| ORNEMENT, subst. masc. I. − Vieilli. Action d'orner, d'agrémenter ou d'embellir quelque chose en y ajoutant des éléments de décoration. Synon. décoration, ornementation.Les mots meubles meublans ne comprennent que les meubles destinés à l'usage et à l'ornement des appartemens, comme tapisseries, lits, siéges (Code civil, 1804, art. 534, p.99).Le même esprit d'utilité avait présidé à la distribution et à l'ornement des lieux de repos dispersés dans les différens points de cette propriété (Jouy,Hermite, t.5, 1814, p.256). − D'ornement, loc. adj. Dont la fonction est d'orner. Synon. décoratif, ornemental.Nos plantes utiles ou d'ornement (Michelet,Insecte, 1857, p.382).On rencontre de grands vases d'ornement imitant le marbre, et des pièces au décor floral inspiré de la porcelaine japonaise (G. Fontaine,Céram. fr., 1965, p.73). ♦ Note d'ornement. V. infra II A 2 c.Les notes d'ornement sont contenues dans l'harmonie ou elles lui sont étrangères: dans le dernier cas on leur donne le nom de notes de passage (Fétis,Harm., 1849, p.113). II. − P. méton. A. − Au sing. ou au plur. 1. Ce qui est propre à orner, ce qui est ajouté à quelque chose pour l'agrémenter ou l'embellir. Être surchargé d'ornements; ornement lourd, doré, de mauvais goût. Les fleurs sont le plus bel ornement du parc comme du jardin (Gressent,Créat. parcs et jardins, 1891, p.305).Un cadeau superbe (...) qui tirait l'oeil au passant avec son papier d'or et ses ornements de fanfreluches (Moselly,Terres lorr., 1907, p.95): 1. Depuis que son mari s'était ainsi trouvé placé haut dans l'administration, madame Guillaume avait pris la détermination de représenter: ses appartements étaient encombrés de tant d'ornements d'or et d'argent (...) que la pièce la plus simple y ressemblait à une chapelle...
Balzac,Mais. chat, 1830, p.55. − En partic. ♦ Vieilli. Accessoire destiné à embellir le corps ou le vêtement. Synon. parure.Sur lui cette dentelle [d'un jabot] était plutôt un haillon qu'un ornement (Balzac,Sarrasine, 1831, p.401).Les Péruviens faisaient des écuelles, des aiguières, des coupes et des ornements d'oreilles en argent et en or (Lowie,Anthropol. cult., trad. par E. Métraux, 1936, p.165).V. crucifix ex. ♦ Vêtement(s) et insigne(s) requis dans l'exercice d'une fonction. Ornements sacerdotaux, pontificaux; ornements impériaux. Le jour anniversaire de sa mort [de saint Augustin] nous célébrons la messe avec les ornements blancs, symbole de la pureté (Du Bos,Journal, 1928, p.62).V. imitable A ex. de Metta. − P. anal. Ce qui apparaît comme un élément d'agrément ou d'embellissement. Tu devrais admirer les ornements des cieux, le soleil, la lune et les étoiles (A. France,J. d'Arc, t.1, 1908, p.42).Caractères sexuels secondaires. Chez les invertébrés, ces caractères sont abondants et divers: (...) ornements cuticulaires variés chez les insectes (Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.677). 2. Spécialement a) BEAUX-ARTS, ARTS DÉCORATIFS. Élément ayant une fonction décorative et qui est considéré comme n'étant pas essentiel à l'oeuvre qu'il est censé agrémenter ou embellir. L'ornement géométrique, qui est l'une des manifestations primitives de l'art −et qu'on retrouve sur tant de bijoux et de poteries préhistoriques −est aussi le dernier terme de l'évolution des formes figurées (Faure,Hist. art, 1909, p.32).Adolf Loos, qui énonçait que toute forme d'appareil, bâtiment, vêtement, etc., doit être réduite à la stricte utilité, tout ornement banni (Arts et litt., 1936, p.10-4): 2. L'époque de ce qu'on a appelé le nudisme hygiénique, aseptique, qui, dans sa juste répudiation de l'ornement, confondit cet élément, qui n'est point ornement, mais substance et valable en soi, organiquement vitale: la couleur.
