou la parfaite sympathie (Maurois, Disraëli,1927, p.256): 13. Voulez-vous que je vous dise? cria Grange. Ou c'est un brave homme; et il se laisserait rouler. Ou c'est une canaille; et il nous roulerait de mèche avec les autres.
Pourrat, Gaspard,1925, p.32. − Ou... ou... ou...[Dans une alternative multiple] :
14. Il me tend la carte: j'ai droit à un hors-d'oeuvre au choix: cinq rondelles de saucisson ou des radis ou des crevettes grises ou un ravier de céleri rémoulade. Les escargots de Bourgogne sont supplémentés.
Sartre, Nausée,1938, p.136. Rem. 1. Accord du verbe dont les suj. sont coordonnés par ou. a) Si l'idée d'exclusion de l'un des deux suj. domine, le verbe reste au sing. Le père ou la mère doit signer le carnet scolaire (l'un des deux seulement) (v. Grev. 1975, § 818). Ce n'est point que le vrai saisisse son esprit; c'est que Bayle ou Voltaire ou Jean-Jacques l'a dit (Chénier, Épîtres, 1794, p.196). b) Si l'idée de conj. des deux suj. domine (les deux suj. pouvant concourir à l'action), le verbe peut se mettre au plur. Son père ou sa mère viendront (l'un ou l'autre, au choix, ou même les deux). L'un ou l'autre se dit ou se disent. La peur ou la misère ont fait commettre bien des crimes (Ac.). Beethoven ou Mozart furent souvent mes discrets confidents (Balzac, Peau chagr., 1831, p.84). c) Lorsque les suj. ne sont pas à la même pers. ou que l'un des deux est un pron. pers., le verbe s'accorde en genre, en nombre et en pers. avec le suj. qui a la priorité (v. Grev. 1975, § 818). Vous ou moi, nous ferons telle chose (Ac.). C'est Louise de Trailles, ou moi −je ne sais plus −qui versais le poison (Bernanos, MmeDargent, 1922, p.10). d) Avec tel ou tel, le verbe reste au sing. (v. Grev. 1975 § 460 A 2 rem.). 2. Répétition de ou. a) Seulement avant le dernier terme. Blond, brun ou roux; si ... si ... ou si... Qu'importe que ma vie soit féconde ou stérile, heureuse ou tourmentée? (J.-J. Ampère, Corresp., 1823, p.240). b) Devant chaque terme sauf le premier. Aujourd'hui, ou demain, ou après-demain. Ou tu travailleras, ou tu te passeras de pain (Giraudoux, Simon, 1926, p.7). c) [Dans une interr. double avec un partitif, de se répète: qui, de vous ou de lui...?] V. supra II B 3. d) [Dans une coordination de numéraux (évaluation approximative), la prép. ne se répète pas: ex. dans une heure ou deux, dans deux ou trois jours; de même dans une coordination de deux termes très voisins de sens: par ignorance ou imprudence] Le retouchage d'un vêtement acquis par don gracieux ou échange (Miomandre, Écrit sur eau, 1908, p.35). Prononc. et Orth.: [u]. Homon. août, hou1, hou2, houe, houx, où. Pas de liaison entre subst. et ou: François ou René; médecins ou pharmaciens; ni entre les numéraux un, deux, trois, vingt, cent (ainsi que composés) et ou: cent ou davantage, vingt ou plus (Fouché Prononc. 1959, pp.441-451). Étymol. et Hist. A. Marque une alternative dont l'un des termes entraîne l'exclusion de l'autre 1. 1remoitié xes. (Jonas, éd. G. de Poerck, 139: Se Ninive destruite astreiet u ne fereiet); ca 1050 (St Alexis, éd. Chr. Storey, 204: Il me prendrunt [mi parent] par pri ou par poëste; 597: Dusur[e] terre nel pourent mais tenir: Voilent o non, sil laissent enfodir [St Alexis]); ca 1100 (Roland, éd. J. Bédier, 102: En la citet nen a remés paien Ne seit ocis u devient crestien; 2663: Ne finerai en trestut mun vivant Josqu'il seit mort u tut vif recreant); 2. ca 1100 u... u (ibid., 1730: U pris u mort i fust li reis Marsilie); ca 1170 (Marie de France, Lais, éd. J. Rychner, Guigemar, 497-498: U il avrat hastif sucurs, u li esteot vivre a reburs); 2. 1130-40 o (+ subj.) ... o (+ subj.) «soit que... soit que» (Wace, Conception N.