| OBLAT, -ATE, subst. A. − [Désigne une pers.] Gén. au masc., parfois au fém. 1. Vieux a) Enfant qui était autrefois consacré à Dieu et donné par ses parents à un monastère. Le chapitre 59 de la Règle traite des enfants offerts par leurs parents aux cloîtres; et, en effet, pendant des siècles, les Bénédictins ont élevé des petits oblats dans leurs maisons (Huysmans,Oblat,t.1, 1903, p.194). b) Ancien soldat infirme, femme noble tombée dans la misère ou demoiselle pauvre que le roi plaçait comme pensionnaire dans une abbaye de nomination royale. Synon. moine lai*.Chaque abbaye de fondation royale possédait un moine appelé «oblat ou lay» dont la nomination appartenait au Roi. Il y envoyait généralement un vieux soldat infirme ou blessé (Huysmans,Oblat,t.1, 1903, p.194). c) Oblats de l'Église, oblats de la Sainte Vierge. ,,Titre qui fut donné aux princes normands du midi de l'Italie, qui offrirent leurs possessions à l'Église`` (Littré; ds Lar. 19e, Lar. Lang. fr.). 2. Usuel a) Personne qui s'est agrégée à une communauté religieuse, généralement après lui avoir fait don de ses biens, qui en observe les règlements mais sans prononcer de voeux ni renoncer au costume laïque. M. Bruno est une personne qui a renoncé au monde et qui, sans avoir prononcé de voeux, vit en clôture. Il est ce que notre règle nomme un oblat (Huysmans,En route,t.2, 1895, p.30).Les oblats (...) subissaient un noviciat de deux ans; on ne leur accordait pas le titre de frère et ils conservaient le nom et la tenue qu'ils portaient dans le siècle (Huysmans,Oblat,t.1, 1903, p.192): 1. En général, les oblates, qui étaient souvent des mères ou des soeurs de religieux désirant vivre auprès de leur fils ou de leur frère, lavaient et reprisaient le linge de la communauté, brodaient des ornements sacerdotaux, fabriquaient des hosties et d'aucunes pansaient les infirmes des environs.
Huysmans,Oblat,t.1, 1903p.207. b) Membre masculin ou féminin de certains ordres religieux. Père oblat; faire profession d'oblat. Sa Sainteté Léon XIII n'a donc fait que répéter les éloges de son prédécesseur du onzième siècle lorsqu'il a (...) prôné l'établissement des oblats Bénédictins et déclaré qu'il fallait l'aider et le propager (Huysmans,Oblat,t.1, 1903p.204).On a posé dimanche matin sur les murs de Nancy, des affiches avec plan, annonçant pour le 21 septembre prochain la vente des terres et du couvent des anciens oblats de Sion (Barrès,Cahiers,t.4, 1906, p.196): 2. ... je sais que les oblats étaient considérés comme personnes ecclésiastiques par le droit canon, et qu'ils étaient dotés du privilège de l'exemption de l'Ordinaire, dit M.Lampre. (...) chez les Camaldules, les professions des oblats étaient souvent identiques à celles des moines, avec cette différence néanmoins que l'Église ne les reconnaissait pas solennelles et indissolubles.
Huysmans,Oblat,t.1, 1903, p.203. Rem. 1. Les plus connus sont les oblats de Marie Immaculée (O.M.I.) et les oblats de Sion (supra Barrès). 2. Tantôt les oblats prononcent des voeux, tantôt ils n'en prononcent pas, tantôt ils sont laïcs, tantôt prêtres. Les oblats pouvaient être célibataires ou mariés, laïques ou prêtres; (...) les oblats pouvaient dépendre d'un couvent de femmes et les oblates d'un couvent d'hommes (Huysmans, loc. cit.). 3. [P. réf. au sens étymol.] Personne se sacrifiant. Nous n'étions rien et voici que nous sommes les élus de la souffrance, les oblats, les martyrs (Sartre,Mort ds âme,1949, p.239). B. − [Désigne une chose] Vx, gén. masc. plur., LITURG. Le pain et le vin offerts pour la célébration eucharistique. (Dict. xixeet xxes.). Rem. Rare au fém. plur. Songez enfin, poursuivit l'abbé, aux pyxides dans lesquelles on conserve les espèces panifuges, les oblates saintes (Huysmans, Cathédr., 1898, p.133). − P. ext. Tout ce qui est offert à l'occasion du sacrifice eucharistique. (Dict. xixeet xxes.). REM. Oblateur, subst. masc.Celui qui fait une offrande. Je pourrais vous nommer huit ou dix cardinaux, moines ou monsignori, que l'on gagnerait avec des napoléons offerts avec sagacité; mais où est l'oblateur adroit? (Stendhal,Corresp.,1841, p.270). Prononc. et Orth.: [ɔbla], fém. [-at]. Att. ds Ac., le masc. dep. 1694, le fém. en 1935. Étymol. et Hist. I. 1. a) 1549 oblat de religion «laïque vivant dans un couvent auquel il a donné ses biens» (Est.); b) 1611 oblat de religion «novice» (Cotgr.); c) 1690 «enfant voué à sa naissance au service de Dieu» (Fur.); d) 1721 subst. fém. «religieuse d'un ordre ou congrégation fondée par Sainte Françoise» (Trév.); 2. 1607 «ancien soldat mis par le roi comme pensionnaire dans une abbaye de nomination royale» (Pasquier, Rech., III, 35 ds Gdf. Compl.). II. 1. 1721 subst. fém. oblate (Trév.: oblate ou oblation. C'est en stile d'ancienne liturgie les pains, dont on se servoit au sacrifice de la Messe); 2. 1898 subst. fém. oblates «hostie» (Huysmans, loc. cit.). I empr. du lat. eccl. oblatus «offert» part. passé du verbe offerire, désignant «celui qui a été offert dès l'enfance à un monastère» (Du Cange, Nierm.). II empr. du lat. eccl. oblata «offrande, pain offert pour l'eucharistie, hostie», part. passé fém. substantivé de offerre (Blaise Lat. chrét., Du Cange). Fréq. abs. littér.: 275. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) 4, b) 15; xxes.: a) 1745, b) 106. DÉR. Oblature, subst. fém.État d'oblat. Au bout de ces trois ans d'oblature, on devait bien voir si le monde était définitivement mort pour votre serviteur (Benoit,Atlant.,1919, p.72).− [ɔblaty:ʀ]. − 1reattest. 1903 (Huysmans, Oblat, t.2, p.20); de oblat, suff. -ure*. − Fréq. abs. littér.: 53. |