| OTTOMAN, -ANE, adj. et subst. I. − Adj. et subst. A. − Adjectif 1. Qui descend d'Osman. Souverain ottoman. La dynastie ottomane (...) doit sa solidité (...) à ce fond de fidélité tartare que rien n'a encore pu ébranler (Renan, Hist. Isr., t.2, 1889, p.71). 2. Empire ottoman. Empire turc constitué par Osman et ses successeurs, qui atteignit son apogée au xviies., puis déclina jusqu'à son démembrement après la Première Guerre mondiale et prit fin avec l'établissement de la république en 1923. Formation, expansion, chute de l'Empire ottoman. L'empire ottoman, ce vieux colosse déjà criblé de blessures, va-t-il enfin achever de périr sous un dernier coup de sabre d'Ibrahim? (Mussetds R. des Deux Mondes, 31 janv. 1833, p.325): 1. ...c'est bien mauvais cette idée d'un partage de l'empire ottoman. Nous aurions la Syrie, mince rivage. L'Allemagne viendrait s'installer dans la vaste plaine d'Alexandrette, infiniment riche. Ce serait son installation dans la Méditerranée, bien redoutable pour nous (...). Non, il faut souhaiter le maintien de l'empire ottoman.
Barrès, Cahiers, t.10, 1914, p.282. 3. De l'Empire ottoman. a) [En parlant d'une pers. ou d'une collectivité] L'année d'après Lépante, la flotte ottomane tenait encore tête à toutes les marines réunies de la chrétienté (Hugo, Rhin, 1842, p.429).Bonaparte était sans nouvelles de l'Europe quand, à son retour de Saint-Jean-d'Acre, il envoya un parlementaire à l'amiral ottoman (A. France, Clio, 1900, p.156). b) [En parlant d'un inanimé] Des fonds étaient versés à la banque ottomane Pamenyaï-ben-Kaga, maison de toute sécurité (A. Daudet, Port-Tarascon, 1890, p.47).Les Grecs s'étaient révoltés contre la domination ottomane et nous avons peine à comprendre aujourd'hui l'enthousiasme philhellène de la France d'alors (Bainville, Hist. Fr., t.2, 1924, p.159). − En partic. Qui a rapport à la civilisation ottomane. Typogr. Lettres ottomanes. ,,Lettres ornementales de forme particulière; les pleins paraissent concaves et rétrécis dans le milieu; ils sont blancs, mais chargés de billes et d'ornements en ligne`` (Maire, Manuel biblioth., 1896, p.369). c) Empl. subst., p.ell., rare − Masc. sing. Valeur émise par l'Empire ottoman. Mourgue (...) lisant son journal: Tiens, l'ottoman est en baisse d'un franc (...). MmeVaussard: Monsieur Chapusot, savez-vous si notre oncle a de l'ottoman (Zola, Hérit. Rabourdin, 1874, i, 4, p.147). − Loc., au fém. À l'ottomane. À la mode des Ottomans. Les boyards abandonnaient leur houppelande à l'ottomane pour se mettre à l'occidentale (Tharaud, Jument err., 1933, p.102). B. − Substantif 1. Celui, celle qui appartient à la dynastie d'Osman. Je voyageais dans l'empire des Ottomans, et je parcourais les provinces qui jadis furent les royaumes d'Égypte et de Syrie (Volney, Ruines, 1791, p.6). 2. Habitant de l'empire ottoman. Synon. Turc: 2. Un coin de Stamboul égaré sur la rive pérote [de Péra, quartier d'Istanbul]. Cela ne ressemble guère à la caricature de ville européenne qui sévit alentour. Plus de beaux messieurs à la mode de Londres, ni de belles dames à la mode de Paris (...). Rien que de grands Ottomans graves, rien que des Musulmanes voilées qui se hâtent.
