| OEILLET, subst. masc. I. − [OEillet implique l'idée de petit trou] A. − Petit trou rond permettant l'introduction d'un fil, d'un lacet, d'un cordage (d'apr. Pollet 1970): 1. Nous avons vu que les fils étaient rentrés un à un dans les oeillets des lisses ou lames du harnais ainsi que dans les dents d'un peigne.
Thiébaut, Fabric. tissus, 1961, p.134. − BROD., COUT. ,,Petit trou rond que l'on pratique dans une étoffe et que l'on consolide en l'entourant de fil en point de boutonnière`` (Leloir 1961). B. − Petite bague destinée à protéger les bords d'un trou percé dans une matière fragile (étoffe, cuir, carton, etc.). Elle mit des bas neufs et ses plus jolis souliers. Elle se laça droit, sans passer d'oeillets (Balzac, E. Grandet, 1834, p.79). − Spécialement 1. CHAUSS. ,,Petite pièce métallique circulaire évidée, sertie dans le carton d'un patron pour renforcer les trous qui servent au pointage au cours de l'opération de découpe à la main`` (Chauss. 1969). 2. PAPET. ET CART. Anneau de papier ou de toile gommée destiné à renforcer les perforations des feuilles mobiles d'un classeur. (Dict. xxes.). C. − P. anal. 1. ARTS (émaux). ,,Petit trou, sorte de bouillon qui se produit quelquefois à la surface de l'émail pendant sa cuisson`` (Havard 1889). 2. Arg. ,,Anus comme voie de sodomisation`` (Cellard-Rey 1980). II. − TECHNOL. ,,Bassin rectangulaire à fond bombé situé à 1 m 50 au-dessous du niveau de la mer et où la majeure partie du sel est récoltée`` (Duval 1959): 2. Le paludier pousse l'eau avec son râble en l'effleurant légèrement, et c'est le bourrelet d'eau qui, marchant devant le râble, soulève et entraîne le sel vers le bord de l'oeillet. À cet endroit l'épaisseur d'eau est un peu plus forte car le fond de l'oeillet est bombé.
Stocker, Sel, 1949, p.35. III. − [OEillet ressortit au règne végétal et animal] A. − BOT. Plante herbacée vivace de la famille des Caryophyllées, cultivée pour la variété des couleurs et la qualité du parfum de ses fleurs. OEillet des chartreux, oeillet-giroflée, oeillet de Chine, oeillet de poète: 3. OEillet [it. ds le texte] des fleuristes. Plante vivace, à feuilles vert gris, de la hauteur de 50 à 60 centimètres; fleurs très odorantes, de plusieurs nuances, et panachées de toutes couleurs, suivant les variétés, pendant une bonne partie de l'été. L'oeillet occupe à juste titre la place d'honneur dans tous les jardins; il réunit tout: variété et coloris, longue et abondante floraison, et parfum délicieux.
Gressent, Créat. parcs et jardins, 1891, p.905. − La fleur elle-même de cette plante. Puis elles descendaient nu-pieds, demi-vêtues De ces plis transparents qui collent aux statues, Et cueillaient sur la haie ou dans l'étroit jardin L'oeillet ou le lilas tout baignés du matin (Lamart., Jocelyn, 1836, p.577).Il y avait des oeillets sur la table, des boules de gui au-dessus de la tête, un petit arbre de Noël dans un coin (Triolet, Prem. accroc, 1945, p.53): 4. De la brume et de l'engourdissement d'un music-hall, où j'ai été entraîné, ce soir, une Espagnole jaillit, la tache rouge d'un oeillet au sein.
Mauriac, Journal 2, 1937, p.198. ♦ Extrait d'oeillet. Parfum naturel ou artificiel de cette fleur. −Ne vous servez donc plus d'extrait d'oeillet, reprit-il. Je ne puis souffrir cette odeur (Bourges, Crépusc. dieux, 1884, p.50). B. − P. anal. 1. OEillet d'Inde. Plante à fleurs ornementales, de la famille des Composées. Tagète, oeillet et rose d'Inde. Plante annuelle, haute de 40 à 60 centimètres, exhalant une odeur assez désagréable, fleurs doubles, brunes et jaunes, d'un joli effet, de juillet à octobre (Gressent, Créat. parcs et jardins, 1891, p.949). 2. OEillet des prés. Synon. lychnis. C. − ZOOL. OEillet de mer. Variété d'anémone de mer. (Dict. xixeet xxes.). Prononc. et Orth.: [oejε]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. 1121-34 oillet «petit oeil» (Philippe de Thaon, Bestiaire, 2380 ds T.-L.) −1611 (Cotgr.); à nouv. ds Ac. Compl. 1842 qui le qualifie de ,,v. lang.``; 2. mil. xiiies. «petit trou rond pratiqué dans une étoffe et bordé de fil ou d'un anneau de métal» (Huon de Cambrai, ABC, 75 ds T.-L.); 3. 1694 mar. «boucle que l'on fait autour de quelque corde» (Corneille); 1831 id. «ouverture par laquelle on fait passer un cordage» (Will.); 4. 1731 «partie rectangulaire du marais salant, sur laquelle on fait évaporer l'eau de mer» (Dict. des arts ds Trév. 1752). B. 1. 1493 [éd.] bot. «plante à fleur odoriférante» un oeillet à fleurs d'or (Euryal. et Lucr., fo56 vods Gdf. Compl.); 1545 oeillet d'Inde (Ch. Estienne, De latinis et graecis nominibus arborum..., 2eéd., p.58); 1605 [éd.] oeillet de poète (Ol. de Serres, Théâtre d'agriculture, p.573); 2. 1768 oeillet de mer (Valm. t.4, p.266). Dimin. de oeil*; suff. -et. Fréq. abs. littér.: 353. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 303, b) 611; xxes.: a) 678, b) 506. DÉR. 1. OEilleteuse, subst. fém.[Correspond à supra I B] Appareil servant à fixer des oeillets. (Dict. xxes.). − [oejtø:z]. − 1reattest. 1953 (Lar. 20eSuppl.); de oeillet étymol. A, suff. -euse (-eur2*). 2. OEillettiste, subst. masc.[Correspond à supra III A] Horticulteur spécialisé dans la production des oeillets. (Dict. xxes.). − [oejεtist], [-je-]. − 1reattest. 1955 (Mét.); de oeillet étymol. B, suff. -iste*. BBG. −Hasselrot 20es. 1972, p.10. _Hehn (V.). Kulturpflanzen und Haustiere... Berlin, 1902, p.511. |