| OCCULTE, adj. A. − 1. Littér. Qui est caché et mystérieux, en raison de sa nature inconnue ou non dévoilée. Synon. secret; anton. connu, évident, manifeste, patent, visible.Cause, faculté, propriété occulte. Hildegarde, la femme de Charlemagne, cette douce impératrice qui connaissait les vertus occultes des simples et des minéraux et qui allait herborisant dans les montagnes (Hugo,Rhin,1842, p.127): 1. En sa qualité d'élève de William James, il avait, malgré ses théories d'agnosticisme, ce sentiment des forces occultes en train d'agir sur nous et autour de nous, qui voisine avec la superstition.
Bourget,Actes suivent,1926, p.49. − Emploi subst. masc. sing. à valeur de neutre. Synon. rare de occultisme ou sciences occultes (v. infra C).Un besoin de surnaturel qui, à défaut d'idées plus élevées, trébuchait de toutes parts, comme il pouvait, dans le spiritisme et dans l'occulte (Huysmans,Là-bas,1891, t.1, p.13). 2. PHILOS. SCOLASTIQUE. Qualités occultes. Propriétés considérées comme la cause cachée d'effets apparents et qui en constituent l'explication suffisante. Cette conscience qui se cacherait dans un morceau de chair saignante est la plus absurde des qualités occultes (Merleau-Ponty,Phénoménol. perception,1945, p.401). 3. MÉD. Dont les symptômes restent cachés et non localisables. Affection, maladie occulte; cancer occulte. Il semble que le lupus ne puisse apparaître et se développer que chez des sujets déjà tuberculeux, mais porteurs de lésions latentes ou occultes (Calmette,Infection bacill. et tubercul.,1920, p.210). B. − Qui agit en secret; qui reste dissimulé et secret. Synon. clandestin; anton. notoire, patent, public, visible. 1. [En parlant d'un inanimé] Influence, puissance occulte; pouvoir, rôle occulte. Il fallait user de ruse, de patience, et lui faire cette guerre occulte et sourde que la police fait aux voleurs (Ponson du Terr.,Rocambole,t.1, 1859, p.523): 2. Elle remarqua qu'on l'écoutait peu, qu'il régnait entre les neveux et l'oncle une complicité, des plaisanteries occultes, des mots à double entente, tout un mystère où elle n'entrait pas.
Mauriac,Myst. Frontenac,1933, p.111. ♦ Comptabilité occulte. ,,Comptabilité secrète qui échappe à tout contrôle`` (Ac. 1935). 2. [En parlant d'une pers.] Ce conseiller occulte [le baron de Reinach] des finances françaises entrait dans toutes sortes d'affaires où il apportait comme contribution son influence parlementaire (Barrès,Leurs fig.,1909, p.42).Augustin fait partie du même groupe virtuel que le sénateur, président du Conseil général, ancien ministre de la Justice, chef réel et occulte du département (Malègue,Augustin,t.2, 1933, p.101). ♦ Gouvernement occulte. Groupe clandestin anonyme dont l'action se substitue à celle du gouvernement officiel. Une intrigue parmi les membres du gouvernement occulte allait disposer de quelques cordons bleus; Mmela Maréchale de Fervaques exigeait que son grand-oncle fût chevalier de l'ordre (Stendhal,Rouge et Noir,1830, p.401). C. − Sciences occultes. Ensemble des connaissances ésotériques qui ne sont reconnues ni par la science ni par la religion et qui requièrent une initiation; pratiques secrètes touchant à la magie et aux arts divinatoires. MmedeMont dit: je sais ce que ces études, ces sciences occultes ont été pour l'ennoblissement moral de mon frère (Barrès,Cahiers,t.10, 1913, p.76): 3. ... l'époque à laquelle Zosime écrivait: c'est l'époque à laquelle les imaginations relatives aux anges pécheurs et à la révélation des sciences occultes, astrologie, magie et alchimie, avaient cours dans le monde. On voit qu'il s'agit du
iiiesiècle de notre ère.
Berthelot,Orig. alchim.,1885, p.13. REM. Occultement, adv.,littér. De façon occulte. Synon. secrètement.Pour ne pas se compromettre auprès de ses coreligionnaires en irréligion, il demandait que cette première communion se fît occultement, à quoi le curé d'Auteuil se refusa absolument et exigea que la fillette fît sa communion avec les autres (Goncourt,Journal,1896, p.25). Prononc. et Orth.: [ɔkylt]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. a) 1remoitié xiies. en occulz «en secret» (Psautier Oxford, 63, 3 ds T.-L.); 1remoitié xiies. oculte adj. «secret, mystérieux, caché» (Psautier Cambrai, 18, 12, ibid.); 1677 qualités occultes (Miege); 1821 occulte subst. masc. «ce qui est caché» (Picard, Théâtre, t.8, Charlatans, p.396); b) 1690 sciences occultes (Fur.). Empr. au lat. occultus «caché, secret». Fréq. abs. littér.: 339. Fréq. rel. littér.: xixes.: a)458, b) 357; xxes.: a) 629, b) 480. |