Cassou,Arts plast. contemp., 1960, p.680. ♦ Dessinateur (peintre) d'ornements (vieilli). Synon. ornemaniste.La persistance et l'entêtement de la vieille fille arrivèrent à placer son protégé comme dessinateur d'ornements (Balzac,Cous. Bette, 1846, p.62). b) Dans le domaine de l'expression orale ou écrite.Figure de style, procédé d'expression. La poésie avec ses comparaisons obligées, sa mythologie que ne croit pas le poète, sa dignité de style à la Louis XIV, et tout l'attirail de ses ornements appelés poétiques (Stendhal,Amour, 1822, p.265).Une langue sobre et forte, sans ornements inutiles ni prétentions oratoires (Verne,500 millions, 1879, p.180). c) MUS. Variation que l'on ajoute à une phrase musicale donnée avec l'intention de l'embellir, notée par l'auteur ou laissée à l'improvisation des exécutants. Synon. agrément (vieilli).Ornement mélodique. Quelquefois la mélodie reçoit des ornements qui, pour l'ordinaire, sont écrits en petites notes, ou figurées par des signes de convention (Savard,Mus. et méth. transpos., 1886, p.178). d) TYPOGR. Ornement typographique. Sous le nom de vignettes on comprend généralement les ornements typographiques fondus séparément: fleurons, coins, culs-de-lampe, etc. (E. Leclerc,Nouv. manuel typogr., 1932, p.282). B. − Rare, au sing. 1. [Avec une valeur coll.] Synon. de décoration, ornementation (v. ce mot B).Quelques fauteuils (...), une table ronde (...), quelques tables de jeu (...), les rideaux verts de deux fenêtres ouvrant sur la rue, formaient tout l'ornement de ce salon (Lamart.,Nouv. Confid., 1851, p.26). 2. [Constr. avec un art. partitif ou une expr. quantifiante] Un singulier mélange d'ornement et de nudité, de misère et de richesse, de soin et d'incurie (Balzac,Vendetta, 1830, p.147).Le pont (...) l'embellissait [la tour] et la désarmait; en gagnant de l'ornement elle avait perdu de la force (Hugo,Quatre-vingt-treize, 1874, p.78). C. − Rare 1. Effet esthétique produit par l'ornementation d'une oeuvre. Le grand principe qu'en fait d'art tout doit servir à l'ornement, mais que tout ce qui est mis exprès pour l'ornement est mauvais, ce principe, dis-je, était profondément oublié (Renan,Apôtres, 1866, p.333). 2. Discipline artistique, pratique d'un art consacrée à l'ornementation. Synon. ornementation.Quelques cahiers de notes concernant l'ornement et l'architecture (Valéry,Corresp.[avec Gide], 1891, p.116).Élève assidu [à l'Académie de Strasbourg], (...) travaillant l'ornement, la bosse, le modèle vivant (Séailles,E. Carrière, 1911, p.9). − D'ornement, loc. adj. Dessin, sculpture d'ornement. La gravure d'ornement disparaît après l'invention de la photographie (Dacier1944, p.104). III. − P. anal. ou au fig. Ornement de qqc. A. − Vieilli. Ce qui ajoute du prix, de la valeur à quelque chose. Synon. parure.L'amour est l'ornement de notre vie: malheur aux orgueilleux qui s'éloignent trop des baisers (Maurras,Chemin Paradis, 1894, p.48). − [En partic.; en parlant d'une pers.] Synon. fleur, fleuron.J'eus le plaisir de m'entendre citer comme l'espoir et l'ornement du barreau (Jouy,Hermite, t.1, 1811, p.98).L'empereur Napoléon demeurera toujours sans doute le sujet, l'ornement de l'histoire et l'étoile des peuples civilisés (Las Cases,Mémor. Ste-Hélène, t.1, 1823, p.1051). B. − Ce qui ajoute de l'agrément à quelque chose tout en ayant peu de valeur. La poésie ne doit être que le délassement de nos heures de loisir, l'ornement de la vie. Mais le pain du jour, c'est le travail et la lutte (Lamart.,Corresp., 1835, p.168).Au lieu de se donner généreusement à l'oeuvre qu'elle entreprend, la femme trop souvent la considère comme un simple ornement de sa vie (Beauvoir,Deux. sexe, t.2, 1949, p.550). Prononc. et Orth.: [ɔ
ʀnəmɑ
̃]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Ca 1050 (Alexis, éd. Chr. Storey, 138). Du lat. ornamentum «id.», dér. de ornare, v. orner. Cf. l'a. et m. fr. aornement «id.» ca 1170 (Rois, éd. E. R. Curtius, II, I, 24, p.62: aürnemenz) −xvies. ds Gdf. Fréq. abs. littér.: 1350. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 2506, b) 1857; xxes.: a) 1286, b) 1833. |