| NUCLÉAIRE, adj. A. − BIOL. Relatif au noyau de la cellule. La division directe ou amitose par étranglement nucléaire est très fréquente (Roussy dsNouv. Traité Méd.fasc. 5, 21929, p.355).Comment agissent dans la formation de notre corps et de notre conscience les particules de substance nucléaire, les gènes que nous recevons de nos ancêtres? (Carrel, L'Homme, 1935, p.305).Les feuillets interne et externe de la membrane nucléaire sont espacés de 200 à 400 et délimitent ainsi un espace (Husson, Graf, Manuel biol. gén., 1965, p.47). − P. anal., ETHNOL. Famille nucléaire. Famille étroite constituée de la mère, du père et des enfants. La famille (...) tend à se composer d'un père ou d'une mère célibataire avec ses enfants, voire d'un couple d'homosexuels avec enfants, tandis que la «famille nucléaire» unie pour la vie, avec sa division sexuelle des tâches, tend à disparaître (Le Point, 27 sept. 1980, p.114, col. 3). B. − PHYSIQUE 1. Relatif au noyau de l'atome. Le développement de la physique nucléaire a naturellement renforcé cette réhabilitation: les alchimistes sont devenus, pour les journalistes, les lointains devanciers des «briseurs d'atomes» (Caron, Hutin,Alchimistes, 1959, p.86).Les travaux qui sont entrepris pour domestiquer la fusion nucléaire peuvent conduire à des méthodes très différentes de production de l'électricité (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p.327). − Énergie nucléaire. ,,Énergie dégagée par la fission du noyau d'atomes lourds ou la fusion de noyaux d'éléments légers`` (Dew. Électr. 1973). On songe à l'application de l'énergie nucléaire à la propulsion des navires (Perpillou,Indust. constr. nav., 1967, p.8): . ... l'étude des phénomènes de la radioactivité a permis d'assister pour le première fois à la manifestation de ce que nous appelons aujourd'hui l'énergie atomique ou l'énergie nucléaire: elle apparaît dans le dégagement de chaleur qui accompagne la transmutation.
Goldschmidt, Avent. atom., 1962, p.16. ♦ Emploi subst. masc. Le nucléaire. L'énergie nucléaire; l'ensemble de ses utilisations. Le nucléaire a vocation au tout nucléaire, par sa taille, par ses répercussions sur la consommation d'énergie et par les problèmes qu'il soulève, problèmes dont la solution réclame un surcroît de nucléaire (Le Sauvage, janv. 1977, p.111, col. 2). 2. Qui se rapporte à l'énergie nucléaire, à sa production, à son utilisation. Synon. atomique.Centrale, industrie nucléaire; combustible, électricité, technologie nucléaire. En particulier, qu'adviendra-t-il des déchets qui, venant de France et de l'étranger, s'entassent dans cette usine de La Hague, et en font la poubelle nucléaire de l'Europe? (Le Point, 27 sept. 1976, 105, col. 1).Si la France obtempérait, cela bloquerait définitivement les ventes d'installations nucléaires françaises au Pakistan ou la mise en route de l'usine de retraitement nucléaire que Saint-Gobain a construite au Japon (Le Nouvel Observateur, 2 mai 1977, p.54, col. 3).Douze d'entre eux [des hommes appartenant aux commandos spéciaux de la marine] avaient été lâchés jeudi (...) par un sous-marin, à propulsion nucléaire, à proximité des côtes de cette île montagneuse (Le Monde, 28 avr. 1982, p.3). − En partic. Qui concerne l'utilisation militaire de l'énergie nucléaire. Essais nucléaires. Disons (...) que la prolifération nucléaire constitue de toute évidence une perspective très inquiétante (Beaufre, Dissuasion et strat., 1964, p.108).Explosion nucléaire. Explosion d'une bombe atomique. Ces engins visent essentiellement la détection précoce de tout départ de missile important, ainsi que des explosions nucléaires (Hist. gén. sc., t.3, vol. 2, 1964, p.585).Guerre nucléaire. Guerre où est employée la bombe atomique. V. guerre ex. 6.Puissance nucléaire. Puissance disposant de la bombe atomique. Un point important à noter, c'est que la force de toute puissance nucléaire «secondaire» (comme la France ou la Grande-Bretagne) s'augmente automatiquement de la force des puissances nucléaires principales. C'est un automatisme. Aucune nation nucléaire principale n'osera engager une nation nucléaire secondaire sans engager en même temps l'autre puissance nucléaire principale (Les Inform., 2 juill. 