| * Dans l'article "OBÉDIENCE,, subst. fém." OBÉDIENCE, subst. fém. A. − 1. RELIGION a) Obéissance d'un religieux à son supérieur ou à une règle monastique; p.méton., règle, ordre religieux. Quelquefois, le voeu de chasteté était joint à celui de l'obéissance (...). Ceux qui s'en déliaient étaient envisagés tels que des renégats et pouvaient être contraints par les lois ecclésiastiques de rentrer sous l'obédience de leurs supérieurs (Huysmans,Oblat, t. 1, 1903, p.202): 1. Revenons à la dure règle espagnole de Martin Verga. Les bernardines-bénédictines de cette obédience font maigre toute l'année, jeûnent le carême et beaucoup d'autres jours qui leur sont spéciaux...
Hugo,Misér., t. 1, 1862, p.578. − P. méton. Acte qui manifeste cette obéissance. Pendant que la cloche sonne, la communauté se réunit au chapitre pour l'obédience à la nouvelle prieure (Bernanos,Dialog. Carm.,1948, 3etabl., 2, p.1614). b) Vx. Autorisation écrite, donnée par son supérieur à un religieux, de se déplacer ou de changer de couvent. Avait-il délivré les obédiences nécessaires pour la translation d'un couvent dans un autre? (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 5, 1859, p.583).Le supérieur de Metz donna au jeune homme son agrément et une obédience, comme on disait, pour la maison de Saint-Lazare (Sainte-Beuve,Nouv. lundis, t. 1, 1862, p.377). ♦ Lettre d'obédience. Lettre écrite par un supérieur et garantissant −notamment sous la loi Falloux −auprès du gouvernement, la compétence de religieux ou religieuses appartenant aux ordres enseignants. Art. 49 −Les lettres d'obédience tiendront lieu de brevet de capacité aux institutrices appartenant à des congrégations religieuses vouées à l'enseignement et reconnues par l'État (Hist. instit. et doctr. pédag.,1850, p.300). c) Vx. Emploi particulier d'un religieux ou d'une religieuse dans son couvent. Les religieuses (...) se virent réduites à demander qu'on leur permît du moins de prendre quelques bonnes filles (...) pour en être aidées dans les offices (...) et dans les diverses obédiences (Sainte-Beuve,Port-Royal, t. 5, 1859, p.516). d) ,,Maison religieuse dépendant d'une maison principale`` (Ac. 1935). 2. a) HIST. DE L'ÉGLISE. Ensemble des pays qui, dans les périodes de schisme, reconnaissaient l'autorité de l'un ou l'autre des papes se disputant le pouvoir. L'obédience d'Urbain et l'obédience de Clément (Ac.1835, 1878).Le monde catholique était alors [au moment du Concile de Constance] divisé en trois parties ou obédiences, dont chacune reconnaissait un pape différent (J. de Maistre, Pape,1819, p.80). − [P. anal.] L'Islam était alors divisé en deux obédiences religieuses, en deux «papautés» ennemies (Grousset,Croisades,1939, p.34). − Ambassadeur d'obédience. ,,Ambassadeur que le roi envoyait vers le pape, pour l'assurer de son obéissance filiale. L'ambassadeur fut reçu à l'obédience, il fut reçu par le pape en plein consistoire, avec les cérémonies accoutumées`` (Ac. 1835, 1878). − Pays d'obédience. ,,Pays dans lequel le pape nommait aux bénéfices qui venaient à vaquer dans certains mois de l'année. L'Allemagne était un pays d'obédience; La Bretagne était un pays d'obédience`` (Ac. 1835, 1878). b) P. anal., FR.-MAÇONN. Groupement fédéral formé au moins par trois loges: 2. Le suprême conseil de la stricte observance a suspendu les obligations de tous nos ateliers envers les loges françaises à l'obédience du grand Orient, qui tolère l'exécrable tyrannie de Buonaparte.
