| OREILLON, subst. masc. A. − Ce qui rappelle une (petite) oreille. 1. [Chez les animaux] a) Partie de l'oreille des chauves-souris. L'oreille [des chauves-souris] est formée par un pavillon parfois énorme, et qui se prolonge souvent jusqu'au coin de la bouche. On peut, en outre, y observer une excroissance de forme et de dimensions variables, dite tragus ou oreillon (Beautés du monde animal, t.1, Mammifères, 1970, p.10-3). b) Petite touffe de plumes disposée de chaque côté de la tête d'un oiseau. Du mois de mai à juillet, le mâle [chez les combattants] prend une brillante parure (...). Des deux côtés de la tête apparaissent deux oreillons emplumés (Coupin, Animaux de nos pays, 1909, p.97).Le camail blanc contraste beaucoup avec le reste de son plumage barré de noir et blanc [d'une poule]. Les oreillons sont petits et parfois pigmentés de bleu (Rustica, 11-17 mars 1981, no585, p.11). 2. Partie latérale, souvent saillante, d'un objet. a) Partie d'une coiffure qui descend de chaque côté sur l'oreille. − HIST. ,,Partie mobile du casque romain protégeant les oreilles et les joues`` (Leloir 1961). − Partie d'une casquette qui couvre l'oreille. Synon. oreille, oreillette.En 1817, la mode engloutissait les petits garçons de quatre à six ans sous de vastes casquettes en cuir maroquiné à oreillons assez ressemblantes à des mitres d'esquimaux (Hugo, Misér., t.1, 1862, p.144).Partie de certaines coiffes qui pend sur l'oreille. Elle avait une coiffe toute jaunie par le renfermé, qui (...) montrait de chaque côté de sa tête deux grands oreillons bien larges et bien plats (Sand, Pte Fad., 1849, p.131). b) Partie latérale, rembourrée, située de chaque côté du dossier de certains fauteuils, au niveau de la tête. Synon. oreille, oreillard, oreillette.Ce sont vraiment de fort élégantes et fort commodes voitures que ces nouvelles malles; on y est assis comme dans son fauteuil, les jambes à l'aise, avec des oreillons à droite et à gauche (Hugo, Rhin, 1842, p.40). c) Saillie pleine ou évidée, située généralement de chaque côté d'un objet, servant à le saisir ou à le fixer. Pot à oreillons. Clubin (...) prit un sac-valise qu'il avait, mit des vêtements dans le compartiment élastique, (...) cadenassa le sac, et passa dans les oreillons une aussière toute préparée pour le hisser au besoin (Hugo, Travaill. mer, 1866, p.146).Tous poussaient aux roues des fourgons, des caissons et des pièces, apportant les bombes par leurs oreillons, deux à deux (Erckm.-Chatr., Hist. paysan, t.2, 1870, p.241).[Les tuyaux] en fonte cannelée (...) comportent au collet un oreillon pour la fixation par un crampon de fer à scellement dissimulé derrière le tuyau (Robinot, Vérif., métré et prat. trav. bât., t.4, 1928, p.116). d) ARCHITECTURE − ,,Partie encastrée, de faible largeur, d'un appui ou d'un seuil, de chaque côté dans les trumeaux`` (Noël 1968). − ,,Syn. de crossette de chambranle`` (Noël 1968). Les impostes à oreillons de ses baies disaient son âge [d'une tour] (Hugo, Quatre-vingt-treize, 1874, p.72). e) FORTIF. Synon. de orillon. f) ART CULIN. Moitié (d'abricot, de pêche dénoyauté(e)). Oreillons de pêche au sirop. (Ds Clém. Alim. 1978). B. − Au plur. 1. TECHNOL. Rognures de peau (en particulier d'oreilles) qui servent à faire de la colle forte. (Ds Chesn. t.2 1858). 2. MÉD., cour. Maladie infectieuse et contagieuse, d'origine virale, caractérisée par une tuméfaction, plus ou moins prononcée, des glandes parotides et parfois d'autres glandes salivaires, par de la fièvre et qui peut atteindre, surtout chez l'adulte, les testicules ou les ovaires, le tissu nerveux, le pancréas. Synon. maladie, fièvre ourlienne; parotidite infectieuse.Attraper, avoir les oreillons; souffrir des oreillons. Nous avons (...) à Paris une épidémie d'oreillons. Savez-vous ce que c'est? C'est une douleur dans les glandes du cou et les oreilles (Mérimée, Lettres Panizzi, t.1, 1860, p.88). Prononc. et Orth.: [ɔ
ʀ
εjɔ
̃] et [-ʀe-]. Ac. 1694-1740: orillon; 1762-1878: oreillons ou orillons; 1935: oreillon. Les 2 formes aussi dans DG. Étymol. et Hist. A. 1. 1230 orillon «coup sur l'oreille» (Gaidon, éd. F. Guessard et S. Luce, 244 ds T.-L.), cf. horion; 2. 1549 méd. oreillons (Tagault, Institutions chirurgiques, 636 ds Gdf. Compl.); 3. 1573 oreillons «rognures de cuirs de certains animaux destinées à faire de la colle» (Ordonnance sur la sayetterie ds A. Thierry, Recueil des monuments inéd. de l'hist. du Tiers-Etat, 1resérie, t.2, p.811 ds Fonds Barbier: oreillons de vasches); 4. 1760 zool. oreillon «partie de l'oreille de la chauve-souris» (Buffon, Hist. nat., t.8, p.127); 5. a) 1765 orillons «bouffettes pour orner la tête d'un cheval» (Encyclop.); b) 1840 arm. oreillon «partie du casque qui couvrait l'oreille» (Ac. Compl. 1842); c) 1849 «partie d'une coiffure couvrant l'oreille» (Sand, loc. cit.). B. 1. Ca 1290 oroilloun «versoir de la charrue» (Gautier de Bibbesworth, Traité, éd. A. Owen, 913); 2. 1548 «anse, poignée d'un récipient» (Coyecque, Rec. d'actes notariés..., t.2, p.265: escuelle à oreillons); 3. 1599 fortif. oreillon (Marnix, Differens, I, V, 4 ds Hug.); 1676 orillon (Félibien, p.90); 4. 1691 archit. oreillon «retour au coin des chambranles, crossette» (D'Aviler, Cours d'archit., t.2, p.523); 5. 1765 tiss. orillons «tasseaux supportant les ensouples» (Encyclop.); 6. 1789 plomb. «tenon, environnant le pourtour d'une chaudière de plombier» (Encyclop. méthod. Mécan. t.6, p.489, s.v. chaudière: oreillon; p.499: orillon); 7. 1842 oreillon «partie latérale d'un dossier de fauteuil» (Hugo, loc. cit.), cf. oreillette; 8. 1938 «moitié d'abricot» (Mont.-Gottschalk, s.v. abricot). Dér. de oreille*; suff. -on1*. Au sens B 8, cf. déjà oreilles d'abricots «abricots confits dont on a ôté les noyaux, et dont on a rejoint les deux moitiés» (1690, Fur.); cf. aussi l'esp. orejon «tranche de pêche séchée au soleil» (1737, Autoridades). Fréq. abs. littér.: 16. |