1973, p.24, col. 3). ♦ Emploi subst. masc. Le nucléaire tactique est du nucléaire, c'est vrai, mais c'est un instrument de bataille. Ce n'est pas un instrument de dissuasion. C'est une artillerie (Le Point, 14 juin 1976, p.65, col. 1). 3. − Caractérisé par l'emploi de l'énergie nucléaire. Peut-être (...) l'homme pourra-t-il à l'aide des sources nouvelles d'énergie que lui fournit l'ère nucléaire (...) changer radicalement les conditions actuelles de la production végétale marine (J.-M. Pérès, Vie océan, 1966, p.21). C. − MÉD. Médecine nucléaire. Utilisation de produits radioactifs dans l'exploration du corps humain. Les membres du groupe de travail sur la médecine nucléaire n'ont pas cru bon de devoir maquiller ce qui constitue, selon eux, la triste réalité de la médecine nucléaire française (Le Monde, 26 oct. 1982, p.1). D. − LING. Qui se rapporte au noyau de la phrase. Le syntagme nominal sujet et le syntagme verbal prédicat sont des constituants nucléaires (Ling. 1972). REM. Nucléairement, adv.Du point de vue de l'armement nucléaire. Ce n'est que bien après mon départ du S.H.A.P.E., à la fin de 1951, que l'on commença de penser nucléairement dans cet état-major «suprême» (G. Ailleret, L'Aventure atomique fr., Paris, Grasset, 1968, p.93). Prononc.: [nykleε:ʀ]. Étymol. et Hist. 1. 1840 bot. «qui a rapport au noyau, ou à son contenu» (Ac. Compl. 1842); 2. 1857 «relatif au noyau de la cellule» (Ed. Monneret, Traité de pathol. gén., t.2., p.624); 3. 1919 phys., chim. (Le Radium, p.382: charges nucléaires calculées d'après les rayons de la série L); 1951 énergie nucléaire (Le Masson, Mar., p.61); 1966 subst. masc. nucléaire (Le Figaro, 28 nov. ds Gilb. 1971); 1962 centrale nucléaire (Goldschmidt, Avent. atom., p.95); 4. 1953 ling. (L. Tesnière, Esquisse d'une syntaxe structurale, p.6). 1 dér. sav. du lat. nucleus «noyau» (dimin. de nux, nucis «noix»), «partie la plus dure d'un corps» et «partie intérieure d'une chose» d'où l'élém. nuclé(o)- formateur de termes sc. dans le domaine de la biol. et de la phys.; suff. -aire1*. L'angl. nuclear est attesté au sens 2 dep. 1846 ds NED, au sens 3 dep. 1914 et pour le syntagme nuclear energy dep. 1930 ds NED Suppl.2. Fréq. abs. littér.: 419. Fréq. rel. littér.: xixes.: a) néant, b) néant; xxes.: a) néant, b) 1782. DÉR. 1. Nucléarisation, subst. fém.a) Remplacement progressif des sources d'énergie traditionnelles par l'énergie nucléaire. Programme accéléré de nucléarisation de l'énergie (Le Sauvage, mai 1974, p.7, col. 2).b) Défense nat. Mise en place progressive des armes nucléaires. Quant à François Mitterand, il avait déjà indiqué son scepticisme sur la nucléarisation de notre politique de défense (Le Nouvel Observateur, 6 juin 1977, p.40, col. 2).− [nykleaʀizasjɔ
̃]. − 1reattest. 1959 (Le Monde, 26 sept. ds Gilb. 1971); dér. sav. de nucléaire, terme de phys., suff. -isation (-iser* + -ation*). 2. Nucléariser, verbe trans.Remplacer progressivement les sources d'énergie et l'armement traditionnels par des moyens nucléaires. Emploi pronom. Adopter la nucléarisation. Il ne faut pas se faire d'illusion: à trop vouloir faire de l'électoralisme et le plein des voix (même douteuses...), cette gauche qui se «nucléarise» grand train, belliqueusement comme industriellement, va en perdre des voix, et ce sera bien fait (Le Nouvel Observateur, 6 juin 1977, p.3, col.2).− [nykleaʀize]. − 1reattest. 1977 id.; de nucléaire, suff. -iser*. BBG. −Goffin (R.). Struct. lex. et terminol. multil. Équivalences. 1973, t.4, no2, pp.8-23. _ Quem. DDL t.8. |