Farrère, Homme qui assass., 1907, p.25. II. − Subst. fém. Grand siège à pieds, de forme ovale, comportant parfois un dossier enveloppant. J'aime nonchalamment, sur la molle ottomane, M'étendre, demi-nu, quand darde la chaleur (Borel, Rhaps., 1832, p.36).La majesté bourgeoise du salon des Cormon n'exista plus quand il fut blanc et or, meublé d'ottomanes en acajou, et tendu de soie bleue (Balzac, Vieille fille, 1836, p.394). III. − Subst. masc. Tissu de soie, à trame de coton, à grosses côtes. [Le] veston d'appartement de Grault, son veston de séducteur en ottoman hanneton (Colette, Seconde, 1929, p.200).Les gros-grains et les ottomans (...) caractérisés par les côtes, qui se présentent dans le sens de la largeur (J. Coulon, Technol. gén. modiste, 1951, p.42).La longue femme brune vêtue d'ottoman noir et de diamants (Beauvoir, Mandarins, 1954, p.182). REM. 1. Osmanli, subst. masc.a) Membre d'une des tribus turcomanes qui, dirigée par Ertoğrul, père d'Osman, vint s'établir dans la région de Söğüt où le sultan leur assigna un territoire qui fut le noyau du futur Empire ottoman; p.ext., Turc. Synon. Ottoman.La Morée, depuis que les Osmanlis en sont les possesseurs, est réunie sous la domination d'un pacha à trois queues, nommé par la Porte (Pouqueville, Voyage en Morée, t.1, Paris, Gabon, 1805, pp.66-67).Pour le grand public il n'y a de Turc que de Turquie et de langue turque que celle qui est parlée par les Turcs (musulmans) de ce pays, ceux qu'on appelait naguère les Osmanlis ou Ottomans (de Otuman ou Osman). L'abandon de cette dernière désignation proscrite par la nouvelle République met dans l'embarras ceux qui ont le légitime désir de distinguer par un terme approprié cette langue de l'ensemble des parlers apparentés (Lang. Monde1952, p.331).b) Langue turque. Le même suffixe, appliqué d'abord aux emprunts turcs eux-mêmes (...), le fut ensuite à des mots complètement étrangers à l'osmanli (L. Sainéan, Les Éléments orientaux en Roumainds Romania1902, p.82). 2. Osmanli, -ie, adj.Qui est relatif aux Osmanlis, à l'osmanli. Radical, verbe, élément osmanli; forme osmanlie. Sous le rapport du sens, beaucoup d'emprunts osmanlis ont acquis en roumain une acception figurée, complètement étrangère à l'idiome oriental (L. Sainéan, Les Éléments orientaux en Roumainds Romania1902, p.88). Prononc. et Orth.: [ɔtɔmɑ
̃], fém. [-an]. Ac. 1835-1935: ottomane. Étymol. et Hist. 1. 1543 subst. «membre de la dynastie fondée par Othman Ier; p.ext. Turc» (A. Geuffroy, Briefve description de la cour du Grand Turc, et ung sommaire du regne des Ottomans, Paris ds Cioranescu 16e); ca 1590 adj. (Montaigne, Essais, II, 21, éd. V.-L. Saulnier, p.677: la race Hottomane); 1672 empire ottoman (Racine, Bajazet, I, 1); 2. 1729 «canapé, lit de repos» (Inventaire gén. des meubles de la Couronne ds Havard: un grand lit de repos en ottomane); 1743 (Godard d'Aucour, Mém. turcs, éd. Uzanne, p.52: Je l'aidai à quitter l'ottomane ou reposoient tant d'appas); 3. ca 1902 velours ottoman «sorte d'étoffe de soie» (Gde Encyclop., t.30, p.204b, s.v. soie); 1910 ottoman (Lar. pour tous). Empr. à l'ar.uṯmānī
, adj. dér. de Uṯmān, nom du fondateur de la dynastie ottomane, Osman Ier, 1259-1326, sultan de 1281 à 1326. De la forme Osman, qui représente la prononc. turque de Uṯmān, est dér., au moyen du suff. adj. turc -li, l'adj. osmanli «ottoman», d'où est empr. le fr. osmanli, «id.». Au sens 3, mot att. en angl. en 1883, ottoman ds NED. Fréq. abs. littér.: 137. |