Adam,Enf. Aust.,1902, p.144. B. − P. anal. Fidélité à une doctrine ou à une puissance spirituelle, politique, etc.; soumission à une autorité. Être d'obédience chrétienne; parti d'obédience socialiste. Certains tâcheront d'entretenir au-dehors des équivoques ou des malentendus pour garder sous leur obédience le plus possible d'éléments armés (De Gaulle,Mém. guerre,1956, p.318).Dans les pays d'obédience communiste, le rationalisme technocratique (...) adopte vis-à-vis du jeu une attitude analogue, sinon de réprobation, du moins de réserve (Jeux et sports,1967, p.1162).V. irrationaliste II ex. de Vuillemin. − Loc. verb. Faire acte d'obédience. Faire acte d'obéissance, de soumission: 3. «C'est à moi, Monsieur, de vous remercier à tous égards. En vous offrant l'ébauche de mes tristes rêveries, je n'ai point cru vous faire un présent digne de vous, mais m'acquitter d'un devoir et vous rendre un hommage que nous vous devons tous comme à notre chef». Ainsi faisait-il dès l'abord acte d'obédience...
Guéhenno,Jean-Jacques,1950, p.114. REM. Obédient, -iente, adj.,vieilli. Obéissant. Ces conditions ne consistent pas seulement, pour les États, à avoir de bonnes armées et des peuples obédients, mais à respecter les droits des citoyens et même des peuples voisins (Benda,Trahis. clercs,1927, p.146). Prononc. et Orth.: [ɔbedjɑ
̃:s]. Ac. 1694, 1718: obedience; dep. 1740: obé-. Étymol. et Hist. 1. Ca 1155 «obéissance au supérieur en parlant des religieux» (Wace, Brut, 13880 ds T.-L.); ca 1175 «obéissance en général» (Benoît de Ste-Maure, Chronique des Ducs de Normandie, éd. C. Fahlin, 25977); 2. 1174-80 «établissement religieux dépendant d'un monastère» (Chrétien de Troyes, Le Roman de Perceval, éd. F. Lecoy, 5601); 3. 1617 «congé par écrit pour sortie ou voyage donné par le supérieur à un religieux» (A. d'Aubigné, Avantures du Baron de Faeneste, IV, 11, éd. E. Réaume et De Caussade, II, p.606); 1850 lettre d'obédience (Hist. inst. et doctr. pédag., loc. cit.); 4. 1675 ambassade d'obédience «ambassade que des princes envoient au pape pour lui rendre hommage de quelques fiefs qui relèvent de lui» (Widerhold, Nouveau dictionnaire français-allemand d'apr. FEW t. 7, p.278a); 1690 ambassadeur d'obédience (Fur.); id. pays d'obédience (ibid.). Empr. du lat. oboedentia «obéissance, soumission». Fréq. abs. littér.: 72. DÉR. 1. Obédiencier, subst. masc.a) Religieux soumis à l'autorité spirituelle d'un supérieur. (Dict. xixeet xxes.). b) En partic. ,,Religieux qui, par ordre de son supérieur, dessert un bénéfice dont il n'est pas titulaire`` (Ac.). − [ɔbedjɑ
̃sje]. Att. ds Ac. dep. 1762. − 1resattest. a) ca 1240 (La Deuxième collection anglo-normande des Miracles de la Sainte Vierge, éd. H. Kjellman, VI, 75), b) 1310 obedienchier (ds G. Espinas, La Vie urbaine de Douai au Moyen-Âge, 4, 48); de obédience, suff. -ier*. 2. Obédientiel, obédienciel, -elle, adj.a) Relig. Qui appartient, qui est relatif à l'obédience. (Ds Ac. et dict. xixeet xxes.). b) Fr.-maçonn. Qui est relatif ou en rapport avec l'obédience. Dès 1735, la maçonnerie écossaise avait pris une telle importance en France que les loges éprouvèrent le besoin de désigner un grand-maître. La forme obédientielle, sur le modèle anglais, était en marche (Naudon,Fr.-maçonn.,1963, p.39).c) Philos. médiév. Puissance obédientielle. Disposition qui fait que le sujet obéit à la cause. [Mabillon] écarte pour les théologiens scolastiques les questions de la puissance obédiencielle et de la manière dont le feu matériel agit sur les damnés, puis il entre en matière (Chateaubr.,Rancé,1844, p.203).La puissance obédientielle est donc d'abord cette possibilité, inhérente à la nature créée, de devenir ce que Dieu pourra vouloir et voudra qu'elle devienne (Gilson,Espr. philos. médiév.,1932, p.175).− [ɔbedjɑ
̃sjεl]. Ac. 1798: obédienciel; dep. 1835: -tiel. − 1resattest. a) 1636 puissance obedientielle (J. Deneyrolles, Jésus crucifié ds Delb. Notes mss), b) 1798 «relatif à l'obédience» (Ac.); de obédience, suff. -el*. |