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OSÉ, -ÉE, part. passé et adj.
I. − Part. passé de oser*.
II. − Adjectif
A. − Audacieux, qui ose. Synon. imprudent, téméraire.Un homme a été assez osé pour déclarer son amour à la reine (About,Grèce,1854, p.343).Monsieur, je vous trouve bien osé de paraître devant moi, l'épée au côté (Sardou,Patrie,1869, iii, 4etabl., 4, p.93):
1. Vous allez me trouver bien osée, monsieur le comte. Je ne sais pas comment j'ai trouvé le courage d'entrer dans votre hôtel et de vous y demander; mais vous m'avez saluée si gentiment hier... Gide,Caves,1914, p.844.
− [P. méton.] Démarche, tentative osée. Demander brusquement le miroir, c'était un moyen bien osé de connaître la vérité (Louïs,Aphrodite,1896, p.146):
2. J'ai sorti un petit complet! Je n'ai pas encore osé le mettre à Trouville, sur la plage... Je l'essaye ici... C'est peut-être un peu osé?... Qu'en penses-tu? Il y a le ruban du chapeau qui est d'une audace! Et qui me donne un peu l'air calicot, hein?... H. Bataille, Maman Colibri,1904, II, 2, p.15.
♦ En partic., dans le domaine de la création artist.Sa peinture est assez osée pour bien porter les affronts, et elle promet un homme qui sait assumer la responsabilité de ses oeuvres (Baudel.,Salon,1845, p.18).Les seuls essais autrefois osés furent ceux de M. Manet, qui a enlevé des fleurs dans la vraie lumière (Huysmans,Art mod.,1883, p.167):
3. Le pamphlet, un génie en tirailleurs, ce poignard brave et noble comme l'épée, l'expression la plus indépendante et la plus personnelle d'un esprit libre, osé, hardi, briguant de frapper et de souffrir pour l'ironie ou l'indignation de la conscience morale et spirituelle... Goncourt,Journal,1859, p.604.
♦ Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Frappé du style et de l'osé de notre plume (Goncourt,Journal,1869, p.489).
B. − Hardi; qui ne manifeste pas le souci des convenances, qui dépasse les limites de la bienséance. Synon. libre, licencieux, scabreux.Film osé; histoire, plaisanterie, scène osée. Jean Lorrain (dont les contes, fort osés, paraissaient régulièrement dans L'Écho de Paris, journal licencieux, spécialisé dans les faits divers passionnels...) (Martin du G.,Souv. autobiogr.,1955, p.xlii):
4. ... elle avait pris le ton, l'allure, les mots osés des gens qui vivaient autour d'elle. Mais elle n'en savait guère plus qu'une fillette élevée en un couvent, ses audaces de parole venant de sa mémoire, de cette faculté d'imitation et d'assimilation qu'ont les femmes, et non d'une pensée instruite et devenue hardie. Maupass.,Contes et nouv.,t.2, Yvette, 1884, p.523.
Prononc.: [oze]. Fréq. abs. littér.: 2060. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 3388, b) 2611; xxes.: a) 3018, b) 2654.