-D., éd. W. R. Ashford, 767-768: O il volsist o ne deignast, o bel li fust o li pesast, Li estuet la dame esposer); 3. a) ca 1150 ou... ou en corrélation avec un compar. dépendant de qui ou de lequel interr. (ici, interr. indirecte) (Thèbes, éd. G. Raynaud de Lage, 98: Or verrons qui porra plus ou Apollo ou Laus); 1176-81 (Chrétien de Troyes, Charrette, éd. M. Roques, 4331); b) 1160 introduit le 2eterme d'une interr. indir. double se... o se «si... ou si» (Eneas, 67 ds T.-L.: Demande a toz comunalment S'il se voldront o lui tenir... O s'en voldront retorner enz...); c) 1160-74 introduit une interr. indir. double u... u «si... ou si» (Wace, Rou, éd. A. J. Holden, III, 599: Ele l'enpeinst de tel aïr, Ne sai u od piez u od meins; III, 5616-17); 4. 1229 après un impér., introduit la conséquence qui s'ensuivra si l'ordre donné n'est pas observé (Gerbert de Montreuil, Violette, éd. D. L. Buffum, 142: Aprendés a valoir maris, Ou vous m'avés perdue). B. Marque une alternative sans opposition radicale entre deux éventualités 1. ca 1100 (Roland, 3670: S'or i ad cel qui Carle cuntredie, Il le fait pendre o ardeir ou ocire); 1160-74 (Wace, Rou, III, 83: Des tresturnees de ces nuns..., Poi u nïent seüssum dire Si...); ca 1170 (Marie de France, Lais, Guigemar, 16: Nel voil mie pur ceo lessier, si gangleür u losengier Le me volent a mal turner); ca 1190 (Floovant, 8 ds T.-L.: ...nul home...Qu'il ne vosist ocire et les mambres tolir, Ou pandre an autes forches ou detraire a roncins); ca 1200 (Chanson de Guillaume, éd. D. McMillan, 578: S'il erent pors u vers u sengler, De hui a un meis nes avrium tuez); 2. ca 1160 o bien... o «ou... ou; soit... soit» (Eneas, 7152 ds T.-L.); 3. a) 1176 ou... ou (Chrétien de Troyes, Cligès, éd. A. Micha, 5830: ...ceste dame n'est pas morte..., Se je vive ne te la rant Ou tu m'oci ou tu me pant!); b) 1176-81 ou soit... ou (Id., Chevalier au lion, éd. M. Roques, 4050: Lors liofre a doner del suen Li sire, s'il an vialt avoir, Ou soit de terre ou d'autre avoir...); c) 1269-78 ou que... ou que «soit que... soit que» (Jean de Meun, Rose, éd. F. Lecoy, 15399-400); d) xiiies. o se... o se «id.» (Ysopet de Lyon, 940 ds T.-L.). C. Marque le choix entre deux numéraux ca 1100 u... u; u... u... u (Roland, 41: S'en volt ostages, e vos l'en enveiez, U dis u vint...; 148). D. Marque une équivalence entre deux termes de même signification, d'appellation différente 1546 (Hypnerotomachie ou discours du songe de Poliphile...traduit de langage italien en françois par J. Martin et J. Gohory ds Cioranescu 16e, no14715). Du lat. aut conj. disjonctive «ou, ou bien» (liant deux mots, deux prop.) pouvant être renforcé par diverses particules: aut certe, etiam, sane, potius...; avec redoublement: aut... aut «ou bien... ou bien; soit... soit», servant à marquer que chacune des deux alternatives exclut l'autre. Ou a assumé également les empl. de vel, employé pour marquer que la distinction qu'on a pu établir n'avait pas d'importance [proprement «si vous voulez»], aussi employé pour corriger un terme, une expression dont on vient de se servir: vel dicam, vel potius. Fréq. abs. littér.: 169693. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 282791, b) 206981; xxes.: a) 181994, b) 260041. Bbg. Antoine (G.) La Coordination en fr. Paris, 1962, pp.1012-1060; 1063-1066; 1090-1092. _ Blumenthal (P.). La Synt. du message. Tübingen, 1980, pp.110-113. _ Dauzat (A.). En mon nom et au sien. In: [Mél. Bruneau (Ch.)]. Paris, 1954, pp.1-9. _Ducrot (O.). La Preuve et le dire. Paris, 1973, pp.85-109. _ Mériz (D.). O. F. Imp(erative) + et/ou + imp. Two problems. In: [Mél. Solano (L.-F.)]. Chapel Hill, 1970, p.141. _ Michon (J. P.), Potdevin (M.). Rech. d'assoc. paradigm. et théorie des graphes. In: Colloque «Stat. et Ling.» 1973. 2-3 mars. Metz. Paris, 1974, pp.148-150. _ Rey-Debove (J.). Le Métalangage ... Paris, 1978, p.50, 51, 53, 284, 285. _ Van Hout (G.). La Coordination. Cah. Ling. théor. appl. 1972, t.9, p.258. |